Novembre-Décembre 2020: Évangile du dimanche 1er novembre (Toussaint)
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (5, 1-12)
En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »
Méditation
Comme tous les 1ers novembre, nous célébrerons dans nos paroisses la fête de tous les saints et nous y associerons tous nos défunts car nous savons qu’ils goûtent au repos éternel. Ce 1er novembre, l’Église nous propose de lire une des plus belles pages de l’évangile et j’en ai fait un véritable hymne à la liberté.
On raconte que lorsque Gandhi, qui n’était pas chrétien mais le guide spirituel du peuple hindou, eut connaissance des béatitudes, il s’écria: «Merveilleux! je veux en imprégner toute ma vie». Il avait saisi que les béatitudes conduisent à la vraie liberté. Que la vraie humilité est la vraie grandeur de l’homme et que la souffrance accueillie nous rapproche de Dieu. La vie de Dieu, les cieux, … ne sont pas ailleurs, ils sont en nous et le verbe «est» au présent dans le récit veut nous signifier que c’est ici et maintenant, si nous le voulons.
Que de fois je me suis demandé s’il m’était possible de m’afficher chrétien et de récolter peut-être toutes sortes de quolibets que les membres de l’Église peuvent aujourd’hui entendre. J’avais appris qu’être chrétien c’était être obéissant, adhérant à un «Jésus officiel et obligatoire». L’oubli de soi qui se masque sous le voile de la fidélité ne
serait-il pas que démission et paresse, se contentant de sa messe dominicale. Aujourd’hui, je veux entendre ces béatitudes comme paroles jetées dans un risque incessant, comme Jésus se livra à tous les risques. Je veux que le discours sur la montagne ne soit pas figé mais évangile d’aujourd’hui, une parole intérieure qui se dit à
toute femme et à tout homme de bonne volonté, véritables artisans de paix, appelés fils de Dieu. Je pense qu’il est inutile de ressasser les béatitudes si les mots ne sont pas «ressuscités», si la joie n’est pas «papillons» à l’intérieur de nous.
Voici le sens probable des béatitudes: soyons libres à l’intérieur. Et Jésus d’ajouter: «ils seront consolés, … rassasiés, … ils verront Dieu …». À travers les béatitudes, Jésus annonce et propose avant tout la transformation de l’esprit et du cœur pour ici-maintenant. À chaque époque, et celle que nous vivons actuellement n’est pas facile, à
chaque époque donc, nous sommes invités à redonner vie au discours. Ce n’est pas la
souffrance mais ce que l’on en fait qui grandit l’homme. L’expérience de la joie et de la liberté, une vie ancrée dans un chemin spirituel, voilà l’invitation que le Christ nous adresse encore aujourd’hui.
Maman aimait répéter: «Liberté, liberté chérie». Pour pouvoir être soutenu dans la durée, notre quête de liberté doit être alliée à l’enthousiasme et receler une part de joie qui naît du sens donné à l’effort: «bienheureux». Mais rappelons-nous, la douceur envers soi n’est pas seulement un baume, mais un tonifiant qui encourage la persévérance et qui nous aide à sortir la tête de l’eau: heureux les doux. Car il ne faut surtout pas que notre sentiment de liberté, forcément incomplète et fragile, nous dissuade de travailler inlassablement sur nous-mêmes. Parfois, en regardant notre vie, nous avons des montées d’inquiétudes: sommes-nous vraiment libres? Nous le savons, cette liberté n’est jamais complète et évoquer le travail sur soi, ne doit pas nous détourner d’un engagement pour un monde plus juste, plus équitable, plus généreux: notre récompense sera grande dans les cieux.
Prière
Seigneur Dieu, à tout homme prisonnier de lui-même, tu donnes ta parole libératrice. Tu nous as appelés à être libres, à devenir des femmes et des hommes reflétant l’image et l’esprit de ton fils Jésus.
Nous t’en prions: donne-nous l’espace qu’il a ouvert, donne-nous la force qui l’a fait vivre, rends-nous réceptifs et libres, véritables enfants de Toi.
Nous te remercions pour ce que nous vivons ici et en ce moment, connaissant des peines et connaissant des joies. Nous te prions pour que ni l’époque ni l’avenir ne nous séparent de Jésus-Christ, lui qui nous a dit «heureux ceux qui ont faim et soif de justice car ils seront rassasiés».
