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Évangiles du mois 2022-2023-A

Septembre-Octobre 2023: Évangile du dimanche 10 septembre (23ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Mathieu (18,15-20)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples: «Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain. Amen, je vous le dis: tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux».

Méditation

S’il t’écoute, tu as gagné ton frère…

Dans la vie, on peut gagner beaucoup de choses: de l’argent, des compétitions sportives ou autres, un prix de beauté, le gros lot à la loterie, gagner au jeu…
Certains pensent même qu’on peut gagner une guerre…

Un jeu bien connu de la Loterie Nationale, le Win for life, attire de nombreuses personnes car le gain qu’il propose en gros lot est une certaine somme d’argent mensuelle acquise, comme son nom l’indique, ‘pour la vie’.

Ces mots: ‘pour la vie’, peuvent se comprendre de deux façons. Dans le cas du jeu Win for life, le gagnant du gros lot reçoit une certaine somme d’argent mensuellement jusqu’à la fin de ses jours. Les mots pour la vie sont donc à comprendre comme un indicateur de durée, qui prendra fin à notre mort.

Mais dans ce passage de l’Évangile comme dans beaucoup d’autres, le gain que Jésus nous propose est un Win for life d’un genre différent, un gain ‘pour la Vie’ où ces mots n’évoquent pas une notion de durée, mais de qualité. Où Vie s’écrit avec une majuscule, où ‘pour’ ne signifie pas ‘pendant’ mais ‘en vue de’, où le gain n’est pas possession mais engagement.

En effet, gagner mon frère ne veut pas dire le posséder, mais faire tout mon possible, m’engager à fond pour rétablir la relation fraternelle rompue, en ne me décourageant pas au premier ni même au deuxième échec, mais en persévérant encore et encore, et Jésus nous donne ici de sages conseils pour que cette démarche ait les meilleures chances d’aboutir.

Car l’enjeu est de taille, et Jésus nous le précise clairement: «tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel».

Jésus nous invite à ne pas laisser nos relations fraternelles se décomposer à cause de questions terrestres qui n’ont qu’un temps, et d’avoir à cœur de chercher toujours à rétablir les liens rompus, car les choses de la terre ne durent pas, seules nos relations sont éternelles.

Qu’est-ce que je souhaite pour ma Vie? Du vide ou de la plénitude?

Annick Sauvage.

Juillet-Août 2023: Évangile du dimanche 2 juillet (13ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Mathieu (10,37-42)

En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera. Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste. Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. »

Réflexion
En relisant ce passage de l’Évangile, on ne peut qu’être heurté par les propos de Jésus. Il semble remettre en cause les relations parents-enfants et, par là-même, l’importance de la famille. Pour ceux qui me connaissent un peu, ils savent que je suis issu d’une famille nombreuse et que j’ai eu moi-même trois enfants et huit petits-enfants qui sont pour moi de véritables trésors. Ma famille a été élevée par mes parents en véritable institution à nos yeux. Maman, jusqu’à son dernier jour, veillait sur nous comme une lionne sur ses lionceaux. Nous ne pouvions pas ne pas nous aimer et il nous fallait parfois passer sous silence les quelques écarts de points de vue égrainant notre existence. Il nous fallait vivre ensemble, fêter la vie, jouer la musique, s’attacher aux mêmes aspirations. Alors quand le Christ nous dit qu’aimer son père et sa mère plus que Lui n’est pas digne de Lui… ça me laisse pantois.

C’est mon ami, Pierre Chapelier, prêtre, qui m’avait rassuré : le Christ ne nous demande pas de ne pas aimer nos parents, ni aux parents de ne pas aimer leurs enfants, bien au contraire. Et il en voulait pour preuve l’attitude de Jésus faite de respect envers Marie et Joseph. Dans Mathieu, il souligne l’importance de la sollicitude des parents pour leurs enfants quand Jésus demande : « qui de vous, quand son fils lui demande du pain, lui remettra une pierre ? Ou s’il demande un poisson, lui remettra un serpent ? ». Cet ami m’a fait comprendre qu’il s’agit d’aimer le Christ autant qu’un membre de sa famille. Nous connaissons tous l’émouvante parabole de l’enfant prodigue où le Christ évoque l’affection d’un père envers son fils pour décrire l’amour de Dieu envers les hommes. Tous les jours, il monte sur la montagne, scrute l’horizon et attend le fils. Il sait qu’il reviendra. C’est Jésus encore qui nous invite à appeler Dieu, son père, Abba, qui pourrait se traduire par « petit papa chéri ». Par toute sa vie, il a témoigné en faveur de l’amour familial. À son dernier souffle, c’est à l’apôtre Jean, au cœur aimant et délicat, qu’il confie sa mère afin que celui-ci l’entoure de sa tendresse et de sa protection.

