Menu Fermer

Evangile du mois

Janvier-Février 2024: Évangile du dimanche 4 février (5ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (1,29-39)

En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André. Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade. Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait.
Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était.
Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. » Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. »
Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.

Méditation

Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies…

À la lecture de ce passage de l’Évangile, je me prends à rêver… Je voudrais tant que tu sois là, Seigneur ! Si Tu pouvais à nouveau, comme jadis, sillonner les rues de nos villes et villages, entrer dans les chaumières et pratiquer tes guérisons par milliers ! Si Tu le voulais, ne pourrais-tu revenir, guérir toutes les maladies, soulager toutes les souffrances… ? C’est d’ailleurs la réflexion de beaucoup : si Dieu existe vraiment, pourquoi permet-il tout cela, pourquoi ne revient-il pas et ne met-il pas fin, une fois pour toutes, aux maux et malheurs ?

Nous venons de fêter Noël, fête de l’Incarnation du Dieu d’Amour dans la chair de l’Humanité, et tu continues à attendre de lui un comportement de dieu antique ou de contes de fées… ? Allons, arrête de rêver ma fille, redescends les pieds sur Terre ! Cette capacité à soulager les souffrances, ne la cherche pas dans les nuages, Dieu l’a déposée en toi et en toutes les personnes dont le cœur sait se laisser toucher !

Et me revient ce passage du livre des Actes des Apôtres : « Gens de Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? » (Actes 1, v.11)

Dans l’évangile de Marc, après avois opéré un nombre impressionnant de guérisons en tous genres, Jésus convoque ses disciples et les envoie deux par deux expulser les démons et guérir les maladies. Aujourd’hui, nous qui sommes ses disciples, il nous envoie à notre tour et nous donne, aujourd’hui comme hier, mission de soulager du mieux que nous pouvons les souffrances de nos frères en humanité.

Seigneur, merci de me rappeler que Tu n’as pas de baguette magique, mais que Tu vis en nous, et que Tu as besoin de nos mains pour agir. Alors, trêve de rêveries et n’attendons plus, ouvrons nos yeux, nos oreilles et surtout nos cœurs pour discerner les besoins autour de nous, puis retroussons nos manches, et comme disait sœur Emmanuelle : Yalla !

Annick Sauvage.

Novembre-Décembre 2023: Évangile du dimanche 3 décembre (1er de l’Avent)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (13,33-37)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Prenez garde, restez éveillés : car vous ne savez pas quand ce sera le moment. C’est comme un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et demandé au portier de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin ; s’il arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »

Réflexion

Ce sont les évangélistes Marc, Luc et Mathieu qui reprennent ce message adressé par le Christ à ses disciples réunis. Quand le Christ parlait à ses disciples de son retour à la fin des temps, il les prévenait comme il nous prévient encore aujourd’hui : « vous ne savez pas quand viendra le moment ! ». Cette ignorance, cette incertitude, paraît une condition « sine qua non » pour une bonne préparation à la venue du Seigneur. Nous ne savons pas quand il vient et il peut nous surprendre à tout moment et là où on ne s’y attendait pas. Dans la liturgie des quatre dimanches qui précèdent la Noël, l’Eglise veut nous aider à nous tenir « éveillés » pour vivre l’essentiel : fêter la naissance du Christ mais aussi à nous préparer au retour définitif du Christ à la fin des temps. Ainsi donc pour nous croyants, c’est une véritable chance qui s’offre à nous. Durant la période de l’Avent nous sommes invités à faire sauter en nous toutes les barrières de la routine, nous libérer, ouvrir notre cœur … pour accueillir Celui qui ne cesse de venir.

Cette réflexion m’amène à une autre : suis-je capable d’attendre, dans ma vie, dans un monde constamment pressé, l’arrivée de Quelqu’un qui m’appelle à l’essentiel. Marc ne m’invite pas à regarder le ciel mais à intégrer une posture « d’éveillé » au cœur de ma liberté intérieure, là où Dieu m’appelle. Chacun d’entre nous, je pense, connait ces heures de
grâce où retentit une parole de Dieu nous provoquant à des choix dont dépend notre destinée. Suis-je prêt à attendre et entendre l’heure de la visite du Seigneur dans ma vie faite de rendez-vous manqués ou réussis avec le Christ. Heure de grâce, oui sans doute, mais aussi parfois heure de crise, car il faut séparer la paille et le grain, savoir brûler ce qui est destiné à brûler et engranger ce qui est destiné à me nourrir. À des moments de doute ou encore de réels désespoirs pour ce que j’avais à vivre, je sais aujourd’hui que le Christ était là mais je ne pouvais pas, ne voulais pas le reconnaitre. C’est pour moi la grande originalité du message évangélique que d’être invité à croire que, dans la condition humaine la plus noire, la plus abandonnée, le Christ est à nos côtés. Mieux, ce sont ces événements qui deviennent lieux privilégiés de la rencontre de Dieu et de l’homme.

Jésus n’y échappe pas lorsque, cloué sur la croix, il crie : « Père pourquoi m’as-tu abandonné » pour se reprendre après : « je me remets entre tes mains ». Ce sont dans ces événements, éprouvant la « mort » de Dieu dans nos existences que se révèle la proximité divine totalement inattendue, non comme une réalité étrangère à nos vies mais comme une force de « résurrection ». Il y a dans la révélation de Dieu au monde, un aspect proprement déroutant, tragique même, qui ne tient pas seulement du refus de l’homme à se tenir « éveillé » mais aussi dans l’omniprésence de Dieu.

Aujourd’hui, je découvre qu’espérer le retour de Dieu, rêver d’une Eglise sainte et vraie n’est pas suffisant mais qu’il me faut croire à la présence de Dieu au cœur de chacun. Cette croyance est faite de gratitude : « merci mon Dieu de ta présence à mes côtés, quoi que je fasse ». Il ne s’agit pas seulement de produire de l’espérance mais bien de ressentir des résultats déjà produits. Jésus avait cette clarté : avant chaque miracle, Il remerciait son Père « à l’avance » de ce qu’Il allait produire. Il était si « certain » de sa relation avec son Père, que toutes ses pensées, paroles et actions reflétaient sa conscience de Dieu au cœur de chaque femme et chaque homme, hier, aujourd’hui et demain.

Prière

Seigneur Dieu, en ce début de l’Avent, viens réveiller notre cœur alourdi, secouer notre désert spirituel.
Donne-nous d’écouter à nouveau les murmures de ton Esprit qui en nous prie, veille, nous donne sans cesse rendez-vous.
Ravive notre patience, notre attente, la vigilance active de notre foi afin de nous engager partout où la vie est bafouée, l’amour piétiné, l’espérance menacée, la femme ou l’homme méprisé.
Seigneur, Dieu, en ce temps de l’Avent, fais de nous des veilleurs de l’ici et maintenant, préparant et hâtant l’avènement de ton Royaume, celui du règne de l’Amour

Jean-Claude SIMON

Septembre-Octobre 2023: Évangile du dimanche 10 septembre (23ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Mathieu (18,15-20)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples: «Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain. Amen, je vous le dis: tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux».

Méditation

S’il t’écoute, tu as gagné ton frère…

Dans la vie, on peut gagner beaucoup de choses: de l’argent, des compétitions sportives ou autres, un prix de beauté, le gros lot à la loterie, gagner au jeu…
Certains pensent même qu’on peut gagner une guerre…

Un jeu bien connu de la Loterie Nationale, le Win for life, attire de nombreuses personnes car le gain qu’il propose en gros lot est une certaine somme d’argent mensuelle acquise, comme son nom l’indique, ‘pour la vie’.

Ces mots: ‘pour la vie’, peuvent se comprendre de deux façons. Dans le cas du jeu Win for life, le gagnant du gros lot reçoit une certaine somme d’argent mensuellement jusqu’à la fin de ses jours. Les mots pour la vie sont donc à comprendre comme un indicateur de durée, qui prendra fin à notre mort.

Mais dans ce passage de l’Évangile comme dans beaucoup d’autres, le gain que Jésus nous propose est un Win for life d’un genre différent, un gain ‘pour la Vie’ où ces mots n’évoquent pas une notion de durée, mais de qualité. Où Vie s’écrit avec une majuscule, où ‘pour’ ne signifie pas ‘pendant’ mais ‘en vue de’, où le gain n’est pas possession mais engagement.

En effet, gagner mon frère ne veut pas dire le posséder, mais faire tout mon possible, m’engager à fond pour rétablir la relation fraternelle rompue, en ne me décourageant pas au premier ni même au deuxième échec, mais en persévérant encore et encore, et Jésus nous donne ici de sages conseils pour que cette démarche ait les meilleures chances d’aboutir.

Car l’enjeu est de taille, et Jésus nous le précise clairement: «tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel».

Jésus nous invite à ne pas laisser nos relations fraternelles se décomposer à cause de questions terrestres qui n’ont qu’un temps, et d’avoir à cœur de chercher toujours à rétablir les liens rompus, car les choses de la terre ne durent pas, seules nos relations sont éternelles.

Qu’est-ce que je souhaite pour ma Vie? Du vide ou de la plénitude?

Annick Sauvage.

Juillet-Août 2023: Évangile du dimanche 2 juillet (13ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Mathieu (10,37-42)

En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera. Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste. Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. »

Réflexion
En relisant ce passage de l’Évangile, on ne peut qu’être heurté par les propos de Jésus. Il semble remettre en cause les relations parents-enfants et, par là-même, l’importance de la famille. Pour ceux qui me connaissent un peu, ils savent que je suis issu d’une famille nombreuse et que j’ai eu moi-même trois enfants et huit petits-enfants qui sont pour moi de véritables trésors. Ma famille a été élevée par mes parents en véritable institution à nos yeux. Maman, jusqu’à son dernier jour, veillait sur nous comme une lionne sur ses lionceaux. Nous ne pouvions pas ne pas nous aimer et il nous fallait parfois passer sous silence les quelques écarts de points de vue égrainant notre existence. Il nous fallait vivre ensemble, fêter la vie, jouer la musique, s’attacher aux mêmes aspirations. Alors quand le Christ nous dit qu’aimer son père et sa mère plus que Lui n’est pas digne de Lui… ça me laisse pantois.

C’est mon ami, Pierre Chapelier, prêtre, qui m’avait rassuré : le Christ ne nous demande pas de ne pas aimer nos parents, ni aux parents de ne pas aimer leurs enfants, bien au contraire. Et il en voulait pour preuve l’attitude de Jésus faite de respect envers Marie et Joseph. Dans Mathieu, il souligne l’importance de la sollicitude des parents pour leurs enfants quand Jésus demande : « qui de vous, quand son fils lui demande du pain, lui remettra une pierre ? Ou s’il demande un poisson, lui remettra un serpent ? ». Cet ami m’a fait comprendre qu’il s’agit d’aimer le Christ autant qu’un membre de sa famille. Nous connaissons tous l’émouvante parabole de l’enfant prodigue où le Christ évoque l’affection d’un père envers son fils pour décrire l’amour de Dieu envers les hommes. Tous les jours, il monte sur la montagne, scrute l’horizon et attend le fils. Il sait qu’il reviendra. C’est Jésus encore qui nous invite à appeler Dieu, son père, Abba, qui pourrait se traduire par « petit papa chéri ». Par toute sa vie, il a témoigné en faveur de l’amour familial. À son dernier souffle, c’est à l’apôtre Jean, au cœur aimant et délicat, qu’il confie sa mère afin que celui-ci l’entoure de sa tendresse et de sa protection.

C’est un autre ami, Alain Fournier (pas l’écrivain mais le conseiller au Fonds Monétaire International) qui nous mettait en garde face à certaines dérives de notre monde actuel : « méfions-nous, le monde repose sur quatre piliers; un de ceux-ci est la famille et « les méchants », marchands de bonheur éphémère, tentent de le saper pour gagner en « coudées libres ». À vrai dire, c’est chaque jour que nous sommes sollicités à nous préférer, préférer nos aises, nos plaisirs, nos distances parce que la famille, tout en étant un espace d’amour pour beaucoup d’entre nous, est aussi exigeante en bienveillance, en respect, en partage, en aide réciproque… Il n’est pas étonnant que certaines de nos
organisations, nos sociétés de musique… soient désignées comme une « grande famille » lorsqu’on veut expliciter l’entente et la cordialité y régnant.

Le dimanche consacré à la solennité de la Sainte Trinité, on a entendu que déjà au temps de l’Exode, le Seigneur se révèle comme un père tendre, miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité. Tandis que Saint Paul nous demandait d’être d’accord entre nous, de nous encourager et de vivre en paix. En s’incarnant, le Fils de Dieu s’est vraiment fait l’un de nous, à travers ses paroles, son visage… s’est choisi une famille.

Prière
Seigneur Dieu, source de tout amour, nous plaçons devant toi nos familles, éprouvées ou heureuses, avec leurs beautés et leurs blessures.
Apprends-nous à nous garder les uns les autres dans l’amour, à avoir soin de chacun, spécialement des enfants, des personnes âgées, de celles qui sont plus fragiles et qui souvent sont dans la périphérie de notre cœur.
Accorde-nous, Seigneur Dieu, de rendre devant le monde le témoignage d’une vie ordinaire assumée et portée dans l’amour. Donne-nous de mettre toute notre expérience familiale sous le sceau de l’Évangile, pour manifester que vraiment, tel que Dieu nous l’a montré, l’amour est indéfectible et perpétuel comme son alliance.
Car c’est ainsi que nous serons dignes de toi.

Jean-Claude SIMON

Mai-Juin 2023: Évangile du dimanche 11 juin (Fête du Saint-Sacrement)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (6,51-58)

En ce temps-là, Jésus disait aux foules des Juifs : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »

Méditation

« Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson »

Comme maman et comme infirmière, je sais l’importance de se nourrir correctement, pour bien grandir et rester en bonne santé. Mais je sais aussi que si une alimentation saine et équilibrée participe bien à la croissance et la bonne santé de nos corps biologiques, elle ne suffit pas à nourrir toutes les dimensions des humains que nous sommes. C’est ce que Jésus explique ici à ses disciples, comme il l’avait déjà répondu au tentateur qui, au début de sa vie publique, lui proposait de changer des pierres en pain : « l’Homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »

La veille, malgré la très petite quantité de ressources alimentaires disponibles sur place, la foule nombreuse venue l’écouter avait été amplement rassasiée – peut-être justement parce qu’elle était en attente d’une nourriture qui ne soit pas seulement matérielle ?

Jésus a consacré toute sa vie à montrer aux hommes de quel Amour inconditionnel ils sont aimés de Dieu, et pour ce faire il ne s’est pas contenté de belles paroles, il s’est ‘mouillé’ tout entier, et aux pharisiens opposant la Loi à l’Amour, il fait comprendre clairement qu’il ‘ne mange pas de ce pain-là’. Allant jusqu’au bout de son chemin d’Amour, n’y renonçant jamais, même quand la croix s’est présentée comme inévitable, il a continué à se donner de tout son être par amour pour nous, il nous a véritablement et en toute liberté offert sa vie.

Cette Parole qui sort de la bouche de Dieu et qui nous est offerte en nourriture, c’est Jésus lui-même, ce ne sont pas seulement des mots mais c’est sa Vie même, symbolisée par son corps et son sang présents dans l’Eucharistie sous les signes du pain et du vin, reçus dans la foi après nous être laissé nourrir par la liturgie de la Parole.

Seigneur Jésus, comme notre corps biologique est matériellement construit par notre alimentation, notre corps spirituel, tout ce qui fait de nous des Humains avec un grand H, est construit par ce dont nous le nourrissons. Comme des millions de chrétiens, je te reconnais et te choisis comme vraie nourriture pour ma Vie et je fais miens les mots de l’apôtre Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la Vie éternelle » Aide-moi, forte de cette nourriture, à mettre chaque jour mes pas dans les tiens, à vivre de Ta Vie.

Annick Sauvage

Mars-Avril 2023: Évangile du dimanche 26 mars (5ème de Carême)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (11, 3-7;17;20-27;33b-45)

En ce temps-là, Marthe et Marie,  les deux sœurs de Lazare, envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. » En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait. Puis, après cela, il dit aux disciples : « Revenons en Judée. » À son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ;  quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. » Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé, et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Seigneur, viens, et vois. » Alors Jésus se mit à pleurer. Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! » Mais certains d’entre eux dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là. » Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. » Après cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. » Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.

Réflexion
En introduction au récit de la Passion, Jean nous fournit un texte extrêmement intéressant, riche en échanges et en précisions surprenantes. Longtemps, je me suis questionné sur l’attitude de Jésus : lui qu’on nous dit si empathique, semble banaliser la mort probable de son ami Lazare. Il temporise et attend avant de se mettre en route. Il sait que la puissance glorieuse du Père ne brille nulle part mieux que dans la nuit de la mort, au moment où le silence de Dieu se fait scandaleux. Ce silence n’est pas seulement le sommet de la Révélation de Jésus mais le lieu où se donne à entendre toute la Révélation. Son attitude, Marthe lui reprochera : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ». Marie, quant à elle, reste assise à la maison, elle ne va pas à sa rencontre comme le veut la tradition d’accueil. Jésus pleura. « Je suis la Résurrection et la Vie : celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ». Peu à peu, je prends conscience que l’attitude de Jésus à l’égard des sœurs de Lazare et des juifs qui les entourent est avant tout pédagogique. Il profite de la mort de son ami pour éveiller, approfondir leur foi et, par la même, la nôtre. Jean établit un parallèle évident entre la résurrection de Lazare et celle du Christ. La mort et la résurrection de Lazare introduisent une meilleure compréhension du mystère. Par l’intervention de Jésus, Lazare « reçoit », dans son tombeau, le don de la vie éternelle. Voilà qu’à ces hommes et à ces femmes, il révèle et apporte une dimension divine totalement inattendue, non comme une réalité étrangère à leur vie, mais comme une force de résurrection qui est « dans » leur vie. Aujourd’hui, nous parlerions de résilience, toute proportion gardée. Dieu, en venant sur terre par son fils Jésus, a voulu nous révéler son « mystère ». L’homme n’aurait pu le découvrir par lui-même. Il était bien trop à imaginer des dieux violents, combatifs et revanchards. Dieu nous a révélé qu’il est Père, Fils et Esprit et que ces trois entités ne font qu’Un par et pour l’Amour. Qu’il soit Dieu, fils de Dieu ou homme « révélé », le commandement d’amour que le Christ nous a laissé nous « dépasse ». Quand on nous frappe la joue gauche, qu’on présente la joue droite, quelle folie ! L’incarnation, la mort honteuse de Jésus, ne sont aussi qu’une folie. C’est déjà saint Paul qui, en toute franchise, ose nous dire que le christianisme est un scandale pour les Juifs et une folie pour les Grecs. L’homme livré à lui-même sans la révélation du Christ n’aurait jamais soupçonné que sa grandeur et son bonheur étaient dans l’amour et le partage. Jésus est donc le premier messager de cette nouvelle « identité » de Dieu. Cette identité n’existait pas jusque-là et nous est donnée par Jésus. Elle est présente dans le déroulement de l’épisode de la mort de Lazare. Une identité inespérée qui ne s’adosse pas à la Loi mais qui s’offre à tous sous le signe d’une absolue gratuité. Cette démarche culmine dans la mort de Jésus : rejeté par son peuple tant aimé, exclu de l’Alliance, assimilé aux impies, il accepte de mourir de la mort des maudits par fidélité à sa mission de révéler la grandeur de Dieu. Je referme l’évangile de Jean. La grandeur de l’homme et son bonheur seraient donc dans l’amour et le partage… Bon nombre de philosophes de notre époque ne disent rien d’autre lorsqu’ils enseignent comment mener une vie bonne, heureuse, en harmonie avec soi-même et avec les autres. Exister est un fait, vivre est un art. Tout le chemin de la vie, c’est passer de l’ignorance à la révélation, de la peur à l’amour, de la vie à la vie éternelle.

Prière
À quoi cela sert-il, Seigneur, que nous soyons divisés et violents ?
Ne peux-tu pas venir à notre secours, nous guérir, Toi qui as sauvé Lazare, notre frère, de l’emprise de la mort ?
Nous te prions, avec lui et avec ses sœurs, de « réveiller » notre intégrité, notre glorieux honneur.
Donne à ce monde un visage nouveau, revêts-nous de ta Lumière et de ton Esprit Saint, fais-nous comprendre que nous avons à passer de la vie à la vie éternelle.

Jean-Claude Simon

Janvier-Février 2023: Évangile du dimanche 1er janvier (Fête de Sainte Marie Mère de Dieu)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (2, 16-21)

En ce temps-là, les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé. Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.

Méditation

J’imagine la scène à notre époque. Le message des anges sitôt reçu, les bergers, sans même prendre la peine de se rendre à Bethléem, se hâtent de diffuser l’événement sur les réseaux sociaux. Et chacun y va de son commentaire : « Pauvre fille, accoucher dans une étable… » « Bah, ils doivent déjà s’estimer heureux d’avoir trouvé un abri, ce sont des étrangers… » « J’ai entendu dire que le mari ne serait pas le père de l’enfant… »

De commentaire en commentaire, la nouvelle, qui se propage comme une traînée de poudre, est jaugée, amplifiée, jugée, déformée. Par des gens qui n’ont pas été en contact avec l’ange, ne connaissent pas les parents ni leur vécu, et n’ont jamais vu le nouveau-né. Les jeunes parents publieront peut-être quelques photos de l’enfant, et gèreront tant bien que mal les nombreux commentaires. Et chacun, tout occupé à commenter, critiquer, argumenter, défendre, en oubliera peut-être de s’émerveiller devant l’inouï et l’éternelle nouveauté du surgissement de la Vie, et d’une vie qui ne demande qu’à Aimer…

Marie, elle, retient tous ces événements et les médite dans son cœur. Comme elle l’a fait au temps de l’Annonciation par l’ange Gabriel. Comme elle le fera 12 ans plus tard, lors de la ‘fugue’ de Jésus au Temple de Jérusalem. Comme elle le fera sans doute tout au long de sa vie. Et c’est forte de cette intériorisation, faite de confiance et toute tournée vers Dieu, qu’elle pourra accompagner son fils jusqu’au bout de son chemin, rester debout au pied de la croix, puis continuer avec les apôtres à annoncer aux hommes la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu présent au milieu d’eux.

Marie, que nous fêtons en ce 1er jour de l’an. Marie, première disciple, Mère du Christ et Mère de l’Église, nous est offerte en modèle.

Marie, en cette période propice aux bonnes résolutions, je désire me mettre à ton école. En famille, au boulot, en paroisse ou ailleurs, plutôt que de réagir au quart de tour, de façon épidermique et souvent mal ajustée, aide-moi, à ton exemple, à méditer les informations (après les avoir vérifiées) et les événements dans mon cœur et à la lumière des Écritures, en les confiant au Seigneur dans la prière, afin d’être autant que possible artisane de paix et d’unité, plutôt que source ou cultivatrice de discordes.