Jean-Claude SIMON
Septembre-Octobre 2020: Évangile du dimanche 4 octobre (27ème TO)
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (21, 33-44)
En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple: «Écoutez cette parabole: Un homme était propriétaire d’un domaine; il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage. Quand arriva le temps des fruits, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de sa vigne. Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième. De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs plus nombreux que les premiers; mais on les traita de la même façon. Finalement, il leur envoya son fils, en se disant: ‘Ils respecteront mon fils.’ Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux: ‘Voici l’héritier: venez ! tuons-le, nous aurons son héritage!’ Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons? » On lui répond: «Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu.» Jésus leur dit: «N’avez-vous jamais lu dans les Écritures: La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle: c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux! Aussi, je vous le dis: Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. »
Méditation
Une fois encore et comme souvent, à la première lecture de ce récit, je suis restée
un peu perplexe: bien sûr, je comprends la déception, la tristesse et même la colère de
l’homme de la parabole, qui non seulement est gravement lésé au niveau matériel, mais surtout dont le fils innocent a été brutalement assassiné. D’ailleurs, les grands prêtres et les anciens du peuple juif le comprennent bien aussi, qui prononcent une sentence digne du dommage subi. Mais c’est la dernière phrase de Jésus qui m’interpelait: le Dieu de Miséricorde que Jésus annonce refuserait-il vraiment d’offrir son Royaume d’Amour à une partie de ses enfants, parce que ceux-ci ne portent
pas les fruits qu’il en attend… ? Où est la miséricorde alors… ?
Holà, pas si vite… Si Jésus dit bien que le Royaume de Dieu leur sera enlevé, à aucun
moment il ne dit que c’est Dieu qui le leur enlève ! Ne seraient-ce pas plutôt les hommes eux-mêmes qui s’enlèvent le Royaume en négligeant de soigner et faire fructifier en eux et autour d’eux ce trésor reçu gratuitement ? En effet, Dieu désire donner son Amour à tous ses enfants, et il le fait éternellement, il n’y a pas à en douter. Mais cet amour offert sans cesse, s’il n’est pas accueilli, s’il n’est pas vécu par ceux à
qui il est donné, comment peuvent-ils en bénéficier ? Les fruits du Royaume, c’est
l’amour vécu entre tous. Si nous ne vivons pas de cet amour, ce n’est pas Dieu qui
nous le reprend, c’est nous-mêmes qui nous en coupons, comme le fils prodigue, s’étant éloigné de son père, a tout perdu. La seule façon de ne pas perdre l’amour que Dieu nous donne, c’est de le vivre, on comprend alors mieux que Jésus dise qu’«il sera donné à une nation qui lui fera produire des fruits. »
Père, merci pour ton amour qui m’est largement offert. Pardon de parfois négliger de cultiver en moi et faire rayonner autour de moi ce don merveilleux.
Seigneur Jésus, merci de me rappeler que j’ai une responsabilité, un rôle à jouer dans la construction du Royaume.
Esprit Saint, donne-moi la volonté, le courage et la force de préférer toujours la voie de l’Amour à toutes les autres. Amen.
