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Textes de Pierre Vandenberg

DONNER CHAIR À LA PAROLE (BN de novembre-décembre 2023)

« Vous avez semé beaucoup, mais récolté peu. Vous mangez, mais sans être rassasiés. Vous buvez, mais sans être désaltérés. Vous vous habillez, mais sans vous réchauffer. Le salarié met son salaire dans une bourse trouée. » (Aggée1,6)

C’est un petit texte du prophète Aggée qui se situe exactement en 520 avant notre ère. Il a comme but de réveiller l’espérance de ses concitoyens qui ont été en exil à Babylone et qui sont revenus au pays. La population vit malheureusement dans l’abattement, le désespoir, la peur de l’avenir, vu les nombreuses difficultés énoncées.

Le prophète qui en est témoin et qui les vit lui aussi, décrit, dans les détails, les situations que subit le peuple de son époque. Cela pourrait être le contenu de son cahier de revendications. En les criant et les écrivant, n’a t-il pas envie d’aller négocier avec les autorités sociales, économiques et politiques, si elles existaient à son époque ! C’est en tout cas une manière militante de sensibiliser les consciences de ses concitoyens et de susciter des solutions de solidarité. Il invite ceux-ci à se mettre en route, en action, par un slogan : « Rendez votre cœur attentif à vos chemins .» Il leur propose même une action concrète, à leur mesure, qui les ouvre sur la dimension de sens d’éternité : « Allez dans la montagne, rapportez du bois pour rebâtir la maison de Dieu qui est en ruine. » C’est un prophète qui soigne les motivations de ses gens.

Et pour nous, aujourd’hui quelle leçon pour notre temps ?

« Ne touchez pas à qui m’est consacré, ne maltraitez pas mes prophètes » (Psaume104,15)

« Le Seigneur passe…Rebâtirons-nous sa maison ? Christ est vivant, ressuscité, qui voudra l’héberger ? Prends avec Lui le chemin de la vie. »  (R43)

Le Pape François, à travers ses encycliques sur l’écologie et sur la fraternité : « Loué sois-Tu » et « Tous Frères », nous lance des défis. Lors de ses voyages, et surtout ces derniers jours à Marseille au bord de la Méditerranée, il dénonce les trafics odieux et le fanatisme de l’indifférence face au manque d’accueil des frères immigrés : « Nous sommes à un carrefour de civilisations. L’accueil est un devoir d’humanité. » Il nous appelle à : « ne pas brader l’Évangile de la parole, mais de lui donner chair. »

Un vieux Pape fatigué et handicapé qui ose affronter le monde en dénonçant : « l’indifférence qui ensanglante et les gestes de haine déguisés, tout en rappelant son respect et son amour de la vie pour tous, de son début jusqu’à la fin. »

Les prophètes d’hier et d’aujourd’hui sont toujours à l’œuvre. Il ont besoin d’être entendus et pris au sérieux. « Ne fermons pas les voies de l’accueil et de la rencontre. Nous ne pouvons pas accepter que la vérité du dieu – argent l’emporte sur la dignité de l’homme, car ‘la mesure de Jésus est l’amour sans mesure’. » (Pape François)

Le covid nous a divisés, abîmés et démobilisés. En ce temps de guerre ouverte en différents pays, de catastrophes naturelles à répétition, de climat menaçant, de bourses trouées, de manque de confiance dans toutes formes d’autorités-services responsables, les paroles d’Aggée sont les bienvenues pour notre planète en danger dont nous sommes les citoyens, les artisans d’un monde meilleur pour tous et pour les générations à venir.

« Il y a vraiment du pain sur la planche ! »*

En avant !

* Voir :
– Témoignage dans l’hebdomadaire Dimanche’ n°34 (Cathobel)
– « Il reste du pain sur la planche » Luc Cortebeek. Ed:www.Racine.be

Pierre Vandenberg

PARABOLE : LES CORDES POUR LE ROYAUME (BN de juillet-août 2023)

Dans un des plus grands conservatoires d’Italie, lors d’une soirée de représentation, le renommé violoniste Paganini était à l’affiche. Nous le connaissons certainement avec son fameux « Canari de Poliakine », ou bien lorsque, avec son instrument, il faisait chanter les anges, dans ses « adagio », en faisant courir son archet sur les quatre cordes de son violon.
Ce très grand musicien jouait de tout son cœur, avec passion, et y mettait toute son ardeur, au point qu’une corde de son violon se brisa ; c’était la corde la plus fine, qu’on appelle la « chanterelle ».
L’artiste ne se laissa pas troubler et continua à jouer de son mieux, quand une deuxième corde sauta. C’était presque la finale du concerto.
Formidable ! Ce qu’il fut applaudi, cet artiste ! Toute la salle, debout, n’arrêtait pas de l’ovationner.
Avec les seules cordes qui restaient à son instrument, les plus grosses qui, entre autres, donnent le sol, il termina l’œuvre de sa vie.
À la fin de nos vieux jours, à l’arrière-saison de la vie, nos cordes se mettent à s’user et à se briser, en commençant par les plus fines.
La mémoire s’assoupit petit à petit, marquée par l’oubli. La vue commence à baisser et nous avons besoin de changer de lunettes. L’oreille n’entend plus aussi clairement qu’avant. Ensuite, ce sont les jambes qui ne nous portent plus, les genoux se mettent à trembler.
On quitte son lit plus tardivement et on déjeune un peu plus tard. On ne court plus si vite pour conduire les petits-enfants sur le chemin de l’école et on ne sait plus se baisser pour lacer les lacets de leurs souliers. Tantôt, on a mal au dos et on ne sait plus se relever, lorsqu’on laisse tomber un objet, pour le ramasser : « mon Dieu, que la terre est basse », dit-on !
Combien de temps pourrons-nous encore jouer le concerto de notre vie si les cordes se mettent à casser l’une après l’autre ?
Et cependant, des reluisants Paganini que nous aimerions être jusqu’au bout de la course, nous pouvons encore faire entendre de belles œuvres sur nos instruments, grâce aux cordes suffisamment tendues qui nous restent. Nous avons mission de les entretenir, de les soigner, plutôt que de penser à celles que nous avons perdues.
« Bienheureuses vieilles cordes, qui nous donnez le sol et toutes la gamme, tenez encore le coup longtemps ! »
Corde d’une courageuse prudence et patience, corde de la bonté, de la joie et de l’amour.
Laissez-nous encore, comme des intendants fidèles des cadeaux de Dieu et des passeurs d’humanité, jouer quelques airs de joyeuseté avec nos cordes usées, sur notre vieille et bonne Terre à respecter : « Laudato Si ! » « Loué sois-tu ! »
Celle-ci continuera à tourner avec respect et dignité pour tous les musiciens du monde dans leur diversité. Nous passerons ainsi la main aux jeunes générations que nous avons accouchées pour la croissance et l’avenir d’un monde nouveau et meilleur pour tous.
Et cela, tant que nous serons encore capables de semer la joie et le bonheur de vivre autour de nous.
Une musique d’espoir, de bonne humeur, d’espérance, de paix, dans la justice et l’amour.
Oui ! Les cordes qui nous restent de nos instruments, nous les ferons encore chanter pour le bonheur de tous !

Pierre VANDENBERG

LE MONDE EST UN GRAND VILLAGE (BN de janvier-février 2023)

Nous venons d’apprendre par les médias que nous faisions partie d’un monde composé de huit milliards d’humains. Son histoire, tant individuelle que collective, à la fois sociale, économique, culturelle et religieuse, dans sa grande diversité, est invitée à vivre au quotidien dans la « Fraternité humaine ».

Malgré les progrès et les nombreuses réalisations civiles et scientifiques, la distance culturelle entre les différentes parties du monde augmente sans cesse et des attitudes odieuses d’affrontement prennent le pas sur les opportunités bénéfiques de rencontre et de partage.

La vie en société est un tremplin d’éternité. Elle est destinée à vivre la « fraternité universelle » dans tous ses grands défis et conflits, en brisant la spirale de la compétitivité et de la vengeance, en désarmant la violence et en démilitarisant les cœurs.

Même le Dieu de l’Évangile semble être en train de faire le ménage dans son Église, maison de prière et non caverne de brigands. Le temple a en effet la mission d’annoncer en vérité le bonheur et l’amour au monde entier afin d’ y établir avec lui la fraternité universelle tant au centre que dans les périphéries, sans exceptions.

Ne permettons jamais que les racines de l’humain se dessèchent, afin que l’égale dignité et l’égalité des chances soient reconnues à tous et que soient promus, partout et pour tous, les droits fondamentaux de tout homme et de tous les humains.
Cela vaut la peine que nous travaillions ensemble, dans la solidarité, animés d’une grande espérance.

Pour que le monde d’aujourd’hui et de demain soit une image vivante de la convivialité dans le respect des diversités, au milieu des migrations permanentes des peuples, du pluralisme des idées, des coutumes et des traditions.

Pour atteindre ce but, il ne nous reste qu’un chemin : c’est d’aimer de manière surhumaine, pour faire briller sur toute la création, le reflet du ciel auquel tous sont appelés.

Pierre Vandenberg

PAR LA PORTE OU PAR LA FENÊTRE! (BN de juillet-août 2021)

Face à la pandémie dévastatrice mondiale, Dieu paraît absent. Les hommes et les femmes, experts en différents domaines sont à l’œuvre pour neutraliser ce covid19 qui blesse et qui tue à travers toute la planète. Masques, prise de distance, équipes spécialisées d’accompagnement et de soins, entreprises internationales de création de vaccins, des hommes et femmes politiques de toutes tendances, gens de lois et de surveillances de leurs applications, tout le monde est concerné.

Dieu le Créateur a vraiment voulu les êtres humains, ses créatures, libres et responsables de leur parcours vers leur destinée avec audace et créativité. C’est là la preuve suprême de  son amour divin.

Alors, que fait Dieu dans la pandémie qui frappe l’humanité ?

Le Ressuscité, lors de son retour vers son Père, insiste et répète : «Je ne vous laisserai pas seuls. Je vous envoie mon Esprit qui vous fera tout comprendre et sera votre force.» . On voit qu’en réalité, «le Seigneur travaillait avec eux et confirmait leur Parole par des signes qui l’accompagnaient» (Marc 16,20).

Au cours de l’apparent long silence de Dieu, la Parole n’a cessé de jaillir de la plume et de la bouche du pape François à travers son Exhortation «Laudato Si» pour que nous prenions soin de la planète qui est notre maison commune. Et «Fratelli Tutti» «Tous Frères et Sœurs» sur la fraternité universelle et  l’amitié sociale.

Avec le Grand Imam Ahmad Al-Tayyeb, rencontré à Abou Dhabi le 4 février 2019 et le rabbin Abraham Skorka, son ami d’Argentine, ensemble ils ne cessent de rappeler que «Dieu a créé tous les êtres humains égaux en droit, en devoirs et en dignité, et les a appelés à coexister comme des frères entre eux.»

N’est ce pas là une manière pour le Créateur et Sauveur de l’univers de rentrer dans son œuvre par la fenêtre, Lui, que l’on a souvent mis poliment dehors par la porte ?

Tous les experts du monde ont raison d’inviter les habitants de la planète à s’aérer en laissant ses fenêtres ouvertes à tout vent, mais surtout au vent de l’Esprit-Saint dont le programme est alléchant  pour un monde si longtemps confiné :

«Laver ce qui est souillé,
baigner ce qui est aride,
guérir ce qui est blessé,
assouplir ce qui est raide,
réchauffer ce qui est froid,
rendre droit ce qui est faussé…
Lui le Consolateur souverain
et l’Avocat de toutes les causes
désespérées.»
(Séquence de Pentecôte)

Pierre Vandenberg

POUR UNE DÉMARCHE DE ‘REMISE EN FORME SPIRITUELLE’ (BN de mars-avril 2021)

En vue de la restauration de cette œuvre d’art du XIV-XVème siècle, venant d’un auteur inconnu, le musée Curtius de Liège (propriétaire) l’a fait passer à l’examen du scanner de l’hôpital de la Citadelle. L’appareil médical a fait apparaître les points faibles (de la matière) qui devraient être réparés en vue d’une «restauration».

Un mètre septante, une centaine de kilos. Ce sont les mensurations du patient exceptionnel qui passait un scanner. Âge: environ 700 ans. Accueilli par le chef de radiologie de l’hôpital, le christ en croix est une œuvre en bois de l’art mosan qui date du 14ème siècle.

Le scanner n’était pas programmé pour détecter l’identité du personnage représenté par la statue: l’image de Jésus de Nazareth, crucifié, mis à mort par fidélité à sa mission venant du Père, en vue de libérer l’humanité tout entière.

Les sacrements de «RÉCONCILIATION» et de «CONTEMPLATION-ADORATION» sont des démarches qui consistent à faire passer notre vie d’homme, œuvre d’art créée par Dieu, au SCANNER de l’ÉVANGILE (jeûne-partage-prière). Cela afin d’y détecter nos points faibles, tant personnels que collectifs, en vue d’une opération de restauration éventuelle.

C’est une étape vers notre Résurrection définitive.

«Voyant qu’il avait expiré, le centurion, qui se tenait en face de lui, s’écria: «Vraiment cet homme était fils de Dieu!» (Marc 15,38)

«Vous verrez, votre cœur se réjouira! Et vos os revivront comme l’herbe reverdit!»  (Prophète Isaïe 66,14)

3 EXAMENS AU SCANNER DE L’ÉVANGILE:
3 pistes pour restaurer l’œuvre d’art que je suis
et que sont vraiment tous les hommes.

Dieu: un Père qui voit dans le secret, et qui met la barre très haut: «Soyez saints, car moi, le seigneur votre Dieu, je suis saint. » (Lévitique 19,1-2)

Piste 1    « Quand tu jeûnes… »  – Scanner mes désirs.

«Le Seigneur Dieu fit pousser du sol toute sorte d’arbres ATTIRANTS, aux fruits SAVOUREUX, à l’aspect AGRÉABLE et DÉSIRABLE (Genèse 2, 7-9, 3,1-7)  Face à cela, comment maîtriser mes désirs, y mettre de l’ordre ? Par le JEÛNE.

Piste 2  « Quand tu pries… »  – Scanner mes relations avec Dieu. 

« Quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme ta porte : prie ton Père qui voit dans le secret… (Matthieu 6,1) Quand tu pries, dis : notre Père… »

Qu’y a –t- il à changer dans ma manière de prier ?

Piste 3     « Quand tu fais l’aumône… » – Scanner mes relations aux autres.

«Je n’ai ni or ni argent, mais ce que j’ai, je te le donne: au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche ! » (AA.3, 6)« Ne te dérobe pas à ton semblable, qui est ta propre chair. » (Isaïe.58)

Une pièce de monnaie ne restaure pas l’homme total ; seul l’amour le remet vraiment debout, le restaure, le ressuscite.

Pierre Vandenberg

COUP DE GENOU et Émoi national (BN de janvier-février 2021)

Au temps des fêtes de fin d’année, en pleine crise sanitaire, le covid19 n’était pas en vacances. Parmi les nombreuses mesures imposées, les ‘chacun chez soi’ et les gestes de barrière, il fallait supprimer les rassemblements de toutes sortes. Les lieux de cultes étaient fermés ou réglés par des quotas très limités.

Nombreux furent celles et ceux qui se posèrent la question de savoir si la foi était encore une composante essentielle de l’existence pour tous ceux et celles qui cherchent à donner un sens à leur vie et à inventer avec créativité la manière de célébrer sa foi et de la soigner ?

«L’effet papillon» est une métaphore formulée par le météorologiste Edward Lorenz qui, lors d’une conférence, se posa la question: «le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas?» On part d’un fait insignifiant pour arriver à l’autre bout de la chaîne à quelque chose qu’on n’attend pas. C’est sans doute ce qui se révéla à moi dans un fait divers d’actualité.

Au milieu des interdits, dictés par les responsables politiques, une image apparut sur tous nos écrans. Largement diffusée par les réseaux sociaux et les médias, elle provoqua un tsunami d’émotion forte dans la population.

«Dans le paradis enneigé des Fagnes, un cycliste, d’un coup de genou fit tomber à terre un petit enfant  d’une famille de promeneurs qui jouissait des merveilles de la nature hivernale. Un passant, armé d’un Smartphone, s’empressa de fixer l’événement et d’en envoyer la vidéo pour en informer le monde entier. Au temps de Noël, un petit enfant est plus que jamais sacré.»

Dans notre société sécularisée, l’enfant-Dieu lui-même ne reçoit-il pas en quantité des coups de genoux,  sans qu’une grande émotion jaillisse chez les téléspectateurs ! Enfants-victimes de guerres et d’abus, camps de réfugiés, traversée de désert, cimetière de la Méditerranée, législations plus que prudentes en ce qui concerne l’accueil, etc…  « pas de place pour eux dans la salle commune; une mangeoire d’animaux comme berceau; une fuite à l’étranger pour éviter une mise à mort. »

Plus tard, Jésus affirmera: «ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites. » (Mat.25)

Dieu, fatigué de la solitude des églises, serait-il sorti de son tabernacle pour rejoindre ces enfants, s’identifier à eux et se révéler ainsi au monde de manière universelle? Puisqu’on empêche le peuple d’aller à lui, le voilà qui vient à nous. Il suffit d’être 2 ou 3  réunis en son nom pour qu’il soit de la partie au milieu de nous.

Si le virus attaque les genoux, puissions-nous rapidement accueillir le vaccin pour les corps comme un acte citoyen, afin de sortir de nos terriers et construire avec audace des communautés nouvelles : « Tous frères ».

Un nouveau vaccin bénéfique à base d’ Évangile pourra réveiller les missions reçues comme cadeau à notre baptême afin de guérir les cœurs dans un monde en détresse.

Pierre Vandenberg

PARABOLE: LES CORDES POUR LE ROYAUME (BN de novembre-décembre 2020)

Dans un des plus grands conservatoires d’Italie, lors d’une soirée de représentation, le renommé violoniste PAGANINI était à l’affiche. Nous le connaissons certainement avec son fameux «Canari de Poliakine», ou bien lorsque, avec son instrument, il faisait chanter les anges, dans ses «adagio», en faisant courir son archet sur les quatre cordes de son violon.

Ce très grand musicien jouait de tout son cœur, avec passion, et y mettait toute son ardeur, au point qu’une corde de son violon se brisa ; c’était la corde la plus fine qu’on appelle la «chanterelle».

L’artiste ne se laissa pas troubler et continua à jouer de son mieux, quand une deuxième corde sauta. C’était presque la finale du concerto. Formidable! Ce qu’il fut applaudi cet artiste ! Toute la salle, debout, n’arrêtait pas de l’ovationner.

Avec les seules cordes qui restaient à son instrument, les plus grosses qui entre autres
donnent le sol, il termina l’œuvre de sa vie.

À la fin de nos vieux jours, à l’arrière saison de la vie, nos cordes se mettent à s’user et à se briser, en commençant par les plus fines.

La mémoire s’assoupit petit à petit, marquée par l’oubli. La vue commence à baisser et
nous avons besoin de changer de lunettes. L’oreille n’entend plus aussi clairement
qu’avant. Ensuite ce sont les jambes qui ne nous portent plus, les genoux se mettent à
trembler.

On quitte son lit plus tardivement et on déjeune un peu plus tard. On ne court plus si vite pour conduire les petits-enfants sur le chemin de l’école et on ne sait plus se baisser pour lacer les lacets de leurs souliers. Tantôt on a mal au dos et on ne sait plus se relever lorsqu’on laisse tomber un objet pour le ramasser : «mon Dieu, que la terre est basse» dit-on !

Combien de temps pourrons-nous encore jouer le concerto de notre vie, si les cordes se mettent à casser l’une après l’autre ?

Et cependant, des reluisant Paganini que nous aimerions être jusqu’au bout de la course, nous pouvons encore faire entendre de belles œuvres sur nos instruments, grâce aux cordes suffisamment tendues qui nous restent. Nous avons mission de les entretenir, de les soigner, plutôt que de penser à celles que nous avons perdues.

«Bienheureuses vieilles cordes, qui nous donnez le sol et toutes la gamme, tenez encore le coup longtemps !»

Corde d’une courageuse prudence et patience, corde de la bonté, de la joie et de l’amour. Laissez-nous encore, comme des intendants fidèles des cadeaux de Dieu et des passeurs d’humanité, jouer quelques airs de joyeuseté avec nos cordes usées, sur notre vieille et bonne terre à respecter: «Laudato Si !» «Loué sois-tu !»

Celle-ci continuera à tourner avec respect et dignité pour tous les musiciens du monde
dans leur diversité. Nous passerons ainsi la main aux jeunes générations que nous avons accouchées pour la croissance et l’avenir d’un monde nouveau et meilleur pour tous.

Et cela, tant que nous serons encore capables de semer la joie et le bonheur de vivre autour de nous. Une musique d’espoir, de bonne humeur, d’espérance, de paix, dans la justice et l’amour.

Oui ! Les cordes qui nous restent de nos instruments, nous les ferons encore chanter pour le bonheur de tous !