C’est un autre ami, Alain Fournier (pas l’écrivain mais le conseiller au Fonds Monétaire International) qui nous mettait en garde face à certaines dérives de notre monde actuel : « méfions-nous, le monde repose sur quatre piliers; un de ceux-ci est la famille et « les méchants », marchands de bonheur éphémère, tentent de le saper pour gagner en « coudées libres ». À vrai dire, c’est chaque jour que nous sommes sollicités à nous préférer, préférer nos aises, nos plaisirs, nos distances parce que la famille, tout en étant un espace d’amour pour beaucoup d’entre nous, est aussi exigeante en bienveillance, en respect, en partage, en aide réciproque… Il n’est pas étonnant que certaines de nos
organisations, nos sociétés de musique… soient désignées comme une « grande famille » lorsqu’on veut expliciter l’entente et la cordialité y régnant.

Le dimanche consacré à la solennité de la Sainte Trinité, on a entendu que déjà au temps de l’Exode, le Seigneur se révèle comme un père tendre, miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité. Tandis que Saint Paul nous demandait d’être d’accord entre nous, de nous encourager et de vivre en paix. En s’incarnant, le Fils de Dieu s’est vraiment fait l’un de nous, à travers ses paroles, son visage… s’est choisi une famille.

Prière
Seigneur Dieu, source de tout amour, nous plaçons devant toi nos familles, éprouvées ou heureuses, avec leurs beautés et leurs blessures.
Apprends-nous à nous garder les uns les autres dans l’amour, à avoir soin de chacun, spécialement des enfants, des personnes âgées, de celles qui sont plus fragiles et qui souvent sont dans la périphérie de notre cœur.
Accorde-nous, Seigneur Dieu, de rendre devant le monde le témoignage d’une vie ordinaire assumée et portée dans l’amour. Donne-nous de mettre toute notre expérience familiale sous le sceau de l’Évangile, pour manifester que vraiment, tel que Dieu nous l’a montré, l’amour est indéfectible et perpétuel comme son alliance.
Car c’est ainsi que nous serons dignes de toi.

Jean-Claude SIMON

Mai-Juin 2023: Évangile du dimanche 11 juin (Fête du Saint-Sacrement)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (6,51-58)

En ce temps-là, Jésus disait aux foules des Juifs : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »

Méditation

« Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson » …

Comme maman et comme infirmière, je sais l’importance de se nourrir correctement, pour bien grandir et rester en bonne santé. Mais je sais aussi que si une alimentation saine et équilibrée participe bien à la croissance et la bonne santé de nos corps biologiques, elle ne suffit pas à nourrir toutes les dimensions des humains que nous sommes. C’est ce que Jésus explique ici à ses disciples, comme il l’avait déjà répondu au tentateur qui, au début de sa vie publique, lui proposait de changer des pierres en pain : « l’Homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »

La veille, malgré la très petite quantité de ressources alimentaires disponibles sur place, la foule nombreuse venue l’écouter avait été amplement rassasiée – peut-être justement parce qu’elle était en attente d’une nourriture qui ne soit pas seulement matérielle ?

Jésus a consacré toute sa vie à montrer aux hommes de quel Amour inconditionnel ils sont aimés de Dieu, et pour ce faire il ne s’est pas contenté de belles paroles, il s’est ‘mouillé’ tout entier, et aux pharisiens opposant la Loi à l’Amour, il fait comprendre clairement qu’il ‘ne mange pas de ce pain-là’. Allant jusqu’au bout de son chemin d’Amour, n’y renonçant jamais, même quand la croix s’est présentée comme inévitable, il a continué à se donner de tout son être par amour pour nous, il nous a véritablement et en toute liberté offert sa vie.

Cette Parole qui sort de la bouche de Dieu et qui nous est offerte en nourriture, c’est Jésus lui-même, ce ne sont pas seulement des mots mais c’est sa Vie même, symbolisée par son corps et son sang présents dans l’Eucharistie sous les signes du pain et du vin, reçus dans la foi après nous être laissé nourrir par la liturgie de la Parole.