Annick SAUVAGE
Juillet-Août 2020: Évangile du dimanche 12 juillet (15ème TO)
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (13, 1-23)
Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison, et il était assis au bord de la mer. Auprès de lui se rassemblèrent des foules si grandes qu’il monta dans une barque où il s’assit ; toute la foule se tenait sur le rivage. Il leur dit beaucoup de choses en paraboles : « Voici que le semeur sortit pour semer. Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger. D’autres sont tombés sur le sol pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre ; ils ont levé aussitôt, parce que la terre était peu profonde. Le soleil s’étant levé, ils ont brûlé et, faute de racines, ils ont séché. D’autres sont tombés dans les ronces ; les ronces ont poussé et les ont étouffés. D’autres sont tombés dans la bonne terre, et ils ont donné du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! Les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? » Il leur répondit : « À vous il est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux, mais ce n’est pas donné à ceux-là. À celui qui a, on donnera, et il sera dans l’abondance ; à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a. Si je leur parle en paraboles, c’est parce qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre. Ainsi s’accomplit pour eux la prophétie d’Isaïe : Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas. Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, – et moi, je les guérirai. Mais vous, heureux vos yeux puisqu’ils voient, et vos oreilles puisqu’elles entendent ! Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. Vous donc, écoutez ce que veut dire la parabole du semeur. Quand quelqu’un entend la parole du Royaume sans la comprendre, le Mauvais survient et s’empare de ce qui est semé dans son cœur : celui-là, c’est le terrain ensemencé au bord du chemin. Celui qui a reçu la semence sur un sol pierreux, c’est celui qui entend la Parole et la reçoit aussitôt avec joie ; mais il n’a pas de racines en lui, il est l’homme d’un moment : quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il trébuche aussitôt. Celui qui a reçu la semence dans les ronces, c’est celui qui entend la Parole ; mais le souci du monde et la séduction de la richesse étouffent la Parole, qui ne donne pas de fruit. Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la Parole et la comprend : il porte du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. »
Méditation
Ce dimanche 12 juillet nous aurons l’occasion de réentendre la parabole du semeur
que rien ne décourage. C’est un message plein d’espérance en ces moments difficiles
que nous vivons depuis plusieurs mois à cause de cette pandémie qui frappe toujours
de plein fouet l’humanité tout entière. Cette véritable crise humanitaire aura-t-elle des
conséquences sur la fécondité de la Parole? Nul ne peut encore le prédire mais il est
probable qu’elle aura un impact sur notre pratique religieuse.
Certes il ne s’agit pas de le nier ou de fermer les yeux mais avant de claironner à tout vent que rien ne va plus dans l’Église, de crier à la débandade de beaucoup de chrétiens, entendons l’avertissement de Jésus : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende » L’espérance vient de l’intérieur, elle est l’ancre de l’âme, sûre et ferme. Elle assume les espoirs qui inspirent les nombreux engagements des hommes et des femmes de bonne volonté, aujourd’hui encore de par le monde. Ils portent des fruits en abondance. Leur espérance les protège du découragement et dilate leurs cœurs. L’élan de l’espérance les préserve de l’égoïsme et les conduit à un bonheur à partager avec, pour
certains, de l’attention et des mains qui sauvent. Pourtant et je le confesse il m’arrive régulièrement de me questionner sur l’existence même de Dieu. Je lève les yeux au ciel mais le ciel ne me répond pas. Et toujours la même question qui revient sans cesse,
incontournable : «l’Évangile a-t-il encore un sens dans la nuit de la mort et des souffrances à travers les âges, à travers le monde, à travers cette pandémie et un Dieu qui se tait ?! »
Comme Frédéric Lenoir l’explique si bien, la foi ne consiste pas à réciter le credo et à se rendre à l’église mais à être relié au Christ, à se laisser aimer par lui et à essayer d’aimer son prochain. Je crois que Jésus n’est pas venu fonder une nouvelle religion mais instaurer une spiritualité universelle qui, sans les renier, transcende tous les rituels et tous les dogmes par l’amour. Quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. On retrouve ce principe chez saint Paul dans le magnifique hymne aux Corinthiens qu’on lit bien souvent à l’occasion des mariages : « J’aurais beau avoir la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien ». Cette Parole de Dieu reste vivante, dite, entendue, reçue. L’espérance c’est précisément dans ce désert, dans ce silence de Dieu qu’elle continue à affirmer que la promesse est déjà là et qu’elle porte des fruits.
Prière
Seigneur Dieu, tu nous as envoyé ton fils plein d’humanité et d’amour.
Il avait une parole qui libère et avait créé un espace nouveau.
Là où il vient encore, la vie n’est plus obscure ni angoissante.
Nous te prions, qu’en chacun de nous, sa parole grandisse, que nous ne soyons plus enlisés dans le désarroi ni possédés par le doute et la discorde mais remplis de foi et d’espérance, de simplicité et d’amour.
Jean-Claude SIMON
Mai-Juin 2020: Évangile du dimanche 31 mai (Pentecôte)
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (20, 19-23)
C’était après la mort de Jésus; le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit: «La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau: «La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit: «Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Méditation
Tes disciples sont confinés en un endroit clos, et ils ont peur: par la conspiration des Juifs et la main des Romains, la mort a frappé leur ami, leur tout proche, ils craignent qu’elle les fauche pareillement, eux aussi…
Comment ne pas penser en lisant ces lignes à ce que nous vivons actuellement?