Pierre VANDENBERG

L’AVOIR OU L’ÊTRE? (BN de septembre-octobre 2020)

Quelle curieuse révolution a provoquée la pandémie Covid-19 au cœur des gens, au cœur du monde! Finies les poignées de mains, les bisous. Plus de spectacles, de regroupements, d’assemblées, de rassemblements.
Prendre ses distances et se masquer, fermer sa porte à double tour!
Et pourtant, quelle prise de conscience globale pour plusieurs d’entre nous, alors que nous foncions dans le mur en privilégiant l’avoir sur l’être. Le virus, n’était- il pas caché dans la poche de Greta THUNBERG, la petite suédoise, appelant au changement, prophétesse pour notre temps ?
Dans la plupart des pays du monde les autorités politiques prirent les choses en mains de manières diverses. Chez nous ce fut la mise sur pied d’un gouvernement d’urgence. Celui-ci eut mission de faire l’état de la question et des lieux à partir des victimes de cette pandémie et de trouver ensemble, aidés par des experts, les meilleurs chemins de «la santé pour tous en priorité». Merci de son travail, de sa mission !
Pour y arriver, au delà des peurs, deux virus furent à abattre: celui de «l’indifférence», regarder ailleurs, et celui de «l’individualisme», regarder seulement ses propres intérêts.
«Le coronavirus n’est pas la seule maladie à combattre. La pandémie a mis en lumière des pathologies sociales plus larges. L’une d’elles est la vision déformée de la personne, un regard qui ignore sa dignité et son caractère relationnel. Parfois nous regardons les autres comme des objets à utiliser et à jeter. En réalité ce regard aveugle et fomente une culture du déchet individualiste et agressive qui transforme l’être humain en un bien de consommation (cf. Exort. ap. Evangelii gaudium, n. 53; Enc. Laudato si’ [LS], n. 22 (Pape François, audience générale du 12 août 2020).
Reconnaître et affirmer «la dignité humaine », c’est l’harmonie créée par Dieu avec, au centre, le service de tout homme. Le chambardement dans la manière de vivre en société et celui, à juste titre, des communautés animées de toutes formes de convictions et de foi, chrétienne ou autre, au nom de «sauver le monde» fut et est pénible pour tous.
La relève souhaitée des futurs responsables politiques, difficile à mettre en place, semble vouloir servir une autre logique qui est celle des vieux démons, face aux grands défis de la reconstruction du «vivre ensemble autrement». Il n’est pas trop tard pour avancer dans le bon sens. Il est plus que jamais nécessaire de se souvenir que le pouvoir est un service. Le lavement des pieds de l’Évangile est d’actualité !
Face à ces situations, le prophète Isaïe 42,14 et 16 fait parler Dieu :
« Longtemps, j’ai gardé le silence; je me suis tu, je me suis contenu. Je gémis comme celle qui enfante, je suffoque, je cherche mon souffle. Alors je conduirai les aveugles
sur des sentiers qu’ils ignorent. Je changerai, pour eux, les ténèbres en lumière et la pierraille en droites allées».
Le temps est venu, dit le Pape François dans son encyclique ‘Laudato Si’ «Loué sois-tu !» : de créer des communautés nouvelles, semblables à des hôpitaux de campagne, dont les responsables seront des gardiens de leurs frères et sœurs à l’odeur de leurs brebis,
Aux urnes et aux armes, citoyens !

Pierre VANDENBERG

LES MAÎTRES DU MONDE «La Globalisation et ses conséquences incroyables » (BN de mai-juin 2020)

Oui les ami(e)s, nous sommes bien peu de chose. Et oui les ami(e)s, d’habitude dans le monde nous faisons comme si nous étions les maîtres des lieux et nous reconnaissons que c’est bien agréable.
Nous nous baladons fièrement en territoire conquis, en confiance, comme le petit patron de l’usine au milieu de ses ouvriers. Nous faisons comme si le monde était un truc construit pour nous, qui était à nous et qu’on pouvait en faire ce qu’on voulait. Et c’est vrai que nous sommes hyper forts. En quelques siècles, nous avons soumis tout le monde: les dauphins, les baleines, les requins, les lions, les pumas, les éléphants, les loups. Si on a envie, nous pouvons tuer tous ces trucs, juste pour le fun, pour en faire des tapis, des descentes de lit. Ou bien on peut les épargner parce qu’on est sympas et en faire du fric autrement. Ou bien on peut les mettre dans des zoos pour leur jeter des vieux bouts de pain en rigolant: «Hé! T’as-vu le gorille qui se gratte le cul? Hahaha! »
Les plus forts, c’est nous ! On n’a rien à craindre, on est bien installés. Quand il pleut, on ferme la fenêtre et on se fout de la pluie. Quand il gèle, on allume le chauffage et on se fout du froid. Quand il fait un peu chaud, on a l’eau courante, la douche ou la piscine, l’électricité et le wifi.
Les forêts ne sont plus impénétrables, les océans ne sont plus insondables. Les sommets des montagnes ne sont plus infranchissables, elles nous servent à faire du ski. On assèche les lacs ou on les remplit de produits chimiques pour les poissons exotiques. On détourne les fleuves. Les bouts du monde sont des clubs de vacances. On fait tout ce qu’on veut comme on veut. Nous pouvons bouffer tout le monde et tout le
temps: des vaches, des cochons, des poissons, des coquillages, des oiseaux. On peut tous les bouffer! Morts ou vifs, crus ou cuits. Et des fraises en hiver, et des kiwis à Noël et des kakis pour le samedi, des ananas pour la St-Nicolas, des avocats, du cacao, du chocolat par kilos et du lundi au vendredi des litchis
dans le pique-nique du petit.
Franchement, on est vraiment les maîtres du monde, le sommet de la pyramide, on a gagné la loi du plus fort. On a construit des avions et des pistes kilométriques en béton et des autoroutes traversant les cultures des campagnes au service des aéroports et des files de camions-transporteurs et de voitures formant des kilomètres de bouchons.. Des bagnoles, des fusées. Combien de longs courriers et de tonnes de kérosène a-t-il fallu pour fournir mon petit monde, garnir ma table et ma garde-robe? Et à quelle sueur de front et quel prix pour les producteurs locaux ?
On a construit des partis à gauche et à droite, des religions pour satisfaire tout le monde, des systèmes politiques soucieux de bien commun et de démocratie. Des systèmes économiques
et des banques à dimensions mondiales, fidèles aux lois de la globalisation. Et l’homme là-dedans ?
Et puis soudain, il est là, le voilà, messieurs-dames, son excellence Covid-19 ! Cette petite chose sans cerveau, un truc probablement illettré, un truc même pas capable de faire la
différence entre une Stella et une Duvel, un truc même pas vivant, un simple paquet d’acides nucléiques additionné d’une pincée de protéines. Le covid-19, quelle incroyable puissance possède ce petit salopard d’à peine 50 nanomètres, qui en quelques semaines, nous a bien fait comprendre que nous n’étions les patrons de rien du tout, que nous nous bercions d’illusions, que nous étions juste des petits sacs de chair bien vulnérables avec quelques neurones posés dessus. Vous François et vous Antoine, et toi plus moi, plus lui, plus elle.
Le covid-19: ce petit machin qui n’a ni mains ni pieds, ni nez, ni aucune relation haut placée et qui pourtant a réussi à faire baisser la pollution, à déstabiliser notre économie, à accélérer la formation d’un gouvernement fédéral en Belgique.
Le covid-19, une belle petite ordure aveuglément démocrate, capable de s’installer avec le même plaisir dans un organisme de riches ou de pauvres, de gauche ou de droite. L’évasion
fiscale ne sert à rien pour lui échapper, ni une carte de banque, ni un exil dans un chalet à MEGÈVE, ni un peloton de gendarmerie, car il se fiche des frontières, il fait comme si elles
n’existaient pas.
Il est indifférent aux législations, aux visas, aux douanes, il ne donne aucune suite aux convocations de l’office des étrangers, il ne tient compte d’aucune circulaire, d’aucun mot d’ordre, d’aucun discours, d’aucune menace. Faites feu sur un covid-19, il ne sentira rien. Il n’y a même pas moyen de le laisser se noyer
dans la Méditerranée, pas moyen de le laisser pourrir dans les camps de transit, pas moyen de l’affamer, de l’effrayer, de l’intimider. Et pourtant grâce à lui, le monde commence à prendre conscience que «la santé doit primer sur l’économie».
Restons donc chez nous pour sauver des vies et la planète aussi !

Pierre VANDENBERG
(avec l’aide de T. GUNZIG, journaliste)

INCROYABLE CLIN D’ŒIL! (BN de janvier-février 2020)

«On venait de crucifier Jésus » (Luc 23,25)

La foule restait là, toute baba.

Les tablettes et smartphones chauffaient pour fixer la scène, dans la diversité des émotions ou dans l’indifférence et la curiosité.

Les chefs, commanditaires de l’évènement, cherchant à se justifier, tournaient la victime en dérision: «Il en a sauvé d’autres, qu’il se sauve lui-même».

Les soldats, chargés d’exécuter l’arrêt de mort, avec ou à contrecœur, se moquaient, en lui tendant une boisson vinaigrée, lui qui avait changé 600 litres d’eau en très bon vin à CANA.

Une pancarte griffonnée à la hâte: «Roi des Juifs», afin de l’identifier de façon humoristique.

Un malfaiteur le provoque: «Sauve-toi toi-même et nous avec».

Seul le bon larron prend sa défense: «Il n’a rien fait de mal. Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume ».

Et le Crucifié trouve la force, dans un «clin d’œil» complice, de lui répondre: «Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis».

Ce dernier «clin d’œil» réalise l’accomplissement de la mission du Fils. Celle-ci consiste à dévoiler au monde entier le projet d’amour du Père pour l’humanité tout entière et l’aboutissement n’est autre que le Paradis !

Face aux multiples formes d’hommes et de femmes crucifié(e)s, victimes croisées sur nos routes quotidiennes, et en lien symbolique avec les croix de nos chambres, cuisines, salons et calvaires, quelles réactions et attitudes avons-nous? Choisissons-nous le camp de la foule, celui des chefs, des soldats, ou de quel larron?
Et de quel «clin d’œil» attendons-nous d’être gratifiés?

« Que la justice fasse éclater en même temps tous ses bourgeons » (Isaïe 45,8)

Meilleurs vœux d’année fructueuse

Pierre VANDENBERG

LA CAPITAINE ET LE MINISTRE (BN de novembre-décembre 2019)

« Il renverse les puissants de leurs trônes, et Il élève les humbles, les petits. » (Marie et son magnificat)

Une autre femme, une jeune allemande, Carola RACHETE, la capitaine d’un bateau, le Sea-Watch3, dérivait en haute mer depuis 17 jours avec 40 migrants en détresse qu’elle avait sauvés de la noyade. Faisant fi de l’interdiction des autorités italiennes, elle accosta sur l’île de LAMPEDUSA et déposa, à ses risques et périls, sa cargaison à bout de force et de vie. Le ministre la fit arrêter et menaça tout qui voudrait l’imiter de 10 ans de prison et de 50 000 euros d’amende. Grâce à l’audace, la bravoure, la détermination et la dignité de Carola, les 40 malheureux s’en sortiront, car 5 pays européens se sont proposés de les recevoir. Cet événement, répercuté par les médias, me fait penser à ce qui s’est un jour passé sur une route de Palestine (Luc 10, 25-37): «Un homme descendait sur une route de Jérusalem à Jéricho. Il tomba sur des bandits (des passeurs) qui l’ont dépouillé, roué de coups et s’en sont allés le laissant à moitié mort. Un prêtre et un lévite, personnel du temple, passèrent, le virent et changèrent de trottoir, afin de respecter une loi religieuse stupide et cruelle. C’est un samaritain, un étranger passant par là, en voyage d’affaires, qui le vit. Il osa prendre le temps et les risques de s’arrêter, de s’approcher, de lui donner les premiers soins et de faire servir son âne d’ambulance. » Sans doute que le ministre de l’intérieur et la curie du temple en ont pris ce jour-là pour leurs grades! Le mois dernier, le Pape François, entouré de migrants, de réfugiés, et du personnel qui les secourait, célébrait l’Eucharistie à Saint-Pierre au Vatican. Il lança au monde un appel de détresse: «Ces gens ne sont pas des ‘cas’, ni des ‘dossiers’, mais des personnes comme nous, des frères et des sœurs en humanité. Les périphéries existentielles de nos villes sont peuplées de personnes exclues, marginalisées, opprimées, discriminées, abusées, exploitées, abandonnées, pauvres et souffrantes. Qu’as-tu fait de ton frère?» Et nous là-dedans ? Au lieu de fermer et démolir les églises-bâtiments désertés, si on en faisait des centres de santé tant physique que spirituelle! En faire des lieux d’enseignement d’une nouvelle manière de vivre selon l’évangile! En faire de nouvelles outres pour y mettre le vin nouveau des générations à venir! N’est-ce pas rêver debout? Manière de rejoindre un Jésus qui guérit, enseigne, égaye les noces de l’Agneau. Ce n’est pas à pratiquer une nouvelle religion que le Fils du charpentier de NAZARETH appel-le ses disciples. Son message n’est ni la loi, ni le dogme, mais la passion de vivre et faire vivre l’humanité tout entière. Une nouvelle manière d’être homme, un projet de vie, un humanisme qui a sa source dans la Parole de Dieu qui est amour, projet de fraternité universelle qui bouscule toute forme de cléricalisme. Selon le Pape François: «La rencontre du Christ, dans une joyeuse admiration, est le point de départ d’un devenir plus humain, quand le croyant laisse Dieu le conduire au-delà de lui-même dans la joie d’une vie bien remplie ! » Que tous les Carola et Matteo, capitaines et ministres soient demain sur la même longueur d’onde, afin que tous les blessés de la vie soient pris en charge. À leur exemple, que chacun(e) d’entre nous, inspirés de l’Évangile, puissions le traduire, avec créativité et conviction, aux goûts de la modernité, sous des formes nouvelles, pour que tous vivent heureux !

Pierre VANDENBERG

LE GPS DE L’AMOUR (BN de Septembre-Octobre)

« Bienheureux celui qui se met en route et se laisse guider par la voix de l’Évangile, il arrivera à bon port. »

Que de circulation sur les routes, dans tous les temps: les petites et grandes courses, les visites, les rencontres, les déplacements, les départs et les retours, etc… toujours en route ! L’important, c’est le but à atteindre, et la bonne route à prendre et à suivre pour y arriver. Sont utiles les cartes routières, les conseils des connaisseurs du terrain, et aujourd’hui, au temps des nouvelles technologies, le GPS (Global Positioning System – ou Geo-Positionnement par Satellite). Si tu as bien programmé cet appareil, une voix virtuelle, venant d’en haut, par l’intermédiaire d’une étoile artificielle (satellite), te guidera, en te tenant à l’œil, sur le parcours à suivre. À tous les ronds-points, elle t’indiquera la sortie à prendre. À toutes les erreurs, elle te demandera de faire demi-tour dès que possible ou elle recalculera ton parcours. C’est un outil précieux à base d’IA – Intelligence Artificielle. Passer aujourd’hui à côté de l’IA, ce serait abandonner ton smartphone, bloquer internet, affaiblir la recherche, handicaper des pans en-tiers de l’économie. Toutes ces nouvelles technologies, sans âme ni réflexion ni émotions, ont vocation d’être au service de l’épanouisse-ment du quotidien de tout homme. En 1818, en France, Jean-Marie VIANNEY, nommé curé d’ARS, petit village des DOMBES de 200 habitants, à pied avec son baluchon, ne connaissait pas encore le GPS et cherchait son chemin. Il rencontra sur sa route un jeune berger, gardant son troupeau, qui lui dit : «C’est par là qu’il faut marcher, M. le curé».Celui-ci lui répondit: «Puisque tu m’as montré le chemin d’ARS, je te montrerai le chemin du Ciel.» Aujourd’hui, dans les préoccupations matériel-les de nos villes et nos campagnes, qui ou quoi va encore nous rappeler que le but de nos voyages terrestres est le Ciel ? Quel GPS va nous indiquer la route, d’une voix virtuelle ou non, mais venant d’en haut, pour nous dire: «Celui-ci est mon Fils bien aimé en qui j’ai mis tout mon amour; écoutez-le!» ou bien «Je suis le chemin, la vérité, la vie». Quels bergers pouvons-nous encore rencontrer sur nos routes, afin de nous annoncer la Bonne Nouvelle de l’Évangile? Comment suivre leurs conseils s’ils nous disent d’aller tout droit, de prendre telle sortie aux ronds-points cruciaux de nos existences, ou de faire demi-tour dès que possible quand nous fonçons droit dans le mur de nos erreurs? Quel est enfin le but que nous voulons atteindre pour vivre l’espérance de nous entendre dire: «Vous êtes arrivés à destination: ‘Venez les bénis de mon Père dans le Royaume préparé pour vous de toute éternité.» Quelle joie d’avoir à notre disposition un GPS qu’est l’Évangile avec une voix non virtuelle mais vivante. Il nous permet d’entendre la Parole du Fils de Dieu. Celui-ci n’est pas caché dans une étoile virtuelle, sorte de casserole lancée par des hommes. Il nous accompagne d’un amour fraternel, afin que nos parcours de vie quotidienne se déroulent en toute sécurité. Avec Lui, nous aboutirons avec certitude là où nous sommes attendus, dans son Royaume d’amour, de justice et de paix, déjà présent dans l’actualité de nos vies. L’Esprit saint, avec son armée d’anges gardiens aux voix réelles, est à l’œuvre. À nous de programmer leur présence et de les laisser agir dans nos petites et grandes histoires !

Pierre VANDENBERG

« TOMBE AMOUREUX » (BN de Juillet-Août 2019)

La nature a besoin d’eau et de soleil pour rester verte et porter des fruits… de même tout être humain a besoin d’aimer et d’être aimé pour être heureux. Dans notre société, qu’elle soit réelle ou virtuelle, tout le monde court, se fatigue, s’épuise… Comment tenir le coup et atteindre le but que nous propose la dimension d’éternité qui traverse toute personne? Tu cherches une vie passionnante! Tu as besoin d’amour! Tu as besoin de force! Où en est le secret ? «TOMBE AMOUREUX » (poème de Pedro ARRUPE) « Permets-toi de tomber amoureux! Tu n’y arriveras pas sans chercher et trouver Dieu qui est source de tout amour. Tombe amoureux de Lui de manière définitive et absolue. Ce dont tu tombes amoureux prend ton imagination, et finit par laisser sa trace partout. C’est cela qui te décidera à sortir de ton lit le matin, ce que tu feras de tes soirées, à quoi tu emploieras tes weekends, ce que tu liras, ce que tu feras. Tu décideras de ce qui brise ton cœur et de ce qui te submerge de joie et de gratitude. Tombe amoureux! Demeure dans l’amour! Tout sera différent! » Dieu a créé l’homme à son image! Et c’est dans tout ce qui n’a pas de valeur monétaire que réside l’essentiel de l’Homme! Il est temps de rendre grâce à Dieu pour la créativité dont l’homme est capable! Les sciences et les technologies nouvelles sont de merveilleux produits de la créativité humaine, un vrai don gratuit de Dieu! Ces deux derniers siècles ont créé, à jet continu, des changements importants. Nous sommes passés de la machine à vapeur au télégraphe, à l’électricité, à l’automobile, à l’avion, aux industries chimiques, à l’informatique, à la révolution numérique avec la robotique, les biotechnologies et les nanotechnologies, etc…. Ce sont des grands pas en avant pour l’humanité. L’exposition liégeoise sur Léonard DE VINCI en fut un fameux témoignage pour son époque. Même l’évêque de LIÈGE actuel en fit une lecture spirituelle dans son message pascal. Fameux progrès que ces fruits de la science. Ils sont des remèdes à de nombreux maux dont souffre notre humanité. Ils ont un pouvoir énorme par rapport au passé, à condition d’en faire bon usage pour le service et le bien-être de tous. Ah! Si nos ancêtres pouvaient revenir! Mais aussi quelles responsabilités que celles des chercheurs, des inventeurs, des économistes, des financiers, des politiques, de celles et ceux qui s’engagent au service du DHI-VA : Développement Humain Intégral dans la Vérité de l’Amour. Ah! S’ils pouvaient tous et toutes «tomber amoureux » de tout l’homme et de tous les hommes! « Les vieux rêveurs ensemble avec les jeunes prophètes sont la voie du salut pour notre société déracinée. » (Extrait de « Dieu est jeune » -Ed. J’ai lu- du pape François)

Pierre VANDENBERG

NOTRE MÈRE – LA TERRE: GRAND VILLAGE!

Le Poverello, François d’Assise, proposait de reconnaître la nature comme un splendide livre dans lequel Dieu nous parle et nous révèle quelque chose de sa beauté et de sa bonté.
Le pape François attire continuellement notre attention sur la manière de respecter et de soigner ce monde, car la manière de le traiter et de l’exploiter pose quelques problèmes: «nous sommes entrés dans une spirale d’autodestruction dans laquelle nous nous enfonçons.»
Dans son encyclique «Loué sois-tu!» il cite la pollution, le changement climatique, la menace sur les ressources d’eau potable, la perte de la biodiversité, les détériorations de la qualité de la vie humaine et la dégradation sociale… «Il est urgent, dit-il, de développer entre tous les êtres de l’univers une véritable conscience amoureuse, une belle communion universelle. » Que pense le Créateur de tout cela ? « C’est ma maison, notre maison! »
Seigneur, je te cherche à tous les carrefours du monde, là où les gens existent l’un pour l’autre. Dans leur engagement, dans leurs combats, dans leurs joies et leurs souffrances, je découvre tes traces. «Tu vis que cela était bon: Toi qui n’abandonneras jamais ce monde. »
Je te cherche dans le monde des petites gens, dans les marées hautes et marées basses de leur famille, de leurs professions, de leur vie en société. C’est là qu’ils prennent quotidiennement soin de leur prochain, de leur milieu de vie, de leurs besoins fondamentaux, et qu’ils leur consacrent leur argent et leur sommeil.
Je te cherche dans leurs rencontres, leurs réunions et leurs actions pour un monde plus propre et plus humain. Leurs prises de conscience, leurs plans de travail, leurs préoccupations, leurs échecs et déceptions, leurs combats inlassables dans la créativité et la fraternité.
Je te cherche aux carrefours du monde, où les gens s’accordent entre eux et osent utiliser leurs talents et leurs biens pour rendre le monde – leur village global – toujours plus habitable pour les générations à venir.
Je cherche ton écho dans les déclarations et positions de celles et ceux dont les intentions sont louables, qui ne cherchent pas leur profit personnel, qui n’agissent pas sous la pression de groupes mal intentionnés, mais qui portent un regard serein, humain et fraternel, sur les choses qui doivent apporter du bien-être à chacun et à tous.
Je te cherche là où les responsables et les dirigeants, politiques et autres, se rencontrent et prennent des décisions réalistes et courageuses pour un grand nombre, pour longtemps, dans tant de domaines si importants.
Merci à la jeunesse, à leurs enseignants et éducateurs, merci pour leur prise de conscience, leur engagement et leurs actions prophétiques: ils éveillent ainsi le monde à l’amour de notre mère-la terre, cadeau de Dieu à tous les vivants, de toutes les générations.
«Les grands combats commencent toujours par un premier petit pas.»