Annick SAUVAGE

Novembre-Décembre 2022: Évangile du dimanche 18 décembre (4ème d’Avent)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (1, 18-24)

Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ». Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.

Réflexion

Réjouis-toi, fille de Sion, le Seigneur est en toi, et ce en vaillant Sauveur. À nous aussi il est proposé d’accueillir en plein chamboulement du XXIème siècle, cette petite fille d’Israël comme un don de Dieu pour nous. À son époque, qui n’était peut-être pas plus glorieuse qu’aujourd’hui, Marie a cru et elle nous propose d’entrer dans la confiance, pour que nous puissions, avec elle, accueillir Jésus dans notre vie. C’est entrer là encore dans le secret d’amour du cœur du Père. Le Père a tellement aimé le monde qu’Il lui a donné son Fils unique. En accueillant Jésus, nous entrons dans l’alliance surprenante de Dieu et des hommes. Dans l’histoire du peuple d’Israël telle que la raconte la Bible, Dieu prend l’initiative de plusieurs alliances avec l‘humanité. Par l’intermédiaire de Noé, d’Abraham, de Jacob, de Moïse, Dieu offre aux hommes de dire « oui » à la vie. Avec Jésus, Dieu renouvelle son Alliance qui devient, cette fois, définitive. L’arrivée de Jésus sur terre c’est le grand retour à la Vérité à laquelle chacun de nous, parfois inconsciemment aspire. C’est le sentiment d’amour parfait inclus dans cette nouvelle alliance. Cette alliance ne nous  met pas à l’abri, pas plus qu’elle nous libère de cette oscillation purement terrestre entre bonheur et malheur. Pourtant à y regarder de plus près nous pourrions découvrir sa véritable source. Mais pouvons-nous nous complaire dans tous les plaisirs du monde comme la publicité nous y invite et capter en même temps la source suprême de la Vérité ? En réalité, nous devons voir le monde tel qu’il est, voir Dieu en toutes choses, sous toutes les formes et sous tous les noms. Il n’existe pas un pouce de terre, nous dit Jésus, où Dieu ne soit pas. La seule chose que nous ayons à faire pour découvrir l’alliance est d’ouvrir les yeux et de le voir dans le bien, mais aussi dans le mal, dans le bonheur mais aussi dans le malheur, dans la joie, dans la tristesse et même dans la mort. Dieu c’est la vie et la vie nous révèle l’amour parfait de Dieu. L’amour parfait c’est ce que le blanc parfait est à la couleur. Nous croyons parfois que le blanc est l’absence de couleur. Il n’en est rien. Le blanc c’est l’inclusion de toutes les couleurs. Il en va de même avec la Vie. Mais mon âme ne veut pas seulement savoir cette alliance de Dieu avec les hommes, elle veut en faire l’expérience. Chaque année, le temps de l’Avent est une merveilleuse occasion de questionnement et de renouveau dans ce qui me relie à Dieu. Dans sa grande sagesse, la liturgie nous invite chaque année à faire l’expérience d’une période d’attente patiente. L’Avent pourrait être un entraînement grandeur nature pour prendre soin du temps qui passe, vivre « ici et maintenant », accueillir et se montrer disponible au monde. Nous sommes invités à ce que le paysan-philosophe Pierre Rahbi appelle de nos jours la « sobriété heureuse ». Toutes les sagesses du monde nous le rappellent : le présent est le seul moment où l’on peut agir, il est le seul moment créatif. C’est aussi dans « l’ici et maintenant » que nous pouvons vraiment jouir de la vie, c’est-à-dire de la vraie joie révélée le matin de Pâques. Il s’agit dès lors d’apaiser, de calmer les sensations et les émotions perturbantes vécues ces derniers mois : dérèglement climatique, guerre en Ukraine, crise socio-économique, crise de foi, …Il s’agit de se réjouir de l’arrivée « d’un enfant » en pleine obscurité. Le choix du 25 décembre n’est pas un hasard. De tout temps, la nuit du 24 décembre représente la fin d’une époque, la fin du monde des ténèbres. Suit le 25 décembre, qui marque la renaissance à la vie. C’est Edouard Schure qui écrit : « l’âme est une lumière voilée. Quand on la néglige, elle s’obscurcit et s’éteint, mais quand on y verse l’huile sainte de l’Amour infini, elle s’allume comme une lampe immortelle ». Alors à toutes et à tous un bon temps d’attente et déjà un bon accueil de la joie de Noël.

Prière
Seigneur Dieu, c’est Ton œuvre et ta promesse dans Ta sainte alliance :
l’amour vaincra et hommes et femmes feront communion.
Nous Te prions, puisse le respect avec lequel Ton fils Jésus-Christ
a aimé son époque et ses semblables se refléter en nous.
Que nous soyons homme ou femme, jeune ou vieux, ami ou inconnu,
unissons-nous, dans Ton Esprit, devenons heureux et croyons
que Tu es la source de l’amour infini, l’amour et la vie, notre Dieu et notre Père.

Jean-Claude Simon

Septembre-Octobre 2022: Évangile du dimanche 4 septembre (23ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (14, 25-33)

En ce temps-là, de grandes foules faisaient route avec Jésus; il se retourna et leur dit : «Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple.
Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout? Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever, tous ceux qui le verront vont se moquer de lui: ‘Voilà un homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever !’
Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille? S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander les conditions de paix.
Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »

Méditation

Alors que les foules le suivent en masse, séduites par son charisme, Jésus pointe dans ce passage de l’Évangile deux éléments importants qui me parlent particulièrement : la nécessité du renoncement et le devoir de s’asseoir.

Alors que le réchauffement climatique et ses conséquences dramatiques pour la planète et tous ses habitants font toujours davantage la Une de l’actualité, il m’apparaît de plus en plus urgent de mettre en pratique ces deux recommandations afin de tenter, si faire encore se peut, de ‘renverser la vapeur’, ou du moins de limiter au mieux les dégâts.
S’il semble évident et communément admis depuis plusieurs décennies que cela passe par une réduction drastique de notre fameuse empreinte carbone, et donc par une modification radicale de nos modes de vie et habitudes de consommation, force est de constater que globalement, le monde continue à fonctionner comme si de rien n’était, moi la première…

Et il faut reconnaître que la problématique n’est pas simple: si la consommation baisse fortement sans contrepartie, l’économie risque de s’écrouler, générant d’autres drames humains – les récentes crises, sanitaire et autres, nous en ont donné un aperçu –, et c’est ici que le devoir de s’asseoir, de prendre le temps de réfléchir à la façon de procéder pour faire au mieux – ou au moins pire…, prend toute son importance.

En ce temps de ‘rentrée’ propice aux bonnes résolutions et aux petits ou grands changements, puissions-nous, à titre personnel et dans nos milieux familiaux, professionnels,  paroissial, de loisir…, avoir à cœur de prendre au sérieux ces conseils de sagesse que nous donne Jésus et que relaie le pape François dans son encyclique ‘Laudato Si’.

Seigneur,
tout en désirant ardemment contribuer de mon mieux à l’immense défi que représente la sauvegarde – le sauvetage – de notre maison commune, je me sens bien petite et bien impuissante, et ma détermination est souvent bien fragile…
Puisses-tu inspirer nos dirigeants afin qu’ils adoptent les politiques les plus adéquates, et aide-moi, à mon petit niveau, à réfléchir à ce que je peux faire, et à avoir le courage de mes résolutions.

Annick Sauvage

Juillet-Août 2022: Évangile du dimanche 3 juillet (14ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (10, 1-12; 17-20)

En ce temps-là, parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore 72, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre.
Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. Mais dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison.’ S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert ; car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté. Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur : ‘Le règne de Dieu s’est approché de vous.’ » Mais dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis, allez sur les places et dites : ‘Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous l’enlevons pour vous la laisser. Toutefois, sachez-le : le règne de Dieu s’est approché.’ Je vous le déclare : au dernier jour, Sodome sera mieux traitée que cette ville. »
Les 72 disciples revinrent tout joyeux, en disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. »
Jésus leur dit : « Je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair. Voici que je vous ai donné le pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et sur toute la puissance de l’Ennemi :
absolument rien ne pourra vous nuire. Toutefois, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »

Méditation

Tandis que j’écris cette réflexion, nombreux sommes-nous à penser vacances et à préparer nos valises. Depuis plusieurs semaines, le but est fixé et déjà nous sentons la douce caresse du soleil. Ces vacances, nous les avons bien méritées, n’est-ce pas, et pas grand-chose pourrait nous en détourner.  Et voilà que l’évangile de ce premier dimanche des grandes vacances nous invite à un tout autre programme. C’est le Christ lui-même qui nous interpelle: «savez-vous que les ouvriers sont peu nombreux. Alors allez, partez, je vous envoie, vous êtes mobilisés pour annoncer ma Bonne Nouvelle ».

Une fois de plus, nos préoccupations du moment semblent être en contradiction ou en tout cas fort éloignées de l’appel qui nous est lancé.

Je me souviens qu’au catéchisme, il nous était demandé de prier pour les vocations. Naïvement lorsque je lisais ce passage de l’évangile de Luc, j’étais persuadé que lorsque Jésus parlait d’un manque d’ouvriers, il évoquait l’absence de prêtres.  Et Dieu sait si en ce XXIème siècle la question est d’une actualité saisissante. Mais à y regarder de plus près, il me semble que nous avons à prendre au sérieux cette injonction, non pas seulement pour les autres, mais pour nous-mêmes. Voilà qui complique un peu les choses. Je rêvais d’une vie religieuse bourgeoise, sans heurts, sans ennemis, sans tribulations mais Jésus nous prévient: la religion est vie et la vie est un combat. Les loups existent, ils résistent, proposent d’autres alternatives, ils refusent d’accepter que l’amour soit vainqueur. Ces loups-là se terrent dans l’égoïsme de l’orgueil, le chacun pour soi. Un autre passage de l’évangile de Luc éclaire les béatitudes par la même opposition: «Bienheureux les pauvres, les doux, les humbles, les purs … ! Malheur aux riches, aux révoltés, aux orgueilleux, aux sensuels … ! »

Revenons à l’évangile: Curieusement Jésus nous propose de commencer par prier. C’est sans doute dans la prière que nous comprendrons que c’est possible de nous mettre en route à sa suite et être témoin de la victoire de son amour. Mais Jésus nous avertit que l’épreuve ne nous sera pas épargnée. Oui, le serviteur n’est pas naïf, il est conscient du mal qui est dans le monde. Les merveilles de l’ordre global qui règne dans la nature ne l’empêchent pas d’y voir aussi les désordres qui l’abîment: les millions d’êtres humains qui meurent de faim, des catastrophes collectives de plus en plus nombreuses, des guerres qui éclatent même sur notre propre continent, des non-respects de l’environnement jusqu’à dans notre commune, la pandémie, les maladies, la mort… Le drame, c’est que la souffrance puisse nous faire douter de Dieu.  «Prie puis mets-toi en route là où tu es, avec les moyens qui sont les tiens car la moisson à faire est grande et il y a peu, si peu, d’ouvriers ».

Mais alors une autre question se pose à nous : jusqu’à quel point, avons-nous le désir de la moisson, à savoir le salut des hommes dans l’amour infini ? Jusqu’à quel point sommes-nous prêts à nous engager, devenir des serviteurs en l’Église ?

Comme Jean Sulivan, je rêve d’une Église nomade, plus proche, imprévisible. Moins de gens à se croire propriétaires mais davantage serviteurs sans étendard. Une Église en mouvance, certes une mais en mille morceaux, forte de ses faiblesses. Elle vit sur les routes et dans l’herbe qui se dresse, dans le chant d’un oiseau, sous l’aile d’une colombe. Elle a une tête solide mais guérie de ses représentations. L’hérésie s’élimine d’elle-même, comme les arbres morts des forêts. Une Église qui a cassé ses chaînes, elle crée, invente. Elle n’a pas trop besoin de savoir ce qui viendra après. Une Église qui invite : prie puis pars ! 

Prière

Seigneur Jésus, tu nous dis en route, ne nous laisse pas suivre de mauvais chemins mais que l’Esprit Saint ait de l’emprise sur nous.
Qu’Il nous conduise sur des chemins de paix et que ta parole guide les ouvriers de la moisson.
Donne-nous assez d’humilité pour vivre ta Bonne Nouvelle et assez de curiosité pour trouver ton Royaume.
Soutiens-nous donc, donne-nous la force de ne pas nous détourner de toi quand tu viens à notre rencontre.
Libère-nous de nos tentations.
Nous le savons, tu veux, par notre intermédiaire, donner un souffle nouveau à ce monde, tu veux allumer un feu d’amour en chaque femme et en chaque homme.
Tu nous convoques pour être ton Église et nous t’en remercions avec les paroles que tu as toi-même semées en nous.
Puissions-nous, conduits par l’Esprit, chercher la vérité, respecter ta parole et trouver ce qu’il y a d’ouvrier en nous.

Jean-Claude Simon

Mai-Juin 2022: Évangile du dimanche 22 mai (6ème de Pâques)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (14, 23-29)

« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :

« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez. »

Méditation

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix »

En ces temps troublés où la guerre sévit à nos portes, comme en d’autres circonstances pénibles vécues, ces paroles de Jésus proclamées lors de chaque célébration de l’Eucharistie, peuvent être difficiles à entendre car la paix nous semble alors si loin, et il peut nous sembler illusoire de prononcer à notre tour: «la paix du Christ soit avec toi »
Pourtant Jésus le précise bien, il ne nous donne pas la paix à la manière du monde. La paix qu’il donne ne dépend pas du contexte, des circonstances, et heureusement, car ce genre de paix est fragile.
La paix qu’il donne, comme il le dit dans le début de ce passage, est intérieure à nous-mêmes. Elle se nourrit de la méditation quotidienne de la Parole de Dieu, et vient de la promesse qu’il nous fait de demeurer en nous, de ne jamais nous abandonner en nous envoyant l’Esprit Saint qui ‘nous enseignera tout et nous fera souvenir de tout ce qu’Il nous a dit’
Ces mots peuvent sembler énigmatiques. Pourtant, à plusieurs reprises lors de situations difficiles, le simple fait de me mettre en prière a fait resurgir en moi telle ou telle parole de l’écriture racontant d’invraisemblables faits du passé, dont je me demandais jusque-là en quoi elle pourrait bien me concerner, et qui tout à coup paraissait ’faite sur mesure’ pour la situation vécue, et semblait éclairer mon chemin.
En ces moments j’ai vraiment eu conscience d’expérimenter la réalisation concrète de cette promesse que Dieu me fait de demeurer en moi, et l’assurance de cette Présence m’a procuré une paix profonde malgré les difficultés qui bien évidemment n’avaient pas disparu comme par enchantement.

Seigneur, merci pour Ta Parole de Vie, merci pour Ta Présence en moi, merci pour la Paix que Tu me donnes et que Tu n’as de cesse de me renouveler chaque fois que je T’invoque.
Afin de pouvoir bénéficier de cette Paix, aide-moi à rester fidèle et assidue à la méditation de Ta Parole, à la prière et aux Sacrements, en particulier l’Eucharistie.

Annick Sauvage

Mars-Avril 2022: Évangile du dimanche 6 mars (1er de Carême)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (4, 1-13)

En ce temps-là, après son baptême, Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim. Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. » Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre. Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. » Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations,
le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.

Réflexion

À l’occasion de mon soixantième anniversaire, ma famille et mes amis m’offrirent une semaine de traversée dans le désert du Sinaï. Je n’ai pas eu faim mais ce fut, pour moi, une expérience riche et singulière. Ce fut une semaine de solitude qui a créé en moi le désir d’être ce que j’étais, avec mes défauts et mes peurs, avec mes joies et mes qualités. J’ai appris à rechercher l’essentiel et à me méfier de tout le superflu dans ma vie. Avec un groupe restreint, accompagnés de Bédouins, nous avons marché une semaine durant, nous arrêtant seulement pour manger et dormir à la belle étoile. Le désert du Sinaï est un lieu sacré, berceau et rencontre des trois religions monothéistes. Mes pas ont touché le sable foulé jadis par tant d’hommes et de femmes à la recherche d’une terre promise qui est pourtant à l’intérieur de nous-mêmes.
Quand Jésus entame cette démarche, je l’imagine dans le même état d’esprit: «qui suis-je?». Issu d’un milieu modeste, ce jeune homme exerce avec son père le métier de charpentier. Mais voilà qu’il se sent poussé par sa mission et, après son baptême
par Jean, son cousin, il entame un parcours initiatique sur lui-même et sur ce qu’il a à accomplir. Le récit de la tentation, placé au début des évangiles synoptiques, éclaire un aspect crucial de la vie de Jésus. Tout au long de celle-ci, il sera soumis, tant de la part de ses détracteurs que de ses disciples, à une tentation continuelle: «si tu es le messie, donne-nous des signes». Ses disciples, les premiers, l’ont continuellement mis à l’épreuve par leur désir d’un messianisme terrestre et politique, visible et palpable. N’ira-t-il pas dire à Pierre qui tente de le distraire de sa vocation: «arrière Satan!». Et Judas, n’est-ce pas pour le mettre à l’épreuve, qu’il se fait complice de son arrestation ?
Jésus se retire dans le désert. Le désert est conçu comme le lieu idéal de la rencontre de l’homme avec son Dieu. Les tentations évoquées par Luc indiquent les choix que Jésus aura à faire tout au long de sa mission: refuser le pouvoir, la vantardise, l’orgueil, … jusqu’à en mourir.
Oui, dans le désert Jésus redécouvre la Parole, le doux murmure de ce Dieu qu’il va appeler «Père» et nous inviter à faire de même. Il va y découvrir et se forger une vraie liberté qui va changer la sombre nuit de toutes les tentations en un avenir d’espérance, en une bonne nouvelle pour toute l’humanité.
Ce n’est pas par hasard si l’Église a choisi cet évangile pour nous introduire dans le parcours de carême. Nous sommes invités à nous laisser toucher par la grâce de Dieu et emboiter les pas du Seigneur. Nos chemins à tous, compte tenu de notre âge, culture, sensibilité, tentations, … seront multiples. L’essentiel, comme le dit la chanson, c’est qu’ils nous conduisent à Celui qui a dit: «Je suis le chemin, la vérité et la vie».
Mon désir de réaliser quelque chose durant ce carême est sans doute sincère. Et pourtant je sais que, malgré ce désir-là, le tentateur (et il prend de multiples visages) se servira de tout, ambiance extérieure, penchants intimes et bien d’autres … pour me faire préférer la grandeur illusoire d’une vie confortable, non engagée à la grandeur réelle et profonde d’une période de dépassement à laquelle nous sommes tous invités.

Prière

Seigneur Dieu, tu n’es pas celui qui nous attend au virage,
pour nous faire perdre pied, nous tenter, aggraver nos angoisses.
Tu n’as été et tu ne seras jamais un Dieu qui punit, qui humilie,
mais une Présence aimante, un encouragement, un réconfort.
Afin que nous ne tombions pas en tentation,
et que nous ne soyons pas attirés par de mauvais choix,
tu es là à nos côtés, à cheminer avec nous.
Notre chemin de vie est parfois obscur et nous nous sentons perdus
quand les épreuves brouillent les pistes qui conduisent à toi.
La pandémie que nous subissons n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Ta Parole vient nous éclairer et nous redonne des forces pour traverser
ce qui nous semblait encore impossible.
Tu déplaces les montagnes de nos appréhensions.
Comme au désert, nous avons besoin d’eau vive pour continuer à marcher, à tenir bon,
à ne pas dériver vers les mirages qui nous assaillent de partout.
Que ce temps de carême nous libère de toutes nos servitudes
et dessine pour nous l’horizon de ton Royaume !

Jean-Claude SIMON

Janvier-Février 2022: Évangile du dimanche 2 janvier (Épiphanie du Seigneur)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (2, 1-12)

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui.» En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ. Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète: Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. »
Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui.» Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents: de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

Méditation

Le mois dernier, avec l’entrée dans le temps de l’Avent commençait dans notre vallée comme pour les chrétiens du monde entier la période de préparation à la fête de Noël. Achats des cadeaux, montage du sapin et de la crèche, décoration de la maison, composition des menus, organisation du réveillon et du jour de Noël, réservations chez le traiteur, envoi des cartes de vœux et préparation spirituelle, chacun, qu’il soit chrétien pratiquant ou plus ou moins éloigné de l’Église avait à cœur de préparer au mieux cette belle fête, d’en faire une réussite qui viendrait apporter lumière, paix et joie dans ce décembre bien gris…

Au même moment s’ouvrait à GLONS le centre d’accueil Fedasil pour réfugiés, déclenchant dans la population et chez les responsables communaux un tollé de réactions très souvent basées sur la crainte et faites de rejet – ‘le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui’

«Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent: ‘Où est-il?’ »
Certes, les personnes hébergées ne sont sans doute pour la plupart pas des ‘mages’, mais beaucoup viennent d’orient et même de régions que Jésus et ses disciples ont arpentées il y a tout juste deux mille ans. Alors que nous venons de fêter la venue de l’enfant de la crèche, le trouveront-ils chez nous? Peuvent-ils espérer rencontrer en nous croisant dans les rues des regards de bienveillance et ‘se réjouir d’une très grande joie’ en recevant nos gestes et mots d’accueil, ou devront-ils ‘rentrer chez eux par un autre chemin’, s’exposant à de périlleuses tribulations ne menant qu’à la désolation ? Il est de notre responsabilité à tous de leur permettre, entrant dans la maison, de voir l’enfant.

Alors l’Épiphanie que nous fêtons aujourd’hui à grands renforts de galettes, fèves et couronnes sera pour eux une réalité concrète faite de repas chauds, de locaux confortables et, surtout, de fraternité.

Et si nous osons ce pas, nous les découvrirons capables de nous offrir leurs présents : l’or de leur culture, l’encens de leur simplicité et de leur gratitude, la myrrhe de leur humaine chaleur.