Nous ne craignons ni Juifs ni Romains mais un virus invisible qui ignore les frontières et comme eux, la majorité d’entre nous restons cloîtrés pour éviter de contracter cette maladie très contagieuse et pouvant se révéler mortelle…
Et plus encore que les portes de nos maisons, avec la peur de croiser un voisin contaminant, ce sont les portes de nos relations et finalement de nos cœurs qui risqueraient de se fermer…
Mais les disciples furent rejoints au cœur même de leur angoisse de mort par la présence du Christ ressuscité, et au plus sombre de leur enfermement a surgi cette parole lumineuse: «La paix soit avec vous! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie.» Forts de l’espérance que ce souffle de Vie a levée en eux, ils font sauter les verrous de leur peur et sortent proclamer cette Bonne Nouvelle: l’Amour vécu jusqu’au bout est vainqueur sur la mort.
Partout dans le monde, malgré la peur qui souvent leur colle aux entrailles, des hommes et des femmes se donnent sans compter pour soigner, alimenter, sauver, ravitailler, informer, chercher, dépister, accompagner, soulager. Ils accomplissent presque sans y penser des actes de bravoure dont jamais ils ne se seraient crus capables.
D’innombrables initiatives de solidarité se mettent en place, des trésors d’imagination et d’ingéniosité sont déployés pour lutter contre l’épidémie, trouver du matériel, élaborer différents modèles de masques, organiser la vie en confinement, permettre aux familles de garder le contact de façon sécurisée.
Tous ces gestes de fraternité, de solidarité, de compassion, d’altruisme qui réchauffent le cœur, me permettent de continuer à espérer et à croire que l’Amour et la Vie auront le dernier mot. Ils sont pour moi révélateurs de Ta présence, ici et maintenant, et m’aident à continuer à avancer.
Merci Seigneur.
Annick SAUVAGE.
Mars-Avril 2020: Évangile du dimanche 12 avril (Pâques)
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (20, 1-9)
Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
Méditation
‘Il avait trop parlé, il s’était trop battu, il avait traité les gens de bien de race de vipères, il leur avait dit que leur cœur était un noir tombeau sous de belles apparences. Il s’était corrompu avec les pauvres, les pouilleux, les handicapés de la vie, … Il avait voulu interpréter la loi et la réduire à un seul commandement: AIMER. Alors ils s’étaient vengés en le faisant mourir sur une croix. Mais voilà que le 3ème jour, Marie de Magdala se rend au tombeau et celui-ci est vide. En pleine nuit, en l’absence de tout témoin, il éclate de sa pleine lumière, il est ressuscité ! «Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra, et quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais. Crois-tu cela?»
demande-t-il à Marthe tandis qu’elle se lamente sur la mort de son frère, Lazare. Ainsi donc la résurrection essentielle, capitale, c’est celle dont nous faisons personnellement l’expérience parce que nous croyons. La vie à laquelle le Christ nous ressuscite, c’est la vie éternelle. Nous découvrons qu’il existe dès à présent une vie qui pourrait durer toujours. La vie à laquelle nous sommes invités par le maître à nous éveiller est d’une telle abondance de joie et d’amour qu’on pourrait en vivre sans fin. Je pense qu’elle réunit deux aspects qui m’apparaissaient jadis comme contradictoires:
pour une telle vie, on voudrait mourir tout de suite mais on pourrait aussi en vivre toujours. En d’autres mots, nous sommes invités à découvrir deux sortes de vie: une pauvre petite vie triste, mesquine, ennuyeuse, … Nous la passons à courir après la réussite sociale, à amasser de l’argent, le plus et le plus vite possible au risque parfois de notre santé et de nos valeurs. Et une autre vie, une vie si intense et si savoureuse qu’on se sent envahi de l’envie d’aimer vraiment, malgré et peut-être parce qu’il y a tant de choses moches autour de nous, la guerre, la peur, l’insécurité. C’est de cette vie que le Christ parle, c’est elle que l’Église annonce, c’est elle que les justes d’hier et d’aujourd’hui décrivent. Quand nous y goûtons, ne fût-ce qu’un instant, alors nous nous sentons grandis mais voilà, nous sommes si fragiles parfois que, trop souvent, nous l’étouffons. «Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie» dit saint Jean. Nous sommes ressuscités parce que nous aimons nos frères. Avons-nous déjà connu de ces endroits, de ces couples, une famille, un cercle d’amis, … où l’on se sent «revivre»? Avons-nous déjà créé ou essayé de créer un tel endroit? Ces endroits où on se sent revenir à l’essentiel: un