Seigneur Jésus, comme notre corps biologique est matériellement construit par notre alimentation, notre corps spirituel, tout ce qui fait de nous des Humains avec un grand H, est construit par ce dont nous le nourrissons. Comme des millions de chrétiens, je te reconnais et te choisis comme vraie nourriture pour ma Vie et je fais miens les mots de l’apôtre Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la Vie éternelle » Aide-moi, forte de cette nourriture, à mettre chaque jour mes pas dans les tiens, à vivre de Ta Vie.

Annick Sauvage

Mars-Avril 2023: Évangile du dimanche 26 mars (5ème de Carême)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (11, 3-7;17;20-27;33b-45)

En ce temps-là, Marthe et Marie,  les deux sœurs de Lazare, envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. » En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait. Puis, après cela, il dit aux disciples : « Revenons en Judée. » À son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ;  quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. » Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé, et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Seigneur, viens, et vois. » Alors Jésus se mit à pleurer. Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! » Mais certains d’entre eux dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là. » Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. » Après cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. » Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.

Réflexion
En introduction au récit de la Passion, Jean nous fournit un texte extrêmement intéressant, riche en échanges et en précisions surprenantes. Longtemps, je me suis questionné sur l’attitude de Jésus : lui qu’on nous dit si empathique, semble banaliser la mort probable de son ami Lazare. Il temporise et attend avant de se mettre en route. Il sait que la puissance glorieuse du Père ne brille nulle part mieux que dans la nuit de la mort, au moment où le silence de Dieu se fait scandaleux. Ce silence n’est pas seulement le sommet de la Révélation de Jésus mais le lieu où se donne à entendre toute la Révélation. Son attitude, Marthe lui reprochera : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ». Marie, quant à elle, reste assise à la maison, elle ne va pas à sa rencontre comme le veut la tradition d’accueil. Jésus pleura. « Je suis la Résurrection et la Vie : celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ». Peu à peu, je prends conscience que l’attitude de Jésus à l’égard des sœurs de Lazare et des juifs qui les entourent est avant tout pédagogique. Il profite de la mort de son ami pour éveiller, approfondir leur foi et, par la même, la nôtre. Jean établit un parallèle évident entre la résurrection de Lazare et celle du Christ. La mort et la résurrection de Lazare introduisent une meilleure compréhension du mystère. Par l’intervention de Jésus, Lazare « reçoit », dans son tombeau, le don de la vie éternelle. Voilà qu’à ces hommes et à ces femmes, il révèle et apporte une dimension divine totalement inattendue, non comme une réalité étrangère à leur vie, mais comme une force de résurrection qui est « dans » leur vie. Aujourd’hui, nous parlerions de résilience, toute proportion gardée. Dieu, en venant sur terre par son fils Jésus, a voulu nous révéler son « mystère ». L’homme n’aurait pu le découvrir par lui-même. Il était bien trop à imaginer des dieux violents, combatifs et revanchards. Dieu nous a révélé qu’il est Père, Fils et Esprit et que ces trois entités ne font qu’Un par et pour l’Amour. Qu’il soit Dieu, fils de Dieu ou homme « révélé », le commandement d’amour que le Christ nous a laissé nous « dépasse ». Quand on nous frappe la joue gauche, qu’on présente la joue droite, quelle folie ! L’incarnation, la mort honteuse de Jésus, ne sont aussi qu’une folie. C’est déjà saint Paul qui, en toute franchise, ose nous dire que le christianisme est un scandale pour les Juifs et une folie pour les Grecs. L’homme livré à lui-même sans la révélation du Christ n’aurait jamais soupçonné que sa grandeur et son bonheur étaient dans l’amour et le partage. Jésus est donc le premier messager de cette nouvelle « identité » de Dieu. Cette identité n’existait pas jusque-là et nous est donnée par Jésus. Elle est présente dans le déroulement de l’épisode de la mort de Lazare. Une identité inespérée qui ne s’adosse pas à la Loi mais qui s’offre à tous sous le signe d’une absolue gratuité. Cette démarche culmine dans la mort de Jésus : rejeté par son peuple tant aimé, exclu de l’Alliance, assimilé aux impies, il accepte de mourir de la mort des maudits par fidélité à sa mission de révéler la grandeur de Dieu. Je referme l’évangile de Jean. La grandeur de l’homme et son bonheur seraient donc dans l’amour et le partage… Bon nombre de philosophes de notre époque ne disent rien d’autre lorsqu’ils enseignent comment mener une vie bonne, heureuse, en harmonie avec soi-même et avec les autres. Exister est un fait, vivre est un art. Tout le chemin de la vie, c’est passer de l’ignorance à la révélation, de la peur à l’amour, de la vie à la vie éternelle.