Annick Sauvage

Novembre-Décembre 2021: Évangile du dimanche 21 novembre (Christ-Roi)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (18, 33b-37)

En ce temps-là, Pilate appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? » Pilate répondit : « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? » Jésus déclara : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. » Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »

Réflexion

L’Évangile pour la solennité du Christ-Roi, dernier dimanche avant l’Avent, est tiré de la passion selon Saint Jean. On observe un va-et-vient de Pilate entre la cour extérieure où se tient la foule et le palais intérieur où se déroule vraiment le procès. Jésus et Pilate se trouvent en tête à tête pour l’interrogatoire. Cette intimité est renforcée par le tutoiement. Pilate pose une question directe: «es-tu le roi des juifs?» Comme à son l’habitude, Jésus répond par une autre question: «est-ce de toi-même que tu dis cela?» Jésus vérifie ainsi la
source d’information de Pilate mais surtout le renvoie à lui-même: «est-ce que c’est toi (!) qui dis cela?». Pour moi, c’est là le moment le plus important du procès: «est-ce que tu as intégré que le royaume que je viens instaurer dans le monde ne peut pas être de ce monde?».
Je crois que le Christ a surtout initié une nouvelle voie spirituelle fondée sur la rencontre avec soi-même et transmis un enseignement éthique à portée universelle. Il attend de nous la non-violence, l’égale dignité de tous les êtres humains, la justice et le partage, la primauté de l’individu sur le groupe, la liberté de choix, la séparation du politique et du religieux, la vérité, l’amour du prochain allant jusqu’au pardon et à l’amour de ses ennemis. À travers toute l’histoire de l’humanité et aux quatre coins du globe, un nombre incalculable d’hommes et de femmes ont péri ou se sont mis en danger pour rester fidèles à la vérité et à cette éthique. Tout le paradoxe serait que cette éthique, véritable sagesse et art de vivre à portée universelle n’est pas (ne saurait pas être ?) de ce monde. Elle va néanmoins insuffler une nouvelle manière de penser le monde, de penser l’homme, de penser Dieu aussi. Car pour Jésus, Dieu est Amour et l’amour est indispensable et même supérieur à la foi. Il a révélé pour le monde que «quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu», point final ou
plutôt point de commencement pour une ère nouvelle, initiée par Jésus.
Jésus, Roi de l’Univers. Un roi à «réinventer» à chaque épisode de notre vie, de La vie. Ce qui est nouveau, comme le disait si bien Jean SULIVAN, c’est l’intrépidité nécessaire aux chrétiens que nous sommes, le souci de viser la transparence, l’ardeur à créer et à changer pour recréer afin de mieux adhérer à la dimension éternelle et universelle de la Parole. Chrétiens du monde entier, plus dispersés que jamais, moins préoccupés de faire l’histoire que d’y être humblement, s’empêchant de se refermer sur eux-mêmes, restant présents au
message du Christ qui les meut, fêtons notre ROI. Expulsés de nombreux territoires qu’eux-mêmes avaient aménagés, conviés à l’exode spontané, plus concentrés sur la Bonne Nouvelle, les chrétiens du monde entier laissent mieux apparaître un sens évangélique, de nouveau plus créateur, plus apte à germer dans tous les territoires, sans idée de nouvelles colonisations. Régulièrement nous percevons des mouvements d’amour universel, parfois certes déchirés entre deux mondes, empêtrés, d’apparences solitaires mais, oh combien, plus profonds, plus prophètes, persécutés ou non.

Prière

Seigneur Jésus, Roi de l’Univers, tu nous appelles aujourd’hui à collaborer avec toi à ton Royaume de vérité, de justice et de paix.
En ce jour où nous célébrons ta royauté à travers les âges, rappelle-nous que tu comptes aujourd’hui encore sur notre témoignage, pour consoler les souffrants, pardonner le mal, pour aimer ceux qui sont seuls et partager avec ceux qui n’ont rien.
Face aux «grands» de ce monde, que la pratique de la bienveillance soit l’orientation de nos vies et de nos relations.
Que ton Esprit Saint nous soutienne, Seigneur, qu’il nous rende sensibles à ta présence et acteurs de ton Royaume, témoins d’Evangile, semences de vie nouvelles et éternelles dont
notre monde a tant besoin.

Jean-Claude SIMON

Septembre-Octobre 2021: Évangile du dimanche 3 octobre (27ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (10, 2-16)

En ce temps-là, des pharisiens abordèrent Jésus et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient: «Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme?» Jésus leur répondit: «Que vous a prescrit Moïse?» Ils lui dirent: «Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation.» Jésus répliqua: «C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle. Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas!» De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question. Il leur déclara: «Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle. Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre, elle devient adultère.»

Des gens présentaient à Jésus des enfants pour qu’il pose la main sur eux; mais les disciples les écartèrent vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit: «Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis: celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas.» Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.

Méditation

Il y a plusieurs manières possibles de lire les textes bibliques, et ce passage de l’Évangile selon Marc en est une illustration. Si je le lis comme on lit une encyclopédie, j’y trouve dans le premier paragraphe des recommandations sur le mariage, et dans le second une apologie de l’innocence enfantine. Pendant longtemps je me suis contentée de ce type de lecture, ‘livresque’, qui réduit les Évangiles et toute la Bible à un livre de sagesse et un code de morale souvent difficile à appliquer et parfois un peu ennuyeux…

Et si en effet les textes bibliques contiennent de nombreuses prescriptions sur ce qu’il est bon – ou pas – de faire dans les différents aspects pratiques de la vie, n’oublions pas, quand nous les lisons, de toujours les resituer dans le contexte historique, géographique et social dans lequel ils ont été écrits – condition indispensable pour pouvoir les interpréter – et éventuellement les actualiser – correctement.

Mais je veux regarder plus loin, et entendre le Souffle du Ressuscité m’interpeller, me mettre à l’écoute de ce qu’il veut me dire à moi, ici et maintenant.

Ce n’est peut-être pas un hasard si ces deux passages qui n’ont apparemment pas de lien – les discussions sur le mariage et l’épisode des enfants – sont juxtaposés dans l’évangile, et si la liturgie nous les propose ensemble dans la version ‘longue’ de la lecture de ce dimanche.

Alors qu’ils n’interviennent apparemment pas quand les pharisiens tentent de mettre Jésus à l’épreuve au sujet d’un point sensible de la loi juive, les disciples écartent vivement ceux qui lui présentent des enfants. Et Jésus se fâche, leur rappelant que le Royaume de Dieu appartient à ceux qui ressemblent aux petits enfants qui vivent à fond l’instant présent, ne calculent pas, sont capables d’émerveillement et font naturellement confiance aux personnes qui les entourent.

Seigneur, toi qui si souvent t’attristes du peu de foi de tes disciples et restes émerveillé devant la foi des gens simples, tu nous rappelles que c’est cette confiance qui fait vivre, et qui rend la vie belle. Aide-moi à garder comme toi solidement ancrée au cœur la confiance d’un enfant envers son Père.

Annick Sauvage.

Juillet-Août 2021: Évangile du dimanche 4 juillet (14ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (6, 1-6)

En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine,  et ses disciples le suivirent. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet.
Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. Et il s’étonna de leur manque de foi. Alors, Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

Méditation

«Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison» ou encore «nul n’est prophète en son pays». Ces expressions sont issues de trois évangiles (Luc, Marc et Matthieu). Jésus revient dans sa ville d’origine, Nazareth. C’est sans doute la première fois que Jésus prend la parole chez lui, sur sa terre natale et devant les siens. De nombreux auditeurs sont frappés d’étonnement et se demandent d’où vient cette sagesse affichée. Tout le monde semble incrédule en se souvenant de lui: n’était-il pas un simple charpentier? Après qu’il eut lu un passage d’Isaïe, Jésus déclara: “Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre.”  Aujourd’hui, avec la crise que nous traversons, le terme “aujourd’hui” m’apparait sous un jour nouveau.  L’Écriture s’accomplit toujours aujourd’hui. Le verbe aimer, le seul commandement de Jésus, ne se conjugue pas au passé ou au futur. Il est pour ici et maintenant. On en revient au sens du mot “évangile” qui, faut-il se le rappeler, signifie “bonne nouvelle”.  Bonne nouvelle, c’est aujourd’hui que s’accomplit cette parole.

Aujourd’hui encore, je veux croire que Jésus nous invite à «vivre en étant ancré dans la réalité présente» et à accepter cette réalité de manière véritable, grâce notamment à une absence d’illusion ou de jugement négatif. C’est notre mental, animé trop souvent par notre ego, qui nous pousse constamment à quitter l’instant présent pour nous renvoyer au passé et au futur ou encore à nous projeter en d’autres lieux. Ainsi par exemple, nous imaginons le paradis terrestre d’avant ou celui qu’on atteindra au jugement dernier, comme certains de nos contemporains pensent à leurs vacances. Nous analysons en permanence ce qui a eu lieu, nous nous projetons dans ce qui va se passer, nous tentons de tout analyser, le but étant toujours de contrôler la situation et par là même de nous protéger.

La religion, l’existence même de Dieu, la véracité des mots utilisés, … n’échappent pas à notre contrôle.  Plus précisément, notre inconscient est fait d’instincts de survie et de domination, il exprime nos besoins (physiologiques, de reconnaissance…), il se nourrit de nos peurs, de nos souffrances et de nos angoisses.  Autant de sentiments et d’émotions qui nous empêchent d’être là en conscience et au présent. Ils nous enferment dans un mécanisme difficile à maîtriser: notre liberté est étouffée, nous vivons dans la peur, l’imagination, l’illusion et les croyances, nous perdons le contact avec la seule réalité possible, qui n’est pas celle du passé révolu ou du futur qui n’existe pas, mais bien celle du présent. L’objectif de la démarche que Jésus nous propose serait donc d’opérer un recentrage en tentant de retrouver cette réalité, en rétablissant le contact avec la vérité présente, avec l’ici et maintenant.

Ici et maintenant” est une fenêtre ouverte sur le réel. Épurés de toute illusion, libérés de toutes nos peurs, nous pouvons enfin observer le monde tel qu’il est.  Ceci ouvre la voie à la contemplation et à l’émerveillement. L’émerveillement est capacité à comprendre la nature ultime des hommes et des choses. Cela consiste à porter un regard positif sur le monde, mais aussi sur soi-même. Le “moi” s’efface pour laisser place à l’être universel que nous portons en nous, prêt à fusionner avec l’essence-même de l’univers.

La seule réalité se trouve dans le présent, dans l’ici et maintenant. Là se situent non seulement le libre-arbitre de l’homme, mais aussi son pouvoir créateur. Nous sommes capables, à tout moment, de modifier notre destinée et de créer, à partir de notre propre conscience, une réalité différente.

Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’amassent rien dans des greniers et votre Père céleste les nourrit.

«Aujourd’hui» est une porte ouverte sur l’éternité.  Jésus nous invite à nous sentir vivre, en connexion spirituelle avec le Tout qu’il appelle Abba.

Prière

Seigneur Dieu,
À tout être humain, prisonnier de lui-même, tu donnes ta parole libératrice.
Tu nous as appelés à être libres, à devenir des femmes et des hommes reflétant l’image et l’esprit de Jésus, ton Fils.
Nous t’en prions : donne-nous la force qui l’a fait affronter les sarcasmes de son pays, sa parenté et sa maison, donne-nous l’espace qu’il a ouvert, rends-nous réceptifs et libres.
Nous vivrons alors avec toi, ici et maintenant, dans ce monde dans lequel tu nous as fait naître, te remerciant de nous permettre de vivre aujourd’hui et demain comme hier et chaque jour de ta grâce, connaissant tantôt la peine et tantôt la joie.

Jean-Claude Simon

Mai-Juin 2021: Évangile du dimanche 13 juin (11ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (4, 26-34)

En ce temps-là, parlant à la foule, Jésus disait : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé. »

Il disait encore : « À quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole pouvons-nous le représenter ? Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences. Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. »

Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre. Il ne leur disait rien sans parabole, mais il expliquait tout à ses disciples en particulier.

Méditation

Ces deux petites paraboles qui suivent la célèbre parabole du semeur, pourraient faire penser qu’il n’y a pas grand-chose à faire pour qu’advienne le règne de Dieu : quoi qu’on fasse, la semence germe et grandit, alors pourquoi se fatiguer ? Et pourtant elles nous rappellent aussi notre mission de Chrétiens : comme la Parole de Vie fut semée en nous, nous sommes appelés à notre tour à la semer autour de nous pour qu’elle se répande de proche en proche, dans notre famille, notre entourage, au boulot… Sans doute, c’est Dieu qui sème au départ et fait pousser, mais Il compte sur nous pour répandre les semences que nous avons-nous-mêmes reçues, qui nous ont été transmises par nos prédécesseurs dans la foi.

Parfois on pourrait être tenté de baisser les bras devant le peu d’intérêt que nos paroles semblent susciter dans notre entourage. Pourtant comme tout parent, il m’arrive de constater, chez mes enfants devenus grands ou mes petits-enfants, les fruits de paroles prononcées ou de moments vécus ensemble bien avant. Sur le moment même, on ne se doute pas que telle conversation, tel conseil semblant tomber à plat, telle parole anodine, ou même simplement ces instants de rires francs ou de connivence, de jeux joués à deux ou en joyeuse bande, de temps passé ensemble, ressurgiront beaucoup plus tard. Et nous réalisons alors que toutes ces petites choses du quotidien qui nous semblaient insignifiantes et recevoir peu d’échos, sont au contraire porteuses de beaucoup de sens, qu’elles sont gravées solidement au plus profond, et peuvent porter, même bien plus tard, même quand on ne s’y attendait plus, de très beaux fruits. Cette expérience que nous faisons en tant que parents ou éducateurs, est valable aussi dans notre vie et notre mission de chrétiens.

Alors, ayons à cœur de semer largement des graines d’Amour, même si nous n’avons pas l’impression que ça serve à quelque chose, et faisons confiance : l’Esprit Saint, qui souffle où Il veut, saura bien combiner toutes ces graines, faire se rencontrer et interagir toutes ces paroles, tous ces petits gestes, pour en faire germer de beaux bouquets !

Annick Sauvage

Mars-Avril 2021: Évangile du dimanche 7 mars (3ème de Carême)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (2, 13-25)

Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem. Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : L’amour de ta maison fera mon tourment. Des Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? » Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite. Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait. Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme.

Méditation

Autant l’avouer tout de go, voilà un passage d’évangile qui ne manque pas de nous surprendre. Jésus en colère, saccageant tout sur son passage et on l’imagine donner de la voix lorsqu’il s’écrie : «enlevez tout cela d’ici!». Comme les chefs juifs de l’époque, nous pourrions à notre tour nous insurger: «quel signe peux-tu faire pour nous prouver que tu as le droit d’agir ainsi?». Ses disciples eux-mêmes sont sans doute très surpris de cette violence inattendue du maître au point que ce passage est un des rares de ceux relayés de manière pratiquement identique dans les quatre évangiles. L’enjeu devait être et est encore aujourd’hui de taille.

Le temple était l’orgueil du peuple juif mais surtout considéré comme le lieu privilégié de la rencontre des hommes avec Dieu. La présence des marchands et des changeurs d’argent apparaissait comme logique et nécessaire. Ses parents, Marie  et Joseph, avaient eux-mêmes acheté deux petites colombes lors de sa présentation au temple. Alors pourquoi tant d’acharnement contre eux ?

Certes il y avait bien eu certains prophètes qui n’y allaient pas de main morte pour dénoncer, déjà avant lui, les pratiques du temple. Déjà ils mettaient en exergue l’incohérence entre ce qu’on célébrait dans les temples et ce que, homme et femme pratiquaient dans la vie quotidienne. Parmi ceux-ci, Jérémie: «À vos yeux, est-ce une caverne de voleurs, ce temple qui porte mon nom?» ou encore Isaïe: «Je suis rassasié de vos holocaustes de béliers et de la graisse des veaux. N’apportez plus vos offrandes inutiles. C’est pour moi une fumée insupportable. Recherchez plutôt le droit et la justice». Mais le doux Jésus, non ce n’est pas possible !

C’est en lisant Frédéric Lenoir, prophète de notre temps, que j’ai compris le message de Jésus pour son époque mais aussi pour la nôtre. En chassant les marchands du temple, Jésus est beaucoup plus complexe que ce qu’en a rendu, pendant des siècles, l’imagerie pieuse. Cet homme, qui sait se faire bon et tendre la main aux exclus, est capable d’être cinglant tout en se montrant d’un humanisme extrême. Il veut ouvrir des horizons nouveaux. De son temps, il suffisait d’aller au temple, acheter quelques présents, les offrir en sacrifices et on avait rencontré Dieu.  Marchands de bestiaux et changeurs sont révolus, ils sont dépassés, pour Jésus! Un nouveau culte arrive. Le “culte en esprit et en vérité” se célèbrera au nouveau temple. Le nouveau temple, c’est moi, dit Jésus.  «Détruisez ce temple, et moi, en trois jours, je le rebâtirai». Dans ce temple des marchands, Jésus voit une réminiscence du passé. Par sa venue, il inaugure un nouveau regard porté sur l’homme avec une profondeur universelle qui posera les bases du christianisme fondées sur sa seule personne. Dorénavant le chrétien ne se reconnaitra plus seulement à son observance de la loi et de la tradition. Il se reconnaitra surtout par son amour pour Dieu et pour son prochain. Ce qui compte c’est d’écouter sa parole et la mettre en pratique. Aimer Dieu et son prochain, un précepte déjà au cœur de la loi juive, mais Jésus s’emploie à le renouveler en lui donnant tout son sens et surtout en le débarrassant de l’hypocrisie et du légalisme. Par ses paroles et par ses actes, Jésus devient le modèle de tout chrétien qui se respecte. Marcher sur ses pas consiste donc à tenter de le suivre sur le chemin d’amour qu’il a montré. Jésus ouvre un horizon à partir duquel l’être humain peut se penser, non plus en termes de pratiques et de dépendances mais de liberté et de dignité. La nouvelle proximité de Dieu n’est plus dans les offrandes et les sacrifices, elle est dans ce qui fait grandir la conscience de l’homme et de la femme. J’ose ce jeu de mots: la colère momentanée de Jésus devant tant d’incompréhension révèle la force révolutionnaire de son message.

Et moi, comme beaucoup de chrétiens d’aujourd’hui, je m’interroge sur la baisse de la pratique religieuse et pourtant à la lecture de ce passage de l’évangile, je ne peux pas faire l’économie d’une triple interrogation :

N’ai-je pas trop souvent enfermé Dieu dans une partie étroite de mon existence, de mon précieux temps, dans l’église de mon village?

–  Suis-je capable de rencontrer Dieu en plein cœur de mes projets, de mes engagements, de mes justes combats, de mes saines colères, … dans la rencontre avec des connus et des inconnus que Dieu met sur ma route?

– Une église dressée et accueillante au sein du village rappelle-t-elle suffisamment, fréquentée ou non, notre filiation à un Dieu d’amour et notre volonté d’une relation durable ?

Prière

Donne à mes yeux de savoir se fermer pour mieux te retrouver de l’intérieur;
que jamais ils ne se détournent du monde parce qu’ils en ont peur.
Donne à mon regard d’être assez profond pour reconnaitre ta maison dans le monde,
assez de courage pour chasser marchands et vendeurs
trop omniprésents par les temps qui courent
et fais que jamais mes yeux ne se ferment
sur la misère des femmes et des hommes que je côtoie.

Jean-Claude Simon

Janvier-Février 2021: Évangile du dimanche 3 janvier (Épiphanie du Seigneur)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (2, 1-12)

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent: «Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui.» En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ. Ils lui répondirent : «À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète: Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. »

Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant: «Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui.» Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents: de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

Méditation

Ce texte, nous l’entendons chaque année, il fait partie des ‘madeleines de Proust’ de notre enfance: jolie histoire de mages venus d’Orient apporter des cadeaux à l’Enfant Dieu, et occasion dans les familles de se réunir pour déguster de délicieuses galettes des rois. Mais au-delà de ces images bucoliques, mesurons-nous l’important message qu’il nous adresse dans l’aujourd’hui de nos vies ?

Il parle de grands déplacements et bouleversements: les mages, d’abord, personnages assez mystérieux mais que la Tradition présente comme de grands sages, viennent se prosterner devant  un nouveau-né et effectuent pour cela un long et probablement pénible voyage. Hérode ensuite, et tout Jérusalem avec lui, sont bouleversés par cette annonce qui dérange leur vie bien rodée et met à mal leur vision du Messie tant attendu. Et n’oublions pas les jeunes parents, qui ont dû faire face à la venue d’un nouveau-né – événement en soi bouleversant – de façon pour le moins inattendue et interpellante, et ont dû eux aussi effectuer un déplacement important avant de pouvoir l’accueillir.

Les événements que nous avons vécus tout au long de l’année achevée ont eux aussi apporté de grands déplacements et bouleversements dans chacune de nos vies, de différentes manières et intensités, et nous sommes peut-être, ‘grâce’ à eux, plus que jamais en mesure de comprendre, en profondeur le message contenu dans ce passage des Écritures, car nous l’avons en quelque sorte connu, au sens biblique du terme, c’est-à-dire éprouvé jusque dans l’intime de notre chair.

Après avoir su abandonner leur position confortable de sages pour contempler le Tout Petit de la crèche, les mages sont invités à retourner chez eux par un autre chemin. Les jeunes parents eux aussi seront appelés à faire un long détour en territoire inconnu et peut-être hostile avant de pouvoir regagner leur village. Et nous? Allons-nous accepter les grands déplacements auxquels nous appellent les bouleversements vécus récemment? De notre réponse dépendra la suite de notre chemin, puisse l’Esprit de Noël nous guider sur la route.

Annick Sauvage

Novembre-Décembre 2020: Évangile du dimanche 1er novembre (Toussaint)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (5, 1-12)

En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »

Méditation

Comme tous les 1ers novembre, nous célébrerons dans nos paroisses la fête de tous les saints et nous y associerons tous nos défunts car nous savons qu’ils goûtent au repos éternel. Ce 1er novembre, l’Église nous propose de lire une des plus belles pages de l’évangile et j’en ai fait un véritable hymne à la liberté.
On raconte que lorsque Gandhi, qui n’était pas chrétien mais le guide spirituel du peuple hindou, eut connaissance des béatitudes, il s’écria: «Merveilleux! je veux en imprégner toute ma vie». Il avait saisi que les béatitudes conduisent à la vraie liberté. Que la vraie humilité est la vraie grandeur de l’homme et que la souffrance accueillie nous rapproche de Dieu. La vie de Dieu, les cieux, … ne sont pas ailleurs, ils sont en nous et le verbe «est» au présent dans le récit veut nous signifier que c’est ici et maintenant, si nous le voulons.
Que de fois je me suis demandé s’il m’était possible de m’afficher chrétien et de récolter peutêtre toutes sortes de quolibets que les membres de l’Église peuvent aujourd’hui entendre. J’avais appris qu’être chrétien c’était être obéissant, adhérant à un «Jésus officiel et obligatoire». L’oubli de soi qui se masque sous le voile de la fidélité ne
serait-il pas que démission et paresse, se contentant de sa messe dominicale. Aujourd’hui, je veux entendre ces béatitudes comme paroles jetées dans un risque incessant, comme Jésus se livra à tous les risques. Je veux que le discours sur la montagne ne soit pas figé mais évangile d’aujourd’hui, une parole intérieure qui se dit à
toute femme et à tout homme de bonne volonté, véritables artisans de paix, appelés fils de Dieu. Je pense qu’il est inutile de ressasser les béatitudes si les mots ne sont pas «ressuscités», si la joie n’est pas «papillons» à l’intérieur de nous.
Voici le sens probable des béatitudes: soyonslibres à l’intérieur. Et Jésus d’ajouter: «ils seront consolés, … rassasiés, … ils verront Dieu …». À travers les béatitudes, Jésus annonce et propose avant tout la transformation de l’esprit et du cœur pour ici-maintenant. À chaque époque, et celle que nous vivons actuellement n’est pas facile, à
chaque époque donc, nous sommes invités à redonner vie au discours. Ce n’est pas la
souffrance mais ce que l’on en fait qui grandit l’homme. L’expérience de la joie et de la liberté, une vie ancrée dans un chemin spirituel, voilà l’invitation que le Christ nous adresse encore aujourd’hui.
Maman aimait répéter: «Liberté, liberté chérie». Pour pouvoir être soutenu dans la durée, notre quête de liberté doit être alliée à l’enthousiasme et receler une part de joie qui naît du sens donné à l’effort: «bienheureux». Mais rappelons-nous, la douceur envers soi n’est pas seulement un baume, mais un tonifiant qui encourage la persévérance et qui nous aide à sortir la tête de l’eau: heureux les doux. Car il ne faut surtout pas que notre sentiment de liberté, forcément incomplète et fragile, nous dissuade de travailler inlassablement sur nous-mêmes. Parfois, en regardant notre vie, nous avons des montées d’inquiétudes: sommes-nous vraiment libres? Nous le savons, cette liberté n’est jamais complète et évoquer le travail sur soi, ne doit pas nous détourner d’un engagement pour un monde plus juste, plus équitable, plus généreux: notre récompense sera grande dans les cieux.