enfant à aimer, un parent à entourer, un jardin à soigner, un air à respirer? Alors oui, nous avons déjà connu la résurrection du Christ et cessons peut-être de parler seulement d’espérance en la résurrection finale afin de la rechercher ici et maintenant. Et il nous interroge, le bougre: «Crois-tu cela?» et saint Pierre de répondre: «Seigneur, à qui irions-nous, tu as les paroles de la Vie éternelle.». Longtemps j’ai interprété cette réponse comme un acte de foi, un effort de confiance mais aujourd’hui je la ressens différemment, comme si le saint homme déclarait: «personne ne nous a parlé comme tu nous parles. Grâce à toi, nous découvrons en nous une nouvelle vie que nous ne nous connaissions pas. On n’a jamais fini, on n’est jamais las de t’entendre. Ta parole fait vivre, elle nous éclaire et nous aide à voir les choses différemment. Raconte-nous encore de tes histoires. Nous sentons que lorsque tu parles, tu nous fais vibrer, tu nous ouvres la porte de la vraie vie, tu nous fais goûter à notre propre
résurrection. »
Prière
Seigneur Jésus, sur la croix et malgré nos objections et nos rêves,
tu t’es montré impuissant et insensé.
Mais par ta résurrection, tu nous as révélé ta sagesse et le sens de notre vie éclairée.
Oui, en ce matin de Pâques, donne-nous des yeux nouveaux, redonne-nous la force de croire à la vraie vie, aujourd’hui et tous les jours de notre vie ici-bas.
Jean-Claude SIMON
Janvier-Février 2020: Évangile du dimanche 12 janvier (Baptême du Seigneur)
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (3, 13-17)
Alors paraît Jésus. Il était venu de Galilée jusqu’au Jourdain auprès de Jean, pour être baptisé par lui. Jean voulait l’en empêcher et disait: «C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi! » Mais Jésus lui répondit: «Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice.» Alors Jean le laisse faire. Dès que Jésus fut baptisé, il remonta de l’eau, et voici que les cieux s’ouvrirent: il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et des cieux, une voix disait: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie. »
Méditation
«Quel est le sens de ton baptême?» C’est la question que Jean semble poser à Jésus à travers sa protestation. Il ne comprend pas. Bien plus, il considère cela comme une aberration, un non-sens. Pour nous non plus, il n’est pas toujours facile de saisir avec précision le sens du baptême, et face à ce flou, certains éprouvent de la gêne à s’affirmer chrétiens, ou hésitent à le demander pour leurs enfants.
On ne peut pas dire que la réponse de Jésus soit des plus limpides, pourtant elle suffit pour que Jean, malgré ses réticences, accepte. Il ne comprend probablement toujours pas très bien pourquoi celui qu’il reconnaît comme le Messie que le peuple attend, lui qui est sans péché, lui demande son baptême de conversion pour le pardon des péchés, mais il fait le choix de la confiance.
Et par ce baptême, ce qui était en germe éclate au grand jour. Jésus manifeste aux hommes qu’il les aime au point d’unir intimement sa vie à la leur, car il veut leur donner la sienne.
Par son baptême, Jésus rend visible aux yeux de tous, ce qui a commencé à Noël et aura son apogée à Pâques: sa plongée librement choisie jusqu’au plus profond de la condition humaine, preuve de son Amour inconditionnel et sans limites pour eux.
Cet événement inaugure une vie publique toute fidèle à la prophétie d’Isaïe entendue en 1ère lecture: Ainsi parle le Seigneur: «Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu qui a toute ma faveur. J’ai fait reposer sur lui mon esprit; aux nations, il proclamera le droit. Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, il ne fera pas entendre sa voix au-dehors. Il ne brisera pas le roseau qui fléchit, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, il proclamera le droit en vérité. Il ne faiblira pas, il ne fléchira pas, jusqu’à ce qu’il établisse le droit sur la terre, et que les îles lointaines aspirent à recevoir ses lois. Moi, le Seigneur, je t’ai appelé selon la justice; je te saisis par la main, je te façonne, je fais de toi l’alliance du peuple, la lumière des nations: tu ouvriras les yeux des aveugles, tu feras sortir les captifs de leur prison, et, de leur cachot, ceux qui habitent les ténèbres. »
Seigneur, sur ce chemin de Vie auquel tu m’invites, je désire te suivre du mieux que je peux. Ce n’est pas toujours facile, mais tu me soutiens pas à pas en murmurant constamment au plus profond de mon cœur: ‘Tu es ma fille bien-aimée, en toi j’ai mis tout mon Amour’. C’est pour moi le sens de mon baptême – merci Seigneur.