Pierre VANDENBERG

PÂQUES ET JUSTICE RÉPARATRICE (BN de mai-juin 2019)

Le prophète Osée, contemporain d’Amos, a vécu en Israël dans les années 720 av JC. Le thème fondamental de son message était : «L’amour de Dieu est méconnu du peuple, car celui-ci ne se complaît que dans les biens matériels qu’il ne cesse d’accumuler.»
«Israël était une vigne luxuriante qui portait beaucoup de fruits. Mais plus ses fruits se multipliaient, plus Israël multipliait ses autels; plus son pays devenait riche, plus il enrichissait les stèles et les idoles».
Comme prophète du Premier Testament, Osée s’en prend aux rois et aux prêtres rapaces qui conduisent le peuple à sa perte dans des cultes idolâtres. Il leur annonce que «Épines et ronces recouvriront leurs autels» (Osée 10,8).
C’est une manière de parler pour dénoncer la situation catastrophique et appeler le peuple et ses dirigeants à une conversion en profondeur: «Qui donc est Dieu qu’on peut si fort blesser en blessant l’homme?»
Aujourd’hui l’Église Universelle est mise sur le gril. Par sa justice pénale, la société civile veut à tout prix qu’éclate au grand jour toute la vérité sur les faits commis et les responsabilités partagées par des responsables d’Église, en matière de pédophilie dans les relations pastorales.
Pour l’ensemble des magistrats, il n’est plus question de laisser à certaines corporations – et à l’Église en particulier – le privilège de «laver son linge sale en famille». C’est, pour tous, le chemin urgent d’une «Vérité qui rendra libre.»
Et le même prophète Osée propose un objectif et un plan de travail : « Faites des semailles de justice, récoltez une moisson de miséricorde, défrichez vos terres en friche. Il est temps de chercher le Seigneur » (Osée 10,12).
Voilà bien un programme formidable ! Comment dégager le terrain des ronces et des épines qui encombrent l’autel des sacrifices qu’est l’Église et son personnel, afin de permettre qu’y poussent, grandissent et s’épanouissent les fleurs des champs, signes de l’espérance des temps nouveaux ?
Par ailleurs, le temps ne serait-il pas venu pour la justice de passer d’un système pénal classique qui punit, enferme et exclut, à un nouveau modèle de justice qui, à la fois, répare le mal subi par les victimes, stigmatise et corrige les écarts coupables et éduque la société tout entière, en réparant ce qui peut l’être.
En termes de réparation, le latin nous parle de «parere» ce qui signifie donner la vie, engendrer, mettre au monde.
Le délit, aussi grave soit- il, brise violemment les liens qu’un système de «justice réparatrice» pourrait œuvrer à renouer, retisser, ré-engendrer, restaurer, ressusciter.
C’est là que la justice de Dieu, miséricordieux et plein d’amour, peut croiser la justice des hommes. C’est le chemin par lequel la société, composée de citoyens, pourra devenir une communauté de frères et de sœurs capables de ré-engendrer de manière permanente un réel monde nouveau.
Paroles! Paroles! Paroles! Rêves! Utopies! diront certains.
«Une vision sans plan d’action, ce n’est qu’un rêve! Un plan d’action sans vision, cela ne peut tenir la route! Une vision et un plan d’action, c’est l’espoir qui ouvre un avenir! »
Grâce au Mystère Pascal, où la Vie jaillit de la mort, la justice est appelée à être réparatrice d’humanité.
Espoir : tant pour les victimes et les coupables, que pour la société qui aspire à la vérité tout entière, à la sécurité de chacun et de tous, pour l’avenir du monde.

Pierre VANDENBERG
(Extrait de «Prison: Poubelle d’Humanité-Vitrail d’Eternité.»
P.VANDENBERG-Éditions Croix du Salut)

BONNE SANTÉ! (BN de mars-avril 2019)

Parmi les vœux, les souhaits, des fêtes de fin ou de début d’année, personne ne manque de s’écrier: «et surtout une bonne santé». Même la terre, notre maison commune, a besoin d’attention, de soins, si on veut qu’elle soit habitable par tous, et pour tous, et pour les générations à venir.
Les programmes d’assainissement ont leur importance. Ce sont des opérations par lesquelles il faut passer pour que tout corps, qu’il soit individuel ou social, puisse se développer, garder ou retrouver la santé.
On assainit une plaie qui s’infecte, un conflit qui perdure, une atmosphère polluée, un site désaffecté, une situation qui pourrit, les comptes du ménage, la vie en société qui se dégrade; on assainit même les finances publiques.
Oui! La santé à soigner, qu’elle soit physique ou spirituelle, est un bien des plus précieux. C’est une question de vie ou de mort pour l’individu et tout le corps social.
Le tout est dans la manière de pratiquer cet assainissement, car s’il augmente les exclusions, il sème la mort. Et pourtant l’objectif des acteurs de la santé est de faire vivre pleinement la personne, tout homme et tous les hommes. Quels défis formidables en temps de préparation d’élections par exemple.
L’homme lui-même, comme son environnement, dans ses profondeurs et selon toutes ses dimensions, a un grand besoin d’assainissement. Il soignera et retrouvera ainsi ses raisons de vivre et l’esprit qui l’anime.
Qu’as-tu fait de ton frère? dit la Genèse 4,9.
Par l’incarnation de son propre fils à Noël, et par ses rencontres bienfaisantes avec de nombreux malades lors de sa vie publique, Dieu donna priorité à cette belle et grande mission : celle d’assainir l’humanité tout entière, grâce aux structures multiples et diverses de promotion de la santé. L’Église en fit même un sacrement!
«Dans les moments les plus noirs de notre histoire, le Seigneur se rend présent, ouvre de nouveaux chemins et consacre notre foi vacillante, notre espérance hésitante et notre charité trop tiède. La joie du don gratuit est l’indicateur de santé du chrétien.» (Pape François)
Et pourquoi pas : « À votre santé ! »

Pierre VANDENBERG

GÉRER LES CONFLITS (BN de janvier-février 2019)

À GUBBIO, village italien, un loup sème la terreur chez les paysans. Un certain François d’ASSISE est appelé à l’aide. Il a la mission de trouver une solution à cette situation désespérante. François, au lieu de chercher à piéger, à enfermer et à éliminer l’animal, prend le risque de l’amadouer et le salue fraternellement. Il réussira sa tâche de négociateur au-delà de toute espérance. À force de patience, de ruse, de diplomatie, avec douceur et amitié, le loup se changea en agneau.
C’est une belle fable, avec sa morale.
Comment transformer les loups de nos sociétés modernes, symboles d’agressivité, de violence et de mort, en forces et puissances de vie?
Le secret réside apparemment dans l’éveil de l’autre au meilleur de lui-même dont il est capable!
L’homme serait-il vraiment un loup pour l’homme? Comment faire en sorte que des ennemis deviennent des partenaires?
Comment des groupes opposés peuvent-ils unir leurs forces pour le plus grand bien de tous?
Des chemins existent qui mènent de la servitude à la liberté, de l’ombre à la lumière, de la dispersion vers l’unité, des divisions
vers la solidarité.
« Seigneur, donne à tous les artisans de paix du monde, force et courage d’organiser la terre au service de tous. De faire de
tous les individus isolés un peuple solidaire et d’être partout et en tout temps des acteurs et actrices de vie nouvelle. »

Ce sont mes vœux d’une joyeuse fête de Noël et d’année nouvelle!

Pierre VANDENBERG

SYNODE ET MOULE DE COMMUNAUTÉS NOUVELLES! (BN de novembre-décembre 2018)

Le monde a bien changé, vite et en tous domaines. L’Église n’a pas suivi et cherche un nouveau souffle. Après une consultation de plus de 15 000 jeunes sur des réseaux sociaux et de multiples rassemblements à travers le monde, le Pape François a réuni à Rome un synode d’évêques du monde entier, avec pour thème: «Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel». Puisse ce rassemblement porter des fruits. Il invite les jeunes de tout bord à : «avoir des racines, cultiver la foi, faire fleurir l’espérance, construire l’avenir, grâce à des moules aux formes nouvelles: ‘Imagination au pouvoir’ sous l’inspiration de l’Esprit!» Un «mouleur» est un ouvrier qui fabrique des moules, des formes, des objets creux dans lesquels on verse une matière liquide en fusion (verre, cristal, acier, fonte, etc). Ces liquides, en refroidissant, durcissent. Les objets sont ensuite démoulés, nettoyés, façonnés, affinés, diffusés et utilisés dans le quotidien de la société: il faut oser le changement ! Dieu est ‘le grand Mouleur du monde’, de sa nature et de son humanité. Il a besoin de nous comme des ‘artisans-collaborateurs’, capables de donner aux moules les formes adaptées aux circonstances de la vie; et cela dans la riche diversité des cultures qui varient d’après les lieux et les époques. Il en va de même avec les communautés chrétiennes. Elles forment l’Église de Jésus-Christ. Celle-ci a mission de faire évoluer les formes, les moules, qui permettront d’an -noncer la ‘Bonne Nouvelle de l’Évangile’ dans l’actualité de la vie du monde. C’est la base du développement de ses membres, dans le respect des goûts et des couleurs. Le but est « le joyeux développement humain intégral de tout homme et de tous les hommes ! » La méthode du « Dieu-Mouleur universel» est de marcher avec son peuple dans une merveilleuse aventure d’amour: Non par des sacrifices qui écrasent, mais par des cœurs ouverts à toutes les misères du monde. Dieu, non à l’image du gendarme qui verbalise, mais à celle d’un Dieu de tendresse, miséricordieux, patient et plein d’amour. Selon la proximité de Jésus qui mange, non avec les repus et ceux qui se croient justes, mais avec les malades et les pécheurs. Non à la manière d’un fonctionnaire ou d’un cadre supérieur, mais comme un frère et un serviteur. Les précieux liquides en ébullition qui rempliront nos moules ne sont autres que: les Paroles et l’Agir d’Évangile, Son corps livré et Son sang versé, pour que le monde soit sauvé. Bonne fête de «Tous-les-Saints» qui nous ont précédés.

Pierre VANDENBERG

FAMILLE… TU VAUX LA PEINE!* (BN de février 2018)

Se rencontrer et se choisir librement! Se porter mutuellement! Semer la tendresse! Susciter en l’autre la joie de se sentir aimé! Procréer dans l’intimité! Accueillir la vie! Mettre au monde! Croître en âge et en sagesse! Se développer humainement dans toutes ses dimensions! Chercher le bonheur! Être un tremplin pour vivre en société! Être moteurs et lieux des «grands-passages» (d’embryon à la plénitude d’éternité).
Ce sont les étapes successives et les ‘droits et devoirs’ des familles vivant selon des formes diverses, depuis la création du monde jusqu’à sa fin.

«La famille est l’alliance nuptiale, reflet de l’amour divin! Elle n’est pas un rempart qui nous renferme sur nous-mêmes. Elle est pour chacun l’hôpital le plus proche! Elle est une porte ouvrant sur l’humanité qui vit dans la diversité! Les familles parfaites n’existent pas. Elles sont des usines d’espérance de vie, à travers morts et résurrections! La famille vit sa spiritualité en étant en même temps une Église domestique et une cellule vitale pour transformer le monde! Afin de nous rejoindre et de vivre avec nous, Dieu a ouvert le chemin d’humanité à son Fils à travers la famille de Nazareth. » (Pape François)

«Croissez et multipliez-vous, cultivez la terre, faites-la fructifier» dit la Genèse.

Et Dieu vit que cela était beau et bon. Tout son amour, Il l’a mis dans cette création merveilleuse, Il l’a confié aux membres de toutes les familles de la terre, sans exception. Les erreurs, les problèmes d’emploi, de logement, de santé, les inimitiés, les divisions, les migrations, les conflits ne manquent pas. Ce sont les signes que le paradis terrestre n’est pas ici.

Au milieu de toutes ces croix, il y a aussi plein de signes de résurrection, là où les difficultés sont surmontées par l’amour. Chaque famille a ‘droit de cité’ dans le monde de Dieu et a besoin d’énergie nécessaire pour traverser les intempéries.

Entre ombres et lumières, l’amour naît et se développe. Les enfants et les jeunes sont l’avenir; ils constituent la force de vie nouvelle et ils sont ceux qui font progresser. Les grands-parents, les anciens, sont la mémoire de la famille. Par leur «dialecte et témoignage d’ amour», ils transmettent autant la culture, les traditions, que la foi.

«L’Emmanuel», qui veut dire: «Dieu avec nous» est le gage qu’Il ne nous abandonne pas et qu’Il marche avec son peuple. À sa suite, avec Lui, toute famille vaut la peine d’être pleinement vécue dans l’espérance et la joie du Royaume. C’est le rêve de Dieu pour l’humanité tout entière.

Pierre VANDENBERG.

* Suite à l’Exhortation Apostolique post-synodale sur l’amour dans la famille «La joie de l’amour» du Pape François (aux éditions ‘Fidélité’)

SAINTE PAGAILLE (BN de janvier 2018)

«Je suis venu apporter le feu sur la terre, et comme je voudrais que déjà il fût allumé ! » (St Luc 12,49)

En écartant de nos vies en commun Celui qui en est à l’origine, nous réduisons la terre, qui est notre maison commune, à un désert de la soif. Mais Dieu, à sa manière, prend sa revanche.

En pleine période de l’Avent, préparatoire à Noël, à l’occasion du départ d’un certain Johnny, une énorme émotion a envahi le monde et a fait naître ou renaître une Parole venant d’ailleurs. Sans doute, pour fortifier nos mains défaillantes et nos genoux qui fléchissent. La croix, que cet homme portait à son cou, donnait subitement du sens à ses cris, ses airs et ses paroles: un appel à bâtir notre vie sur l’amour. Des millions de fans ont versé des flots de larmes et fredonné ses chansons. La foi d’un peuple immense s’est exprimée, dans un profond respect, en une sorte de grande liturgie de rue et de médias, à l’écoute des textes de la Parole de Dieu jaillissant du cœur de l’ église de la Madeleine. «La terre brûlée s’est momentanément changée en lac et la région de la soif en source jaillissante.» (Isaïe 35,7)

Dans un tout autre événement, fin novembre, à un autre endroit du monde, le Pape François visita des petites communautés chrétiennes largement minoritaires (1%) en Birmanie et au Bangladesh.

S’adressant aux jeunes, il les remercia d’être «une bonne nouvelle pour leur pays et pour le monde». Il les invita à «mettre la pagaille et à crier par leur manière de vivre, par leurs exemples, par leurs cœurs.»

«Soyez, leur dit-il, des signes d’ espérance pour celles et ceux qui sont découragés. Soyez des mains tendues vers ceux qui sont malades. Ayez un sourire accueillant pour ceux qui sont étrangers. Soyez un soutien attentif pour celles et ceux qui souffrent de solitude. Soyez des passionné(e)s pour les droits humains. N’ayez pas peur de poser des questions qui fassent réfléchir les gens. Cultivez «l’intériorité» avec patience. Apportez à votre entourage la Bonne Nouvelle de la miséricorde de Dieu par votre foi, par votre jeunesse, par votre enthousiasme. Vous apporterez ainsi une joie et une espérance qui n’auront jamais de fin. »

Avec Johnny et François, dans des tons et des styles bien différents, voilà un programme dynamique pour cette année nouvelle. En 2018, en effet, aura lieu à ROME un synode de toute l’Église universelle, ayant pour thème «les jeunesses du monde et le message de l’Évangile.»

Si les jeunes de 16 à 26 ans de vos familles et de votre entourage n’ont pas reçu le questionnaire capable de les impliquer dans cette démarche de la «sainte pagaille», dont le sommet aura lieu en octobre 2018, il est encore temps d’envoyer d’urgence un message au «chantier jeune» ou au «chantier paroisse» de l’évêché de Liège aux adresses mail suivantes :
«ndezeric@yahoo.fr» ou «secr.vicariat.general@evechedeliege.be »

«Dans nos obscurités, allume le feu qui ne s’éteint jamais»

Pierre VANDENBERG.

À NOS PÂTURAGES QUOTIDIENS (BN de janvier 2018)

Si l’événement de la naissance de Jésus s’était passé à notre époque de la mondialisation de l’économie, de la finance, du tout au marché, avec sa société de consommation, il s’en serait passé des choses!

Le conseil communal de BETHLÉEM aurait tenu une conférence de presse. Les médias en auraient fait tout de suite la «une» de l’actualité. Les bergers auraient sans doute ouvert un snack, une friterie, un hôtel pour pèlerins, une agence de voyage pour touristes, un super marché d’articles religieux: des bouts de paille de la mangeoire transformés en reliques, du lait d’ânesse comme produit de beauté, des CD et DVD avec les chants des anges et des vidéos du site de l’événement. Tout n’est-il pas bon, en effet, pour faire du fric, quand se détériorent la croissance, l’emploi et le pouvoir d’achat des ménages?

Eh bien… NON! Ils sont retournés dans leurs familles, à leur boulot, dans leurs pâturages, pour raconter et témoigner.

Les a-t-on pris d’un coup au sérieux? Il a dû y avoir des moments de méfiance, des ricanements, des moqueries, des doutes dans les chaumières et les bars des environs… c’est en effet le temps de la liberté de pensée et de la foi.

Le temps des pétards, des serpentins, des illuminations sont derrière nous; les rideaux des fêtes sont tombés. Nous voilà retournés à nos grisailles et à nos pâturages quotidiens: reprise du travail pour qui en a, recherche d’emploi pour celui qui en manque, course aux bonnes affaires pour qui fait les soldes, stress de la vie quotidienne.

Et pourtant quelle joie profonde que celle de prendre le temps de découvrir l’inattendu dans l’ordinaire, de s’étonner à la manière de l’éclair et du bruit du tonnerre face à ce qui nous arrive, de retenir dans son cœur l’événement pour qu’il ne s’échappe pas trop vite, de méditer, de chercher et de dire ensemble le sens que chacun donne au temps qui s’écoule, de ne pas rester planté là, mais de repartir et de raconter autour de soi ce qui nous est arrivé, afin d’en faire profiter notre entourage.

Tout cela peut se faire autour d’une bouquette de la chandeleur, fête de la lumière, et bientôt au son d’un air de carnaval, qui précède le Carême.

Prendre le temps de goûter et de savourer les minutes de clarté qui s’ajoutent chaque jour l’une à l’autre, d’admirer les petites pousses qui se mettent à pointer d’un sol endormi et les perce-neige et crocus qui apportent les premières couleurs annonciatrices d’un nouveau printemps.

Comme disait le prophète Isaïe (49,8 et 9): «Nous sommes destinés à être des hommes et des femmes d’Alliance du peuple avec son Dieu, afin de relever le pays (qui était en mauvais état), pour réparer les terres dévastées (par quelques tyrans qui se les sont appropriées) pour dire aux captifs: «sortez de vos prisons» et à ceux qui sont dans les ténèbres: «venez à la lumière! »

Quand on parle d’«Alliance», on parle de «noces». Le temps n’est-il pas venu de prendre au sérieux les paroles de Marie aux noces de Cana? «Eh! Fils! Ils n’ont plus de vin!». À nous de remplir d’eau les urnes à ras bord. À lui le secret pour la changer en vin de qualité supérieure. Tout un programme! À votre santé!

Pierre VANDENBERG.

CRÈCHE DE NOËL ET CAPSULE SPATIALE (BN de Décembre 2017)

Un SCOOP est une nouvelle sensationnelle importante, exclusive.
Aujourd’hui vous en avez la primeur grâce à ‘Bonne Nouvelle’ et à ‘Clin d’œil’.

Ici HOUSTON-station au Vatican, jeudi 26 octobre 2017, «Nous sommes prêts pour l’événement » :

Le Pape François, avec, à ses côtés, le président de l’Agence Spatiale Italienne (ASI) et le directeur de l’Agence Spatiale Européenne (ASE) sont en liaison directe, par satellite et grand écran, avec l’équipage de la station spatiale internationale ‘Expédition 53’. Celle-ci vole à 10 km/seconde, dans un espace sans frontière, et à 400 km de la terre. François va dialoguer avec les 6 astronautes (2 russes orthodoxes, 3 catholiques et 1 baptiste des États-Unis et d’Europe) pendant 25 minutes.

Voici la traduction du dialogue entre le pape et les astronautes.

Pape : «Good morning you all ! OK ! Nous vous recevons 5/5 ! »

Astro : « Bienvenue, St Père, parmi l’équipage de la station spatiale internationale. »

Pape : «Bonjour ou bonsoir! Dans l’espace, on ne sait jamais quand c’est le jour ou la nuit. Merci de pouvoir vous rencontrer! L’astronomie nous fait contempler les horizons illimités de l’univers et suscite des questions : d’où venons-nous? Où allons-nous? À la lumière de vos expériences dans l’espace, que pensez-vous de la place de l’homme dans l’univers? »

Astro : «C’est une question complexe! Nous sommes des ingénieurs-techniciens à l’aise dans les machines pour étudier, connaître et comprendre qui nous sommes et où on va. Nous sommes si peu de chose face à l’immensité. Nous aimerions que vous veniez nous rejoindre nombreux avec toutes vos questions et vos sciences, théologiens, philosophes, poètes, écrivains, pour explorer l’univers et l’homme dans l’espace ! »

Pape : «On dit que l’amour est la force qui met en mouvement l’univers entier, le soleil, les étoiles, etc.»