Prière

Seigneur Dieu, à tout homme prisonnier de lui-même, tu donnes ta parole libératrice. Tu nous as appelés à être libres, à devenir des femmes et des hommes reflétant l’image et
l’esprit de ton fils Jésus.
Nous t’en prions: donne-nous l’espace qu’il a ouvert, donne-nous la force qui l’a fait vivre, rends-nous réceptifs et libres, véritables enfants de Toi.
Nous te remercions pour ce que nous vivons ici et en ce moment, connaissant des peines et connaissant des joies. Nous te prions pour que ni l’époque ni l’avenir ne nous séparent de JésusChrist, lui qui nous a dit «heureux ceux qui ont faim et soif de justice car ils seront rassasiés».

Jean-Claude SIMON

Septembre-Octobre 2020: Évangile du dimanche 4 octobre (27ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (21, 33-44)

En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple: «Écoutez cette parabole: Un homme était propriétaire d’un domaine; il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage. Quand arriva le temps des fruits, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de sa vigne. Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième. De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs plus nombreux que les premiers; mais on les traita de la même façon. Finalement, il leur envoya son fils, en se disant: ‘Ils respecteront mon fils.’ Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux: ‘Voici l’héritier: venez ! tuons-le, nous aurons son héritage!’ Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons? » On lui répond: «Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu.» Jésus leur dit: «N’avez-vous jamais lu dans les Écritures: La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle: c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux! Aussi, je vous le dis: Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. »

Méditation

Une fois encore et comme souvent, à la première lecture de ce récit, je suis restée
un peu perplexe: bien sûr, je comprends la déception, la tristesse et même la colère de
l’homme de la parabole, qui non seulement est gravement lésé au niveau matériel, mais surtout dont le fils innocent a été brutalement assassiné. D’ailleurs, les grands prêtres et les anciens du peuple juif le comprennent bien aussi, qui prononcent une sentence digne du dommage subi. Mais c’est la dernière phrase de Jésus qui m’interpelait: le Dieu de Miséricorde que Jésus annonce refuserait-il vraiment d’offrir son Royaume d’Amour à une partie de ses enfants, parce que ceux-ci ne portent
pas les fruits qu’il en attend… ? Où est la miséricorde alors… ?
Holà, pas si vite… Si Jésus dit bien que le Royaume de Dieu leur sera enlevé, à aucun
moment il ne dit que c’est Dieu qui le leur enlève ! Ne seraient-ce pas plutôt les hommes eux-mêmes qui s’enlèvent le Royaume en négligeant de soigner et faire fructifier en eux et autour d’eux ce trésor reçu gratuitement ? En effet, Dieu désire donner son Amour à tous ses enfants, et il le fait éternellement, il n’y a pas à en douter. Mais cet amour offert sans cesse, s’il n’est pas accueilli, s’il n’est pas vécu par ceux à
qui il est donné, comment peuvent-ils en bénéficier ? Les fruits du Royaume, c’est
l’amour vécu entre tous. Si nous ne vivons pas de cet amour, ce n’est pas Dieu qui
nous le reprend, c’est nous-mêmes qui nous en coupons, comme le fils prodigue, s’étant éloigné de son père, a tout perdu. La seule façon de ne pas perdre l’amour que Dieu nous donne, c’est de le vivre, on comprend alors mieux que Jésus dise qu’«il sera donné à une nation qui lui fera produire des fruits. »
Père, merci pour ton amour qui m’est largement offert. Pardon de parfois négliger de cultiver en moi et faire rayonner autour de moi ce don merveilleux.
Seigneur Jésus, merci de me rappeler que j’ai une responsabilité, un rôle à jouer dans la construction du Royaume.
Esprit Saint, donne-moi la volonté, le courage et la force de préférer toujours la voie de l’Amour à toutes les autres. Amen.

Annick SAUVAGE

Juillet-Août 2020: Évangile du dimanche 12 juillet (15ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (13, 1-23)

Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison, et il était assis au bord de la mer. Auprès de lui se rassemblèrent des foules si grandes qu’il monta dans une barque où il s’assit ; toute la foule se tenait sur le rivage. Il leur dit beaucoup de choses en paraboles : « Voici que le semeur sortit pour semer. Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger. D’autres sont tombés sur le sol pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre ; ils ont levé aussitôt, parce que la terre était peu profonde. Le soleil s’étant levé, ils ont brûlé et, faute de racines, ils ont séché. D’autres sont tombés dans les ronces ; les ronces ont poussé et les ont étouffés. D’autres sont tombés dans la bonne terre, et ils ont donné du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! Les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? » Il leur répondit : « À vous il est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux, mais ce n’est pas donné à ceux-là. À celui qui a, on donnera, et il sera dans l’abondance ; à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a. Si je leur parle en paraboles, c’est parce qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre. Ainsi s’accomplit pour eux la prophétie d’Isaïe : Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas. Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, – et moi, je les guérirai. Mais vous, heureux vos yeux puisqu’ils voient, et vos oreilles puisqu’elles entendent ! Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. Vous donc, écoutez ce que veut dire la parabole du semeur. Quand quelqu’un entend la parole du Royaume sans la comprendre, le Mauvais survient et s’empare de ce qui est semé dans son cœur : celui-là, c’est le terrain ensemencé au bord du chemin. Celui qui a reçu la semence sur un sol pierreux, c’est celui qui entend la Parole et la reçoit aussitôt avec joie ; mais il n’a pas de racines en lui, il est l’homme d’un moment : quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il trébuche aussitôt. Celui qui a reçu la semence dans les ronces, c’est celui qui entend la Parole ; mais le souci du monde et la séduction de la richesse étouffent la Parole, qui ne donne pas de fruit. Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la Parole et la comprend : il porte du fruit
à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. »

Méditation

Ce dimanche 12 juillet nous aurons l’occasion de réentendre la parabole du semeur
que rien ne décourage. C’est un message plein d’espérance en ces moments difficiles
que nous vivons depuis plusieurs mois à cause de cette pandémie qui frappe toujours
de plein fouet l’humanité tout entière. Cette véritable crise humanitaire aura-t-elle des
conséquences sur la fécondité de la Parole? Nul ne peut encore le prédire mais il est
probable qu’elle aura un impact sur notre pratique religieuse.
Certes il ne s’agit pas de le nier ou de fermer les yeux mais avant de claironner à tout vent que rien ne va plus dans l’Église, de crier à la débandade de beaucoup de chrétiens, entendons l’avertissement de Jésus : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende » L’espérance vient de l’intérieur, elle est l’ancre de l’âme, sûre et ferme. Elle assume les espoirs qui inspirent les nombreux engagements des hommes et des femmes de bonne volonté, aujourd’hui encore de par le monde. Ils portent des fruits en abondance. Leur espérance les protège du découragement et dilate leurs cœurs. L’élan de l’espérance les préserve de l’égoïsme et les conduit à un bonheur à partager avec, pour
certains, de l’attention et des mains qui sauvent. Pourtant et je le confesse il m’arrive régulièrement de me questionner sur l’existence même de Dieu. Je lève les yeux au ciel mais le ciel ne me répond pas. Et toujours la même question qui revient sans cesse,
incontournable : «l’Évangile a-t-il encore un sens dans la nuit de la mort et des  souffrances à travers les âges, à travers le monde, à travers cette pandémie et un Dieu qui se tait ?! »
Comme Frédéric Lenoir l’explique si bien, la foi ne consiste pas à réciter le credo et à se rendre à l’église mais à être relié au Christ, à se laisser aimer par lui et à essayer d’aimer son prochain. Je crois que Jésus n’est pas venu fonder une nouvelle religion mais instaurer une spiritualité universelle qui, sans les renier, transcende tous les rituels et tous les dogmes par l’amour. Quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. On retrouve ce principe chez saint Paul dans le magnifique hymne aux Corinthiens qu’on lit bien souvent à l’occasion des mariages : « J’aurais beau avoir la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien ». Cette Parole de Dieu reste vivante, dite, entendue, reçue. L’espérance c’est précisément dans ce désert, dans ce silence de Dieu qu’elle continue à affirmer que la promesse est déjà là et qu’elle porte des fruits.
Prière
Seigneur Dieu, tu nous as envoyé ton fils plein d’humanité et d’amour.
Il avait une parole qui libère et avait créé un espace nouveau.
Là où il vient encore, la vie n’est plus obscure ni angoissante.
Nous te prions, qu’en chacun de nous, sa parole grandisse, que nous ne soyons plus enlisés dans le désarroi ni possédés par le doute et la discorde mais remplis de foi et d’espérance, de simplicité et d’amour.

Jean-Claude SIMON

Mai-Juin 2020: Évangile du dimanche 31 mai (Pentecôte)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (20, 19-23)

C’était après la mort de Jésus; le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit: «La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau: «La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit: «Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

Méditation

Tes disciples sont confinés en un endroit clos, et ils ont peur: par la conspiration des Juifs et la main des Romains, la mort a frappé leur ami, leur tout proche, ils craignent qu’elle les fauche pareillement, eux aussi…

Comment ne pas penser en lisant ces lignes à ce que nous vivons actuellement?

Nous ne craignons ni Juifs ni Romains mais un virus invisible qui ignore les frontières et comme eux, la majorité d’entre nous restons cloîtrés pour éviter de contracter cette maladie très contagieuse et pouvant se révéler mortelle…

Et plus encore que les portes de nos maisons, avec la peur de croiser un voisin contaminant, ce sont les portes de nos relations et finalement de nos cœurs qui risqueraient de se fermer…

Mais les disciples furent rejoints au cœur même de leur angoisse de mort par la présence du Christ ressuscité, et au plus sombre de leur enfermement a surgi cette parole lumineuse: «La paix soit avec vous! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie.» Forts de l’espérance que ce souffle de Vie a levée en eux, ils font sauter les verrous de leur peur et sortent proclamer cette Bonne Nouvelle: l’Amour vécu jusqu’au bout est vainqueur sur la mort.

Partout dans le monde, malgré la peur qui souvent leur colle aux entrailles, des hommes et des femmes se donnent sans compter pour soigner, alimenter, sauver, ravitailler, informer, chercher, dépister, accompagner, soulager. Ils accomplissent presque sans y penser des actes de bravoure dont jamais ils ne se seraient crus capables.

D’innombrables initiatives de solidarité se mettent en place, des trésors d’imagination et d’ingéniosité sont déployés pour lutter contre l’épidémie, trouver du matériel, élaborer différents modèles de masques, organiser la vie en confinement, permettre aux familles de garder le contact de façon sécurisée.

Tous ces gestes de fraternité, de solidarité, de compassion, d’altruisme qui réchauffent le cœur, me permettent de continuer à espérer et à croire que l’Amour et la Vie auront le dernier mot. Ils sont pour moi révélateurs de Ta présence, ici et maintenant, et m’aident à continuer à avancer.

Merci Seigneur.

Annick SAUVAGE.

Mars-Avril 2020: Évangile du dimanche 12 avril (Pâques)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (20, 1-9)

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

Méditation

‘Il avait trop parlé, il s’était trop battu, il avait traité les gens de bien de race de vipères, il leur avait dit que leur cœur était un noir tombeau sous de belles apparences. Il s’était corrompu avec les pauvres, les pouilleux, les handicapés de la vie, … Il avait voulu interpréter la loi et la réduire à un seul commandement: AIMER. Alors ils s’étaient vengés en le faisant mourir sur une croix. Mais voilà que le 3ème jour, Marie de Magdala se rend au tombeau et celui-ci est vide. En pleine nuit, en l’absence de tout témoin, il éclate de sa pleine lumière, il est ressuscité ! «Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra, et quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais. Crois-tu cela?»
demande-t-il à Marthe tandis qu’elle se lamente sur la mort de son frère, Lazare. Ainsi donc la résurrection essentielle, capitale, c’est celle dont nous faisons personnellement l’expérience parce que nous croyons. La vie à laquelle le Christ nous ressuscite, c’est la vie éternelle. Nous découvrons qu’il existe dès à présent une vie qui pourrait durer toujours. La vie à laquelle nous sommes invités par le maître à nous éveiller est d’une telle abondance de joie et d’amour qu’on pourrait en vivre sans fin. Je pense qu’elle réunit deux aspects qui m’apparaissaient jadis comme contradictoires:
pour une telle vie, on voudrait mourir tout de suite mais on pourrait aussi en vivre toujours. En d’autres mots, nous sommes invités à découvrir deux sortes de vie: une pauvre petite vie triste, mesquine, ennuyeuse, … Nous la passons à courir après la réussite sociale, à amasser de l’argent, le plus et le plus vite possible au risque parfois de notre santé et de nos valeurs. Et une autre vie, une vie si intense et si savoureuse qu’on se sent envahi de l’envie d’aimer vraiment, malgré et peut-être parce qu’il y a tant de choses moches autour de nous, la guerre, la peur, l’insécurité. C’est de cette vie que le Christ parle, c’est elle que l’Église annonce, c’est elle que les justes d’hier et d’aujourd’hui décrivent. Quand nous y goûtons, ne fût-ce qu’un instant, alors nous nous sentons grandis mais voilà, nous sommes si fragiles parfois que, trop souvent, nous l’étouffons. «Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie» dit saint Jean. Nous sommes ressuscités parce que nous aimons nos frères. Avons-nous déjà connu de ces endroits, de ces couples, une famille, un cercle d’amis, … où l’on se sent «revivre»? Avons-nous déjà créé ou essayé de créer un tel endroit? Ces endroits où on se sent revenir à l’essentiel: un enfant à aimer, un parent à entourer, un jardin à soigner, un air à respirer? Alors oui, nous avons déjà connu la résurrection du Christ et cessons peut-être de parler seulement d’espérance en la résurrection finale afin de la rechercher ici et maintenant. Et il nous interroge, le bougre: «Crois-tu cela?» et saint Pierre de répondre: «Seigneur, à qui irions-nous, tu as les paroles de la Vie éternelle.». Longtemps j’ai interprété cette réponse comme un acte de foi, un effort de confiance mais aujourd’hui je la ressens différemment, comme si le saint homme déclarait: «personne ne nous a parlé comme tu nous parles. Grâce à toi, nous découvrons en nous une nouvelle vie que nous ne nous
connaissions pas. On n’a jamais fini, on n’est jamais las de t’entendre. Ta parole fait vivre, elle nous éclaire et nous aide à voir les choses différemment. Raconte-nous encore de tes histoires. Nous sentons que lorsque tu parles, tu nous fais vibrer, tu nous ouvres la porte de la vraie vie, tu nous fais goûter à notre propre
résurrection. »
Prière
Seigneur Jésus, sur la croix et malgré nos objections et nos rêves,
tu t’es montré impuissant et insensé.
Mais par ta résurrection, tu nous as révélé ta sagesse et le sens de notre vie éclairée.
Oui, en ce matin de Pâques, donne-nous des yeux nouveaux, redonne-nous la force de croire à la vraie vie, aujourd’hui et tous les jours de notre vie ici-bas.

Jean-Claude SIMON

Janvier-Février 2020: Évangile du dimanche 12 janvier (Baptême du Seigneur)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (3, 13-17)

Alors paraît Jésus. Il était venu de Galilée jusqu’au Jourdain auprès de Jean, pour être baptisé par lui. Jean voulait l’en empêcher et disait: «C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi! » Mais Jésus lui répondit: «Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplis-sions ainsi toute justice.» Alors Jean le laisse faire. Dès que Jésus fut baptisé, il remonta de l’eau, et voici que les cieux s’ouvrirent: il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et des cieux, une voix disait: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie. »

Méditation

«Quel est le sens de ton baptême?» C’est la question que Jean semble poser à Jésus à travers sa protestation. Il ne comprend pas. Bien plus, il considère cela comme une aberration, un non-sens. Pour nous non plus, il n’est pas toujours facile de saisir avec précision le sens du baptême, et face à ce flou, certains éprouvent de la gêne à s’affirmer chrétiens, ou hésitent à le demander pour leurs enfants.

On ne peut pas dire que la réponse de Jésus soit des plus limpides, pourtant elle suffit pour que Jean, malgré ses réticences, accepte. Il ne comprend probablement toujours pas très bien pourquoi celui qu’il reconnaît comme le Messie que le peuple attend, lui qui est sans péché, lui demande son baptême de conversion pour le pardon des péchés, mais il fait le choix de la confiance.

Et par ce baptême, ce qui était en germe éclate au grand jour. Jésus manifeste aux hommes qu’il les aime au point d’unir intimement sa vie à la leur, car il veut leur donner la sienne.

Par son baptême, Jésus rend visible aux yeux de tous, ce qui a commencé à Noël et aura son apogée à Pâques: sa plongée librement choisie jusqu’au plus profond de la condition humaine, preuve de son Amour inconditionnel et sans limites pour eux.

Cet événement inaugure une vie publique toute fidèle à la prophétie d’Isaïe entendue en 1ère lecture: Ainsi parle le Seigneur: «Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu qui a toute ma faveur. J’ai fait reposer sur lui mon esprit; aux nations, il proclamera le droit. Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, il ne fera pas entendre sa voix au-dehors. Il ne brisera pas le roseau qui fléchit, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, il proclamera le droit en vérité. Il ne faiblira pas, il ne fléchira pas, jusqu’à ce qu’il établisse le droit sur la terre, et que les îles lointaines aspirent à recevoir ses lois. Moi, le Seigneur, je t’ai appelé selon la justice; je te saisis par la main, je te façonne, je fais de toi l’alliance du peuple, la lumière des nations: tu ouvriras les yeux des aveugles, tu feras sortir les captifs de leur prison, et, de leur cachot, ceux qui habitent les ténèbres. »

Seigneur, sur ce chemin de Vie auquel tu m’invites, je désire te suivre du mieux que je peux. Ce n’est pas toujours facile, mais tu me soutiens pas à pas en murmurant constamment au plus profond de mon cœur: ‘Tu es ma fille bien-aimée, en toi j’ai mis tout mon Amour’. C’est pour moi le sens de mon baptême – merci Seigneur.

Annick SAUVAGE.

Novembre-Décembre 2019: Évangile du mercredi 25 décembre (Nuit de Noël)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc(2, 1-14)

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.
Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

Réflexion

On a déjà écrit beaucoup de choses concernant la merveilleuse fête de Noël. Cette année, intéressons-nous peut-être un peu plus à ces braves bergers dormant à la belle étoile. Le Sauveur est né, Jésus somnole dans la crèche d’une étable. Ce mystère de sagesse et d’amour, Marie et Joseph vont-ils l’ébruiter? Ce n’est pas aux notables de la ville que l’annonce sera faite mais à de pauvres bergers, faisant paître leurs troupeaux de moutons et de chèvres, en bordure du désert. Les juifs méprisaient ces nomades. Dans leur esprit, ce sont des hors-la-loi. La condition de «sans domicile fixe» les a conduits à la pauvreté matérielle, intellectuelle mais ils ont sans doute conservé la foi traditionnelle d’Israël. Déjà, dès sa naissance, Jésus inverse les conventions : «il élève les petits et comble de biens les affamés, il renvoie les riches les mains vides». «Un ange du Seigneur leur apparut et ils furent saisis d’une grande crainte». Aux bergers, l’ange apporte la bouleversante nouvelle: «un sauveur vous est né, vous le trouverez couché dans une crèche». Ce message rappelle la formule qui introduit l’évangile de Jean: «le verbe s’est fait chair». Et puis suit un appel à la foi: «en ce bébé emmailloté, adorez le Fils éternel de Dieu». Arrivés à l’étable, ils découvrirent, émerveillés, le bébé dans l’auge. C’est là un mystère de foi, déconcertant pour l’âme altière, aisément accessible au cœur simple. Par leur marche dans la nuit, les bergers déclenchent un mouvement universel que les siècles n’arrêteront pas. Depuis cet événement, et partout dans le monde, des gens simples au cœur d’enfant se pressent devant de multiples crèches célébrant en pleine nuit, l’avènement du Dieu d’amour. La foi requiert la simplicité de cœur et le calme d’un enfant, d’un pauvre berger: «si vous ne devenez semblables à de petits enfants ».Les bergers sont sans doute les premiers à saisir que cet enfant a un lien unique avec Dieu. Cet enfant dans la crèche leur fait comprendre que Dieu n’est pas ce guerrier vengeur qui va reconquérir leur terre par la force, en montrant sa toute-puissance mais un Dieu respectueux des plus faibles et encourageant la liberté de toutes ses créatures. Du coup, ils ne liront plus les événements humains en terme de récompenses ou de punitions divines. Ils le savent maintenant, Dieu prend soin intérieurement de l’homme, de tous les hommes. Contrairement à ce qu’ils croyaient précédemment, Il ne protège pas le juste de toute épreuve, Il ne punit pas le pécheur pour ses fautes en lui envoyant des épreuves. Il est un Dieu qui parle dans la profondeur du cœur de l’homme mais qui reste silencieux dans le brouhaha de la ville, un Dieu qui se fait humble et qui refuse d’exercer sa puissance pour ne pas contraindre les hommes à croire en Lui. Le Fils de Dieu naît dans une crèche, caché, et se manifeste à des gens simples.