Prière
À quoi cela sert-il, Seigneur, que nous soyons divisés et violents ?
Ne peux-tu pas venir à notre secours, nous guérir, Toi qui as sauvé Lazare, notre frère, de l’emprise de la mort ?
Nous te prions, avec lui et avec ses sœurs, de « réveiller » notre intégrité, notre glorieux honneur.
Donne à ce monde un visage nouveau, revêts-nous de ta Lumière et de ton Esprit Saint, fais-nous comprendre que nous avons à passer de la vie à la vie éternelle.

Jean-Claude Simon

Janvier-Février 2023: Évangile du dimanche 1er janvier (Fête de Sainte Marie Mère de Dieu)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (2, 16-21)

En ce temps-là, les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé. Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.

Méditation

J’imagine la scène à notre époque. Le message des anges sitôt reçu, les bergers, sans même prendre la peine de se rendre à Bethléem, se hâtent de diffuser l’événement sur les réseaux sociaux. Et chacun y va de son commentaire : « Pauvre fille, accoucher dans une étable… » « Bah, ils doivent déjà s’estimer heureux d’avoir trouvé un abri, ce sont des étrangers… » « J’ai entendu dire que le mari ne serait pas le père de l’enfant… »

De commentaire en commentaire, la nouvelle, qui se propage comme une traînée de poudre, est jaugée, amplifiée, jugée, déformée. Par des gens qui n’ont pas été en contact avec l’ange, ne connaissent pas les parents ni leur vécu, et n’ont jamais vu le nouveau-né. Les jeunes parents publieront peut-être quelques photos de l’enfant, et gèreront tant bien que mal les nombreux commentaires. Et chacun, tout occupé à commenter, critiquer, argumenter, défendre, en oubliera peut-être de s’émerveiller devant l’inouï et l’éternelle nouveauté du surgissement de la Vie, et d’une vie qui ne demande qu’à Aimer…

Marie, elle, retient tous ces événements et les médite dans son cœur. Comme elle l’a fait au temps de l’Annonciation par l’ange Gabriel. Comme elle le fera 12 ans plus tard, lors de la ‘fugue’ de Jésus au Temple de Jérusalem. Comme elle le fera sans doute tout au long de sa vie. Et c’est forte de cette intériorisation, faite de confiance et toute tournée vers Dieu, qu’elle pourra accompagner son fils jusqu’au bout de son chemin, rester debout au pied de la croix, puis continuer avec les apôtres à annoncer aux hommes la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu présent au milieu d’eux.

Marie, que nous fêtons en ce 1er jour de l’an. Marie, première disciple, Mère du Christ et Mère de l’Église, nous est offerte en modèle.

Marie, en cette période propice aux bonnes résolutions, je désire me mettre à ton école. En famille, au boulot, en paroisse ou ailleurs, plutôt que de réagir au quart de tour, de façon épidermique et souvent mal ajustée, aide-moi, à ton exemple, à méditer les informations (après les avoir vérifiées) et les événements dans mon cœur et à la lumière des Écritures, en les confiant au Seigneur dans la prière, afin d’être autant que possible artisane de paix et d’unité, plutôt que source ou cultivatrice de discordes.

Annick SAUVAGE

Novembre-Décembre 2022: Évangile du dimanche 18 décembre (4ème d’Avent)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (1, 18-24)

Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ». Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.