Astro : «L’amour est cette force qui donne à chacun(e) la capacité de donner sa vie pour les autres! Nous représentons différents peuples de la planète, avec leurs histoires. Le vol dans l’espace est l’avenir pour l’humanité, une frontière ouverte sur des nouvelles sciences. Notre joie est de regarder dehors par les hublots, de voir la beauté indescriptible de notre terre, la création de Dieu, et de cultiver l’émerveillement. La paix et la sérénité règnent dans notre planète sans frontières ni conflits, y compris dans le vaisseau spatial. Notre fragile existence dans la finesse de l’atmosphère. Cela pourrait être un exemple pour un monde meilleur sur la terre pour toute l’humanité. »

Pape : «Tout ce qui vous a précédé dans la préparation et réalisation de la mission et votre foi en Dieu sont vos racines, votre espérance et votre force à tous. Qu’en est-il de votre travail ensemble dans la station et vos liens avec vos pays respectifs? »

Astro : «Ce qui nous rend forts, c’est notre travail et notre collaboration dans la diversité, le respect mutuel et nos liens avec les centres du monde entier: les États-Unis, le Canada, le Japon, la Russie et 9 pays d’Europe. Ensemble nous pouvons faire des choses bien plus grandes qu’individuellement. Merci de nous avoir donné l’occasion de sortir de notre mécanique quotidienne et de nous faire réfléchir, grâce à ce dialogue, à des choses plus grandes qui nous dépassent ! »

Avant d’être déconnectés, les compliments et les bénédictions ne manquèrent pas au programme.

Et NOËL dans tout ça ? L’envoyé du Père, Jésus, le Fils de Dieu avait pour capsule spatiale une crèche, une mangeoire. Il ne tournait pas à toute vitesse loin de nos vies quotidiennes. Il a plongé dans nos humanités, les a vécues en partageant «nos joies et nos espoirs, nos tristesses et nos angoisses, nos questions et nos recherches.» Les crèches qui sont les nôtres sont nos vaisseaux spatiaux dans lesquels nous habitons. Nous les aménageons et nous naviguons «pour être libérés de l’esclavage de la dégradation et connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu » (St Paul aux Romains 8,21).

Pour les terriens que nous sommes, «l’objectif Terre» est quotidiennement notre horizon et, grâce à l’incarnation de Dieu à Noël, il est devenu notre tremplin vers «l’objectif Ciel», but final de l’humanité tout entière.

Joyeuses fêtes de NOËL et de NOUVEL AN !

Pierre VANDENBERG.

MIRACLE d’une BROCANTE (BN de Novembre 2017)

Pas une fête de quartier, de ville ou de village, ne se passe sans brocante. Des objets de toute sorte accumulés parfois depuis des générations dans des remises, des caves ou des greniers, sont étalés sur les trottoirs ou sur des places publiques. Des amateurs en recherche, des collectionneurs, des nostalgiques d’objets insolites, des lève-tôt ou des lèche-vitrines, ou tout simplement des personnes qui s’ennuient, défilent, dans l’espoir de trouver un objet capable de leur procurer quelques émotions pour « pas grand-chose ».

Chaque objet a certainement eu un jour un prix pour celui qui cherche à le vendre au lieu de le jeter à la poubelle. Il cache aussi l’une ou l’autre page d’histoire ou d’émotion qui mériterait d’être racontée. Il en va de même pour celui qui se laisse tenter de l’acheter.

Ces brocantes sont aussi des lieux de rencontre de personnes de nationalités diverses cherchant quelque objet à bas prix, mais aussi le contact ou l’occasion de parler et de devenir ainsi quelqu’un pour l’autre qui souvent se méfie de sa différence.

Ce fut un jour le cas de V… de famille russe fuyant la dictature du communisme, qui traquait toute liberté, et de B… cherchant un lieu d’accueil sous le règne de Pol Pot le tyran. Leurs familles, aidées par des organisations de solidarité, trouvèrent asile et lieu sûr chez nous pour bâtir leur avenir. Quoique de langues, de nationalités, de cultures, de religions différentes, ils fondèrent un foyer et eurent de beaux enfants qui trouvèrent leur place dans notre société. À coups de diversités respectées et d’adversités surmontées, leur amour mutuel, déterminé et persévérant, fut vainqueur et créateur de nouveauté pour tous. Il leur a fallu surmonter tant de peurs à l’égard de réfugiés-migrants et vaincre des préjugés tenaces aussi bien de la part de leur propre famille que de leur entourage.

« Vis, aime, rêve et crois » c’est la leçon de vie capable d’éduquer à l’espérance. Ramer à contre-courant, ne jamais capituler devant la nuit, construire toujours où Dieu t’a planté… est source de vie nouvelle et d’aboutissement de petits et grands projets. En chaque homme palpite une semence d’absolu et tout naît pour fleurir dans un printemps éternel. (Exhortation du Pape François)

Les tombes des cimetières que nous fleurirons à la Toussaint, les monuments porteurs des noms de ceux qui nous ont précédés dans les combats pour des causes qui dépassent l’homme, le courage de toutes celles et ceux qui ont cultivé des espérances et soigné tant de blessures d’humanité, nous montrent un chemin et sont déjà semences d’un monde nouveau.

Ne ratons donc pas « les brocantes des feuilles mortes » de novembre car, emportées par les vents parfois violents des conflits quotidiens, elles nous mènent déjà vers la résurrection.

Pierre VANDENBERG.

MODELER et INSUFFLER pour RESSUSCITER (BN d’Avril 2017)

Malgré les nombreux signes d’espérance que nous apportent les jours qui s’allongent, la nature qui reverdit et fleurit, les oiseaux qui se remettent à chanter, les innombrables gestes de service désintéressés et les signes d’amitié et de solidarité, notre monde est bien malade. Il est secoué en profondeur et placé devant des défis inextricables, des inégalités vertigineuses et des injustices criantes qui abîment tant l’homme dans sa quête de respect et de dignité, que notre sœur ‘la terre’ qui crie en raison des dégâts que nous lui causons.

Dans un monde à bout de souffle, il est temps de « REVENIR au BON AIR des ORIGINES» en recommençant à nous laisser modeler par Dieu lui-même et à respirer un souffle capable de transformer la poussière que nous sommes en nouvelle humanité, ce qui sera pour tous un chemin de Résurrection. »

Dieu souffle son Esprit de VIE sur chaque homme, et veut « continuer à le faire »… Il faut le laisser faire, car lui seul a «le pouvoir de nous sauver des autres types de souffle que sont toutes ces «attitudes asphyxiantes qui éteignent la foi, refroidissent la charité, et détruisent l’espérance » : «l’égoïsme»«les ambitions mesquines»«l’indifférence silencieuse»«les paroles vides de sens»«la critique grossière et rapide»«les analyses simplistes… ».

Entrer en Carême, c’est être prêt à dire «Non, ça suffit» à cette «asphyxie» qui «étouffe l’esprit, réduit l’horizon et anesthésie les battements du cœur». C’est être prêt à «quitter l’air auquel nous sommes habitués», air de tristesse et de résignation, air étouffant de panique et d’hostilité, pour un «autre air» qui nous rappelle «notre condition d’origine» : Nous avons été tirés de la terre, nous sommes faits de poussière. Oui, mais poussière dans les mains amoureuses de Dieu qui souffle son Esprit de vie sur chacun de nous.» (Pape François, 1er mars, mercredi des cendres)

Le souffle en nous s’épuise si souvent, au point que nous, et le monde qui nous entoure, sommes si souvent à bout de souffle. Nous sommes comme une terre assoiffée !

Que le Seigneur ne nous cache pas son visage. Qu’Il nous montre le chemin que nous avons à suivre. En Lui nous avons un abri sûr, car son souffle est bienfaisant ! Dans ce monde à bout de souffle…Oui ! Réponds, Seigneur, à nos appels… fais-nous vivre pleinement. (psaume 142)

Joyeuses fêtes de Pâques

Pierre VANDENBERG.

LES ARBRES QUI DEMANDENT UN ROI (BN de mars 2017)

Ces derniers temps, dans plusieurs régions du monde, mais aussi tout près de chez nous, la terre, notre maison commune, est bien secouée… un vrai tsunami. Les revenus, les richesses et les pouvoirs de certains, qui ont mission de se soucier de l’organisation de la vie en société, semblent bien mal répartis et utilisés pour se servir plutôt que servir. Et pourtant en cette époque de la montée des inégalités, la pauvreté qui en résulte ne peut être éradiquée que par le partage équitable de la richesse. C’est certainement un des plus grands défis mondiaux et une condition indispensable au développement humain intégral dans la vérité de l’amour. «Toutes les activités humaines, y compris les activités d’entreprises, économiques, sociales, politiques, culturelles, religieuses, peuvent et doivent être un exercice de la miséricorde qui est participation à l’amour de Dieu pour les hommes.» (Pape François aux entrepreneurs et dirigeants chrétiens). Ces situations me font penser à la parabole de l’Ancien Testament qui parle «des arbres qui demandent un roi » (Juges 9, 8-15) Cette fable nous raconte les heurts et malheurs du peuple élu installé en terre promise et qui oubliait Celui qui les avait libérés du joug des Égyptiens et accompagnés dans leur longue marche à travers le désert. « Les arbres désirant un jour un roi dirent à l’olivier : sur nous viens régner ! Moi ! Mon destin n’est-il pas de produire de l’huile ? À Dieu comme aux humains ne suis-je pas utile ? Irais-je m’agiter et prendre du souci pour le plaisir et l’intérêt de commander? Merci. Ils allèrent offrir le sceptre qu’il dédaigne au figuier son voisin : toi, sur les arbres règne. Le figuier répondit: je donne mon produit, pourrais-je refuser la douceur de mon fruit et quitter le repos que le destin me donne pour l’éphémère éclat d’une vaine couronne ? Ils dirent à la vigne: et toi ? Règne sur nous. La vigne répondit : quoi! Pour régner sur vous devrais-je renoncer à ma liqueur divine, la santé, le régal de l’humaine poitrine ? À l’épineux buisson le sceptre fut offert qui s’empressa de semer la détresse et la guerre.» (A. de MONTVAILLANT) La mise au rancart, dans nos vies, de «Celui qui est chemin, vérité, vie» rend toute activité humaine et ses institutions bien fragiles et pleines de risques. Risques du bon usage de l’argent trompeur. Risques de l’honnêteté face à la pire des plaies sociales qu’est la corruption sous tant de formes subtiles. Risques du mensonge de celui qui cherche le profit personnel ou celui de son groupe sous les apparences d’un service rendu à la société. Risques de la fraternité due à tout homme car il est homme, en vertu de son éminente dignité. Il n’a pas fallu à l’évangéliste Luc une commission d’enquête pour évaluer les revenus et les jetons de présence de Zachée, collecteur d’impôts de JÉRICHO, car tous murmuraient, parlant de Jésus: «Il est allé loger chez un pécheur». Et le riche chef des publicains déclara résolument: «Je vais donner la moitié de mes biens aux pauvres, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je lui rendrai le quadruple». (Luc 19,8) Zachée eut l’audace de mettre les choses à plat en grimpant sur un sycomore, sans peur d’être vu par la foule qui connaissait ses pratiques, et il osa se laisser voir par Celui qui avait vraiment autorité pour mettre de l’ordre dans les affaires de ce temps-là. La conclusion de l’événement fut: «Aujourd’hui cette maison a reçu le salut, car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ». (Luc 19,9-10) À chacun(e), en ce temps de carême, de choisir son arbre, afin qu’à travers ses activités entrepreneuriales, l’éclairage de l’évangile lui permette de faire les bons choix.

Pierre VANDENBERG.

L’HOMME EN CHEMIN (BN de février 2017)

Lumières et feux d’artifice sont éteints! Guirlandes, paillettes, personnages des crèches, sapins, tout est remisé au grenier ! L’homme se remet en chemin, il trinque dans le quotidien des rencontres à travers joie, espoir, tristesse et angoisse. Il y a tant d’hommes sur nos chemins, tous à la recherche du nécessaire qui fait vivre, grandir, aspirer à un développement humain intégral, en famille et en société. Le programme ‘GPS’ est contenu dans l’encyclique du pape François «Loué sois-tu» et dans son exhortation apostolique «la joie de l’amour», textes qui sont le reflet des petits et grands enjeux de notre monde en perpétuel mouvement. Tant d’hommes en chemin tombent aujourd’hui comme hier dans les filets des brigandages de toutes sortes. Ils se trouvent dépouillés, roués de coups, laissés pour morts dans les fossés du monde…sur les dangereux chemins ‘de JÉRUSALEM à JÉRICHO’ qui passent par nos villes et nos villages. Comme pour le bon samaritain de l’évangile, c’est à partir de ces situations, souvent dramatiques, d’appel au secours, que nos communautés d’Église sont interpellées. «La seule véritable façon d’aimer Dieu c’est d’aimer l’homme, et les vraies causes de la misère ne résident pas dans ceux qui la vivent.» Pour certains, cela s’appelle ‘solidarité’, pour d’autres ‘compassion’ et pour d’autres encore ‘charité’. Toutes celles et tous ceux qui s’arrêtent pour entendre les ‘cris du monde’ et se font proches de l’homme blessé, tout en s’organisant pour le remettre debout, entendront un jour se dire, avec surprise peut-être: «Venez vous asseoir à la droite de Dieu en qui vous croyez ou non.» (évangile de St Matthieu 25). Viens donc faire la fête avec nous, et «réjouis-toi, si, selon le monde, tu es fou, faible, d’origine modeste, méprisé, compté pour rien, car te voilà choisi par Dieu pour réduire à rien ce qui est: celui qui veut être fier, qu’il mette sa fierté dans le Seigneur.» (1Cor.1,26-31) L’Église de demain sera composée de celles et ceux qui se seront laissé ‘ramasser’ par le Christ sur les bords des routes du monde. «Ah, comme je voudrais une Église pauvre et pour les pauvres !» répète le Pape François. Lutter contre toute indifférence: se faire proches – se sentir concernés – prendre en charge – réparer ce qui est brisé – réchauffer ce qui est froid – redresser ce qui est faussé – abattre les murs qui séparent – jeter des ponts pour unir – réintégrer les exclus – rendre force aux mains fatiguées et aux genoux qui fléchissent… Tout cela est à la fois une tâche et une mission exaltante des disciples du Christ. Ils se font ainsi ‘porteurs sans frontière’ de tout homme agressé, victime d’exclusion, d’injustice ou d’inégalité.

Pierre VANDENBERG

L’ESPÉRANCE FOLLE (BN de janvier 2017)

Au milieu de toutes nos grisailles, la solidarité, que vivent nos contemporains, est loin d’être un tas de cendres froides. Il y a partout des signes d’espoir, des braises enfouies que l’on voit rougeoyer et qui raniment le feu. Des cœurs, touchés de compassion, s’enflamment pour l’attiser et le nourrir. C’est une grande espérance qui anime notre monde, des plus jeunes aux plus âgés, de philosophies et de religions diverses, et les font agir. Le mot «ESPÉRANCE» claque comme un étendard qui flotte à la face de nos grisailles et de nos déprimes.

C’est l’espérance qui nous tire quotidiennement en avant. Elle habite le cœur de l’homme depuis toujours, elle fonde sa foi et produit la solidarité.

Elle n’est ni une vaine utopie, ni une belle idée déconnectée des réalités. Elle est tissée de petits faits, de gestes simples, de regards multiples et différents. Elle est une manière d’envisager le monde avec lucidité.

Elle nous fait miser sur les forces de Vie, envers et contre toute forme de mort. Elle est l’antidote au stress et à la résignation. Elle nourrit et redresse l’homme courbé, fortifie les mains défaillantes, affermit les genoux qui fléchissent. Elle rend possible la traversée de déserts arides. Elle change notre regard sur le monde en vue de le faire bouger. Elle fait mordre la poussière à ceux qui siégeaient dans les hauteurs. Elle est comme une flamme qui réchauffe, un feu qui embrase.

Elle fait voir les aveugles, entendre les sourds et parler les muets. Elle est comme une lumière qui éclaire nos journées maussades et leur donne sens. Elle redonne confiance à tout homme en situation d’échec. Elle donne droit aux exclus d’envisager l’avenir. Elle redonne souffle à l’homme fatigué. Elle fait ‘donner sa vie’ pour ceux qu’ on aime.

À Noël, l’Espérance a pris visage d’homme et est devenue «Quelqu’un d’entre nous». Nous pouvons compter sur Elle, sur Lui, car Il marche avec nous sur toutes nos routes, jusqu’à la fin du monde.

À Pâques, grâce à sa mise à mort et à sa résurrection, le monde entier, de «poubelle d’humanité» devient «vitrail d’éternité».

« Croyez-vous que je peux faire cela ? » demanda Jésus. Ils lui répondirent : «Oui, Seigneur.» Alors Il leur toucha les yeux en disant : «Que tout se passe pour vous selon votre foi ! » Et leurs yeux s’ouvrirent. (Mt 9,28- 29)

« Il y a sur terre des gens qui s’entre-tuent, c’est pas gai, je sais.
Il y a aussi des gens qui s’entre-vivent, rejoignons-les ! » (J. PRÉVERT)

Pierre VANDENBERG.

NOËL, L’HEURE DES CHOIX! (BN de décembre 2016)

Le moment est venu au Vatican, dans toutes les cathédrales du monde et dans les lieux privilégiés comme BANNEUX et BASSENGE, de fermer les portes-saintes de la miséricorde qui avaient été ouvertes il y a un an. Ce geste symbolique a permis sans aucun doute, à bien des gens qui ont franchi ces portes avec foi, de prendre conscience qu’il était temps d’ouvrir leur cœur aux autres et au Tout-Autre. Un long «Avent» en quelque sorte pour «préparer à travers le désert et tracer dans les terres arides de la vie quotidienne une route aplanie pour le Seigneur qui vient à notre rencontre» (Isaïe 40,3). L’enfant de Noël nous arrive en effet ‘sur la paille fraîche pour libérer les hommes de toutes leurs peurs’. Ces derniers jours, en visite chez un couple d’amis, j’admirais discrètement l’épouse qui ne cessait de prendre soin de son mari tout au long de la soirée en lui enlevant délicatement les ‘ploumtchons’ (petits flocons de laine) qui couvraient son chandail. Par son geste, elle voulait que soit parfaitement présentable celui qu’elle aimait, et lui se laissait faire. Quel amour ! Cette scène de ‘miséricorde’ me fit penser au Pape François. N’y allant pas avec le dos de la cuillère, il se montre partout et en tout temps soucieux, par ses paroles et ses actes, de la beauté de l’Église. Il la veut pauvre avec les pauvres et proche des petits et des exclus. Son souci permanent est d’enlever du manteau de celles et ceux qui se disent disciples de Jésus les ‘ploumtchons’ d’une autre ampleur qui se sont amassés tout au long des âges et couvrent la coque du navire. Ils empêchent le monde à qui elle s’adresse de voir le vrai visage de l’Évangile, celui du Divin Enfant qui vient remettre l’homme debout. Quel amour ! Quelle miséricorde qui emprunte à la fois les sentiers, les carrefours et les autoroutes du monde face à tous les grands défis, afin que « la Vie l’emporte sur la mort! » Ces derniers jours, François met en œuvre les grands moyens. Il dénonce avec détermination le terrorisme de l’argent qui atrophie le monde et propose l’austérité comme mode de vie. Il promeut un développement « humain, intégral, respectueux de la création ». Il invite chez lui celles et ceux qu’il appelle les « poètes sociaux » pour une 3ème rencontre mondiale des mouvements populaires. Il décrète un véritable «Jubilé des personnes en grande précarité, souffrant de toutes sortes d’exclusions»: trois jours de solidarité, avec «une grande veillée de la miséricorde» sur le thème : « Dieu console! Dieu pardonne ! Dieu espère ! ». Ce festival européen de la joie et de la miséricorde, à l’appel du mouvement ‘Fratello’, vise à « créer un moment spécial de fraternité ». Il veut ainsi montrer que la place légitime des plus vulnérables de la société est au cœur de l’Église et non à ses marges ». Que de portes fermées et de cœurs verrouillés se sont ouverts chez les uns, pendant que d’autres s’acharnent à élever des murs ou à supprimer des cours de religions. Face à tous les terrorismes, il est l’heure de «passer des conflits à la communion», car les béatitudes sont bien la carte d’identité des chrétiens. «La miséricorde est le meilleur antidote contre la peur. Elle est bien meilleure que les antidépressifs et les anxiolytiques. Beaucoup plus efficace que les murs, les alarmes et les armes. Et c’est gratuit, dit le Pape, car c’est un don de Dieu. » En ce temps d’Avent et de Noël, affrontons donc la terreur avec les armes de l’écoute attentive, de la proximité fraternelle, de la joie et de la tendresse des semeurs d’amour et d’artisans de développement humain intégral.

Joyeux Noël et Bonne année!

Pierre VANDENBERG.

Éternellement heureux (BN de novembre 2016)

Revoici la saison de la cueillette des pommes sur les hautes et basses tiges. Le temps des grands vents, du gaulage des noix, des marrons chauds, des noisettes, des prunelles, des feuilles mortes qu’on ramasse à la pelle, du brame des cerfs, des jours qui raccourcissent et des chauffages qu’on rallume. La nature se prépare au repos après nous avoir donné toutes les saveurs du grain dont est fait le pain et des vendanges produisant le vin. Les croyants, selon leur audace et leurs convictions, feront de ces fruits de la terre et du travail des hommes, des signes vivants qui nourriront leur dimension d’éternité.

Toussaint, jour des morts, célébrations des victimes des guerres passées, les visites des cimetières nous remettront en mémoire les visages et le vécu de celles et de ceux qui nous ont précédés. Elles raviveront le souvenir de celles et de ceux grâce à qui nous sommes là, tels que nous sommes. Ces foules immenses de témoins voient déjà et contemplent en direct les réalités du Royaume, car celui-ci n’est plus pour eux un mystère. Tout au long de leur existence, ils se sont laissés façonner par la Parole du Seigneur, ils sont passés au crible de sa passion et ont pris part à sa résurrection. Après avoir traversé cet immense champ de luttes qu’est le monde, les voilà rassemblés dans la maison du Père pour avoir bu la coupe de l’amour partagé.