Annick SAUVAGE.
Novembre-Décembre 2019: Évangile du mercredi 25 décembre (Nuit de Noël)
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc(2, 1-14)
En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.
Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »
Réflexion
On a déjà écrit beaucoup de choses concernant la merveilleuse fête de Noël. Cette année, intéressons-nous peut-être un peu plus à ces braves bergers dormant à la belle étoile. Le Sauveur est né, Jésus somnole dans la crèche d’une étable. Ce mystère de sagesse et d’amour, Marie et Joseph vont-ils l’ébruiter? Ce n’est pas aux notables de la ville que l’annonce sera faite mais à de pauvres bergers, faisant paître leurs troupeaux de moutons et de chèvres, en bordure du désert. Les juifs méprisaient ces nomades. Dans leur esprit, ce sont des hors-la-loi. La condition de «sans domicile fixe» les a conduits à la pauvreté matérielle, intellectuelle mais ils ont sans doute conservé la foi traditionnelle d’Israël. Déjà, dès sa naissance, Jésus inverse les conventions : «il élève les petits et comble de biens les affamés, il renvoie les riches les mains vides». «Un ange du Seigneur leur apparut et ils furent saisis d’une grande crainte». Aux bergers, l’ange apporte la bouleversante nouvelle: «un sauveur vous est né, vous le trouverez couché dans une crèche». Ce message rappelle la formule qui introduit l’évangile de Jean: «le verbe s’est fait chair». Et puis suit un appel à la foi: «en ce bébé emmailloté, adorez le Fils éternel de Dieu». Arrivés à l’étable, ils découvrirent, émerveillés, le bébé dans l’auge. C’est là un mystère de foi, déconcertant pour l’âme altière, aisément accessible au cœur simple. Par leur marche dans la nuit, les bergers déclenchent un mouvement universel que les siècles n’arrêteront pas. Depuis cet événement, et partout dans le monde, des gens simples au cœur d’enfant se pressent devant de multiples crèches célébrant en pleine nuit, l’avènement du Dieu d’amour. La foi requiert la simplicité de cœur et le calme d’un enfant, d’un pauvre berger: «si vous ne devenez semblables à de petits enfants ».Les bergers sont sans doute les premiers à saisir que cet enfant a un lien unique avec Dieu. Cet enfant dans la crèche leur fait comprendre que Dieu n’est pas ce guerrier vengeur qui va reconquérir leur terre par la force, en montrant sa toute-puissance mais un Dieu respectueux des plus faibles et encourageant la liberté de toutes ses créatures. Du coup, ils ne liront plus les événements humains en terme de récompenses ou de punitions divines. Ils le savent maintenant, Dieu prend soin intérieurement de l’homme, de tous les hommes. Contrairement à ce qu’ils croyaient précédemment, Il ne protège pas le juste de toute épreuve, Il ne punit pas le pécheur pour ses fautes en lui envoyant des épreuves. Il est un Dieu qui parle dans la profondeur du cœur de l’homme mais qui reste silencieux dans le brouhaha de la ville, un Dieu qui se fait humble et qui refuse d’exercer sa puissance pour ne pas contraindre les hommes à croire en Lui. Le Fils de Dieu naît dans une crèche, caché, et se manifeste à des gens simples.
Prière
Seigneur, tu es l’origine et le Père de nous tous, de moi-même. Comme pour les bergers, par chaque homme et chaque femme, tu te laisses trouver de manière imprévue. Où que nous allions, tu es déjà là qui nous attend. Tout ce qui vit reçoit de toi sa croissance. Ton action est étrange, inexprimable, profondément cachée en chacun de nous, comme un levain, une semence de lumière au cœur de la nuit. Aide-nous à reconnaître dans toute l’humanité, ton Fils Jésus, ta parole faite chair, ta gloire. Paix sur la terre pour ceux qui t’aiment.
Jean-Claude SIMON