Réflexion

Réjouis-toi, fille de Sion, le Seigneur est en toi, et ce en vaillant Sauveur. À nous aussi il est proposé d’accueillir en plein chamboulement du XXIème siècle, cette petite fille d’Israël comme un don de Dieu pour nous. À son époque, qui n’était peut-être pas plus glorieuse qu’aujourd’hui, Marie a cru et elle nous propose d’entrer dans la confiance, pour que nous puissions, avec elle, accueillir Jésus dans notre vie. C’est entrer là encore dans le secret d’amour du cœur du Père. Le Père a tellement aimé le monde qu’Il lui a donné son Fils unique. En accueillant Jésus, nous entrons dans l’alliance surprenante de Dieu et des hommes. Dans l’histoire du peuple d’Israël telle que la raconte la Bible, Dieu prend l’initiative de plusieurs alliances avec l‘humanité. Par l’intermédiaire de Noé, d’Abraham, de Jacob, de Moïse, Dieu offre aux hommes de dire « oui » à la vie. Avec Jésus, Dieu renouvelle son Alliance qui devient, cette fois, définitive. L’arrivée de Jésus sur terre c’est le grand retour à la Vérité à laquelle chacun de nous, parfois inconsciemment aspire. C’est le sentiment d’amour parfait inclus dans cette nouvelle alliance. Cette alliance ne nous  met pas à l’abri, pas plus qu’elle nous libère de cette oscillation purement terrestre entre bonheur et malheur. Pourtant à y regarder de plus près nous pourrions découvrir sa véritable source. Mais pouvons-nous nous complaire dans tous les plaisirs du monde comme la publicité nous y invite et capter en même temps la source suprême de la Vérité ? En réalité, nous devons voir le monde tel qu’il est, voir Dieu en toutes choses, sous toutes les formes et sous tous les noms. Il n’existe pas un pouce de terre, nous dit Jésus, où Dieu ne soit pas. La seule chose que nous ayons à faire pour découvrir l’alliance est d’ouvrir les yeux et de le voir dans le bien, mais aussi dans le mal, dans le bonheur mais aussi dans le malheur, dans la joie, dans la tristesse et même dans la mort. Dieu c’est la vie et la vie nous révèle l’amour parfait de Dieu. L’amour parfait c’est ce que le blanc parfait est à la couleur. Nous croyons parfois que le blanc est l’absence de couleur. Il n’en est rien. Le blanc c’est l’inclusion de toutes les couleurs. Il en va de même avec la Vie. Mais mon âme ne veut pas seulement savoir cette alliance de Dieu avec les hommes, elle veut en faire l’expérience. Chaque année, le temps de l’Avent est une merveilleuse occasion de questionnement et de renouveau dans ce qui me relie à Dieu. Dans sa grande sagesse, la liturgie nous invite chaque année à faire l’expérience d’une période d’attente patiente. L’Avent pourrait être un entraînement grandeur nature pour prendre soin du temps qui passe, vivre « ici et maintenant », accueillir et se montrer disponible au monde. Nous sommes invités à ce que le paysan-philosophe Pierre Rahbi appelle de nos jours la « sobriété heureuse ». Toutes les sagesses du monde nous le rappellent : le présent est le seul moment où l’on peut agir, il est le seul moment créatif. C’est aussi dans « l’ici et maintenant » que nous pouvons vraiment jouir de la vie, c’est-à-dire de la vraie joie révélée le matin de Pâques. Il s’agit dès lors d’apaiser, de calmer les sensations et les émotions perturbantes vécues ces derniers mois : dérèglement climatique, guerre en Ukraine, crise socio-économique, crise de foi, …Il s’agit de se réjouir de l’arrivée « d’un enfant » en pleine obscurité. Le choix du 25 décembre n’est pas un hasard. De tout temps, la nuit du 24 décembre représente la fin d’une époque, la fin du monde des ténèbres. Suit le 25 décembre, qui marque la renaissance à la vie. C’est Edouard Schure qui écrit : « l’âme est une lumière voilée. Quand on la néglige, elle s’obscurcit et s’éteint, mais quand on y verse l’huile sainte de l’Amour infini, elle s’allume comme une lampe immortelle ». Alors à toutes et à tous un bon temps d’attente et déjà un bon accueil de la joie de Noël.

Prière
Seigneur Dieu, c’est Ton œuvre et ta promesse dans Ta sainte alliance :
l’amour vaincra et hommes et femmes feront communion.
Nous Te prions, puisse le respect avec lequel Ton fils Jésus-Christ
a aimé son époque et ses semblables se refléter en nous.
Que nous soyons homme ou femme, jeune ou vieux, ami ou inconnu,
unissons-nous, dans Ton Esprit, devenons heureux et croyons
que Tu es la source de l’amour infini, l’amour et la vie, notre Dieu et notre Père.

Jean-Claude Simon

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