À leur suite nous avons tous besoin qu’un grand souffle, venant de Dieu, nous arrache à nos petitesses et à nos étroitesses, pour nous faire communier à nouveau à la source de la vie et à l’amour créateur. Tout homme est en effet appelé à devenir ce qu’il contemple.

Ils sont nombreux les bienheureux
qui n’ont jamais fait parler d’eux
et qui n’ont pas laissé d’image…

Tous ceux qui ont, depuis des âges,
aimé sans cesse et de leur mieux
autant leurs frères que leur Dieu !

 Ceux dont on ne dit pas un mot,
ces bienheureux de l’humble classe,
ceux qui n’ont pas fait de miracles…

Ceux qui n’ont jamais eu d’extase
et qui n’ont laissé d’autre trace
qu’un coin de terre ou un berceau !

Ils sont nombreux ces gens de bien,
ces bienheureux du quotidien
qui n ‘entreront pas dans l’histoire.

Ceux qui ont travaillé sans gloire
et qui se sont usé les mains
à pétrir, à gagner le pain.

 Ils ont leur nom sur tant de pierres
et quelquefois dans nos prières,
mais ils sont dans le cœur de Dieu !

Car quand l’un d’eux quitte la terre
pour gagner la maison du Père,
une étoile naît dans les cieux !

Eternellement heureux, éternellement heureux, dans ton Royaume! (W72-R. Lebel)

Pierre Vandenberg.

L’ENVERS DU MIROIR (BN d’octobre 2016)

L’année sociale, avec son lot d’événements quotidiens, était à peine entamée, que nos bateaux quittaient le port et se mirent à naviguer. Larguer les amarres, foncer en haute mer, affronter les vagues et les vents contraires qui soufflent en rafale et risquent de nous faire chavirer.

Pour les uns, c’est la chasse aux «pokémons» qui fait courir petits et grands après du vent à la recherche de «virtuel». Pour d’autres, c’est un ouragan dévastateur à la manière d’une bombe qui explose et anéantit leur entreprise. Cela jette celles et ceux qui y travaillent, les sous-traitants et la population d’une vaste région dans l’angoisse du lendemain, et en font des réfugiés à la recherche d’une vie meilleure.

Pour d’autres encore, c’est la rentrée scolaire. Elle donne à certains partisans du «cours de citoyenneté» l’occasion de déclarer la guerre à ceux qui, grâce aux cours de religion ou de morale, sources de paix et de vivre ensemble, veulent, par des chemins divers, se relier aux autres et même au «Tout-Autre».

La liste pourrait être bien longue d’événements marquant l’actualité et coupant les ailes aux hommes de bonne volonté en recherche de liberté.

Et pourtant : «Le filet de l’oiseleur, du chasseur qui cherche à détruire, pourrait se déchirer et la diversité d’oiseaux que nous sommes reprendre leur envol et leur liberté. Nous pourrions à nouveau marcher sur les vipères et les scorpions, écraser le lion et le dragon, sans que nos pieds ne heurtent les pierres. Car : «Ils m’appellent, dit Dieu, Moi, je leur réponds, je suis avec eux dans leurs épreuves. Je veux les libérer, les glorifier, les rassasier, et je ferai qu’ils voient mon salut» (Psaume 9O)

Les occasions sont en effet très belles de fai-re se lever une armée de «volontaires de la miséricorde».

« Que la miséricorde soit le ‘sel’ qui donne la saveur à chacune de nos œuvres et la ‘lumière’ qui éclaire les ténèbres de ceux qui n’ont même plus de larmes pour pleurer leur pauvreté et leurs souffrances. Notre unique critère d’action est l’amour gratuit, libre de toute idéologie et de tout lien et offert à tous sans distinction de langue, de race ou de religion. » (Paroles du Pape François à l’occasion de la canonisation de mère Térésa de Calcutta).

«Il est temps de remonter l’horloge de la conscience, pour ne pas rater d’être à l’heure de la fraternité. »

Seigneur, enseigne-nous tes chemins et nous irons par tes sentiers. (Isaïe 2,3)

Pierre VANDENBERG.

MÉDAILLE D’OR,D’ARGENT, DE BRONZE (BN de septembre 2016)

Quel festival de courses aux médailles, aux couronnes de laurier, fut le temps des vacances! Le mondial de football, le tour de France cycliste, les jeux olympiques à RIO. Quelle somme d’efforts, d’énergie, de transpiration, d’angoisse, d’espoir, d’exultation des gagnants et de larmes des déçus, sans oublier les supporters et les téléspectateurs. Nous avons tous vibré pendant ces jours, et nous nous sommes découverts, non seulement comme des habitants de notre petite localité, mais des vivants aux dimensions de la planète. Nous savons cependant que ces médailles, ces lauriers, sont l’affaire d’un moment, gloire passagère, denrée périssable, à consommer tout de suite, car elles sont d’une grande fragilité vu les dates de péremption… «victimes des voleurs qui approchent, de la rouille qui ronge, des mites qui détruisent… car là où est notre trésor, là aussi est notre coeur. (Luc 12,33) «Dans les courses du stade, tout athlète se prive de tout pour obtenir une couronne périssable. Courons donc pour une couronne impérissable et pour ne pas être disqualifiés» dit saint Paul aux Corinthiens (9,24-27). Maintenant que nous voilà revenus sur la terre, dans un monde qui risque de nous immuniser, de nous endormir, de nous anesthésier contre les tragédies des autres, en cette nouvelle année sociale, nous sommes invités à être les athlètes du quotidien, dans les stades familiaux, professionnels et lieux d’exercice de notre citoyenneté. Faire appel aux énergies et aux potentialités qui sont en chacun(e) d’entre nous en vue de construire un monde plus juste et plus humain. Se faire exploser d’esprit de service et de joie de vivre communicative, plutôt qu’être semeur de violence et de mort; voyez combien les journées mondiales de la jeunesse (JMJ) à CRACOVIE furent une vraie «mosaïque de fraternité». En effet, «l’homme ne descend pas seulement du singe, mais du songe qu’est le rêve de Dieu pour le bonheur de tous.» Au delà du péket et du folklore des festivités du 15 août, la fête de l’Assomption de Marie, nous rappelle qu’elle courut, elle aussi, rapidement au-delà des montagnes pour assister sa cousine Élisabeth prête à accoucher. Toutes deux allaient mettre au monde des garçons exceptionnels qui changeront la face du monde: «Il a renversé les puissants de leurs trônes et élevé les humbles.» «L’attente de la vie éternelle ne dispense pas de l’engagement pour rendre le monde plus juste et plus habitable. Il s’agit d’œuvrer pour améliorer les conditions de la vie terrestre, spécialement des frères les plus faibles. La vie est une veillée d’attente active qui demande d’être prêts, éveillés, engagés au service des autres. Ah! Si tous les athlètes se battaient pour la «solidarité», plutôt que pour les médailles ! » (Pape François) À chacun(e) d’être, là où il vit, l’athlète du quotidien, non pour des couronnes de laurier, mais pour que tous aient la vie en abondance.

Pierre VANDENBERG.

GLANER ET GRAPPILLER (BN de juin 2016)

Voici le temps des vacances, le temps de flâner, de se détendre, de vivre autrement. Voici le temps de glaner les fruits de la terre et du travail de Dieu et des hommes. Voici le temps de grappiller les œuvres, les paroles-chocs qui interrogent, remettent les choses en place et font vivre.

Voici déjà quelques-unes de ces perles du Pape François, qui n’a pas sa langue en poche ; elles sont piquées parmi les multiples interventions qu’il a faites dans diverses circonstances.

« Le pape n’est pas … une sardine !»

Parlant de sa papamobile : « Comment voulez-vous que je dise et fasse sentir aux gens que je les aime depuis une boîte à sardines? »

« Les chrétiens ne sont pas… des ‘saintes-nitouches’ ! »

La piété, c’est autre-chose que de la bigoterie, que du ‘faire semblant’. C’est un don de l’Esprit qui nous fait grandir et vivre comme enfants de Dieu. Ils ont à offrir ce cadeau à celles et à ceux qu’ils rencontrent. La prière nous rend capables de nous réjouir avec ceux qui sont dans la joie et de pleurer avec ceux qui pleurent.

« L’Église n’est pas… une maison de location ! »

Si tu y entres… que ce soit un libre choix fait par amour. Quand tu y es, que ce soit entièrement, pas ‘un pied dedans et un pied dehors’.

« L’Église n’est pas … une mère stérilisée ! »

On peut et doit la rajeunir… non pas en allant voir un chirurgien esthétique, mais en lui donnant de nouveaux enfants nourris d’Évangile.

« Les chrétiens ne sont pas… des bulles de savon ! »

Celles-ci sont belles, mais éphémères. Tandis que, concernant nos défauts, il s’agit de nous laisser éplucher comme des oignons.

« Les chrétiens sont… un peu sots !»

Il leur est conseillé d’ aimer leurs ennemis ! De ne rien refuser au plaisir de ceux et de celles qui leur cassent les pieds ! À prêter sans espérer de retour ! À bien choisir entre Dieu et l’argent ! À présenter l’autre joue si on lui tape dessus ! À faire du bien sans intérêt ! Il faut vraiment accepter d’être un peu fou aux yeux du monde.

« Dieu n’est pas… un magicien ! »

Il ne fait jamais les choses d’un coup de baguette magique. « Il a créé le monde en se retirant. » (HOLDERLING) Il confie aux humains sa création et les rend responsables de leur histoire. Puisqu’ Il leur fournit les semences, c’est à eux de cultiver le jardin, les légumes, pour faire la soupe nourrissante pour tous.

« Les chrétiens ne sont pas… du vin coupé d’eau ! »

Tous sont appelés à prendre part aux noces de CANA et à faire la fête en buvant le vin de qualité. Insérés dans les réalités culturelles, économiques et sociales de leur temps, ils seront attentifs à ne pas changer le précieux liquide en vinaigre.

«L’Église… n’existe pas pour elle-même! » (prix Charlemagne, le 6 mai)

Face à une ‘Europe-grand-mère’ vieillie et fatiguée, devenue stérile et sans vitalité, l’Église doit contribuer à sa renaissance dans l’esprit de ses fondateurs. Seule la richesse de vrais témoins pourra rendre à ses racines l’eau pure de l’Évangile. Elle renaîtra ainsi d’un nouvel humanisme, fondé sur les capacités d’intégrer, de dialoguer, de générer… afin que tous soient UN, qu’aucun ne se perde et que vous soyez comblés de joie. (Jean 17, 21)

Pierre VANDENBERG.

LE GESTE QUI PARLE (BN de mai 2016)

Quand des cœurs se ferment, quand des murs s’élèvent, des masses de frères et de sœurs en détresse sont refoulés. Les politiques sont partagés entre accueil et rejet selon la technique du ping-pong, et des êtres humains, des migrants, perdent vie et dignité. Ce sont les scènes auxquelles nous assistons au point d’en être parfois les complices silencieux.

Joignant le geste à la parole, le pape François, sacrifiant au rituel du Jeudi-Saint, s’agenouilla fraternellement devant ces hommes, ces femmes, ces enfants, victimes de ce grand marché, et il leur lava symboliquement les pieds avant de les embrasser amoureusement. Geste ‘clin d’œil’, qui parle et envoie un message. Là où l’humanité est humiliée, rejetée, piétinée, dans ce qui fait sa dignité, un geste de miséricorde est posé publiquement aux yeux du monde et répercuté par les media.

Y aurait-il une manière plus claire et plus percutante de remettre l’Évangile au cœur du projet chrétien au service du monde ?

« Un rite ancien prend tout son sens lorsqu’il est posé face à des réalités de vie quotidienne. C’est une manière de jeter les bases d’un christianisme vivant, plus lucide, généreux, rénové, accordé à la modernité. Face aux peurs de toutes sortes, naîtra alors une nouvelle espérance et une grande joie pour l’avenir des peuples » dit Jean Claude GUILLEBAUD.

«Parce que Dieu a tant aimé le monde » (saint Jean 3,16), les communautés de foi chrétienne doivent aller à la rencontre de ce monde tel qu’il est et donner une interprétation valable et efficace de ce que les gens vivent dans leurs réalités personnelles et collectives, sinon leur place sera au musée, du folklore, une histoire du passé. » selon Maurice BELLET.

Il y a tant de portes blindées à ouvrir, afin que tout homme soit remis au centre de l’histoire dans laquelle Dieu lui-même chemine; mais faut-il encore que ces portes une fois ouvertes, nous osions les franchir !

« Aimer de tout son cœur, de toute son âme, de toutes ses forces », c’est œuvrer à inculturer le message, discerner, dialoguer, rencontrer, inclure, se soucier par le cœur, paroles et actes, dans une Église en sortie d’elle-même pour aller vers celui qui ne la fréquente pas, ou plus, ou qui est marqué par l’indifférence.

À l’heure où «l’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse» (proverbe africain) des «missionnaires de la miséricorde», de toutes convictions, se comptent déjà par milliers sur les routes du monde et agissent, souvent dans la discrétion, en «acteurs d’humanité» sur tous les terrains.

Aujourd’hui où, face à tous les dangers, on apprend «les gestes qui sauvent», l’essentiel n’est-il pas de «nous laver les pieds les uns les autres »?

Cela constitue tout un programme longuement et concrètement développé dans la toute nouvelle «exhortation apostolique» du pape François intitulée «La joie de l’amour», l’amour dans la famille.

Pierre VANDENBERG.

P.S. : Le document «amoris laetitia – la joie de l’amour» est accessible gratuitement par internet.

LE DOIGT DE DIEU (BN d’avril 2016)

« Tu seras une couronne brillante dans la main du Seigneur, un diadème royal entre les doigts de ton Dieu. » (Cantique d’Isaïe 62,3)

S’entendre dire cela à l’aurore ne peut qu’être prometteur pour la journée.

Dieu, que nul n’a jamais vu, a donc des doigts, puisqu’on dit que le monde est sorti de sa main. En tout cas, son Fils, qui a pris corps dans notre humanité, se sert de ses doigts pour, entre autres, écrire sur le sable, toucher des lépreux sans crainte de contagion, ou pour expulser une armée de démons, mauvais conseillers de vie et de bonheur (Luc11,15). Le mot « diable-diabolos » signifie en effet étymo-logiquement: «qui divise, désunit, empêche les hommes d’avancer vers la plénitude de vie, vers le bonheur ».

Un jour, sur les chemins de Palestine, Jésus rencontra un «homme muet». Il ne le guérit pas, mais, de son doigt, chassa ce qui l’empêchait de parler, déverrouillant ainsi les cadenas qui l’enfermaient dans son silence. Résultat : l’homme se mit à parler, au point que «les foules furent dans l’admiration». On peut s’imaginer que le muet était né comme cela, ou qu’il avait mal aux dents ; peut-être qu’une arête de poisson lui était restée dans la gorge. Mais aussi, plus grave, des circonstances ou des personnes l’empêchaient-elles d’ouvrir la bouche et de se faire entendre ? Peut-être le muet, le sans-voix, avait-il peur de perdre son emploi s’il revendiquait plus de dignité ou des ‘papiers’ lui permettant d’être régularisé ? Autant de raisons qui rendent aujourd’hui muets non seulement un homme, mais des foules silencieuses, dont on se méfie ou que l’on veut tenir en esclavage. Que penser en effet de tous ces ‘muets’ pris dans les filets de la peur et se taisant devant une poignée de nantis exerçant leur pouvoir, ou bien devant des passeurs ou des dictateurs sans scrupule?

Ils sont heureusement nombreux les mouvements et organisations qui militent, jour après jour, pour s’attaquer aux obstacles qui empêchent les hommes rendus muets de parler librement. Ils leur fournissent les outils nécessaires pour communiquer, organiser la solidarité, lancer leurs cris de détresse, revendiquer leur dignité face à tous ceux qui construisent des murs plutôt que des ponts et divisent au lieu de rassembler. Ne sont-ils pas les «doigts de Dieu» qui expulsent les démons de toutes sortes et permettent ainsi aux exclus de la parole de se faire entendre.

«J’ai entendu les ‘CRIS’ de mon peuple, dit Dieu. Je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer, alors VA! Toi aussi !» (Exode 3,7-8)

Durant les cinquante jours du «temps pascal», de Pâques à la Pentecôte, vont nous être rap-portés les récits passionnants des «Actes des Apôtres». Ceux-ci nous montrent le «Ressuscité à l’action» à travers des communautés de croyants. À nous de rester branchés sur l’actualité de la vie du monde et sur l’Esprit du Vivant pour en écrire de nouvelles pages !

Pierre VANDENBERG.

NAÎTRE ET RENAÎTRE NOUVEAU (BN de février 2016)

« Comme il est beau de voir courir sur les montagnes les messagers qui annoncent la Paix…la Bonne Nouvelle…le Salut ! » (Isaïe 52,7)

Il arrive si souvent que la grisaille, la morosité, le goût du néant envahissent notre monde. Chaque jour, la course au seul profit pour une minorité fait des ravages. La terre, la vie, semblent devenir insipides et vides de sens. La lumière paraît s’éteindre dans nos vies quotidiennes. Qui nous fera voir le bonheur?

L’histoire quotidienne de notre monde est cependant remplie de visages, de la présence agissante d’hommes et de femmes au souffle ardent. Ils sont prêts à toutes les aventures qu’appellent l’écoute, la miséricorde, la solidarité.

Remplis d’une force tranquille et de convictions solides !

Passionnés de tout ce qui est profondément humain !

Rassembleurs des victimes, des blessés, des exclus, des petits, des humbles !

Entraîneurs joyeux, remplis d’imagination et de créativité !

Artisans infatigables de justice, d’amour et de paix !

Militants de tous les temps et de toutes les latitudes !

Conscients de la patience qu’exigent les négociations, les concertations, afin que germe le grain pour une moisson abondante !

Mettons-nous à leur école. Ne restons pas cloisonnés dans les murs de nos villes fortifiées. Renversons les barrières et les murailles de nos craintes et préjugés. Vivons au rythme de l’ouverture, de l’accueil, du partage. Laissons se réveiller en nous la joie d’être «sel de la terre » et « lumière du monde ».

L’étoile a disparu, plus de signes dans le ciel.

Seul un enfant mort sur la plage, mais vivant sur la paille, révèle la présence d’un Dieu d’amour au cœur de l’humain !

Les Temples sont vides et fermés, plus de voix venant du ciel.

La Parole s’est faite chair et habite parmi nous.

Dieu-migrant inscrit son Nom au creux de nos mains ouvertes vers la vie !

Les jarres du vin de Cana sont vides, plus d’ivresse venant du ciel.

Partout se répand peur, pauvretés, violences, persécutions.

Dieu-hôte du quotidien, marche avec son peuple et fait jaillir la joie des noces

(Hymne F 161)

Pierre VANDENBERG.

DES SIGNES POUR VIVRE (BN de janvier 2016)

L’année de la miséricorde est un trousseau de clés pour ouvrir des portes: « Sur les habitants du pays de l’ombre et de la mort…une lumière a resplendi. » (Isaïe 9,1)

Dans une maison de repos et de soins (MRS) de la région, vit, depuis quelque temps et avec d’autres personnes, une dame âgée de 95 ans. Son état de santé ne lui permet plus d’habiter seule dans sa maison, alors qu’elle y fut longtemps accompagnée par ses enfants et un voisinage très attentionné. Comme tant de pensionnaires de son nouveau milieu, cette vieille mamy souffre de tous les handicaps dus à son grand âge: la vue qui baisse ne lui permet plus de lire ou de voir ses feuilletons préférés; son ouïe close aux bruits du monde l’écarte des conversations qui la passionnaient. Les genoux qui fléchissent et les mains qui tremblent marquent l’insécurité. Les nuits sans sommeil et les jours de longue attente lui mettent souvent le moral à zéro. Ce tableau me fait penser à la flamme vacillante d’une bougie prête à s’éteindre ouvrant sur l’éternité.

Mon passage dans cette maison me procura la chance d’assister en direct à un vrai miracle. Alors qu’elle ne s’y attendait pas, un de ses enfants, un papy d’âge respectable, arriva à l’improviste. Il eut la merveilleuse idée de se faire accompagner par sa ‘spitante’ petite fille de 5 ans, et l’heureux choc des générations eut bien lieu devant nos yeux émerveillés. Les questions et la bouillonnante vitalité de l’enfant, qui se mit à grimper sur les genoux de l’aïeule pour l’embrasser et lui faire des câlins, réveillèrent les forces de vie que l’on croyait disparues chez l’arrière-grand-mère: celle-ci se mit à converser, à rire et même à jouer avec l’enfant tout en fredonnant de vieux airs de sa jeunesse.

Une nouvelle béatitude, la neuvième, non de BEETHOVEN mais de l’Évangile en acte s’écrivit devant nous: «Heureux choc des générations qui fit jaillir, des profondeurs d’une vieille souche, la vie pour un monde nouveau.» Et la joie éclata alors chez tous ceux et celles qui peuplaient la salle de séjour.

Ah ! Quelle extraordinaire force de transformation que cet «Esprit d’enfance» peut provoquer dans nos structures grisonnantes, si nous nous laissons visiter et bousculer par les nouvelles générations !

À travers cette tranche de vie, pour les croyants nourris de l’évangile, c’est l’Enfant de la crèche lui-même qui révéla «son visage de miséricorde» et suscita, en ce temps de l’Épiphanie, une vraie «pépite de résurrection.» L’Esprit en personne me souffla au creux de l’oreille: «Confiance, vieille branche, ce bourgeon printanier capable du réchauffement climatique de ta foi, c’est Moi, n’aie pas peur.»

«Cette expression d’un amour de plus en plus intense et débordant est capable de nous faire faire de nouveaux progrès» ( Lettre de saint Paul aux Thessaloniciens 3,12)

En cette «année de la miséricorde», c’est Dieu lui-même qui ouvre la porte de son cœur. Il se manifeste et fait le ménage pour nous inviter à passer des ténèbres à la lumière, présence d’un «mystérieux Royaume» qui n’est pas loin de chacun d’entre nous.