Prière

Seigneur, tu es l’origine et le Père de nous tous, de moi-même. Comme pour les bergers, par chaque homme et chaque femme, tu te laisses trouver de manière imprévue. Où que nous allions, tu es déjà là qui nous attend. Tout ce qui vit reçoit de toi sa croissance. Ton action est étrange, inexprimable, profondément cachée en chacun de nous, comme un levain, une semence de lumière au cœur de la nuit. Aide-nous à reconnaître dans toute l’humanité, ton Fils Jésus, ta parole faite chair, ta gloire. Paix sur la terre pour ceux qui t’aiment.

Jean-Claude SIMON

Septembre-octobre 2019: Évangile du dimanche 1er septembre (22ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc(14, 1.7-14)

Un jour de sabbat, Jésus était entré dans la maison d’un chef des pharisiens pour y prendre son repas, et ces derniers l’observaient. Jésus dit une parabole aux invités lorsqu’il remarqua comment ils choisissaient les premières places, et il leur dit : « Quand quelqu’un t’invite à des noces, ne va pas t’installer à la première place, de peur qu’il ait invité un autre plus considéré que toi. Alors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendra te dire : ‘Cède-lui ta place’ ; et, à ce moment, tu iras, plein de honte, prendre la dernière place. Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : ‘Mon ami, avance plus haut’, et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui seront à la table avec toi. En effet, quiconque s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé.» Jésus disait aussi à celui qui l’avait invité : «Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins; sinon, eux aussi te rendraient l’invitation et ce serait pour toi un don en retour. Au contraire, quand tu donnes une réception, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles; heureux seras-tu, parce qu’ils n’ont rien à te donner en retour: cela te sera rendu à la résurrection des justes. »

Méditation

Drôle de conseil, en ce jour de rentrée des classes: «Ne cherche pas la première place, va t’asseoir tout au fond, au dernier rang ! » À première vue, ce texte peut faire penser à un éloge de l’abaissement et de l’humilité, voire de l’humiliation acceptée de bon cœur, et il est vrai que pendant des siècles, le Magistère, les clercs, les catéchistes… l’ont présenté comme tel. Personnellement, j’ai du mal à imaginer Dieu acteur dans ce type de scène… Je sens plutôt dans ce passage de l’Évangile – qui est Bonne Nouvelle pour tous – deux appels :

• D’abord, un appel à se recentrer sur l’essentiel: les Pharisiens de l’époque comme les Chrétiens que nous sommes ont par-fois tendance à s’intéresser au paraître plutôt qu’à l’être, et à oublier que quand on est invité à une fête, l’important n’est pas la place qu’on occupe à table (ou sur les bancs de l’église) mais de vivre la fête tous ensemble entre frères, de savourer le festin qui nous est offert et de rendre grâce pour la chance que nous avons d’y être invités. S’il est vrai qu’ici-bas l’espace est limité et qu’il faut bien qu’il y ait des places différentes, Jésus veut peut-être nous rappeler que le Père nous aime tous du même Amour et nous veut tous de la même façon tout près de Lui.

• Ensuite, un appel à retrouver, comme dans une pub célèbre, le goût des choses simples: le bonheur de recevoir un cadeau auquel on ne s’attendait pas, et le bonheur de donner gratuitement. Pouvoir donner et recevoir sans aucun calcul, quelle libération et quelle joie !

Merci Seigneur, de nous rappeler que ton Amour est le même pour tous, qu’il n’y a pas de dernier dans ton cœur mais que nous y sommes tous premiers. Aide-nous, en ce temps de la rentrée, à repartir sur des bases saines en vivant notre fraternité humaine et notre Foi sans calculs ni arrière-pensées, comme toi-même tu vis et comme tu ne cesses de nous y inviter.

Annick SAUVAGE

Juillet-Août 2019: Évangile du 15 août (Assomption de Marie)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (1, 39-56 )

En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. 

Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.

Réflexion

Comme tous les 15 août, nous célébrons dans nos paroisses, la fête de Marie, Reine, comme on chante, en son mystère de l’Assomption. Ce n’est plus guère populaire de parler de Roi et de Reine, même si en Belgique, notre couple royal joue, je le crois, un rôle exemplaire et bénéfique pour tout le pays. Alors comment faut-il comprendre cette expression ? J’ai envie de croire qu’elle est comparable même si ça fait ringard à l’expression «reine du foyer» utilisée parfois pour désigner notre maman, celle que l’on aime, qu’on respecte et qu’on a envie de fleurir. Il en va de même de Marie, mère de Jésus. La fête de l’Assomption c’est la fête de la reconnaissance, de la tendresse, de la délicatesse du Fils de Dieu, pour sa maman. Il ne pouvait faire mieux que de la prendre près de lui. Marie est ce qui arrive quand Dieu parle sans obstacle par une femme. Marie Reine, c’est aussi notre fête à nous, notre reconnaissance pour celle qui nous a donné le Fils de Dieu fait homme et, par là même, est devenue notre propre maman. Une maman qui nous aime et qui nous protège, chacun en particulier en commençant par les plus faibles. Certes, il s’agit là de sentimentalité pouvant paraître niaise, bigote ou puérile mais je n’oublie pas que Marie était aussi un être de chair et de sang en même temps que d’esprit et de grâce. Marie fut une fiancée, une épouse, une villageoise, une voisine. Elle a sans doute connu la vie avec ses hauts et ses bas, elle a vu son fils grandir, devenir un homme puis un rebelle dont on voulait la peau. Elle a vécu la douleur de le suivre sur son chemin de croix puis pendu au bois du supplice. Marie Reine était bien de notre race. Comme nous, elle savait avoir besoin d’un libérateur, comme nous, elle fut sauvée par le sang du Christ, son enfant. Comme nous, elle fut sans doute parfois découragée, désespérée, ne comprenant pas les attitudes de son peuple, de l’institution religieuse, des comportements des «grands» de son monde, des prêtres et des pharisiens. Et pour-tant elle ne désespérait pas, elle a vécu son Avent et plus tard, s’est associée au mystère de la Rédemption. En ce jour de l’Assomption, elle nous rassure avec tant d’amour. Merci, Marie Reine.

Prière

Marie Reine, Notre-Dame de tous les jours, au cœur de ce monde affairé, nous voudrions te demander de transformer en prières : nos tâches monotones, nos travaux sans joie, nos jours gris, nos nuits sans repos, nos fins de mois difficiles, nos années sans partir en vacances, nos inquiétudes pour nos enfants et petits-enfants. Au milieu de ce monde affairé, Marie Reine, Notre-Dame, se trouvent des gens sans travail et sans motivation, des émigrés persécutés, des femmes abandonnées, des enfants peu aimés, des pauvres, des malades, des personnes âgées mal-traitées. Entoure-les de ta tendresse maternelle et conduis-les à ton fils, en demandant pour eux le courage de vivre et d’espérer.

Jean-Claude SIMON

Mai-Juin 2019: Évangile du dimanche 19 mai (5ème de Pâques)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (13, 31-33a.34-35 )

Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Je vous donne un commandement nouveau: c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez- vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »

Méditation

Tu avais réuni tes disciples les plus proches pour un dernier repas, un repas d’à Dieu où tu leur avais fait une pressante et ultime prière récapitulant la substance, le sens et le but de ta vie, ton testament en quelque sorte : «Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » Mais l’un t’a trahi, un autre t’a renié publiquement à trois reprises, et quasi tous les autres se sont enfuis… Malgré cela, malgré les incompréhensions, les moqueries et l’adversité, malgré la trahison, le désaveu et l’abandon des tiens, malgré l’atroce douleur de la crucifixion, alors que même la présence aimante et rassurante de ton Père ne t’était plus perceptible, tu es allé jusqu’au bout de l’Amour, tu as continué à aimer, à les aimer, jusqu’à ton dernier souffle.

L’actualité de ces derniers mois regorge de révélations d’abus sexuels et de pouvoir commis par des prêtres et religieux, même haut placés, sur des mineurs, garçons ou filles, et sur des femmes engagées dans l’Église, religieuses pour la plupart. Souvent la hiérarchie savait et taisait, omettant de prendre des mesures efficaces pour empêcher les auteurs de continuer à nuire, et négligeant de porter aux victimes l’attention nécessaire.

Nombreux sont tes disciples, parmi ceux-là même qui t’avaient consacré leur vie, qui t’ont trahi en dénaturant ton commandement d’amour, et pendant des années, l’Église a nié les faits et fui ses responsabilités.

Mais aujourd’hui souffle un vent nouveau. Autant les responsables à tous niveaux que les gens de la ‘base’ reconnaissent les manquements graves qui ont eu lieu, et affirment une volonté de transparence et de justice, et le désir de mettre en place des moyens pour que de telles choses ne se reproduisent pas. Tu es ressuscité et vivant, Seigneur, et ton Esprit est à l’œuvre, aujourd’hui comme hier. C’est notre responsabilité à tous d’en témoigner et d’être veilleurs. Et de revendiquer et d’assumer, comme laïcs, un rôle actif au sein de l’Église. Ainsi nos prêtres ne seront plus isolés, livrés à eux-mêmes, et pourront trouver dans leur entourage le soutien, les ressources et l’attention nécessaires pour prévenir et endiguer les dérives quelles qu’elles soient.

En ce temps pascal, ayons à cœur de soutenir par la prière, par nos paroles et par nos actes, tous les germes de Résurrection
qui bourgeonnent dans l’Église d’aujourd’hui.

Annick SAUVAGE.

Mars-Avril 2019: Évangile du dimanche 17 mars (2ème de Carême)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (9, 28b-36)

En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait. Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul. Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu.

Méditation

C’était donc peu de temps avant sa mort. Jésus venait d’annoncer que son départ était proche, que sa vie terrestre s’achèverait dans
la souffrance. Et comme cela lui était arrivé plusieurs fois, plutôt que de se retirer pour prier seul, il a pris avec lui, Pierre, Jacques et Jean. Accablés de sommeil, ses disciples se sont probablement endormis comme plus tard, au jardin des oliviers. Une lumière éblouissante les réveille. Ils n’ont pas peur, au contraire, ils ont envie que cela ne s’arrête pas : «Il fait bon ici, construisons trois
tentes » insistent-ils.
Décrire davantage ce qu’ils ont vu et entendu, exprimer leur bonheur, c’est sans doute impossible, comme Bernadette à LOURDES qui, après avoir vu la Vierge, disait: «elle est
tellement belle qu’on a envie de mourir pour la revoir ». Bernadette, comme les apôtres et tant d’autres saints, y a puisé la foi, le courage, la force d’aimer jusque dans les plus pénibles événements de la vie et jusque dans la mort.
Chaque chrétien aimerait vivre un événement tel que celui vécu par les 3 apôtres de l’évangile. Un événement qui pourrait les accompagner toute une vie. Un événement qui peut surgir soudain: saint Paul sur le chemin de DAMAS, Pierre, Jacques et Jean, Paul CLAUDEL à Notre-Dame de PARIS, le soir de Noël 1886 ou, plus près de nous, ÉricEmmanuel SCHMITT dans le désert marocain, Frédéric LENOIR dans un temple bouddhiste.
Comme Jean d’ORMESSON l’écrit: «Croire est une grande chance. La foi est un bonheur. Plus puissante encore que la pensée, elle soulève des montagnes. Elle éclaire le monde
d’une lumière venue d’ailleurs (comme dans la transfiguration). Avec elle et par elle, l’histoire est justifiée. Le malheur s’explique et
s’inverse en acceptation ».
Voir la gloire de Dieu, contempler enfin l’Être parfait, l’accueillir en nous pour en recueillir bien-être et joie. C’est sans doute vrai que
chacun d’entre nous le souhaiterait, ce l’est plus encore lorsqu’en famille ou au travail, nous vivons des situations douloureuses,
incertaines, voire tragiques. Nous reprendrions alors facilement à notre compte, l’interrogation d’un poète contemporain: «Et Dieu, à
présent, il nous donne de l’inquiétude, il dort mal, il rêve fort, il se retourne et l’on entend le monde craquer de tous ses ressorts. Où est-il ? ». Parti prier sur une montagne ?
«Un monde sans Dieu serait trop injuste » ajoute Jean d’ORMESSON. Ce que ce monde, dans l’espérance, peut faire de mieux, c’est de nous servir de passage et d’introduction à un
monde de vérité, de justice et d’amour. Nous y planterons nos tentes, nous y terminerons notre carrière et nous vivrons heureux pour toujours.

Prière

Seigneur Jésus, tu nous as laissé ton message de bonne nouvelle.
Mais aujourd’hui tu sembles parfois invisible comme le souffle du vent, imperceptible comme le silence. Et pourtant tu es là,
respectant nos doutes et notre foi.
Tiens-nous réveillés à ta présence. Sois patient avec nous, pardonne-nous de n’avoir d’autre réponse que ton propre nom
parfois ineffable toujours ineffaçable du monde : Jésus, fils bien-aimé du Dieu créateur du ciel et de la terre.
Reste un modèle, sous nos yeux, un personnage dont l’existence et la place dans notre histoire ne peuvent être contestées.

Jean-Claude SIMON

Janvier-Février 2019: Évangile du dimanche 6 janvier (Épiphanie)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Mathieu (2, 1-12)

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : «Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui.» En apprenant cela, le roi Hérode fut
bouleversé, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ. Ils lui répondirent : «À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël.» Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : «Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui.» Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

Méditation

Ce récit évoque des souvenirs de ma tendre enfance. À l’école, au moment de l’Épiphanie, Madame nous avait appris ce refrain que nous chantions à tue-tête : ‘Melchior et Balthasar sont venus d’Afrique…’ Je passais des heures devant la crèche à contempler les petites figurines hautes en couleurs apportant des cadeaux à l’enfant Jésus, et j’inventais de merveilleuses histoires pleines de chameaux et de déserts aux oasis luxuriantes dont les parfums, couleurs, musiques et danses enchantaient mon imagination d’enfant.
Plus tard, les contes des 1001 nuits (Aladin et la lampe merveilleuse, Ali Baba et les 40 voleurs, Sinbad le marin…) puis les romans de ma jeunesse (Le Livre de la Jungle, Le Lion, les Frison-Roche…) sont venus comme en écho faire naître en moi une sympathie et une curiosité bienveillante pour les personnes
et cultures venues d’Orient, d’Afrique ou d’ailleurs.
À l’heure où la ‘crise des migrants’ fait débat, plusieurs personnes accueillent des familles réfugiées en provenance de pays en situation de détresse, et témoignent de la chaleur et de la richesse que ces rencontres leur apportent. Leur façon de vivre et de célébrer, leur rapport à la foi et à la religion, certes différents des
nôtres et parfois surprenants, peuvent devenir sources de dialogue et d’enrichissement mutuel, pour autant qu’on prenne la peine d’aller les uns vers les autres et d’accueillir les personnes ‘qui ne sont pas comme nous’ avec la simplicité et la bienveillance des enfants.
Et chez nous, qu’en est-il ?
Chercher à connaître les nouveaux arrivants de notre paroisse et nos quartiers, oser la rencontre et l’accueil: une façon simple de rendre la fête de l’Épiphanie, ‘Manifestation du Seigneur au monde entier’, concrète et vraie. Alors, la joie sera au rendezvous pour tous, et Noël sera vraiment Bonne Nouvelle pour le monde.

Annick SAUVAGE

Novembre-Décembre 2018: Évangile du 25 décembre (Jour de Noël)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (1, 1-18)

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière. Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence, mais le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu. Et le Verbe s’est fait chair,
il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. Jean le Baptiste lui rend témoignage en proclamant : « C’est de lui que j’ai dit : Celui qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. » Tous, nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce ; car la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître.

Méditation

Tout n’a-t-il pas été dit à la radio, à la télévision, dans les magasins? Alors, passons, il n’y a rien à voir. Un enfant est né voici plus de 2000 ans, il n’y a pas à en faire un plat ! En ces jours-là, les scribes et les docteurs de la loi, spécialistes du texte et de la tradition annonçaient le Messie avec autorité. Ils prêchaient la morale et écrasaient de leurs règlements les épaules des plus faibles. En ces jours-là, comme aujourd’hui, croyants de toutes sortes appelaient le même Dieu tout puissant sur leur champ de bataille. Et c’est au milieu de tout ce tralala qu’un enfant est né et demande à naître chaque jour de chaque petit geste d’amour. Mais ça ne compte pas. Pensez donc ! Rien qu’un enfant qui demande simplement d’aimer ! Aussi, en ces jours-là comme aujourd’hui, il n’y a pour témoins que quelques illuminés, des bergers, des femmes et des hommes de bonne volonté qui s’arrêtent au milieu de la nuit, qui regardent un enfant leur tendre les bras et leur dire « pourquoi pas ? » Et notre cœur de se mettre à fondre, nos yeux pétiller de plaisir et une chanson nous revenir à l’esprit du plus profond de notre petite enfance. Oui, un enfant est né il y a plus de 2000 ans mais il est surtout une invitation à faire naître l’enfant qui est en nous. L’enfant s’émerveille de tout, découvre, communique d’un simple geste, d’un regard. Il est beau dans sa fragilité. Il apprend à marcher et, titubant, il se met à découvrir le monde. C’est ainsi qu’il devient une femme ou un homme. Ainsi donc, pour nous chrétiens, la naissance du Christ n’est pas seulement un passé émouvant ou miraculeux, un enfant perdu entre l’âne et le bœuf. Ce n’est pas seulement ranimer l’agréable féerie des traditionnels contes de Noël. La naissance du Christ, c’est aujourd’hui en Vallée du Geer comme à Bethléem, parce qu’elle est aussi notre naissance, notre marche en avant. Allez, il n’y a pas à en faire un plat. Un enfant est né voici plus de 2000 ans, un point c’est tout. Il n’y a rien à écrire là-dessus et restons chez nous, il n’y a rien à voir… L’événement n’est pas dans l’apparence. L’événement est intérieur. Arrêtons-nous ensemble et regardons-nous de l’intérieur, en silence, ne fût-ce que durant une messe, pourquoi pas celle de minuit et demandons-nous : «qui sommes-nous, que faisons-nous de notre temps, de notre travail, de nos loisirs, … ». Comme Annick nous le suggérait la fois dernière : « pouvons-nous être appelés disciples du christ, c’est-à-dire chrétiens ? »

Prière

Seigneur Dieu et Père de Jésus-Christ, en cette nuit est né notre salut et notre espoir. Nous te prions : aide-nous à voir sa lumière se lever au milieu de nous, permets-nous de reconnaître en lui ta bonté et ta miséricorde, que son visage nous éclaire. Montre-Toi à tous ceux qui cherchent à tâtons dans les ténèbres, viens au-devant de ceux qui marchent dans la tristesse et soit notre joie, lumière consolatrice aujourd’hui et jusqu’à la fin des temps.

Jean-Claude SIMON

Septembre-Octobre 2018: Évangile du dimanche 2 septembre (22ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (7, 1-8.14-15.21-23)

En ce temps-là, les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, se réunissent auprès de Jésus, et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées. – Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, par attachement à la tradition des anciens; et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques: lavage de coupes, de carafes et de plats. Alors les pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus: «Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens? Ils prennent leurs repas avec des mains impures.» Jésus leur répondit : « Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, ainsi qu’il est écrit: Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. » Appelant de nouveau la foule, il lui disait: «Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. » Il disait encore à ses disciples, à l’écart de la foule: «C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses: inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »

Méditation

Les pharisiens interpellent Jésus sur la non-observance par ses disciples de certains préceptes de la loi – et c’est vrai qu’elle est importante, cette loi ! Mais depuis la sortie d’Égypte, plusieurs siècles se sont écoulés, et même si chaque année, la liturgie des Juifs leur rappelle l’histoire de leurs ancêtres, il semble que beaucoup aient perdu le sens de cette loi faite pour la Vie, que Dieu leur donna au désert après les avoir libérés de l’esclavage. Dans la première lecture, Moïse leur dit: ‘Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne, et vous n’y enlèverez rien, mais vous garderez les commandements du Seigneur votre Dieu tels que je vous les prescris.’ (Dt 4,2). Pourtant au fil des ans, plus de 600 sous-préceptes ont été ajoutés aux dix Paroles de Vie de la loi des origines. Les chefs religieux accordent énormément d’importance au respect de toutes ces règles qui non seulement détournent de l’essentiel, mais sont si nombreuses qu’elles en deviennent invivables, et que leur application scrupuleuse produit l’effet inverse de celui recherché. La religion est devenue mortifère au lieu d’être source de Vie. Les disciples, qui vivent auprès de Jésus, ont acquis une intelligence de la tradition qui leur donne une certaine liberté face à tous ces préceptes rituels. Et nous, aujourd’hui, comment nous situons-nous dans notre vie de foi, dans notre vie tout court? Ce temps de la ‘rentrée’ est un moment propice pour faire le point, se poser les bonnes questions et repartir sur des bases saines. Interroger nos pratiques, nos schémas de pensée, nos critères de choix, nos exigences, et les confronter aux Évangiles. Lire et relire ces textes porteurs de Vie. Nous demander honnêtement si oui ou non, nous privilégions la Vie et l’Amour avant tout, si oui ou non nous pouvons être appelés disciples du Christ, Chrétiens.

Annick SAUVAGE

Été 2018: Évangile du mercredi 15 août: Assomption de la Vierge Marie

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (1, 39-56)

En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement
vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles
qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors :
« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères,
en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.