Meilleurs vœux pour une nouvelle année de «signes par milliers.»

Pierre VANDENBERG.

OPÉRATION ‘PORTES OUVERTES’ (BN de décembre 2015)

« Voici que je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. » (Du livre de l’Apocalypse 3, 20)

Nous passons tous de nombreuses portes tout au long de notre vie, de notre naissance à la mort ; elle aussi est une porte vers la plénitude de Vie.

Dans le monde, il n’y a pas beaucoup de maisons sans portes. Celles-ci sont faites pour être ouvertes ou fermées selon les besoins et circonstances.

Le dimanche suivant la fête de l’Immaculée conception, qui se célèbre le 8 décembre, au Vatican, le pape François va ouvrir solennellement la porte de sa cathédrale. Il s’agira de marquer, de façon symbolique, l’ouverture de « l’ année de la miséricorde. »

La plupart des télévisions du monde vont filmer ce geste banal et marquer l’événement. Il s’agira d’annoncer d’une manière concrète une «Bonne Nouvelle» : Si le monde semble parfois perdre la tête, ses valeurs, ses repères, Dieu lui -même ouvre la porte de son cœur à toutes les joies, les espérances, les tristesses, les angoisses de nos existences quotidiennes, et Il ne nous oublie pas, parce qu’Il nous aime.

Il est bon qu’à certains moments on nous rap-pelle cette chose essentielle que nous sommes faits ‘incorruptibles’ et donc pour l’éternité. Nous pensons parfois que Dieu n’existe pas et que le ciel est vide, ou bien s’ Il existe, Il est en vacance et nous laisse tomber ou qu’ Il a d’autres priorités que les pauvres pécheurs que nous sommes. Même les églises sont fermées, il n’y a plus de prêtres et on ne bénit plus que les chevaux, les chiens et les smartphones. Même des responsables d’Église, sensés être près du soleil, se servent parfois les premiers, alors qu’ils sont là pour servir et laver les pieds de celles et de ceux qui leur sont confiés. Attention! Ne nous trompons pas d’image de Dieu ! Le temps est venu d’annoncer l’Évangile dans toute sa radicalité dans des langages que tous comprennent: «Ouvrons nos portes et nos cœurs, et témoignons par des actes, que l’Évangile libère chaque homme et l’humanité tout entière de toute forme d’esclavage, tant d’hier que d’aujourd’hui, et proclamons bien

haut la dignité fondamentale de toute personne humaine. »

Dieu, qui nous rejoint à Noël dans la personne de son Fils Jésus, est «tendresse, miséricorde, lent à la colère et plein d’amour» nous disent et redisent le livre de l’Exode 34,6 et le Nouveau Testament, tout au long de l’histoire de l’Église.

Les jours et semaines qui suivront, à la suite du Pape François, les évêques de tous les diocèses du monde répéteront ce geste d’ouverture des portes de tous leurs édifices, et les prêtres ou les animateurs pastoraux dans leurs unités, les lieux et communautés vers lesquelles ils sont envoyés, feront de même. Puissent leurs paroles, actes et gestes quotidiens correspondre à cet appel d’air que constituent une porte ouverte et des cœurs branchés sur un nouveau monde à aimer.

À Noël, Dieu lui-même vient ouvrir à tous les hommes de bonne volonté les portes de son Royaume, à tous ceux et celles qui se reconnaissent pauvres et chercheurs du vrai bonheur, de la béatitude sans limite. L’Église, faite de communautés blessées sur le champ de bataille du monde, sera demain vraiment nouvelle, si elle prend conscience qu’elle est appelée et envoyée pour soigner les blessures de l’humanité. Sa mission est de les soulager avec l’huile de la consolation, de les panser avec la miséricorde, les soigner par la solidarité, la proximité, l’amour même qui ne peut venir que de Dieu. Lui seul est capable de réveiller nos consciences endormies, anesthésiées, face aux drames humains des sans toit, sans pain, sans travail, sans dignité, sans amour.

« Le Fils de l’homme est proche, à notre porte. » (Marc 13,29b)

« Que ta Parole toute puissante, Seigneur, fonde encore aujourd’hui en plein milieu de notre monde en détresse. » (Sagesse 18,15)

Joyeuses fêtes de Noël

Pierre VANDENBERG.

SUR LES ROUTES (BN de novembre 2015)

Il l’appelait son ‘petit oiseau’. Avec elle, ils eurent deux fils. Elle, c’est Tsippora ou Sephora, une Égyptienne, noire de peau, fille de Habad, un Madianite descendant direct d’Abraham. Elle était, dit un écrivain, de la chair dont on fait les servantes et les esclaves, mais aussi les mannequins de la haute couture. Elle fut la seconde femme de Moïse quand celui-ci, après avoir tué un Égyptien qu’il cacha dans le sable, dut s’enfuir et fut accueilli dans une famille de Madian.

Sephora joua sans nul doute un rôle important dans la fabuleuse épopée de l’histoire du peuple hébreu qui chemina à travers le désert pendant quarante ans. Moïse, éveilleur du peuple et négociateur avec le pouvoir de l’époque, fut un guide fidèle et courageux, que l’on peut appeler un des plus grands ‘passeurs d’hommes’ de tous les temps. Au nom de Dieu lui-même, il mena le peuple d’une situation d’esclavage en Égypte vers la liberté qu’était la terre promise de Canaan.

Dans la famille de Moïse, les assiettes volaient bas : «Myriam, ainsi qu’Aaron, frère et sœur, se mirent à parler contre Moïse, à cause de cette femme koushite qu’il avait prise » (livre des Nombres 12,1). Déjà remplis d’idées pré-conçues, ils n’avaient de cesse d’éloigner Sephora et de briser leur union.

Cette situation aurait pu porter préjudice au héros libérateur, choisi par Dieu, pour affronter la férocité de Pharaon, puis l’enfer de la longue marche au désert, mais aussi l’autorité du gui-de du peuple de l’Exode.

L’histoire se répèterait-elle? Quand aujourd’hui l’affluence des peuples du Sud, bravant les dangers de la mer et des peuplades peu accueillantes, montent vers le Nord comme vers une terre rêvée idéale où coulerait à flot le ‘lait et le miel’.

«Accueillir l’étranger comme l’un des siens » ne va pas de soi. Des sondages officiels nous révèlent en effet que l’accueil de l’inconnu n’est pas une attitude spontanée. Ce qui semble naturel, c’est, au contraire, de le tenir à distance et de le percevoir comme une menace potentielle. Le reconnaître comme un frère relève du domaine du cœur, de la foi librement choisie:

« J’étais un étranger et vous m’avez accueilli » car « ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait » (Évangile de Matthieu 25,35).

Dans un très beau roman « Ulysse from Bagdad » Éric-Emmanuel SCHMITT, écrivain, décrit le sort de ces peuplades en recherche de vie meilleure et qui tentent de reconstruire leur vie ailleurs. C’est pour lui l’occasion de porter un regard sur la crise actuelle des réfugiés qui nous arrivent en masse : « Sur cette terre, on crée une humanité à deux étages : ceux qui ont le droit d’être là, et ceux qui n’en ont pas le droit. Cette distinction relève de la barbarie. Qui est plus légitime qu’un autre sur la Terre qui appartient au Créateur et l’a remise aux mains des hommes pour qu’ils la fassent fructifier? La barbarie parle fort; elle a des partis organisés. Je suis, dit-il, scandalisé par notre manque d’humanité ! »

«Dieu lui-même, dit Jean d’Ormesson de l’Académie française, devient étranger à nos vies d’Européens et se fait refouler, Il est bien bas dans nos sondages. Et pourtant, s’il fallait parier, je parierais plutôt pour Lui, que de parier sur les hommes, si malins et contents d’eux-mêmes» (Comme un chant d’espérance,

2014). Car, « Au milieu des chaos de hurlements sauvages, Dieu entoure son peuple, le garde comme la prunelle de son œil, marche avec lui. Tel un aigle, Il le porte sur ses ai-les» (Deutéronome 32,10 11)

Et le Pape François, soucieux de changer un système de société qui ne cesse d’exclure, dans son encyclique « Loué sois tu, n°112 » d’affirmer : « Il est possible d’élargir de nouveau le regard. La liberté humaine est capable de mettre la technique au service d’un autre type de progrès, plus sain, plus humain, plus social, plus intégral ».

Pierre VANDENBERG.

UNE ÉTERNELLE NOUVEAUTÉ (BN d’octobre 2015)

Ces derniers temps, lors de la reprise du championnat de football, j’ai vu les joueurs foncer sur le terrain avec joie et détermination. Quel enthousiasme ! Pour les acteurs, les équipes, les supporters, les commentateurs de presse, les spectateurs. L’année de toutes les espérances pour ceux d’hier et les nouveaux, transferts ou débutants.

Un des joueurs, tout rayonnant de joie, revêtu de la nouvelle tenue de son nouveau club, faisait le signe de la croix et pointait ses index vers le ciel, comme des antennes captant le Wifi divin, une force, objet de sa foi, capable, selon lui, de s’attirer le compagnonnage et l’énergie d’un ami sûr, et qui lui viendra en aide dans le terrible combat pour la victoire.

Puisse-t-il en être de même pour tous les jeunes, leurs parents, leurs enseignants qui abordent la rentrée scolaire ! Puisse-t-il en être de même pour le redémarrage des équipes pastorales, des aumôneries, qui ont la responsabilité d’aider à découvrir le SENS de la VIE qui est aussi un dur combat, afin de relever les nombreux défis qui se présentent à tous.

Je ne peux m’empêcher de vous livrer en cadeau ce très beau texte du Pape François, tiré de son «exhortation apostolique «la joie de l’Évangile (11) » et intitulé: « Une éternelle nouveauté ».

« Le Christ est toujours jeune et source constante de nouveauté. Il est « la Bonne Nouvelle éternelle (Ap14,6). Et il est « le même hier et aujourd’hui et pour les siècles » (Héb 13,8). Il rend ses fidèles toujours nouveaux, bien qu’ils soient anciens : « Ils renouvellent leur force, ils déploient leurs ailes comme des aigles, ils courent sans s’épuiser, ils marchent sans se fatiguer » (Is 40,31). Le Christ peut toujours, avec sa nouveauté, renouveler notre vie et notre communauté, et même si la proposition chrétienne traverse des époques d’obscurité et de faiblesse ecclésiales, elle ne vieillit jamais. Jésus Christ peut aussi rompre les schémas ennuyeux dans lesquels nous prétendons l’enfermer et il nous surprend avec sa constante créativité divine. Chaque fois que nous cherchons à revenir à la source pour récupérer la fraîcheur originale de l’Évangile, surgissent de nouvelles voies, des méthodes créatives, d’autres formes d’expression, des signes plus éloquents, des paroles chargées de sens renouvelé pour le monde d’aujourd’hui. En réalité, toute action évangélisatrice authentique est toujours « nouvelle ».

La véritable nouveauté est celle que Dieu lui-même veut produire de façon mystérieuse, celle qu’Il inspire, celle qu’Il provoque, celle qu’Il oriente et accompagne de mille manières. Dans toute la vie de l’Église, on doit toujours reconnaître que l’initiative vient de Dieu, que c’est Lui qui nous a aimés le premier (1 Jn 4,19) et que « c’est Dieu qui donne la croissance » (1 Co 3,7).

Pierre VANDENBERG.

POUR QUE RIEN NE SE PERDE (BN de septembre 2015)

« Un grand rassemblement de plus de cinq mille hommes a eu lieu dans un endroit désert, pas loin du lac de Tibériade appelé aussi mer de Galilée. Une foule immense suivait Jésus à la trace, car Il accomplissait des signes sur les malades. » (Jean 6,2)

Sans publicité tapageuse, sans préparation. Pas d’infrastructures spécialement réservées à l’accueil. Pas de commerce ambulant. Pas de croix ni de croissant rouge pour distribuer les bouteilles d’eau par temps de canicule. Pas de toilettes mobiles pour satisfaire des besoins urgents. Pas de musique d’ambiance pour conditionner la foule. Pas d’appareils de diffusion pour l’orateur. Pas de moyens de transport individuel ou commun. Pas de contrôle de sécurité sur des armes éventuelles ou la drogue. C’est Jésus lui-même qui attira l’attention sur la nécessité d’organiser l’intendance : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » (Jean 6,5)

Et Philippe évalua le coût probable de la nourriture à plus de 200 journées de travail. Tandis qu’André, le frère de Simon-Pierre, lui, n’avait pas les yeux en poche: il avait remarqué la présence « d’un jeune garçon avec cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Nul doute qu’il y eut négociation entre André et le gamin avant que Jésus ne prenne en main les cinq pains d’orge du jeune, à la fois prévoyant et généreux. « Après avoir « rendu grâce » il les distribua aux convives et il leur donna aussi du poisson autant qu’ils en voulaient. Tous mangèrent à leur faim.» (Jean 6,12)

Les médias du lendemain qui ont rapporté l’événement n’ont pas parlé de ticket, de file à la caisse, d’incidents éventuels, de bousculades, ni de canettes vides, de papiers, de plastic, etc… Seulement d’un conseil précieux : « Rassemblez les morceaux des pains d’orge en surplus, pour que rien ne se perde ». On ramassa douze paniers pleins de restes en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture.

Le 24 mai 2015 le Pape François a publié son encyclique « Loué sois-Tu » tant attendue et lancé à travers elle un véritable cri d’alarme sur l’écologie intégrale. Une vraie symphonie sous tous les aspects tant tragiques que mystiques, à travers ombres et lumières, incohérences et espérances, de la crise écologique de notre monde, qui est la maison commune où tous sont invités à vivre ensemble. Il appelle ainsi chacun(e) à prendre soin de ce trésor confié à toutes les générations.

« Nous sommes bien conscients de l’impossibilité de maintenir le niveau actuel de consommation des pays les plus développés et des secteurs les plus riches des sociétés, où l’habitude de dépenser et de jeter atteint des niveaux inédits. Déjà les limites maximales d’exploitation de la planète ont été dépassées, sans que nous ayons résolu le problème de la pauvreté » (n°27). Et la dégradation de l’environnement comme la dégradation humaine sont intimement liées » (n°56).

« Faites asseoir les gens ! » dit Jésus aux apôtres. Fameux programme que cette mission des communautés d’Église nouvelle! Sans doute pour réfléchir et prendre des décisions nécessaires concernant notre terre opprimée et dévastée, qui gémit en travail d’enfantement (Rom 8,22). Toutes les forces vives sont invitées à s’engager: aussi bien les « racines » qui sont les anciens, que les « ailes » propres à la jeunesse, afin de « rassembler les morceaux » qui rempliront les paniers, et ainsi nourrir l’humanité entière.

« La façon correcte d’interpréter le concept d’être humain comme ‘seigneur de l’univers’ est plutôt celle de le considérer comme ‘administrateur responsable’ (n°116).

Pierre VANDENBERG.

QUE MA JOIE SOIT EN VOUS!( BN de juin 2015)

« Il n’a pas seulement traversé les mers mais quitté le ciel, pour rejoindre la terre des hommes.»

Deux disciples du Baptiste se mirent à suivre Jésus…et lui demandèrent: « Maître, où demeures-tu ? » « Venez et voyez », leur dit-il.

Une demeure est un lieu où l’on pose ses valises pour s’y domicilier, s’identifier, l’habiter et y vivre heureux. On y naît, on y vit sa croissance, on y pousse des racines, tronc et branches, dans toutes les directions et dans la diversité. On y noue des relations de citoyenneté avec le monde entier. On s’y informe et se forme grâce aux technologies nouvelles, internet, GSM, GPS, Smartphones, Facebook, robots, écrans multiples, qui font de nous des personnages numériques dans un monde en pleine mutation. Le souci premier est à travers tout cela de préserver et de développer l’humain en l’ouvrant à toutes ses dimensions.

La demeure est aussi un lieu où l’on se repose, se nourrit, s’affronte, se réconcilie, où l’on partage joies et espoirs, tristesses et angoisses journalières; lieu où on éduque son cœur à l’amour.

Oui ! « Maître, où demeures-tu ? » Le monde a bien changé en deux mille ans ! Et c’est aujourd’hui qu’Il répond: «Venez et voyez! Demeurez dans mon amour… pour que ma joie soit en vous et que vous soyez comblés de joie. (Jean 15,11). Irons-nous nous aussi comme ils y allèrent ?

Dans ce nouveau contexte qui évolue chaque jour, ce sont toujours les petits gestes de la vie quotidienne qui révèlent que Dieu fait sa demeure dans l’homme qui accepte de lui ouvrir la porte de son cœur.

Il appelle les hommes «ses amis», ceux pour qui il donne sa vie. Tous sans exception, même si ceux-ci ne le comprennent pas, l’abandonnent ou même le renient ou le trahissent. C’est ce qu’Il appelle son «commandement nouveau», car Il est le premier à le mettre en pratique et que c’est la route qu’Il nous invite à prendre pour le suivre.

C’est dans cet esprit qu’aucune mer, fût-elle celle du «milieu-des-terres» ne peut rejeter les chercheurs de vie, de développement, de relations, d’épanouissement et même de Dieu. N’est-ce pas « le cœur de Dieu qui est la vraie demeure de l’humanité tout entière, depuis que Dieu a choisi pour demeure le cœur de l’homme ! »

Pierre VANDENBERG.

Fraîcheur d’aube nouvelle (BN de mai 2015)

Les chrétiens et tout homme de bonne volonté ont bénéficié ces derniers temps de quarante jours de carême pour se préparer à célébrer la fête de Pâques. Ils ont maintenant cinquante jours de temps pascal pour approfondir, digérer, méditer, actualiser, goûter ce cadeau du Ciel qu’est le MYSTERE PASCAL et ouvrir leur cœur à l’Esprit Saint de la Pentecôte.

Pendant ce temps-là, le vent souffle fort pour vouloir supprimer à la jeunesse les cours de religions et de morale laïque et les remplacer par des cours de ‘citoyenneté’. C’est une manière sans doute «d’assécher les sources de la vie, alors que ce matin, Alléluia ! notre naissance a jailli du tombeau».

Les noms des congés scolaires, à références trop religieuses pour certains, reçoivent d’autres dénominations au nom d’une certaine modernité.

«Subtile désertion du lieu de nos combats, alors que ce matin, Alléluia ! l’espérance a jailli du tombeau».

Dans quelques pays, pas très éloignés de chez nous, les chrétiens sont pourchassés et quelquefois violemment éliminés, rappelant ainsi le temps des persécutions. «Action de prendre la mort au lieu de prendre vie, alors que ce matin, Alléluia ! notre avenir a jailli du tombeau ».

Et pourtant les Actes des Apôtres, par les paroles de l’apôtre Pierre s’adressant au peuple, nous annoncent: «Le temps de la FRAÎCHEUR va venir, Il enverra le Christ qui vous est destiné ». (Actes des Apôtres 3, 20)

Le chemin de la FRAÎCHEUR sera de vivre ensemble l’année de la MISÉRICORDE à l’invitation du Pape François. Il veut en faire un programme «d’Année jubilaire», 50 ans après la fin du Concile Vatican II, pour découvrir ou redécouvrir toute la richesse du Mystère Pascal et «la joie de l’Évangile».

Le mystère est cette réalité cachée, invisible maintenant, mais cependant bien réelle, qui traverse chaque personne et l’humanité tout entière. Les cinq sens de notre corps, qui disparaîtra en poussière à la fin de notre course terrestre, ne suffisent pas pour percevoir cette dimension divine de nos existences ; il faut y ajouter celle du ‘cœur animé par la FOI’.

La réponse à cet appel à la conversion est un acte personnel et totalement libre. Elle consiste à ouvrir la porte, si souvent verrouillée, aux appels désespérés de Celui qui frappe au cockpit de notre cœur, afin d’y entrer et d’élaborer avec nous, qui sommes ses copilotes, le plan de vol et d’atterrissage en toute sécurité. Il nous indiquera les pistes les plus sûres et les commandes efficaces pour arriver à bon port et conduire l’humanité entière vers les sommets de la béatitude à la fois personnelle et du ‘vivre ensemble’.

Les communautés nouvelles qui formeront l’Église de demain seront porteuses de ce formidable projet de vie tenant compte du respect de la dignité de chacun dans ses diversités, sachant que «La croix du Christ est chemin de Vie, d’Espérance, de Résurrection ».

Pierre VANDENBERG.

‘Va, reconstruis ma maison.’ (BN d’avril 2015)

Le 11 septembre 2001, les États-Unis étaient frappés en plein cœur par des forces terroristes internationales, provoquant partout la peur panique. Des avions de ligne détournés s’encastrèrent dans les tours jumelles à NEW-YORK et firent des milliers de victimes innocentes. Une nouvelle forme de guerre était ainsi déclarée qui se poursuit et s’étend jusqu’à nos jours, semant terreur et insécurité.

«Là où est la haine, que je mette l’amour » disait saint François d’Assise.

«La vie et la mort s’affrontèrent en un duel prodigieux. Le Maître de la vie mourut; vivant, Il règne. » proclame la séquence pascale.

Le travail et l’engagement proposés par le prophète Isaïe (58,12) sont immenses:

«Rebâtir les ruines anciennes…

Restaurer les fondations séculaires…

Réparer les brèches…

Remettre en service les chemins… »

La croix du Christ est, pour les chrétiens, chemin de Résurrection.

Chaque jour nous est donné à vivre pour construire:

Construire l’Espérance.

Faire et reconstruire le monde. Notre temps, comme tous les siècles, est le temps de la reconstruction, avec créativité, responsabilité, solidarité et détermination. Temps de résurrection, toujours à l’œuvre, dans le concret des réalités de la vie, en cette époque, qui est la nôtre, et qui nous est donnée en cadeau.

Il n’existe pas d’ ”île de rêve ” où tout serait meilleur qu’ici. Injustices et inégalités sociales sont des obstacles, des défis à affronter. Ils ne peuvent être des écrans qui nous empêcheraient de voir la beauté et la grandeur du monde, ainsi que la dignité fondamentale de celles et de ceux qui l’habitent.

Car « tout homme, marqué par les multiples manques et aspirant à la plénitude, est vitrail d’éternité. »

L’Espérance est à vivre au présent. Elle est la trame cachée et mystérieuse qui donne sens au tissage journalier de la toile de «notre volonté de vivre ensemble.» C’est par cette Espérance que tous obtiendront la Vie, car tout homme, créé à l’image de Dieu, est une histoire sacrée.

C’est dans le quotidien qu’advient la Bonne Nouvelle, quand, au milieu des multiples dangers des déserts du monde, habités à la fois par les bêtes sauvages, mais aussi les anges acteurs d’humanité, se vit concrètement «la joie de l’Évangile».

« Recherchons donc ce qui contribue à la paix, et ce qui nous associe les uns aux autres en vue de la même construction. » (Rom.14,19)

Joyeuses fêtes de Pâques

Pierre VANDENBERG.

Carême: sauvons les canaris (BN de mars 2015).

Ils étaient nombreux autrefois nos anciens à descendre dans la mine pour en extraire le charbon, souvent avec la peur au ventre à cause de cet ennemi invisible qu’était le grisou. Ce gaz méthane, mélangé avec l’air explose au contact d’une flamme. Afin de détecter sa présence, et bien avant que l’on utilise la fameuse lampe de mineur, les travailleurs du charbonnage prenaient avec eux un canari; si l’oiseau chantait, c’était que tout allait bien, mais s’il mourait asphyxié, c’était signe qu’il fallait s’attendre au pire.

Notre société d’aujourd’hui est devenue un immense puits de mine avec quantité de galeries à traverser afin d’assouvir nos soifs et nos nombreux besoins quotidiens, en affrontant tous les dangers, souvent invisibles, qui guettent nos existences. Et les peurs sont multiples. Nos canaris détecteurs sont souvent des caricaturistes-prophètes qui, par l’humour et la déraison, ces mamelles de liberté, nous font à la fois rire ou pleurer.

Reconnaissons-leur le droit et le devoir de chanter face à tant d’excès qui nous guettent au long des routes, ainsi que devant les dérives et magouilles de ceux qui se croient habiles et puissants, mais pas toujours serviteurs du plus grand nombre de l’humanité, pour guider le monde et organiser la vie en société.

Aujourd’hui les charbonnages sont fermés; ce n’est plus le grisou qui menace, car il est enterré et ne fait plus peur. Mais la violence cachée parfois derrière une rafale inattendue de kalachnikov ou un calicot provocateur déployé par surprise, ou même un simple coup de langue mal contrôlé, et instantanément répercuté par des médias se disant soucieux de liberté d’expression et de respect; tout cela peut faire peur et causer d’énormes dégâts « Qui donc est Dieu que nul ne peut aimer s’il n’aime l’homme? Qui donc est Dieu qu’on peut si fort blesser en blessant l’homme? ( L 82 )

C’est pourquoi il pourrait être utile de faire du temps de Carême, ces quarante jours de marche vers Pâques, un temps de l’humour en commençant par rire de nous-mêmes et de ce qui nous entoure. Manière ainsi d’assainir l’espace qui nous est donné et d’y détecter, en les dénonçant, les semences d’ignorance, d’obscurantisme, de haine, de désespoir qui produisent et arment les assassins des valeurs de vie qui nous animent.

Nous voulons cependant les défendre becs et ongles, contre vents et marées, ces valeurs qui sont la source de nos libertés, qui nous remettent debout et mènent à la résurrection de l’humanité tout entière, à la suite du Premier Ressuscité.

Le Carême est ce temps qui nous est donné pour vaincre toutes les peurs qui mènent à l’isolement et à la colère. Cette dernière mène à la haine, à la tristesse, au dégoût et fait entrer dans la spirale de la violence qui fait saigner les corps et les cœurs.

«La joie de l’Évangile » pour celles et ceux qui s’en nourrissent, peut être l’antidote à toutes les peurs. En effet:

« Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de raison. » (2ème lettre de saint Paul à Timothée 1,7-8 ).

« La dignité de la personne humaine et le bien commun sont au-dessus de la tranquillité de quelques-uns qui ne veulent pas renoncer à leurs privilèges. Quand ces valeurs sont touchées, une voix prophétique est nécessaire…en définitive, une paix qui n’est pas le fruit du développement intégral de tous n’aura pas d’avenir et sera toujours semence de nouveaux conflits et de diverses formes de violence…

C’est un travail lent et ardu qui exige de se laisser intégrer et d’apprendre à le faire au point de développer ‘une culture de la rencontre dans une harmonie multiforme’. » (Exhortation apostolique du Pape François 218-220)

Oui en effet: « L’accomplissement parfait de la loi, c’est l’amour » (Rom.13,10)

Pierre VANDENBERG.

La maison de Dieu, c’est l’homme (BN de février 2015)

« Un aveugle qui mendiait était assis au bord du chemin » (Luc 18,35)

Une marée humaine traversait la capitale, et cela faisait beaucoup de bruit : pétards, calicots, pancartes, slogans, klaxons, cris, chants, etc… Ce n’était plus le Nazaréen avec sa troupe, qui passait, me suis-je dit.

Mais en ouvrant les yeux, attentif aux revendications des passants, dont j’étais, notre programme n’était guère éloigné du Sien: « dignité pour tous, justice, équité, respect des plus faibles : arrêtez d’appauvrir la population par des mesures que vous faites peser sur les épaules des blessés de la vie, afin de sauvegarder vos privilèges. » « Arrêtez de casser par petites doses successives ce que des partenaires sociaux ont construit, en négociant jour après jour, comme filet de protection sociale au service de la vie des personnes et de la collectivité. »

Cette foule immense faite de près de 120.000 participants était là, finalement, pour qu’il n’y ait plus d’aveugles forcés par quelques-uns d’être assis au bord de la route pour mendier.

J’ai alors révisé ma pensée, aiguisé mon regard, ravalé mes préjugés et témoigné : « j’ai vu que le Nazaréen était non seulement avec eux, mais que c’était eux », dans ce défilé courageux, déterminé, bien organisé, même parfois perturbé. « Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est vraiment à Moi que vous le faites. » (Matthieu 25)

Je n’ai pu m’empêcher de repenser aux paroles de l’Apocalypse de saint Jean, livre des « Révélations » : « J’ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, foule de toutes nations, races, peuples et langues. Ils se tenaient debout, en vêtements blancs (même si aujourd’hui les couleurs ont changé) avec des palmes à la main » (Ap.7, 9). Un ancien dit : « Ces gens…qui sont-ils et d’où viennent-ils ? » Il lui fut répondu : « Ils viennent de la ‘grande épreuve’ (qu’est le quotidien de notre monde) et marchent afin que jamais plus ils ne souffrent de la faim ni de la soif ; jamais plus ils ne soient accablés ni par le soleil, ni par aucun vent brûlant. Et ceux qui ont mission de les conduire, les guident aux sources des eaux de la vie, en essuyant toutes larmes de leurs yeux. »

Quelques jours avant, le 28 octobre exactement, dans les locaux du Vatican à ROME, le Pape François avait organisé une rencontre (insolite, pour certains) de membres et de responsables de mouvements populaires de différents coins du monde. Parmi eux, des paysans sans terre qui occupent illégalement des propriétés, des travailleurs informels, des femmes révoltées, des recycleurs de métaux, des chiffonniers, des habitants de favelas, des dirigeants menacés par des escadrons de la mort, etc. Une véritable assemblée mondiale de ‘damnés de la terre’, mais des damnés qui se battent et ne se résignent pas.

Il leur adressa ces paroles : « Un coin de terre, un toit, un travail, pour lesquels vous vous battez, sont des droits sacrés. Les réclamer n’a rien d’inédit. Celles et ceux qui veulent remettre la dignité de l’homme au centre des préoccupations et construire sur ce pilier les structures sociales dont nous avons besoin, il faut le faire avec détermination, mais aussi avec intelligence ; avec ténacité, mais sans fanatisme, avec passion, mais sans violence. » « Quand on déplace l’être humain du centre du système et qu’on le remplace par l’argent-roi, il faut hausser la voix. » « La solidarité est une manière de faire l’histoire. » « Nous disposons d’un programme que j’oserais qualifier de révolutionnaire : les béatitudes du sermon sur la montagne, rapporté par saint Matthieu dans son Évangile. »

Nos fêtes et nos célébrations chrétiennes n’existent-elles pas pour nous apprendre à nous incarner (Noël), à être proches et solidaires de tous les mendiants du monde ? Écouter les cris de souffrance (la Croix), donner le meilleur de soi-même pour la cause de la justice, afin que tous vivent pleinement et ressuscitent (Pâques).

Parce que tout homme est une histoire sacrée, créé à l’image d’un Dieu qui veut un avenir de bonheur pour tous. Pour qu’il n’y ait plus d’aveugle, mendiant, assis au bord des routes du monde !

Plus que jamais, il est temps que « le zèle de ta maison qu’est l’homme nous dévore ». (Psaume 69,10)

Pierre VANDENBERG.

Pour deux sous! (BN de décembre 2014)

«Est-ce qu’on ne vend pas cinq passereaux pour deux as ?» (Luc 12,6)

Il avait noté les prix en allant faire son marché. Bon observateur ou client de passage, fréquentant les lieux publics, Jésus avait remarqué que, pour calmer une petite faim pour deux sous (des pièces rouges ?), une brochette de cinq moineaux avec un bout de pain, ce n’est pas trop cher, même s’il n’y avait pas de quoi faire bombance!

Avec sa manie d’un regard perçant, «comme s’il voyait l’invisible», il affirma un jour, devant une foule rassemblée par milliers et par milliers au point qu’on s’écrasait les uns les autres, «pas un seul de ces oiseaux n’est indifférent aux yeux de Dieu».

Il ne nous viendrait sans doute plus à l’esprit, en ce temps hautement sécularisé, d’affirmer haut et clair une telle vérité de foi! Pour Lui, c’en est cependant assez pour nous faire comprendre la valeur, la dignité fondamentale, de toute personne en commençant par la plus petite.

De plus, de manière ironique, Jésus insiste: «Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés» (Luc 12,7). Les chauves ont dû bien rire que cette parole arrivât jusqu’à nous. Le mystère du Royaume de Dieu est proclamé en peu de mots et de manière lapidaire!

C’est pour nous faire comprendre cette vérité fondamentale sur l’homme que Dieu, en Jésus, s’est fait l’un de nous à Noël. Il quitte son ciel et nous rejoint, venant habiter chez nous, dans une famille «complexe et problématique» au milieu des petits et des grands conflits quotidiens de société.

«Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais il s’anéantit lui-même prenant condition d’esclave.» (Philippiens 2,6) Il est venu! Il vient! Il viendra! Oui, mais pour faire quoi?

D’abord comme lumière du monde: fin décembre, les nuits les plus longues nous font aspirer à la lumière, ne fût-ce qu’en allumant une bougie pour voir plus clair et ne pas trébucher.

Le résultat en est que: «Tout ce qui est voilé, sera dévoilé, Tout ce qui est caché sera connu, Tout ce que vous direz dans l’ombre sera entendu au grand jour , Tout ce qui se dira à l’oreille sera proclamé sur les toits. » (Luc 12,2)

Mais quel branlebas de combat sera suscité partout et en tout temps par ce grand déballage fait d’ombres et de lumière, de défis exaltants, d’épreuves dramatiques, de ‘nouveautés dont Dieu lui-même n’a pas peur’ !

C’est l’heure de vérité face à toute forme de mensonges et de tromperies: «Méfiez-vous bien à cause du levain des pharisiens.» (Luc 12,1)

C’est l’heure de l’espérance: «Vous valez plus que tous les moineaux du monde.» (Luc 12,7)

C’est l’heure de l’amour: «Ce qui peut rendre heureux tout être humain sans exclusion, c’est la joie que l’Évangile est capable de mettre en œuvre dans toutes les situations, aussi surprenantes soient-elles.» dit le Pape François dans son exhortation apostolique.

La tenderie est un sport d’automne piégeant les oiseaux migrateurs qui vont passer l’hiver ailleurs. Elle est interdite aujourd’hui chez nous, mais on ne jette pas les filets que dans la mer. Une brochette de cinq moineaux pour deux sous peut calmer nos faims les plus profondes de sens à donner à la vie personnelle et familiale. La Parole de Dieu calmera surtout nos manques de foi, en nous rappelant, en ce temps d’Avent et de Noël, que «chauves ou chevelus, nous valons plus que tous les oiseaux du monde, parce que nous sommes faits à l’image d’un Dieu d’amour et destinés à l’éternité.»

Joyeux Noël et Bonne Année!

Pierre VANDENBERG.

La vigne du Royaume: la famille (BN de novembre 2014)

Pendant trois dimanches consécutifs, l’Église nous promène dans la vigne de Dieu; c’est à vous faire prendre une cuite. Cela tombe en plus au beau milieu des fêtes du «patrimoine». C’est comme des journées « portes ouvertes » dans la plus grande entreprise du monde. Vraie multinationale, possédant des filiales dans tous les pays, celle-ci n’arrête pas d’embaucher avec un contrat de salaire unique pour tous. Le salaire? Une pièce d’argent, et du vrai. Le même pour tous, capable de remplir le «caddie» des biens nécessaires, tant matériels que spirituels, afin que chaque être puisse vivre, se développer, s’épanouir pleinement selon sa vocation.

« Pourquoi restez-vous là toute la journée sans rien faire? Parce que personne ne nous a embauchés. Allez, vous aussi, travailler à ma vigne, je vous donnerai ce qui est juste.” (Matthieu 20,6-7)

J’ai pris plaisir à relire les trois paraboles de la vigne, dans l’évangile de saint Matthieu: 20,1 16a/21,28-32/21,33-43. Ainsi que le «chant d’Isaïe» (5,1-7) qui lui aussi, apparemment, n’est pas sorti indemne de la visite: « Je chanterai pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne. Mon ami avait une vigne sur un coteau plantureux. Il en retourna la terre et en retira les pierres pour y mettre un plant de qualité. Au milieu, il bâtit une tour de garde et creusa un pressoir. Il en attendait de beaux fruits, mais elle en donna de mauvais. »

Au moment même où je me posais la question de savoir quelle chanson le bien-aimé chantait à sa vigne, j’entendis monter de la rue où j’habite le chant d’une bande de jeunes qui se dirigeait vers les coteaux de la Citadelle: « C’est à boire, à boire, à boire…qu’il nous faut. »

Oui ! On embauche dans la vigne du Seigneur! On cherche des bras pour retourner la terre et en retirer les pierres, sans doute afin de ne pas se les jeter à la figure. Dieu, en effet, aime la terre fraîchement travaillée et libérée des armes de la violence, pour y accueillir les plants de qualité que sont les hommes.

Pour que notre plaisir soit encore plus grand, il me reste à vous proposer un petit jeu: si vous avez la chance de disposer chez vous à la maison d’une bible, ouvrez-là aux références que je vous ai données plus haut. Il suffit tout simplement de supprimer le mot «vigne» et de le remplacer par le mot «famille». Vous voyagerez alors «virtuellement», ce qui est à la mode, et «gratuitement», à ROME avec les participants au grand rassemblement des évêques autour du pape François. Ils discutent des grands «défis de la famille d’aujourd’hui, dans le contexte de l’évangélisation». Et ne manquez surtout pas d’y prendre la parole, d’échanger vos expériences et vos questions, mais surtout d’y faire vos propositions. Elles peuvent être envoyées à l’adresse du journal qui se fera un plaisir de les porter plus loin.

La vigne du Seigneur, en effet, ce sont nos familles dont nous sommes les acteurs et actrices principaux. Les plants de qualité, choisis par le «maître du domaine», c’est nous! La pierre angulaire de la «tour de garde» c’est l’Évangile de Jésus-Christ et le «pressoir» qui presse les fruits mûrs pour en faire sortir le jus, ce sont nos croix quotidiennes.

Au calice de nos fêtes, qui que nous soyons, nous voilà invités à boire le «sang de la vigne», seul ou en famille, jeunes ou âgés, coude à coude, pour nous donner force, espérance et dynamisme pour la longue marche vers un avenir meilleur.

Oui vraiment! C’est à boire qu’il nous faut !

Pierre VANDENBERG.

CRIS DU MONDE (BN d’octobre 2014)

En me rendant aux fêtes du 15 août en Outre-Meuse, je traversais la passerelle reliant les deux rives de la Meuse. J’avais en tête l’appel aux jeunes du Pape François lors d’un grand rassemblement. Il les invitait à construire des ponts plutôt que des murs, car les murs enferment et séparent, tandis que les ponts relient les hommes entre eux et créent la solidarité, source de joie intense.

Perdu dans ma réflexion, mon regard fut tout à coup attiré par une phrase écrite en lettres rouges à même le sol avec soin et qui disait : « Ils sont grands parce que nous sommes à genoux » Un appel ! Un cri! Un slogan mûrement réfléchi? Mais de qui venait ce cri et à qui était-il adressé?

Serait-ce le cri de quelqu’un qui veut déranger les festivités? Cri d’un pauvre, d’un mendiant, d’un malade, d’un désemparé qui se sent être mis de côté? Cri qui veut glacer le sang de celui qui s’arrête pour l’entendre? Cri qui remet chaque humain en face de son humanité et de ses responsabilités? Cri qui porte sur la voie publique les aspirations et désirs de ceux qui sont sans voix ou à qui on refuserait la parole?

Cri qui va même jusqu’à vouloir changer le programme de celui qui s’arrête pour l’écouter, l’entendre, chercher les chemins de solidarité afin de soulager, de guérir, de remettre debout, de relever, de ressusciter toutes celles et ceux qui sont enfermés dans leur silence et que l’on met ainsi à genoux. « Peuple à genoux… attends ta délivrance… » (chanson de Noël)

Un jour, Jésus, accompagné de ses disciples, entrait dans un village. Une femme étrangère dont la fille est malade par-ci, dix lépreux par-là, un aveugle sur le trottoir, un paralysé porté par quatre copains qui le laissent descendre par le toit…un jeune homme dont la mère était veuve et que l’on porte en terre, tous drames de la vie quotidienne, des cris qui touchent des personnes, leur entourage et la société tout entière et qui ne doivent pas laisser indifférents. Les apôtres, pris aux entrailles, supplièrent Jésus de leur donner satisfaction. Ces cris Lui percèrent le cœur au point de changer le programme du Maître et d’ouvrir un vaste avenir à la « Bonne Nouvelle » : « Va, ta foi t ‘a sauvé ». Face à tous ces cris de détresse venant de partout dans le monde, même le Pape François dans son exhortation apostolique invite à « laisser de côté les structures caduques d’une certaine église et de construire des « outres neuves » pour le « vin nouveau », celles qui sont selon l’évangile ».

Quand, sur la croix, Jésus pousse désespérément son cri « j’ai soif » c’est de justice, de solidarité et d’amour qu’il a soif; pour l’homme, pour l’humanité entière. Et celle-ci, à travers le bourreau du récit de la passion, ne lui offre souvent que du vinaigre.

À nous, à nos communautés, d’entendre les cris des hommes, du monde, de la terre, et de trouver les réponses adéquates à toutes les soifs qui s’y expriment.

L’Église de demain sera ainsi la « sage-femme » accoucheuse d’humanité nouvelle, qui facilitera le passage du monde moderne vers le monde de Dieu: « La poubelle d’humanité » deviendra ainsi progressivement « vitrail d’éternité ».

Pierre VANDENBERG.

ALLER À L’ESSENTIEL (BN de septembre 2014)

Après quelque temps de détente, nous voilà de retour à notre quotidien habituel, dont la course reprend à une allure infernale. Avons-nous bien profité des instants de repos qui nous ont été donnés?

Combien de fois as-tu contemplé les étoiles, les nuits sans nuage? As-tu entendu le chant des oiseaux qui se lèvent bien avant nous? As-tu marché pieds nus sur ta pelouse dans la rosée du matin, avant ton petit déjeuner? Pour certains, cela s’appelle ‘s’abandonner à la Providence’.

«Voyez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent, ils ne recueillent pas dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit! Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux? » (Mat-thieu 6,26)

Nous voici revenus maintenant avec nos questions habituelles: ‘Qu’allons-nous manger? Qu’allons-nous boire? Quels seront nos habits? Quelle école choisir? Quel métier pour demain? Quel revenu décent? Quel pouvoir d’achat? Quel emploi occuper? Comment organiser notre vie en société, en couple, en famille, en voisinage…?’ Autant de questions qui, nous préoccupant, mobilisent nos énergies et risquent de nous enfermer dans la peur d’affronter l’avenir.

Et pourtant: « Votre Père céleste sait ce dont vous avez besoin. » (Matthieu 6, 32) Mais Lui, qui est de bon conseil, est-Il encore consulté dans nos questions journalières, dans l’orientation de nos choix, dans les décisions que nous avons à prendre? Que pense-t-Il de nos coups d’audace ou de nos peurs? « À chaque jour suffit sa peine. »

C’est un sentiment naturel que la peur. Peur de l’inconnu, de l’étrange, de l’étranger, des différences, des changements, de ce qui bouscule et remet en question nos habitudes et certitudes établies une fois pour toutes. L’inconnu, en effet, a quelque chose d’inquiétant, d’insécurisant. Alors, pour se rassurer, l’être humain fabule; il imagine le monde à venir à partir de ce qu’il connaît et qui lui est familier. C’est le sentiment de peur qui fait que l’escargot rentre dans sa coquille, le hérisson se met en boule et sort ses piquants; l’homme et la femme se renferment sur eux-mêmes et montent sur leurs ergots.

En effet, nous sommes tous un jour ou l’autre de ceux-là, plus spécialement quand les vents nous sont contraires ou que la tempête fait rage. Reconnaître cette peur et l’apprivoiser nous évitera d’en devenir esclave.