Méditation

Parmi les nombreux chants qui ont bercé ma petite enfance, il en est un qui m’avait particulièrement touché: «Ma maman est une maman comme toutes les autres mais c’est la mienne». Notre maman choisie de toute éternité pour nous mettre au monde, nous nourrir, nous épanouir, prendre soin de nous, notre maman est unique. C’est cette chanson qui m’est revenue en tête tandis que je rédigeais cette réflexion à propos de la fête de l’Assomption. L’Évangile de l’Assomption nous rapporte un fait, nous décrit une scène: Élisabeth accueille sa cousine, une jeune juive croyante de NAZARETH, ce village perdu de Galilée «d’où ne peut rien sortir de bon». «Je vous salue, Marie». Nous avons peut-être banalisé cet accueil introduisant notre «Ave Maria» prononcé par Élisabeth, remplie de l’Esprit-Saint et qui garde une force véritablement prophétique. Marie, une femme avec son corps et son esprit, une jeune fille, une maman. Une maman comme toutes les autres aux yeux des hommes. Rien ne la distinguait. Elle a mis au monde, dans la douleur sans doute, loin de chez elle, après un pénible voyage à dos d’âne à travers la montagne. Elle a eu peur pour son enfant, elle a pris la route de l’exil, espérant pour lui, un avenir meilleur. Lorsque son enfant, qu’elle avait appelé Jésus, est devenu grand, il a quitté la maison et le métier que son père lui avait appris et s’est mis à vivre comme un vagabond, se nourrissant de l’aumône des gens. Lui qui avait un si beau métier. Elle l’a vu critiqué par ses frères, malgré toute sa gentillesse, persécuté puis enfin souffrir un calvaire atroce suspendu à une croix. Elle l’a reçu dans ses bras le soir du vendredi saint, pleurant toutes les larmes de son corps. Une maman comme toutes les autres au destin particulièrement tragique. Ne disait-on pas à NAZARETH, c’est le fils de Marie, le fils du charpentier? Une maman comme toutes les autres et pourtant tout est exceptionnel dans sa vie. Elle est la seule à qui Dieu a fait dire : «Veuxtu bien être la maman de mon fils qui par toi prendra forme humaine? ». Veux-tu même si cet enfant ne sera pas vraiment comme les autres? Il en a fallu une dose de foi, hors du commun pour croire que le bébé qu’elle avait accepté de porter en elle était le Fils de Dieu, le Sauveur, le Messie promis depuis des siècles au peuple choisi. Un enfant à qui elle a donné la vie, qu’elle a vu grandir en le faisant profiter de tout son amour et de sa sagesse. Un enfant qui lui a souvent fait peur, un enfant venu apporter un message d’amour au monde et pourtant mis à mort par ceux qu’il était venu sauver. Il leur avait appris toute leur dignité d’hommes, d’enfants de Dieu, choyés par Lui, avec une tendresse infinie. Une maman comme les autres. Jésus, par délicatesse, l’a fait venir près de lui, dans la maison du Père afin qu’elle puisse être notre maman du ciel. Mais c’est sa présence auprès de nous que nous fêtons en ce jour de l’Assomption. Elle nous accueille, celle qui demeure l’une d’entre nous, celle qui a su faire confiance à Dieu, celle qui s’intéresse à notre vie présente, celle qui nous laisse un dernier message: « faites tout ce qu’il vous dira ». Une maman comme les autres.

Prière

Nous nous disons peuple en marche, nous avons une histoire, un long passé de ténèbres et de lumière. Marie, nous t’en prions, ouvre devant nous un nouvel avenir, que ton exemple nous fasse sortir de toute cette fausse richesse, de toutes ces certitudes qui nous gardent en sécurité et cependant captifs. Rends-nous plutôt communs, pauvres et moins sûrs de tout, aide nous à faire confiance aux appels de Dieu, à comprendre l’Évangile, à suivre ton Fils.

Jean-Claude SIMON

Juin 2018: Évangile du dimanche 24 juin: Nativité de Saint Jean Baptiste

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (1, 57-66; 80)

Quand fut accompli le temps où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils. Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait montré la grandeur de sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle. Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant. Ils voulaient l’appeler Zacharie, du nom de son père. Mais sa mère prit la parole et déclara : « Non, il s’appellera Jean. » On lui dit : « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! » On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler. Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Jean est son nom. » Et tout le monde en fut étonné. À l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu. La crainte saisit alors tous les gens du voisinage et, dans toute la région montagneuse de Judée, on racontait tous ces événements. Tous ceux qui les apprenaient les conservaient dans leur cœur et disaient : « Que sera donc cet enfant ? » En effet, la main du Seigneur était avec lui. L’enfant grandissait et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il se fit connaître à Israël.

Méditation

Il aurait dû s’appeler Zacharie comme son père, ou du moins porter le nom d’un de ses ancêtres, ainsi le voulait la tradition. L’enfant à peine né, les proches tentent déjà de le faire entrer dans le moule de l’ordre établi. Mais sa mère s’y oppose, elle souhaite l’appeler Jean. Comme il est aussi de coutume que ce soit non pas la mère, mais le père, qui donne son nom à l’enfant, l’assemblée se tourne alors vers Zacharie, qui bien que frappé de mutisme, appuie les paroles de son épouse, conformément aux directives reçues de l’ange neuf mois plus tôt.

Ce débat autour du nom est moins anodin qu’il n’y paraît : pour les Juifs, le nom donné à un enfant détermine son caractère, son être propre, le chemin qu’il prendra dans la vie. Le choix du nom est donc très important pour eux, et si Luc place cet épisode au tout début de son évangile, ce n’est pas anecdotique : Jean Baptiste est la figure d’une transition entre deux époques : d’une part le monde ancien, figé dans des traditions immuables, refusant tout changement et symbolisé par Zacharie ; d’autre part l’ouverture à une nouvelle manière de vivre le rapport à Dieu et aux autres, qui sera inaugurée par Jésus.

Au lieu de s’appeler Zacharie, ‘Yahvé se souvient’, nom qui le maintiendrait tourné vers le passé, solidement accroché aux traditions et à tout ce qui est couru d’avance, il s’appellera Jean, ‘Dieu fait grâce’, nom ouvert sur l’inattendu de ce qui vient, propice à accueillir la nouveauté parfois déstabilisante du message évangélique.

Mais que nous dit ce texte à nous, aujourd’hui ? Nous pouvons nous interroger : sommes-nous, comme l’entourage d’Élisabeth et de Zacharie, accrochés à nos vieilles traditions, refusant obstinément de changer ne serait-ce qu’un iota à ce qui s’est toujours fait, ou sommes-nous prêts à bouleverser nos habitudes et le confort des terrains balisés pour réinventer de nouvelles façons de vivre notre foi ?

Seigneur, en ce temps de Pentecôte, ouvre nos cœurs au souffle de Ton Esprit, rends-nous attentifs aux signes des temps afin que nous discernions dans l’aujourd’hui de nos vies les chemins que tu nous montres.

Annick Sauvage.

Mai 2018: Évangile du jeudi 10 mai: Ascension du Seigneur

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (16, 15-20)

En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit :
« Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. »

Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.

Méditation

Lorsque j’étais petit enfant et qu’on me parlait de l’Ascension de Jésus, je regardais en l’air et j’imaginais que si, d’un revers de manche, on avait pu écarter tous ces nuages encombrant notre vue, on pourrait voir ce beau jeune homme fringuant assis confortablement au côté d’un vieillard barbu. Je restais là comme les apôtres à me demander: quand reviendra-t-il ? Plus tard j’ai appris que le ciel n’était qu’une image, semblable à celle utilisée pour me faire accepter le départ prématuré de mes grands-parents. Mes parents ajoutaient: rassure-toi, ils sont toujours là à tes côtés, ils continuent à t’aimer et t’aideront encore sur ta route de la vie. L’Ascension, c’est le départ de Jésus mais c’est aussi le départ des apôtres. Une nouvelle fois Jésus surprend par l’invitation formulée: «allez enseigner toutes les nations ». Au début de sa vie publique, Jésus avait commencé par appeler près de lui. C’était le temps du «viens et suis-moi». Mais au lendemain de l’Ascension, l’Évangile doit être proclamé parce qu’il est projet de vie. Par l’absence-présence, Jésus est plus présent que par sa chair, il apporte son Esprit. L’Ascension c’est une invitation à nous élever vers davantage de liberté et d’autonomie. L’Évangile de Jésus nous élève et nous fait croire à un autre monde possible. Un monde qui peut commencer ici-bas, si nous le voulons. Lorsque le Christ, vivant, «s’élève», son esprit libéré visite chacun d’entre nous dans sa personnalité à venir. À ce moment-là, le pouvoir du temps a cessé pour lui. Christ dépose chez ses disciples de la 1ère heure puis chez tous ses disciples une richesse nouvelle: vivre l’attente et la veille. Celle-ci s’expérimente dans le clair-obscur d’un temps intermédiaire. En effet, si la mort n’est pas la vérité dernière, comme il nous l’a démontré, nul n’est exempté de passer par elle. Si la Passion du Christ est victoire sur le mal, la violence continue à travers le monde. Si le baptême fait de nous des enfants de Dieu, la faiblesse, le péché sévissent régulièrement et ce jusque dans l’Église. Ainsi donc, dès le lendemain de l’Ascension et jusqu’à nos jours, ce temps nouveau annoncé par Jésus mêle ombres et lumières, de telle sorte que l’affirmation de foi peut toujours être là mais aussi contestée, refusée ou niée. L’attente et la veille sont au cœur même du nouveau Testament. Il affirme que c’est le retour du Ressuscité qui donnera pleine visibilité à sa victoire sur le mal et sur la mort. C’est ainsi que ce Jésus apparemment «absent» ne cesse d’être présent à la vie de l’Église. Sa venue à la fin des temps, ce ne sera pas un retour mais plutôt une apothéose, une célébration, une manifestation grandiose pour une présence qui n’aura jamais cessé d’exister.

Prière

Seigneur, Tu es le cœur, la vérité de notre vie. Pour trouver ton royaume, il nous faudra aller jusqu’au bout. Soutiens-nous, donne-nous la force de rester près de Toi. Aide-nous à percevoir les signes de ta présence au plus intime de notre existence et à montrer notre bonne volonté en travaillant comme les apôtres l’ont fait. Ils se sont donnés de cœur et d’âme, il se sont perdus afin de Te trouver, notre Père, notre Dieu dans et pour ce monde aujourd’hui et jusqu’à la fin des temps.

Jean-Claude SIMON

Avril 2018: Évangile du dimanche 1er avril: Pâques

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (20, 1-9)

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit: «On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé.» Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat; cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. 

Méditation

Dans ce court passage de l’Évangile, le mot tombeau est cité 6 fois. Étonnant, que dans un récit visant à annoncer la résurrection, on parle autant d’un symbole de mort…

Qu’ont-ils donc vu au tombeau ? Ce qu’ils ont aperçu nous est décrit avec précision : le tombeau ouvert, les linges posés à plat, le suaire roulé. Marie Madeleine y voit le vol du cadavre, et Pierre reste sans voix, ne sachant probablement que penser. Mais le disciple qui avait une conscience particulièrement aiguë d’être aimé de Jésus, voit dans ces éléments les signes de sa résurrection : il vit, et il crut. Marie aura besoin, pour croire, de s’entendre appeler par son nom. Pierre, comme la première lecture et la fin de l’évangile nous le laissent supposer, ne sera réellement convaincu que quand il verra Jésus manger et boire de la nourriture terrestre. Thomas, lui, aura besoin de toucher les marques de ses plaies.

Il y a un peu plus d’un an, ma meilleure amie est décédée. Les semaines qui suivirent furent lourdes et ténébreuses: sensation de tomber dans le vide, submergée de tristesse en pensant aux moments passés ensemble qui ne reviendraient plus… J’allais fleurir sa tombe, essayant de l’y retrouver, sans y parvenir. Peu à peu surgit le sentiment qu’elle n’était pas sous ce tas de terre. Bien sûr, je savais que son corps y avait été déposé, je l’avais vu de mes yeux, mais je ne sentais pas sa présence quand je considérais le petit tumulus. Ou plutôt, je la sentais présente, mais pas là. Impression étrange, inexprimable, que celle qui comptait tant pour moi ne pouvait tout simplement pas être réduite au néant. Deux mois après son décès, un événement survenu dans ma vie est venu confirmer ce que je sentais confusément au plus profond de moi-même : elle est vivante, tout près de moi, elle continue d’accompagner ma route comme elle l’a toujours fait, présence discrète mais bien réelle. Depuis ce jour, le besoin presque physique de me rendre au cimetière a disparu, je suis rendue à ma vie.

Seigneur, parfois nous avons peine à croire en la réalité de Ta présence, Vivant dans nos vies. Nous regardons mais ne voyons pas. Ouvre nos yeux en ce matin de Pâques, mets en nos cœurs la brûlante certitude de ta présence, afin que par toi, et avec toi, nous vivions nous aussi en ressuscités. Amen.

Annick SAUVAGE

Mars 2018: Évangile du dimanche 

Février 2018: Évangile du dimanche 4 février ( 5° TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (1, 29-39)

En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André. Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade. Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait. Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était. Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. Ils le trouvent et lui disent : «Tout le monde te cherche.» Jésus leur dit : «Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile; car c’est pour cela que je suis sorti.» Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.

Méditation

Ite, Missa est ! Ces trois petits mots, prononcés par le prêtre ou le diacre à la fin de la messe dans la liturgie latine, comment les comprenons-nous, que nous disent-ils ? ‘Allez, la Messe est dite, rentrez chez vous, il n’y a plus rien à voir – ni à faire ’…?

Aussitôt sortis de la synagogue, Jésus et ses disciples rentrent à la maison. On est en plein Sabbat : interdiction de travailler, et même de faire quoi que ce soit qui ne soit absolument nécessaire à la survie. Pourtant, à peine rentré, Jésus semble transgresser cet interdit, né d’une compréhension très rigoriste de la loi mosaïque, en guérissant la belle-mère de Simon. Un peu plus tard dans la même journée, c’est par dizaines qu’il guérira les nombreux malades venus jusqu’à lui, le Sabbat à peine terminé. Et dès le lendemain à la première heure, sa prière le presse d’aller annoncer la Bonne Nouvelle dans les villages voisins, où il fera également de nombreuses guérisons.

Nous sommes au tout début de l’Évangile de Marc, mais cette alternance de temps de prière et d’action concrète au cœur du monde, nous la retrouverons tout au long du récit: dans les quatre coins de la Palestine et même dans les territoires païens, Jésus ne se contente pas d’annoncer la Bonne Nouvelle, il joint le geste à la parole : sa prière se fait parole et gestes qui accueillent, qui libèrent, qui guérissent, qui relèvent, qui aiment.

À ceux qui un peu plus tard, séduits par son charisme, lui demanderont ce qu’ils doivent faire pour être ses disciples, Jésus répondra : ‘Renoncez à vous-mêmes et aux limites de vos conforts, prenez votre courage à deux mains et venez à ma suite, mettez-vous en route pour m’aider à soulager les souffrances des hommes, mes frères et vos frères’.

Ite, Missa est ! : ‘Allez, la Mission est devant vous, elle est à vous, mettez-vous au boulot, il y a du pain sur la planche !’ 

Annick SAUVAGE.

Janvier 2018: Évangile du dimanche 28 janvier ( 4° TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (1, 21-28)
Jésus, accompagné de ses disciples, arrive à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit mauvais, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais fort bien qui tu es : le Saint, le Saint de Dieu. » Jésus l’interpella vivement : « Silence! Sors de cet homme.» L’esprit mauvais le secoua avec violence et sortit de lui en poussant un grand cri. Saisis de frayeur, tous s’interrogeaient : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec autorité! Il commande même aux esprits mauvais, et ils lui obéissent. » Dès lors, sa renommée se répandit dans toute la région de la Galilée.

Méditation

«Es-tu venu pour nous perdre?» Cette question tourne dans ma tête régulièrement lorsque je lis ce passage de l’évangile. Es-tu venu pour nous perdre? Lorsque j’étais plus jeune, il m’arrivait d’imaginer que certains avaient bien plus de chance que moi. Ils semblaient vivre sans foi ni loi et pouvaient ainsi agir à leur guise. Ce n’est que plus tard que je découvrirai que Jésus est le principal éducateur du genre humain. Il lui révèle, encore aujourd’hui à travers les écritures, à la fois sa liberté et sa dignité; il incite l’homme à mener une vie juste et charitable et le soutient constamment par sa grâce pour qu’il y parvienne. La liberté est le bien le plus précieux de l’homme. Dieu, je le sais aujourd’hui, la respecte, et mieux, nous encourage à la privilégier. Je ne parle pas ici de la liberté, synonyme de «laisser faire» mais de liberté au sens autonomie et respect de nos engagements librement consentis. Jésus dans son message nous invite à aller encore plus loin en proclamant le bonheur à ceux et à celles qui savent véritablement aimer. Il nous engage à choisir ce qu’il y a de meilleur pour nous.

Je vois dans la vie quelques moments importants où nos choix vont conditionner notre épanouissement et notre joie de vivre. S’ils sont faits en fonction de valeurs profondes et personnelles, ils seront sources de bonheur. Je pense par exemple aux jeunes qui doivent choisir entre les différentes voies qui se présentent à eux. Certains ne penseront qu’à opter pour des métiers qui rapportent, qui donnent des loisirs mais qui ne procureront pas nécessairement du bien-être. Pour être bien dans leur peau et s’épanouir, il leur faut tenir compte de leurs talents et tenter de les développer en devenant le meilleur d’eux-mêmes. Les parents et les professeurs ont la lourde tâche de les accompagner dans la découverte de leur personnalité. Un autre moment tout aussi important dans la vie, c’est le choix d’un compagnon ou d’une compagne de route. On a coutume de dire que l’amour est aveugle, la haine aussi d’ailleurs. La précipitation à laquelle on assiste parfois a de quoi étonner. Pourtant, là aussi, il faut choisir ce qu’il y a de meilleur, celui ou celle qu’on pourra rendre heureux. Tout notre bonheur vient de l’autre et de notre capacité de nous oublier parfois nous-mêmes. Jésus nous l’a rappelé: il n’y a pas de place pour l’égoïsme dans l’amour.

D’autres moments vont égrainer notre vie. En vieillissant, il nous faudra choisir d’avoir des enfants, choisir de les éduquer sans trop d’erreurs dans le respect et la dignité, ils sont enfants de Dieu. En vieillissant encore, il nous faudra choisir la façon dont nous allons … vieillir: aigri par la vie, défaitiste, abattu par la maladie, … ou persuadé qu’on va vers du meilleur et qu’au bout de la route, il y a un Dieu qui m’aime et qui m’accueille avec mes qualités et mes défauts. Dernièrement lors d’un séminaire de développement personnel, une participante m’a demandé comment il fallait être parent aujourd’hui. J’ai répondu qu’il fallait les aimer «vraiment». Puis je me suis ravisé, je n’avais pas de leçons à donner. Par la suite, je lui ai expliqué ce que j’aurais dû dire d’abord et qui donne un sens à ma vie: chaque fois que j ‘entre en contact avec un jeune, un malade, un couple en souffrance, la solitude d’un senior, … chaque fois j’essaie de dire à Dieu que j’ai besoin de lui. Je lui demande d’ouvrir mes yeux et mon cœur, qu’il me donne les mots et les gestes qui feront du bien. Et le bon Dieu le plus souvent fait son boulot. Parfois je me demande comment j’ai pu dire certaines choses, poser certains gestes. La raison est simple, si nous le voulons, c’est Dieu qui agit pour nous et par nous aux moments importants de la vie.

Alors à la question: «es-tu venu pour nous perdre?», je répondrai comme LESSING, dans son ouvrage «l’éducation du genre humain» écrit en 1780, que la perfection n’a jamais existé à l’origine mais qu’elle advient progressivement par l’exercice de la raison et que les bienfaits de l’éducation conduiront un jour à réaliser la promesse divine d’un âge d’or.

Prière

Seigneur Dieu, à tout homme prisonnier de lui-même, tu donnes ta parole libératrice. Tu nous appelles à être libres, à devenir des femmes et des hommes reflétant l’image et l’esprit de Jésus-Christ. Donne-nous la force qui a fait vivre ton Fils, donne-nous l’espace qu’il a ouvert, rends-nous réceptifs et libres, nous saurons qui tu es et nous vivrons alors avec toi dans ce monde.

Jean-Claude SIMON.

Décembre 2017: Évangile du dimanche 1° décembre ( 1° Avent)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (13, 33-37)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : «Prenez garde, restez éveillés: car vous ne savez pas quand ce sera le moment. C’est comme un homme parti en voyage: en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et demandé au portier de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin; s’il arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous: Veillez ! »

Méditation

Longtemps, j’ai ressenti ce passage d’évangile, et plusieurs autres, comme une menace, avec peur. Je comprenais: ‘Attention, si tu n’es pas en ordre au jour du grand retour de Jésus, tu iras en enfer; sois donc attentive à chaque instant à rester sur le droit chemin, sinon…’

Quand on attend un événement menaçant perçu comme inévitable, on a tendance à faire l’autruche: ne pas trop y penser pour ne pas déprimer, et puisque de toute façon, on n’y échappera pas, autant profiter de la vie tant qu’il y en a. Veiller semble alors bien peu utile…

Mais il y a une autre manière d’attendre. Quand j’étais enfant, j’attendais la venue de Saint Nicolas avec une impatience et une persévérance de tous les instants: dès que les premiers catalogues de jouets faisaient leur apparition dans les boîtes aux lettres, je passais chaque jour beaucoup de temps à les tourner et retourner dans tous les sens, à découper les cadeaux qui me faisaient rêver, à essayer différentes combinaisons pour arriver à en mettre le plus possible sur ma lettre sans dépasser le montant maximum fixé par maman, et pas un soir, je n’oubliais de déposer mes pantoufles bien rangées au pied de mon lit pour que le Grand Saint y dépose les friandises annonciatrices de sa venue prochaine. Et quand il venait à l’école ou au Palace, nous chantions à tue-tête, encore et encore, jusqu’à ce qu’il apparaisse enfin. De même, les jours de ‘Fête à GLONS’, il nous fallait attendre, pour aller sur les carrousels, que maman ait terminé la vaisselle du dîner, et comme le temps nous semblait long alors ! Nous restions debout près de la fenêtre, guettant tous les signes indiquant que les manèges commençaient à ouvrir (premiers flonflons à peine perceptibles à nos oreilles tendues, copains plus rapides se dirigeant déjà vers le centre du village…), et trépignions d’impatience devant cette vaisselle qui ne finissait pas assez vite à notre goût.

Retrouvons notre âme d’enfant pour vivre le temps de l’Avent avec la même ferveur attentive: ce temps est celui de l’attente de Noël, moment où, en Jésus, Dieu vient à notre rencontre pour s’unir à nous et nous unir à Lui, en des noces de bonheur éternel. On comprend alors l’importance de veiller, d’être attentifs à tous les signes de Sa Présence, pour ne pas louper cette merveilleuse rencontre qui est possible à chaque instant, dans l’Aujourd’hui de nos vies, si nous savons le reconnaître et l’accueillir.

John Henry NEWMAN a de très beaux mots pour décrire cette attente:
« Savez-vous ce que c’est que d’avoir un ami, d’attendre qu’il vienne, et de le voir tarder ? Savez-vous ce que c’est que de désirer que le temps passe en attendant la venue de quelqu’un qui vous fait battre le cœur ? Savez-vous ce que c’est d’avoir un ami au loin, d’attendre de ses nouvelles, de vous demander, jour après jour, ce qu’il fait en ce moment, et s’il se porte bien… Veiller dans l’attente du Christ est un sentiment qui ressemble à ceux-là ».

Bonne entrée en Avent à toutes et à tous !

Annick SAUVAGE.

Novembre 2017: Évangile du dimanche 5 novembre ( 31ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (23, 1-12)

En ce temps-là, Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples, et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens : ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ; ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi. Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. »

Méditation

Sommes-nous de ceux qui pensent qu’être chrétien, c’est suivre un catalogue de bonne conduite ? Sommes-nous de ceux qui pensent que notre présence à la messe dominicale et que les quelques dons que nous faisons aux collectes font de nous un «bon chrétien». L’évangile de ce dimanche nous ouvre un autre chemin.

«S’abaisser», c’est vivre pleinement notre condition humaine avec ses échecs et ses paradoxes, avec la santé et puis aussi la maladie… et ce malgré nos conquêtes scientifiques et nos désirs de mieux-être. Au travers de cette page d’évangile le Christ initie une nouvelle voie spirituelle fondée sur l’humilité et le service. Il transmet un enseignement éthique à portée universelle : éviter l’arrogance, faire ce que l’on dit faire, égale dignité de tous les êtres humains, justice et partage.

Certes ce n’est pas facile d’avancer dans la société telle qu’elle est, pas facile de participer en silence à l’inhumain qui s’étale sous nos yeux, pas facile de s’écarter des idées dominantes de réussites sociales. Prétendre vivre en humble chrétien n’est qu’utopie ou illusion si nous n’agissons pas selon nos valeurs. Dès que les circonstances s’y prêtent, tâchons de rebondir. Donnons moins d’importance à l’argent, risquons davantage, soyons joyeux, laissons la place qui revient à notre prochain. Le Christ ne nous demande pas de nous «absenter» du monde ni de nous contenter de regarder la caravane qui passe avec tristesse, mais bien d’être présent autrement. Le bonheur du chrétien n’est pas dans le bonheur tel qu’on l’entend habituellement. Il est dans l’incessante marche à la recherche du Christ dans nos vies. Alors sortons, vivons tant que nous sommes encore vivants, mettons nos pensées en actes et abaissons-nous au service car nous n’en serons que plus élevés.

Prière

Dieu éternel, ton nom et ton empreinte, nous tâchons de les porter au plus profond de nous-mêmes. Nous t’en prions, rends-nous serviables sans nous imposer pour que nous puissions aider les autres sans les humilier. Rends-nous dévoués à la terre, à tout ce qui est petit, insignifiant, pour que nous puissions prendre à cœur, ce que personne ne perçoit parfois. Apprends-nous à attendre, à écouter et à nous taire quand c’est nécessaire. Rends-nous petits et suffisamment pauvres pour que nous acceptions nous-mêmes d’être parfois aidés par les autres. Renvoie-nous chercher dans ce monde la nourriture de ta parole, la force de ton nom. Permets-nous de ne pas rester en arrière, anxieux et à l’écart mais revêtus de notre habit de service, de voir les nouvelles possibilités que tu nous donnes pour être homme et femme sans préjugé en ce moment de notre histoire actuelle.

Jean-Claude SIMON.

Octobre 2017: Évangile du dimanche 1er octobre ( 26ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (21, 28-32)

En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Quel est votre avis ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : ‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’ Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’ Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière. Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’ et il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier. » Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. Tandis que vous, après avoir vu cela, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole. »

Méditation

Dans la religion juive, les grands prêtres et les anciens sont traditionnellement les garants du respect de la loi, les modèles qui se donnent en exemple au peuple, et que tous devraient pouvoir imiter. Mais cette loi, ils l’ont peu à peu dénaturée, s’attachant plus au respect des pratiques cultuelles, des manifestations extérieures de piété, qu’à son cœur, qui est chemin d’Amour et de Vie. Sous prétexte de faire appliquer la loi, ils condamnent et excluent toutes les personnes qui les dérangent, les mettent mal à l’aise, les obligent à remettre en question leur vision des choses, ou font obstacle à leur confort et leur suprématie.

Tout au long de sa vie publique, Jésus s’est confronté à cette vision faussée qui considère les apparences plutôt que le cœur de l’homme. Chaque fois, il s’est attaché inlassablement à remettre au centre, clairement et fermement, l’impératif premier duquel découlent tous les autres : aimer Dieu et le prochain. Ce faisant, il dérange les autorités : les chefs des prêtres et les anciens essaient par tous les moyens de le prendre en défaut, afin d’éliminer ‘proprement’ ce ‘fauteur de trouble’ qui les empêche de régner tranquillement. Mais ils n’y parviennent pas, comme le montre le passage précédant directement cette parabole. C’est alors que Jésus donne à leur réflexion l’histoire des deux fils, les comparant à celui qui dit vouloir faire la volonté du Père, mais dont les actes ne correspondent pas aux paroles. Et on verra quelques chapitres plus loin que ça les mènera à prendre une décision diamétralement opposée à la loi qu’ils prétendent défendre : ordonner la mise à mort d’un homme innocent.

Jésus, aujourd’hui encore, vient nous interpeller : sommes-nous de ceux qui font résonner de belles promesses mais passent difficilement à l’action, ou de ceux qui n’hésitent pas à retrousser leurs manches, parfois dans l’ombre et hors des structures de l’Église, pour faire grandir l’humanité en faisant régner plus de justice et de fraternité ?

Ce qui m’émerveille, c’est l’Amour du Père pour tous ses enfants : son Amour est aussi fort pour celui qui dit ‘oui, oui’ mais n’agit pas, que pour celui qui traîne les pieds mais qui y va quand-même. Il tend à chacun ses bras grands ouverts. La différence n’est pas dans l’amour de Dieu pour nous, mais dans la joie qui règne en nous quand nous marchons sur le chemin d’Amour et de Vie qu’Il nous offre.

Seigneur, Ton plus grand désir est que tous les hommes soient heureux. Merci de nous interpeller sans cesse pour nous ouvrir les yeux, et de nous faire Don de Ton Esprit. Aide-nous à l’accueillir, afin que nous puissions marcher avec Toi sur le chemin qui donne la Vie en plénitude.

Annick SAUVAGE.

Septembre 2017: Évangile du dimanche  ()

Été 2017: Évangile du dimanche  ()

Juin 2017: Évangile du dimanche 4 juin (Pentecôte)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (20, 19-23)

C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »

Réflexion

Pour beaucoup d’entre nous, Pentecôte n’évoquera encore qu’un weekend prolongé. Si le soleil est au rendez-vous, ce sera peut- être barbecue ou longs déplacements, en avion ou en voiture. Quelques privilégiés feront partir leur bateau du port. Le navigateur manœuvrera la voilure et le gouvernail, mais il devra compter sur le vent pour le faire avancer. Les actes des apôtres en 1ère lecture et l’Évangile de Jean utilisent l’image du vent, du souffle qui, en ce jour de Pentecôte, symbolise la présence de l’Esprit de Dieu, aujourd’hui encore, au milieu des hommes et des femmes de toutes races et de toutes conditions. Luc, pour parler de l’église naissante au jour de Pentecôte, évoque également le souffle de l’Esprit, le vent de Dieu. Le Pape François appelle aujourd’hui les pasteurs de l’Église à mettre leurs pas dans ceux du Christ: «Je vois avec clarté que la chose dont a le plus besoin l’Église aujourd’hui, c’est la capacité de soigner les blessures et de réchauffer le cœur des fidèles (…) L’Église s’est parfois laissé enfermer dans des petites choses, des petits préceptes. Le plus important est la première annonce : «Jésus-Christ t’a sauvé». Dans la continuité des prophètes juifs qui l’ont pré- cédé, Jésus entend rappeler l’Esprit de la loi divine prise trop souvent à la lettre alors qu’elle est là pour épanouir, faire grandir, non pour condamner ou écraser. L’Évangile fourmille d’exemples qui montrent comment Jésus redresse, sauve, élève sans jamais juger, sans jamais infliger de leçon de morale, sans même tenter de convertir. Ceux qui l’entendent se sentent avant tout aimés, reconnus, ils sont touchés! C’est parce qu’ils s’entendent dire pardonnés, qu’ils recouvrent l’estime d’eux-mêmes. C’est parce que Jésus leur a révélé leur part lumineuse, c’est parce qu’il leur montre qu’ils sont dignes d’être aimés, qu’ils ont envie de devenir meilleurs et qu’ils modifient leur comportement. C’est l’Esprit Saint qui fait surgir de nouveaux désirs chez ceux que Jésus croise aujourd’hui encore et dont la vie est déréglée, immorale, vide de sens. «L’Esprit se joint à notre esprit» dit saint Paul, ce qui signifie qu’il éclaire notre intelligence, fortifie notre volonté, brûle dans notre cœur. Sans l’Esprit, Jésus ne serait qu’un personnage historique lointain. C’est l’Esprit qui actualise la présence du Christ vivant dans son Église. Jésus, dans ses discours d’adieu, nous annonce qu’il nous enverra l’Esprit Saint afin que nous puissions mettre nos pas à sa suite. À la suite des Apôtres, le jour de la Pentecôte, aujourd’hui peut être plus que jamais, nous sommes invités à nous mettre davantage à l’écoute de l’Esprit Saint et de placer au-dessus de tout l’amour du prochain en vue de l’édification d’une fraternité universelle.

Prière

Voici le jour, Seigneur Dieu, où nous commémorons ton souffle donné à ce monde, où tu proposes un feu d’amour en chaque femme et en chaque homme de bonne volonté. Voici le jour où nous sommes convoqués pour être ton église toujours naissante. Nous te remercions avec les paroles que tu as semées en nous. Voici le jour où par la force de l’Esprit Saint et pleins de joie, nous t’appelons notre Père. Nous te prions, Seigneur Dieu, puissions-nous, conduits par cet Esprit, chercher la Vérité, respecter ta Parole et trouver Jésus, ton serviteur, ton Fils et notre Voie.

Jean-Claude SIMON.

Mai 2017: Évangile du dimanche 14 mai (5ème de Pâques)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (14, 1-12)

À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Ne soyez donc pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure ; sinon, est-ce que je vous aurais dit : “Je pars vous préparer une place” ? Quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi ; et là où je suis, vous y serez aussi. Pour aller où je m’en vais, vous savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. » Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! « Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; mais c’est le Père qui demeure en moi, et qui accomplit ses propres œuvres. Croyez ce que je vous dis : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne croyez pas ma parole, croyez au moins à cause des œuvres. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars vers le Père. »

Méditation

« Où vas-tu ? » « Quel est le chemin ? » « Montre-nous le Père»…

Pierre, Thomas, Philippe, et vous, tous les autres, vous tous mes amis, mes frères, pourquoi cherchez-vous midi à quatorze heures ? Pourquoi cherchez-vous ailleurs ce qui est là, devant vos yeux ? Pourquoi cette inquiétude fébrile et cette recherche stérile d’un ailleurs, d’un plus tard, d’un ‘quelqu’un d’autre’, qui empêchent de vivre le Présent, qui vous empêchent de Vivre? Pourquoi ne pas accueillir simplement le trésor merveilleux qui vous est offert au cœur même de votre vie, ici et maintenant ?

Ouvrez les yeux, regardez et voyez : le chemin parcouru ensemble, riche de tous ces gestes de soutien, de toutes ces paroles de réconfort, de tous ces moments de joie pure et de louange, n’est-il pas là en vous, bien présent, concret, tangible ? Et n’est-ce pas lui qui vous donne le goût de vivre, qui fait de vous des vivants ?

Moi, je ne suis rien d’autre qu’Amour. Mon origine et ma destination, ma Vie, c’est le Père, qui est perfection, plénitude d’Amour. Le chemin qui y conduit, c’est aimer.

Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie, et pour me suivre, vous savez comment faire, je vous l’ai dit, je vous l’ai montré : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.

Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés, ne me cherchez pas ailleurs, ne cherchez pas le Père ailleurs, ne cherchez pas la Vérité ailleurs, vous seriez dans l’illusion. Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés, marchez sur ce chemin. Le Père et moi, nous marcherons avec vous, nous ferons notre demeure en vous. En rompant votre pain pour le partager, vous nous reconnaîtrez, et votre cœur sera brûlant d’amour, et alors vous saurez que vous êtes déjà dans le Royaume des Cieux.

Seigneur, aide-moi à marcher toujours mieux, toujours plus vrai, sur ce chemin de ma vie dans Ta Vie…

Annick Sauvage.

Avril 2017: Évangile du dimanche 9 avril (Rameaux)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (26, 14-27,66)

Quelques jours avant la fête de la Pâque, Jésus et ses disciples, approchant de Jérusalem, arrivèrent à Bethphagé, sur les pentes du mont des Oliviers. Alors Jésus envoya deux disciples: «Allez au village qui est en face de vous; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée et son petit avec elle.  Détachez-les et amenez-les-moi.  Et si l’on vous dit quelque chose, vous répondrez: ‘Le Seigneur en a besoin, mais il les renverra aussitôt.’».
Les disciples partirent et firent ce que Jésus leur avait ordonné. Ils amenèrent l’ânesse et son petit, disposèrent sur eux leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus. Dans la foule, la plupart étendirent leurs manteaux sur le chemin; d’autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route. Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui suivaient criaient: «Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!  Hosanna au plus haut des cieux!»
Comme Jésus entrait à Jérusalem, l’agitation gagna toute la ville; on se demandait: «Qui est cet homme?» Et les foules répondaient: «C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée».

Méditation

La fête des Rameaux inaugure la semaine sainte et précède la fête de Pâques.  Elle constitue un des temps forts de l’année liturgique, car elle permet aux chrétiens de revivre les derniers moments de la vie du Christ, son entrée triomphale à Jérusalem jusqu’à la Crucifixion.  La foule acclame Jésus au terme d’ «Hosanna».  Cela signifie en hébreu «Sauve-nous maintenant» ou «Sauve, nous t’en prions». Nous savons comment 5 jours plus tard la même foule le fera sortir de Jérusalem sous les injures avant de le mettre en croix.

La passion ne pourrait être qu’un fait divers.  Jésus victime d’une injustice coloniale expéditive, comme tant d’hommes et de femmes aujourd’hui encore pris dans des combats ou des incompréhensions, éliminés avant même de savoir vraiment ce qui leur arrive.

La raison fondamentale pour laquelle Jésus doit mourir renvoie à une incompréhension de la mission du Messie.  Toute société, juive ou non, fondée sur l’argent, la puissance et la loi, le condamnerait encore aujourd’hui.  Jésus, quant à lui, met les femmes et les hommes à la première place, en leur subordonnant l’économique et le politique.  Or, la société considère trop souvent les individus comme étant un moyen.  Jésus, lui, révèle que Dieu est amour et qu’il refuse d’exercer sa puissance en raison même de l’amour qu’il porte à sa créature.  Comme tous les peuples de l’antiquité, les juifs croyaient en une divinité puissante et guerrière qui dirige et protège leur peuple.  C’est ainsi que se développe la croyance selon laquelle Dieu enverra un messie, sorte de roi pour libérer son peuple.  Et le voilà, sûr, c’est bien lui, qui entre dans Jérusalem, sous les acclamations !  Or Jésus, qui reconnaît être le messie ne veut pas d’un messie guerrier mais d’un messie « crucifié ».  Car il prône une sagesse d’amour qui change du tout au tout le visage traditionnel d’un Dieu inspirant la crainte et contredit l’instinct le plus universellement répandu : celui qui consiste à s’affirmer en dominant l’autre.  Jésus avait fait surgir de nouveaux désirs dans le cœur de ceux qu’il croisait et dont la vie était déréglée, immorale, vide de sens.  C’est ainsi qu’il veut sauver son peuple, transformant la tristesse en joie, l’angoisse en confiance, la mort en vie.  S’étant comporté selon ses convictions, il s’humilia plus encore en obéissant jusqu’à la mort sur une croix.

À l’image du Christ, il nous faut oser renoncer au pouvoir qui obsède et qui aveugle et accepter d’exercer l’autorité qui sert et accompagne.  Témoigner que Dieu n’est pas un juge, mais un libérateur -hosanna- que l’amour qui redresse est plus important que la loi qui condamne, que le chemin de croix du Christ jusqu’à sa Pâque est un message de vie qui humanise, aujourd’hui encore.

Prière

En cette fête des Rameaux, prions pour ceux qui, parmi nous, sont faibles et sans défense ; pour que la jeune génération trouve le bonheur en cherchant à se libérer de la «servitude » matérielle par un patient travail sur soi.
Prions pour que nous ne les scandalisions pas, ne leur apprenions pas la haine, mais les introduisions dans la vérité ; pour que nous ayons le courage de nous lever pour défendre ce qui est vulnérable, incertain, inachevé.

Jean-Claude Simon.

Mars 2017: Évangile du dimanche 12 Mars (2ème de Carême)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (17, 1-9)

Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. Pierre alors prit la parole et dit à Jésus: «Seigneur, il est heureux que nous soyons ici! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie.» Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre; et, de la nuée, une voix disait: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour; écoutez-le! » Entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre et furent saisis d’une grande frayeur. Jésus s’approcha, les toucha et leur dit: «Relevez-vous et n’ayez pas peur!» Levant les yeux, ils ne virent plus que lui, Jésus seul. En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre: «Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.»

Méditation

Et revoici le temps du Carême. Temps précieux pour nous Chrétiens, où comme chaque année, Jésus nous invite à le suivre, et nous emmène à l’écart. Quarante jours pour gravir à sa suite une montagne si haute qu’elle nous oblige à laisser en bas nos sacs trop lourds, nos trousses de maquillage, nos réserves de dix-heures pour les petites faims, nos guides touristiques et cartes d’orientation, notre appareil photo… Si haute et si abrupte qu’à certains endroits, on serait tentés de faire demi-tour, et qu’on a bien besoin d’être à plusieurs, de se soutenir, de se tirer, de se pousser, de s’encourager «ho…hisse ! » Si haute, qu’on n’en voit pas le sommet, et qu’on pourrait s’y perdre, s’il n’y avait quelqu’un qui nous précède et nous ouvre le chemin. Mais arrivés en haut, Seigneur, quelle joie ! Non seulement le paysage, la vue est magnifique, mais au bout de ce chemin parcouru ensemble, où il faudra persévérer, tenir, s’entraider, on fait la plus belle des découvertes. On se découvre soi-même – et on découvre les autres – capables de s’oublier, de se donner, capables de solidarité et de partage, là où on pensait être de fiers égoïstes. Capables de compréhension et de pardon, nous qui étions habitués à juger un peu vite et à condamner les moindres défaillances. Alors arrivés au sommet, nous sentirons monter en nous la louange, et devenus capables de prière, nous nous regarderons, émerveillés de nous découvrir transfigurés, de découvrir nos vrais visages, créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Seigneur, pendant ce temps de montée vers Pâques, aide-nous à retrouver notre vraie face de Carême, un visage rayonnant de nous sentir si proches de toi, de te savoir si proche de nous. Et forts de cette expérience, forts de cette espérance, aide-nous à repartir vers tous nos frères, sans rien leur en dire peut-être, mais en gardant notre visage transfiguré, nos yeux pleins d’étincelles et de sourire, pour leur porter la joie qui nous habite et la leur communiquer, simplement. Alors, la lumière de Pâque ne sera plus jamais loin.

Annick SAUVAGE.

Février 2017: Évangile du dimanche 5 Février (5ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (5, 13-16)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples: «Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur? Il ne vaut plus rien: on le jette dehors et il est piétiné par les gens. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes: alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux».

Méditation

Riche en images, l’Évangile de ce dimanche nous rappelle que se prétendre disciple nous oblige à quelques exigences. Pour nous le rappeler, Jésus choisit deux images empruntées à la vie quotidienne. Il nous parle de sel et fait remarquer que s’il se dénature comment pourrait-t-il redevenir du sel. Il n’est plus bon à rien et risque d’être jeté. Et à propos de la lumière, si nous en sommes submergés aujourd’hui, il n’est pas moins vrai que nous en manquons parfois pour éclairer notre route et celle de ceux qui nous entourent. Ces paroles pourraient, au premier abord, être prises comme des compliments faits par Jésus à ceux qui le suivent, donc à nous, chrétiens. Mais il n’en est rien car il s’agit plutôt d’une invitation qu’il nous adresse tous les jours de notre existence: «soyez le sel de la terre et la lumière du monde ». Une invitation qui prend encore aujourd’hui des allures d’envoi en mission au cœur de notre monde, à commencer sous notre propre toit. Nous sommes appelés à éclairer les ténèbres, à donner le «goût» de Dieu et Dieu sait si le projet est vaste aujourd’hui, comme il l’a toujours été d’ailleurs. Quand des femmes et des hommes, autour de nous, «broient du noir» et cherchent un sens à la vie, nous sommes invités à être sel et lumière pour réveiller en eux l’espérance qui meurt. Et comment répondre à cette invitation ? Le prophète Isaïe ne peut être plus clair: «Si tu fais disparaître de ton pays, le joug, le geste de menace, la parole malfaisante, si tu donnes de bon cœur à celui qui a faim, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera comme la lumière de midi ».

Prière

Seigneur Dieu, ce que tu as semé en nous, tu le moissonneras. Tout ce que tu es venu apporter à ce monde, tu l’accompliras, c’est ce que nous croyons. Tu nous appelles à être le sel et la lumière du monde dans lequel nous vivons. Parole qui demande une réponse. Ouvre notre bouche et emplis notre cœur de paroles bienveillantes pour les autres. Aide-nous à partager notre pain avec celui qui a faim, encourage-nous à recueillir ceux qui sont sans abri et à couvrir d’habits ceux qui ont froid. Apprends-nous à ne pas nous dérober à nos semblables. Que ton existence et ton amour puissent alors devenir visibles en nous et que nous puissions ainsi être reconnus comme étant de tes disciples.

Jean-Claude SIMON

Janvier 2017: Évangile du dimanche 1er Janvier (Marie, Mère de Dieu)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (2, 16-21)

Quand les bergers arrivèrent à Bethléem, ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans une mangeoire. Après l’avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tout le monde s’étonnait de ce que racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Les bergers repartirent; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu selon ce qui leur avait été annoncé. Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.

Méditation

Que dire… ?
Le temps est à la fête, et j’ai à écrire un message d’espérance.
Mais ma meilleure amie, ma confidente, ma ‘grande sœur’ vient de mourir. J’ai l’impression que mon univers s’écroule, et resurgit la question du sens…
Pourtant, avec le mois qui commence s’ouvre un horizon nouveau : dans quelques semaines un petit enfant va venir agrandir la famille, mon fils va devenir papa, le fruit de mes entrailles est sur le point d’accueillir le don d’un bonheur, une bénédiction…
Comment concilier, réconcilier en moi ces deux réalités : d’un côté l’immense tristesse du départ de celle qui pendant de nombreuses années fut par sa présence indéfectible mon soutien dans les joies et les peines de la vie, et de l’autre la joie non moins immense de la naissance à venir ?
Comment, surtout, acquiescer à la Vie, Don d’Amour de Dieu, tout en percevant ce qu’elle peut réserver de souffrances, et d’apparentes incohérences ?
Un enfant vient de naître. Les bergers, tout heureux, glorifient Dieu pour ce Don de Vie, dont les anges leur ont annoncé qu’il sauvera le monde. Et tout le monde s’étonne de cette info pour le moins surprenante : comment un petit enfant, pauvre et sans défense, pourrait -il sauver le monde ?
Toi, Marie, tu retiens tous ces événements, et les médites dans ton cœur.
Dès le commencement tu as dit oui, même quand tu ne comprenais pas, même quand c’était dur, même quand il a fallu, à peine devenue mère, laisser partir ton enfant, même quand tout semblait perdu, tu as gardé fidèlement ta confiance, et tu as dit oui.
Sans ton oui, Marie, Jésus n’aurait pas pu naître. C’est grâce à ton oui, à ta confiance totale, que l’enfant-Dieu a pu prendre vie en toi. C’est grâce à ton oui qu’il a pu naître à Bethléem. Grâce à ton oui aussi qu’il pourra grandir, se donner au monde. Grâce à ton oui que sa mort sur la Croix a pu montrer aux hommes de quel amour immense ils sont aimés de Dieu. Et ta maternité offerte s’est étendue au monde.
Dans toute vie, il y a des joies et des souffrances, et dans toute vie, des doutes et des questions sans réponses. Qu’il est difficile alors de faire confiance, d’encore espérer. Mais nous t’avons, Marie, Jésus t’offre à nous pour être notre guide par ton exemple. Toi, Marie, qui as toujours su laisser Dieu être Dieu en toi, Mère de Dieu et notre Mère, aide-nous à acquiescer à ce qui advient, à redire toujours oui à la Vie, oui à l’Amour. Aide-nous à accueillir aujourd’hui, dans la confiance, l’imprévu de Dieu, à le laisser germer et naître en nous et comme toi, à le donner au monde.