C’est alors le moment d’établir ou de rétablir la communication, de s’approcher l’un de l’autre, de se parler, d’aller voir, de s’écouter, d’entrer en dialogue, de s’ouvrir à l’universel, de se libérer des préjugés qui enferment, écrasent et parfois tuent.

Accueillir le changement, c’est se préparer à revivre, à ressusciter. La Résurrection ne pro-pose pas de recommencer comme avant ni de prolonger ce qui existe. Elle introduit une rupture, ouvre des brèches, annonce un avenir nouveau. Avec elle, on change le monde, on crée du neuf, on inaugure, on invente. Vivre positivement le changement est une ‘re-création’, une œuvre inédite: il s’agit vraiment de faire un Homme Nouveau, une Humanité Nouvelle.

Quand Dieu entraîne l’Homme à sa suite dans la Résurrection, Il inaugure à chaque instant la Nouvelle Création « Et Dieu vit que cela était bon » (Genèse 1, 10b). Il suffit alors de se laisser entraîner, se laisser saisir par Sa main, répondre à Son invitation et réaliser ainsi l’œuvre de toute une vie qui commence par l’instant présent.

Pierre VANDENBERG.

Qui cherchez-vous? (BN de juin 2014)

« Une voix venue du grand creux des fonds de l’homme – autrement dit du tombeau vide – s’écrie: ‘Allez donc sans crainte à la VIE’. »

L’an dernier, sur une plage de COPACABANA au Brésil, 3 millions de jeunes, venant de tous les coins du monde, y compris de la région liégeoise, étaient rassemblés pour une Messe festive (Eucharistie) présidée par le Pape François.

Mais, que cherchent-ils ?

« Vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain tout votre soûl.» (Évangile selon saint Jean 6,26)

Le mois dernier, plus de 800.000 personnes envahissent la ville de ROME à l’occasion de la canonisation de deux hommes exceptionnels. Beaucoup les ont connus et rencontrés: il s’agissait d’Angelo RONCALLI, le pape qui a convoqué et ouvert le Concile Vatican II (1962-1965) et de Carol WOJTYŁA, pape polonais qui a parcouru le monde entier de 1978 à 2005 : « Deux hommes courageux qui ont connu des tragédies, mais n’en ont pas été écrasés.»

Grâce aux médias, la retransmission de la célébration aurait été suivie dans le monde entier par près de 2 milliards de téléspectateurs. Mais, que cherchent-ils ?

Plus près de chez nous, à JALHAY, entrée des Fagnes, il suffit qu’une statuette de la Vierge Marie fasse un clin d’œil et illumine la nuit noire de nos vies quotidiennes à problèmes, pour qu’une foule s’éveille et se mette en route.

Mais que cherchent-ils ?

Serions-nous en train de revivre le «temps de l’Évangile», où les foules, harassées et fatiguées, cherchaient Celui qui pourrait donner un sens à leur existence, les libérer en comblant leurs aspirations à une plénitude de vie ?

Et le Maître de répondre: « Ne travaillez pas pour une nourriture qui se perd, mais pour une nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle. » (Jean 6,27)

C’est en effet le temps de l’Esprit Saint, Celui de la Pentecôte. Il s’exprime par le coup de vent, parfois violent et bienfaisant, et par les langues de feu qui illuminent et réchauffent.

« Quand nous asséchons les sources de la vie, une eau vive jaillit du tombeau.

Quand nous sacrifions aux forces de la nuit, une lumière éclatante, traversant nos ténèbres, jaillit du tombeau. Quand nous nions Dieu en face de nos peurs, un pardon fait de tendresse et de miséricorde jaillit du tombeau.

Quand nous désertons les lieux de nos combats, une espérance renouvelée, tissée de solidarité, se lève du tombeau.

Quand nous choisissons la mort au lieu de prendre vie, un avenir plein de promesses jaillit du tombeau. »

C’est à toutes les «Marie Madeleine» du monde qu’Il s’adresse aujourd’hui en disant: « Ne cherchez pas parmi les morts Celui qui est vivant. »

Le tombeau est vide. Le jeune lion est relevé de la mort. ‘Rendez-vous’ nous est donné dans toutes les «Galilée» de nos vies. Un feu nouveau embrase le monde d’un amour passionné et passionnant.

Pierre VANDENBERG

Au marché des vraies-fausses promesses (BN de mai 2014)

« Au bord du torrent, sur chacune de ses rives, croîtront toutes sortes d’arbres fruitiers dont le feuillage ne flétrira pas, et dont les fruits ne cesseront pas : ils produiront chaque mois des fruits nouveaux, car l’eau vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède. » (Prophète Ezéchiel 47,12)

Ah ! Comme il est difficile aujourd’hui dans les familles, les écoles, les institutions de toutes sortes, d’incarner « l’autorité » qui accompagne l’exercice de la responsabilité ! Les discours sur la manière et les moyens du « vivre ensemble » sont multiples et tellement diversifiés. Tout le monde cherche, pour lui et les siens en premier lieu, le plus haut niveau de sécurité dans tous les domaines; tous veulent un monde rassurant et qui a du sens. Notre époque, en manque de repères, cherche sur sa route quotidienne des modèles à suivre et l’aide de témoins crédibles qui ne chercheront pas à vous emberlificoter d’après leurs intérêts personnels. En somme, on cherche des « pères » réels ou symboliques qui se révèleraient d’authentiques «auteurs» de leur autorité, et qui ouvriraient à tous de nou-veaux espaces d’espérance.

Notre monde occidental a une méfiance profonde envers les autorités instituées; qu’elles soient le père, la mère, les enseignants, les politiques, qu’elles appartiennent à l’État ou à la religion. On voudrait que ces autorités, dont on a grand besoin, s’expriment en vérité et mettent en avant le bien commun, qu’elles disent ce qu’elles font vraiment et fassent ce qu’elles disent avec transparence… mais aussi qu’elles reconnaissent et avouent avec humilité leurs erreurs. Qu’elles risquent des paroles fortes et qu’elles soient les premières à les pratiquer.

L’autorité est reconnue et appréciée quand elle est humble, modeste, accessible, honnête, sincère. Les semences d’autorité, de responsabilité, semées en tout être humain, ont besoin d’être cultivées pour servir et non d’abord pour se servir. C’est la raison pour laquelle, en cette période pré-électorale, il serait bienvenu de voir jaillir du cœur de chaque homme ou femme politique une eau claire, pure, fraîche, tonifiante; une eau qui assainirait tout ce qu’elle pénètre et qui serait partout porteuse de vie nouvelle. Un torrent d’eau qui donnerait à boire, sur les deux rives, à toute sorte d’arbres porteurs de fruits sains et nourrissants pour tous, et dont, même les feuilles, seraient un remède. De plus, en tout lieu où coulerait cette eau, non seulement les animaux pourraient vivre et foi-sonner, mais surtout les humains pourraient s’y plonger afin d’être redynamisés, régénérés.

C’est par le geste désarmant du lavement des pieds de ses proches, que Jésus, dans l’Évangile, affirme tout son programme et manifeste avec tendresse son autorité libératrice; Il devient ainsi une superstar planétaire cependant très proche de celles et ceux qui choisissent de marcher librement à sa suite. Il acceptera même d’être mis à mort et de donner ainsi sa vie jusqu’au bout par fidélité à sa mission. Quoi de plus normal que le Père l’ait remis debout en le ressuscitant parmi les premiers dans l’histoire! Jésus fait alors «autorité» et devient «service» partout et pour tous les hommes de bonne volonté.

C’est sans doute pour cela que la prière du «Notre Père» est pour tous les hommes de tous les temps un programme de vie à la fois personnel et communautaire: «Notre Père… que ton NOM soit sanctifié. Que ton REGNE vienne. Que ta VOLONTE soit faite. Donne-nous aujourd’hui notre PAIN de ce jour. Pardonne-nous nos offenses. Ne nous laisse pas tomber en tentation. Délivre-nous du mal.»

Par la résurrection de son Fils, Dieu a ouvert à l’humanité tout entière un formidable «appel d’air». C’est en appelant et en engageant des volontaires intègres et joyeux, qu’Il veut que soit animée, par et selon son Esprit, une Église nouvelle capable de laver les pieds de toute l’humanité.

Pierre VANDENBERG

CHEMIN DE RÉSURRECTION (BN d’avril 2014)

Il faut bien reconnaître que nous sommes tous tentés un jour ou l’autre de changer de trottoir ou de chaîne TV, ou bien de nous distraire en jouant avec notre smartphone,
sinon d’accélérer le pas, afin de ne pas devoir croiser le pauvre qui mendie ou le blessé sur la route qui sollicite notre attention ou nos soins.
La maladie du siècle qui fait ravage, n’est-elle pas l’individualisme et l’indifférence qui se renforcent bien sûr mutuellement l’un et l’autre. Comme pour la peste : « ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés » disait déjà La Fontaine.
Être indifférent à l’entourage évite les blessures, blinde le sujet, l’abandonne à sa fragilité solitaire et le plonge dans le stress et la dépression. La logique du « chacun pour soi » l’emporte alors rapidement et relègue au loin les engagements durables.
« La solidarité n’existe pas » entend-on dire souvent !
« La consommation à outrance et la course folle à l’enrichissement, sous couvert du voile de la liberté, sont des modes de vie séducteurs imposés par les conséquences de la loi du marché; quand ces forces s’emparent de la vie des hommes, elles les écrasent »
(Mgr A. ROUET : L’étonnement de croire).
Face à ces nombreux désirs insatisfaits qui nous anéantissent « à quel saint peut-on encore se vouer ? Qui invoquer pour avoir de l’aide et s’en sortir ? ».
C’est le cri de l’homme désespéré après avoir consulté les « psys » et avalé les tranquillisants souvent inefficaces et qui vous détraquent l’estomac.
Ressusciter quelqu’un en ce temps de Pâques n’est-ce pas s’arrêter de courir en vain, s’approcher du blessé de la route et réveiller les mécanismes de la solidarité?
Quelqu’un m’a confié être sorti du tombeau de la dépression où il s’enfonçait quand il s’est mis à crier : « Seigneur, je n’en peux plus, donne-moi quelqu’un à aider ! Il m’a écouté, pris au sérieux : aider l’autre à s’en sortir m’a vraiment guéri! ».
L’important se joue en effet dans la vie ordinaire. Le médicament miracle que chacun possède dans la pharmacie de son coeur est la « tendresse », qui multiplie s e s f o r c es p a r l a « solidarité ». Tout le monde peut y avoir accès car elle est gratuite et d’une grande efficacité. Elle est le SEL qui donne goût à la vie. Elle est le LEVAIN qui fait monter la pâte. C’est la mission des nouvelles communautés chrétiennes pour le monde moderne d’aujourd’hui et de demain.
Bonnes fêtes de Pâques dans la joie du Christ ressuscité.

Pierre VANDENBERG

UN CARÊME DE COMBAT (BN de mars 2014)

Une fois de plus, à la manière des prophètes du premier Testament, Amos, Osée, Isaïe et les autres, mais aussi de Jésus chassant les marchands du Temple, le Pape François ne tourne pas autour du pot: il frappe fort, de façon claire et nette; il va droit au but avec audace.

«Notre engagement nous pousse à faire en sorte que, dans le monde, cessent les atteintes à la dignité humaine, les discriminations et les abus qui sont si souvent à l’origine de la misère. Lorsque le pouvoir, le luxe et l’argent deviennent des idoles, ils prennent le pas sur l’exigence d’une distribution équitable des richesses.

C’est pourquoi il est nécessaire que les consciences se convertissent à la justice, à l’égalité, à la sobriété et au partage.» Voilà le programme du Carême 2014 que le Pape François se propose de vivre et d’y entraîner avec lui tous les fidèles, pour une Église au service du monde.

 «On n’entend pas souvent un tel discours dans les églises le dimanche» diront certains.

Déjà d’éminents économistes libéraux américains montent aux créneaux pour défendre leur système de pensée unique et d’économie de marché. Selon eux, c’est l’unique et le meilleur pour tous les citoyens.

D’autres  somment le Pape de s’expliquer et de  justifier sa vision des choses, ce qu’il ne manque pas de faire par le truchement de grands journaux italiens: ‘La Repubblica’ du 1er octobre et ‘La Stampa’ du 15 décembre 2013.

D’autres encore, plus près de chez nous, lui trouvent des excuses en faisant parler le Pape seulement au nom et pour la société d’où il est originaire, l’Amérique Latine: « il parle pour nos lointains voisins, nous, on n’est pas concerné ». Manière sans doute de refuser de voir que nous vivons tous au même titre dans un monde globalisé, devenu un grand village, où tous sont dépendants les uns des autres (voir l’effet papillon). Pourtant son bilan, ainsi que son analyse des situations et des causes partent des victimes d’une mondialisation à outrance, dans laquelle le Dieu de Jésus-Christ doit disparaître pour que le dieu-argent puisse dominer au profit d’une poignée de privilégiés.

Et le Pape François de récidiver dans son message de Carême 2014: «Le Seigneur nous invite à être des hérauts joyeux de ce message de miséricorde et d’espérance: l’Évangile est l’antidote véritable contre la misère matérielle, morale et spirituelle. À la suite de Jésus qui s’est dépouillé, vidé, pour nous devenir semblable en tout. Car l’amour rend semblable, crée une égalité, abat les murs et les distances ».

Saint Paul dira: « Il s’est fait pauvre pour nous enrichir par sa pauvreté.» (2 Corinthiens 8,9) C’est la logique de Dieu, la logique de l’amour, la logique de l’Incarnation et de la Croix.

Hérode a fait mettre Jean-Baptiste en prison pour moins que cela. Jean avait fait au roi, son ami, une remarque que celui-ci avait trouvé déplacée et humiliante: «Tu n’as pas le droit de prendre la femme de ton frère ».  Sur le conseil de sa mère Hérodiade, sa fille, une danseuse exceptionnelle et sans doute quelque peu excitante, capable, dans sa catégorie, de rapporter des médailles olympiques à son pays, en dévoilant ses charmes et son art, conquit  le  roi et sa cour, tous étourdis et éméchés, et lui fit apporter sur un plat la tête du Baptiste. Il serait sans doute naïf de croire que de telles pratiques de cour n’ont plus lieu aujourd’hui.

Lorsque certains veulent enfermer le Pape dans des catégories idéologiques ou politiques de partis, suite à ses interventions, celui-ci ne manque pas de remettre les choses à leur place quant à ses motivations: «Il s’agit, dit-il, de prendre au sérieux l’Évangile, de remettre la personne de Jésus au cœur de nos vies.»

 «Une foi authentique – qui n’est jamais confortable et individualiste – implique toujours un profond désir de changer le monde, de transmettre des valeurs, de laisser quelque chose de meilleur après notre passage sur la terre… l’Église ne peut ni ne doit rester à l’écart dans la lutte pour la justice. » (Exhortation apostolique: la joie de l’Évangile n°183)

 Joyeux et fructueux carême 2014!

              Pierre Vandenberg

UNE ÉNERGIE NOUVELLE (BN de février 2014)

La fête est finie. Les bergers ont rejoint leur troupeau, les anges leurs nouveaux terrains d’action et de mission. Les mages sont rentrés chez eux par un autre chemin que celui qu’Hérode leur proposait. La Sainte Famille s’est installée à NAZARETH où Joseph avait son atelier et sa clientèle. Tous ont rejoint le monde qui les attend pour vivre, s’inscrire dans l’histoire de la vie quotidienne et transformer leurs vallées de larmes en vitraux d’éternité. 

À leur suite, il va nous falloir relever les défis qui se présentent à chaque période de l’histoire, ceux du «vivre ensemble» : l’emploi et le pouvoir d’achat, la sécurité et la santé, l’enseignement et  la culture, sans oublier les débats et décisions des responsa-bles politiques, etc. Être confronté à toutes les précarités aux conséquences souvent funestes, les inégalités sociales, les violences, les exclusions et marginalisations, les oppressions et exploitations de toutes sortes: tout cela risque de transformer les humains en déchets, en rebuts, en biens de consommation que l’on peut utiliser ou jeter selon que les préoccupations principales sont l’idole-argent plutôt que la personne humaine et le bien commun. Tout cela va à l’encontre du respect de la dignité fondamentale de chaque personne et de tous.

C’est ici que le cadeau fait par Dieu lui-même à Noël va pouvoir nous servir, à condition bien sûr de l’accueillir en toute liberté et de le déballer joyeusement. Il s’agit de l’énergie que constitue non seulement sa Présence à nos côtés et sa Parole à l’intérieur de nous-mêmes et de nos communautés. Ce cadeau, si nous l’avons ouvert, il nous revient de le consommer à petites doses, de le goûter, de l’avaler, de le digérer; nous pourrons ainsi en faire le carburant énergétique de notre action pour construire jour après jour nos relations en société.

Ce cadeau de Dieu, une énergie spirituelle gratuite, d’une valeur inestimable et d’une grande efficacité, est capable de nous faire bouger, de nous envoyer vers les autres en vue d’un développement humain intégral de l’humanité tout entière et sans exclusive. Et cette énergie, loin de nous enfoncer, pourra nous faire oublier nos fatigues, nos tristesses, nos dépressions et nos désespoirs. Par temps froids et tempétueux, elle sera source de chaleur et de dynamisme pour le cœur de tout homme et pour les structures souvent usées et fatiguées de nos sociétés les plus avancées. Cette énergie contenue dans la Parole agissante de Dieu qui propose son amour à tous, peut être lumière sur nos chemins, levain dans la pâte de notre monde, sel qui donne goût à toute vie et feu qui embrase l’humanité.

Le grand poète et romancier Victor HUGO (1802-1885) tint, le 9 juillet 1849 à l’Assemblée nationale française, son « discours sur la misère: « Messieurs, je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère. Je ne dis pas la dimi-nuer, l’amoindrir, la limiter, la circonscrire. C’est en effet une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain et  que l’on a fait disparaître. La misère doit être supprimée. Elle ne fait pas seulement du tort à l’homme, mais elle est aussi un crime envers Dieu ».

Dans son ‘Exhortation apostolique’ «La joie de l’Évangile» du 24 novembre 2013, au n°183, le Pape François nous dit : «Nous savons que Dieu veut le bonheur de ses enfants, sur cette terre aussi, bien que ceux-ci soient appelés à la plénitude éternelle puisqu’Il a créé toutes choses pour que tous en jouissent (1 Timothée 6,17). Une foi authentique – qui n’est jamais confortable et individualiste – implique toujours un profond désir de changer le monde, de transmettre des valeurs, de laisser quelque chose de meilleur après notre passage sur terre. L’Église ne peut ni ne doit rester à l’écart dans la lutte pour la justice !» Car tout homme est un frère !

Pierre VANDENBERG

PLUSIEURS « PEU » FONT BEAUCOUP (BN de Janvier 2014)

Nous sommes souvent sollicités par une multitude d’associations qui mettent ensemble leurs « peu de» et « petits » moyens, et demandent que nous y joignions les nôtres. C’est grâce à elles que nous referons ensemble la multiplication des pains. Nous donnerons ainsi un nouveau souffle à la solidarité. Celle-ci pourra alors soulager, guérir, nourrir les foules et collaborer au « développement humain intégral de tout homme dans la vérité de l’amour ». Voilà un bien grand projet ! Direz-vous.

«  De grandes foules venaient à Lui, des blessés de la vie, des boiteux, des aveugles, des estropiés, des muets, et beaucoup d’autres infirmes. On les déposait à ses pieds et Il les guérissait… J’ai pitié de cette foule, disait-il. Depuis trois jours déjà ils sont avec moi et n’ont rien à manger. Je ne veux pas les renvoyer à jeun ; ils pourraient défaillir en route. Et Il les nourrissait. » ( Mt 15,30-32).

« Avoir pitié » n’est pas méprisant. C’est se laisser toucher, prendre les ‘appels au secours’ au sérieux ; chercher ensemble des solutions, répondre aux problèmes et les résoudre… pour que tous mangent à leur faim » (Mt 15,37).

Quand le Pape François dénonce la société de gaspillage et de rebuts, organisée comme un système sans éthique, commandée et dirigée par un dieu-Moloch qui s’appelle argent, créant l’euthanasie cachée des personnes âgées et un terrible chômage des jeunes à travers le monde, il  stigmatise l’origine de la détresse des fou-les et ouvre la porte à la multiplication des pains.

Quand Jean-Pierre, nouvel évêque de LIÈGE , fait le « service de table » le samedi, à la communauté de Sant’ Egidio, en servant un repas chaud aux sans-abri toujours plus nombreux dans la ville, il apporte, sans aucun doute, sa part de « peu » à la grande multiplication des pains, et nous indique un chemin capable de nourrir une part de l’humanité.

Jésus ne part pas de rien pour multiplier les pains, mais du « peu de pain » qui est le fruit du travail des hommes, comme le dit l’offertoire de l’Eucharistie.

Partir de « peu », ce n’est pas partir de zéro, de rien, du néant, du vide. Notre « peu », à nous, c’est sans doute notre foi hésitante, la petite flamme de notre espérance qui vacille,  la cécité de notre cœur qui nous fait passer à côté de la souffrance du voisin, nos mains fatiguées et nos genoux qui fléchissent, une paralysie de notre générosité, une montée de notre indifférence.

Souhaiter ses meilleurs vœux en ce début d’une nouvelle année, c’est sans conteste prendre au sérieux tous ces « peu de pain » et y mettre un nouveau levain, en vue de faire monter la pâte qui nourrira la foule en recherche d’un monde plus juste et plus humain.

Ces témoignages sont déjà une manière de « préparer la route au Seigneur », comme dit Jean le Baptiste, afin que se réalise la prophétie d’Isaïe 25,6 :

“Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l’univers, préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés…”.

C’est mon souhait d’une bonne année nouvelle 2014 ; qu’elle soit vraiment fructueuse pour tous.

Pierre VANDENBERG

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