Annick SAUVAGE.

Décembre 2016: Évangile du dimanche 11 décembre (3ème Avent)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (11, 2-11)

Jean le Baptiste, dans sa prison, avait appris ce que faisait le Christ. Il lui envoya demander par ses disciples : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! »
Tandis que les envoyés de Jean se retiraient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés voir au désert ? un roseau agité par le vent ?… Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme aux vêtements luxueux ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois.
« Qu’êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour qu’il prépare le chemin devant toi. Amen, je vous le dis : Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. »

Méditation

Est-il possible de se tromper de messie? Les disciples de Jean le Baptiste doutent. “Es-tu vraiment celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?” Par son comportement, très différent de celui du Baptiste, Jésus inquiète. Qui est-il ? Est-il digne de confiance? Comment savoir que c’est bien lui ?

Faisant écho à la voix des grands prophètes d’Israël, Jean annonçait le Règne de Dieu comme une réalité imminente. Il le voyait venir comme l’orage, il entendait gronder la colère de Dieu. Il exhortait les foules à se préparer à l’événement qui allait s’abattre sur le monde. La prédiction de Jean fait trembler tout un peuple dont la grande espérance messianique, jamais éteinte totalement au fond des cœurs, ne demandait qu’à se rallumer. On accourait de partout vers le Baptiste. Sa réputation s’étendait jusqu’aux petits villages de Galilée. Jésus, lui aussi, se mit en route et alla demander à être baptisé. C’est peut-être à cet instant que tout le dessein divin lui est manifesté. Au moment où Jésus expérimente en plénitude sa filiation divine, il s’ouvre à la passion amoureuse de Dieu pour l’homme; c’est un Dieu de tendresse et d’amour. Sa mission lui est dorénavant dictée par son expérience profonde, par l’émotion unique que fait naître en lui la parole de son baptême. Il veut révéler aux hommes la proximité de Dieu. Le choix de Jésus est clair. Il sera sans détour et sans retour. Il lui tarde d’aller vers les hommes, tous les hommes, mangeant et buvant avec eux. Il ne sera pas, comme Jean, un héros de la solitude. Certes, il aimera toujours se retirer dans des lieux déserts pour y prier, pour entendre la voix du Père et se retrouver dans son être profond. Se recentrer sur lui même, comme on dit aujourd’hui. Mais sa prière le poussera toujours vers les foules devenant de plus en plus nombreuses. Il ira vers elles, il n’attendra pas, il se mêlera aux hommes et aux femmes, il sera le signe vivant que Dieu est prêt, que Dieu est avec nous dans ce que nous vivons au quotidien. “L’Esprit de Dieu est sur moi, dira-t-il, Il m’a envoyé annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, promettre la délivrance aux prisonniers, la lumière aux aveugles, la liberté aux opprimés”. Voilà un discours qui tranche avec tout ce qu’on a déjà entendu. Jésus inquiète jusqu’à Jean emprisonné qui lui fait demander : “Es-tu celui qu’on attend ?”. Pour toute réponse, Jésus propose que les disciples de Jean aillent lui dire ce qu’ils voient et ce qu’ils entendent sans rater l’occasion de glorifier celui qu’il estime, plus qu’un prophète, un messager pour préparer le chemin.

Prière

Seigneur, tu n’apparais pas revêtu de puissance et de majesté. Malgré nos objections et nos rêves, tu nous as paru impuissant et insensé en Jésus, ton fils, créant notre désarroi comme celui de Jean-Baptiste. Aujourd’hui encore tu viens vers nous, mais tes chemins ne sont pas toujours nos chemins et ta conception de la justice n’est pas toujours la nôtre, ou si peu parfois. Tu n’es ni inaccessible ni au-dessus de tout, tu chemines avec tous les hommes, sur toutes les routes. Tu sembles si discret mais si nutritif et aussi indispensable que du pain. En ce temps de l’Avent qui nous prépare à ta venue, nous espérons pouvoir te reconnaître en toute femme, en tout homme, en tout pain partagé. Donne-nous des yeux nouveaux, des oreilles nouvelles pour que, comme les disciples de Jean, nous puissions voir et entendre les œuvres de ta présence. Ravive en nous la force de croire et d’espérer aujourd’hui et tous les jours du reste de notre vie.

Jean-Claude SIMON

Novembre 2016: Évangile du dimanche 20 novembre (Christ Roi)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (23, 35-43)

On venait de crucifier Jésus, et le peuple restait là à regarder.
Les chefs ricanaient en disant : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui. S’approchant pour lui donner de la boisson vinaigrée, ils lui disaient: «Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même!» Une inscription était placée au-dessus de sa tête: «Celui-ci est le roi des Juifs.» L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait: «N’es-tu pas le Messie? Sauve-toi toi-même, et nous avec! » Mais l’autre lui fit de vifs reproches: «Tu n’as donc aucune crainte de Dieu! Tu es pourtant un condamné, toi aussi!  Et puis, pour nous, c’est juste: après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal.» Et il disait: «Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne.» Jésus lui répondit: «Amen, je te le déclare: aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »

Méditation

Certains te suivent depuis le début, tu les avais appelés et leur avais confié mission. D’autres t’ont rejoint en cours de chemin, relevés et remis en route par la formidable force de vie qui émane de toi, il faut dire que tu n’as pas ton pareil pour rassembler les foules. Les uns souhaitent et revendiquent comme un dû des postes à responsabilité dans les plus hautes sphères du Royaume que tu annonces, les autres espèrent plus simplement pouvoir y vivre tranquillement, mais tous pensaient que tu allais révolutionner le monde, renverser le pouvoir en place, renvoyer chez eux ces maudits Romains et restaurer la grande dynastie du roi David, pour que le peuple juif connaisse enfin, et définitivement, la prospérité et la paix de la promesse. C’est vrai que tu n’as pas ton pareil pour soulever les foules, pour les mettre en marche, et pour chasser les démons.

On vient de te crucifier, et le peuple reste là à regarder.

Ils regardent le symbole de leurs espoirs, le corps couvert des innombrables marques de la flagellation, les mains et les pieds transpercés d’horribles clous, le visage déformé par la fatigue et la douleur, tout en sang et en sueur, suspendu au bois de la croix, avec cette ridicule couronne d’épines sur la tête, et ce non moins ridicule panneau renseignant ton titre de roi. Leurs rêves sont évanouis, disparus en fumée. Tout est foutu.

Jubilation de ceux qui n’ont jamais cru en toi. Quolibets, moqueries.
Déception amère de ceux qui n’ont rien compris. Haussements d’épaules, injures.
Tristesse et impuissance de ceux qui t’aiment. Silence.

Et puis il y a ce vaurien, sorti de nulle part, qui lance cette parole inouïe, impensable d’espérance : ‘Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne

Et ta réponse, promesse improbable, qui aurait aussi pu être cette parole, si souvent prononcée en d’autres occasions : ‘Ta foi t’a sauvé

Aujourd’hui, les mêmes possibilités s’offrent à nous devant un crucifix : le considérer avec ironie ou agressivité, s’en détourner avec gêne ou indifférence, ou bien le contempler avec un regard de foi et se (re)mettre en marche vers et pour la vie, forts de la mémoire de cette promesse : ‘Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis’.

Seigneur, quand les épreuves me clouent moi aussi au bois de la croix, si j’oublie que tu es à mes côtés et si mon espérance vacille, souviens-toi de moi, et aide-moi à me souvenir de toi.

Annick Sauvage.

Octobre 2016: Évangile du dimanche 9 octobre (28ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (17, 11-19)

Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : «Jésus, maître, prends pitié de nous.» En les voyant, Jésus leur dit : «Allez vous montrer aux prêtres.» En cours de route, ils furent purifiés. L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain. Alors Jésus demanda : « Est-ce que tous les dix n’ont pas été purifiés ? Et les neuf autres, où sont-ils ? On ne les a pas vus revenir pour rendre gloire à Dieu ; il n’y a que cet étranger ! » Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »

Méditation

Dix malheureux rongés par la lèpre ont appelé à grands cris la pitié de Jésus. Jésus les exauce et les guérit. Ils sont rendus à la société d’où leur mal les avait exclus. Un seul prend la peine de revenir sur ses pas et remercie le Seigneur. Comme Jésus, nous pourrions nous étonner : « où sont donc les neuf autres ? ».

Nous pourrions aussi, et pour la Xème fois, nous insurger contre le manque de reconnaissance des 9 lépreux qui, guéris, ne viennent même pas remercier Jésus pour tant de bonté. Ne sont-ils pas à notre image : nous demandons beaucoup mais, quand il s’agit de remercier, c’est une autre affaire. Pareil dans nos prières, nous serions bien étonnés s’il nous fallait faire le compte du nombre de prières de «demandes les plus diverses» et du nombre de prières de «remerciements» ou de simples actions de grâce. Mais ce n’est pas à propos de ces neuf-là que j’aimerais partager mes réflexions mais du dixième, celui qui a choisi la meilleure part, le seul à qui Jésus dit «relève-toi et va, ta foi t’a sauvé».

La leçon de cet évangile pose, aujourd’hui encore, la question de la spontanéité et du «marchandage» dans nos rapports humains, mais aussi avec Dieu. Il nous questionne sur le sens de la «vraie» prière.

N’avons-nous pas, nous aussi, un sens aigu de ce qui nous est dû ? Ce sont les enfants et les adolescents qui attendent tout de leurs parents, ce sont ces parents qui aimeraient que leurs enfants leur manifestent bien plus d’attention qu’ils n’ont été capables d’en offrir, ce sont ces époux si prévenants avec les visiteurs mais parfois si sinistres, désagréables, lorsqu’ils se retrouvent en tête-à-tête.

Dans nos relations quotidiennes avec les autres, qu’elles soient amicales ou professionnelles, comme nous aimons parfois rester au plan de la froide correction, comme nous aimons, à la suite d’un service rendu, nous persuader intérieurement : «après tout, c’est son métier …, il est payé, je l’ai payé, pour cela …, pas besoin de merci » !

C’est sans doute vrai mais, dans beaucoup de cas, la valeur personnelle, le sens du devoir, le talent et la compétence entrent en ligne de compte dans la réalisation d’une tâche, aussi minime soit-elle. Tout ce savoir-faire, mais aussi ce savoir-être, méritent bien souvent des remerciements.

Un jour, une personne m’avoua se sentir coupable de ne pouvoir rendre à ses amis la gentillesse et les attentions offertes quand il était malade. Il y a des moments où la vie nous donne, sous différentes formes et que nous ne pouvons pas toujours offrir la réciprocité. Quelle que soit la forme offerte par la vie pour répondre à nos besoins, soyons reconnaissants. Viendra le jour où nous aiderons quelqu’un d’autre. Nous ne lui offrirons peut-être pas une aide matérielle mais de notre temps, de notre compassion, de notre écoute. Apprenons à recevoir avec gratitude, comme le lépreux de l’évangile, apprenons à ne plus confondre recevoir et échange, que nous soyons le donneur ou celui qui reçoit.

Le Samaritain nous donne une leçon de dignité humaine. Il avait crié avec ses neuf autres compagnons : « Maître, aie pitié de nous » mais il est seul à manifester sa reconnaissance. C’est lui que nous essaierons d’imiter dans nos relations avec Dieu, avec les hommes et les femmes, à commencer avec ceux et celles qui vivent tout proches de nous.

Jean-Claude SIMON.

Septembre 2016: Évangile du dimanche 25 septembre (26ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (16, 19-31)

En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens: « Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux. Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d’ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères. Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra. Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui. Alors il cria : ‘Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise. – Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance. Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.’ Le riche répliqua : ‘Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. En effet, j’ai cinq frères : qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !’ Abraham lui dit : ‘Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent ! – Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.’ Abraham répondit : ‘S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.’ »

Méditation

Il y a tout juste un an, l’actualité nous donnait à voir le drame de la guerre vécu dans les pays du Moyen-Orient, obligeant des populations entières à prendre le dur chemin de l’exil. Face à l’afflux des migrants cherchant refuge en Europe, plusieurs attitudes se sont exprimées. Compassion devant la détresse et désir d’apporter son aide, de trouver des solutions acceptables, dans le respect de l’humanité et de la dignité de tous. Mais aussi peur et rejet, tentation du repli sur soi. Incompréhension. Violence. Ou bien l’indifférence – Je ne les connais pas, leurs problèmes ne me concernent pas…Le pauvre Lazare ne demande pas grand-chose au riche, seulement de pouvoir récolter ce qui tombe de sa table. Ça ne le priverait en rien. Mais le riche semble ne pas même s’apercevoir de la présence de Lazare. C’est comme si celui-ci n’existait pas. Et même au séjour des morts, alors que demander pardon aurait pu tout changer, il continue à ne considérer Lazare que comme un esclave, tout juste bon pour être mis à son service. Je suis chrétienne et je désire te suivre, Seigneur, toi qui me dis « Chaque fois que vous ne l’aurez pas fait à l’un d’entre eux, c’est à moi que vous ne l’aurez pas fait » Je vis confortablement, je mange à ma faim. Qu’est-ce que j’ai fait tout au long de cette année, concrètement, pour aider ceux qui n’ont pas la même chance? Trop peu…Seigneur, je te demande pardon pour ma tiédeur et ma frilosité, mon égoïsme et mon indifférence. Change mon cœur, aide-moi à regarder la réalité en face et à prendre mes responsabilités dans la construction d’un monde plus juste, où chaque homme puisse vivre dans la dignité.

Annick SAUVAGE.

Été 2016: Évangile du dimanche 24 juillet (17ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (11, 1-13)

Un jour, quelque part, Jésus était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda: «Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean Baptiste l’a appris à ses disciples». Il leur répondit: «Quand vous priez, dites: ‘Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes nous pardonnons à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous soumets pas à la tentation». Jésus leur dit encore: «Supposons que l’un de vous ait un ami, et aille le trouver en pleine nuit pour lui demander: Mon ami, prête-moi trois pains: un de mes amis arrive de voyage, et je n’ai rien à lui offrir. Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond: Ne viens pas me tourmenter! Maintenant, la porte est fermée; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner du pain, moi je vous l’affirme: même s’il ne se lève pas pour les donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu’il lui faut. Eh bien, moi, je vous dis: Demandez, vous obtiendrez; cherchez, vous trouverez; frappez, la porte vous sera ouverte. Celui qui demande reçoit; celui qui cherche trouve; et pour celui qui frappe, la porte s’ouvre. Quel père parmi vous donnerait un serpent à son fils qui lui demande un poisson? Ou un scorpion, quand il demande un œuf? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent?»

Méditation

Été, temps des vacances. Temps offert, tous s’accordent à le dire, comme une chance : « profites-en bien ! » – oui, mais comment… ? Des tas d’activités en tous genres nous sont proposées pour rentabiliser au maximum nos vacances, au point qu’elles ne sont plus toujours ce qu’elles devraient être : un temps de ressourcement, de respiration, de recréation. Pour cela, nous, Chrétiens, possédons un vrai trésor : la prière que Jésus nous a enseignée, le Notre Père.
Nous l’avons apprise par coeur au tout début de notre vie de Chrétiens, et depuis ce lointain temps de l’enfance, nous la récitons au cours de la messe, parfois un peu machinalement, sans vraiment faire attention aux mots que nous prononçons, puis la mettons souvent de côté jusqu’au dimanche suivant.
Jésus nous dit « Demandez, vous obtiendrez. Celui qui demande reçoit »
Alors, si nous profitions de ce temps des vacances pour redécouvrir la richesse et la beauté du Notre Père, pour réapprendre à le prier chaque jour comme Jésus dont nous sommes les disciples, nous recentrer sur l’essentiel et demander au Père ce qui est bon pour nous car il sait, lui, ce dont nous avons réellement besoin.
Si nous le lui demandons avec insistance, il nous donnera l’Esprit Saint en abondance, lui qui est la nourriture dont nous avons besoin chaque jour pour être capables d’aimer, de pardonner, de résister au mal, de vivre de la Vie Éternelle.

Annick SAUVAGE.

Juin 2016: Évangile du dimanche 5 juin (10ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (7, 11-17)

En ce temps-là, Jésus se rendit dans une ville appelée NAÏM. Ses disciples faisaient route avec lui, ainsi qu’une grande foule. Il arriva près de la porte de la ville au moment où l’on emportait un mort pour l’enterrer; c’était un fils unique, et sa mère était veuve. Une foule importante de la ville accompagnait cette femme.

Voyant celle-ci, le Seigneur fut saisi de compassion pour elle et lui dit : « Ne pleure pas. »

Il s’approcha et toucha le cercueil; les porteurs s’arrêtèrent, et Jésus dit : « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. » Alors le mort se redressa et se mit à parler.

Et Jésus le rendit à sa mère.

La crainte s’empara de tous, et ils rendaient gloire à Dieu en disant : « Un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple. » Et cette parole sur Jésus se répandit dans la Judée entière et dans toute la région.

Méditation

Un jeune homme mort, et deux cortèges qui se croisent. Une femme, qui a déjà perdu son mari, perd à présent son fils unique, sa dernière raison de vivre. Elle n’est plus ni épouse, ni mère, elle ne voit plus de sens à sa vie et n’a plus que ses larmes. Une foule nombreuse l’accompagne, remplie d’une compassion impuissante, pleurant avec elle, quittant avec elle la ville, lieu de la vie, pour se rendre au cimetière, lieu de la mort.

Alors se produit la rencontre.

Un jeune homme approche, débordant de vie. Il sème la vie et la joie partout où il passe, d’ailleurs il arrive de CAPHARNAÜM, où il vient de remettre sur pieds l’esclave d’un centurion romain. Lui aussi est rempli de compassion, mais ça ne le paralyse pas, il prend les choses en mains, il ose toucher le cercueil, il ose une parole improbable : ‘Lève-toi !’.

Par ce contact, par cette parole, il rend vie à ce qui semble mort, il rend le fils à sa mère. Elle peut maintenant faire demi-tour et retourner à la ville, lieu de sa vie.

Une grande foule accompagne la femme vers le cimetière, et une grande foule suit Jésus, portée par la puissance de vie qu’il rayonne. Et moi, de quelle foule est-ce que je fais partie?

Nous connaissons tous des situations de mort, où tout semble perdu. Nous pouvons alors nous résigner et pleurer, ou bien faire confiance en la vie plus forte que la mort, prendre les choses à bras le corps, et nous relever.

Une anecdote vécue récemment : un travail important à rendre, des mois de boulot, l’échéance imminente, la finalisation à portée de mains, et puis l’accident, une bête erreur de manipulation, le document refermé sans sauvegarde, les modifications non enregistrées, la mise en page complètement chamboulée et le travail de plusieurs jours perdu, à deux heures à peine de l’échéance. « C’est foutu, on n’arrivera jamais à tout refaire en si peu de temps ». Et les larmes coulent, abondamment. Découragement, tentation de baisser les bras et de tout arrêter, à quoi bon… ? Mais on s’y est toutes mises, trois ordinateurs à la fois, des copiés-collés tous azimuts, les claviers qui crépitent et les cerveaux qui bouillonnent, et je vous jure que pour tenir le coup, il fallait y croire, qu’on réussirait !

Et on y est arrivées. Et les sourires ont chassé les larmes, et la vie a chassé la mort…

Merci, Seigneur, parce que quand les épreuves nous empêchent d’avancer, tu viens espérer en nous, et ta foi en la vie nous aide à nous relever, et à continuer le chemin.

Annick SAUVAGE.

Mai 2016: Évangile du dimanche 8 mai (7ème de Pâques)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (17, 20-26)

En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. »

Méditation

En Dieu règne l’unité. Elle est au cœur de son projet lorsqu’il ordonne la création, et c’est elle qu’il veut reconstruire lorsqu’il vient sauver l’homme égaré loin de lui.

La dernière prière de Jésus vibre de cet ardent appel : Que tous, ils soient un … Qu’ils soient un en nous … Que leur unité soit parfaite. C’est pour cela qu’il livre sa vie, pour que nous acceptions de revenir à la source de toute unité, l’amour trinitaire. En vivant cette unité intérieure, il devient possible de faire grandir l’unité autour de nous.

Alors la gloire de Dieu se laisse voir. Depuis qu’elle s’est révélée sur la croix et s’est répandue sur le monde au matin de Pâques, plus rien ne peut l’arrêter. Elle transparaît sur le visage de ceux qui aiment de l’amour même de Dieu.

L’unité ne s’obtient pas à coup de serpe, en élaguant un peu vite nos différences. L’unité est un don que Dieu déploie en ceux qui se laissent travailler au souffle de son Esprit. Elle est le signe visible de sa présence en nous. Voici ce que le Père cherche à réaliser, faire sa demeure en chacun de nous pour que le monde voie ses œuvres et croie en son amour.

La prière de Jésus continue d’avoir toute sa pertinence et nous sommes appelés à la faire nôtre pour qu’elle devienne réalité en nous et rejaillisse sur nos communautés et dans le monde. Il est temps d’invoquer l’Esprit d’unité et de se mettre à son écoute. Il est temps de répondre au Christ, qui nous unit au Père, aujourd’hui et demain.

Source : Bénédicte DUCATEL (Dans la Revue Magnificat de mai 2010)

Avril 2016: Évangile du dimanche 17 avril (4ème de Pâques)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (10, 27-30)

En ce temps-là, Jésus déclara : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. »

Méditation

Ce qui m’émerveille, Seigneur, c’est la simplicité et la tranquille assurance avec lesquelles tu dis des choses extraordinaires, inouïes.

Nous savons très bien que tous, nous mourrons un jour, et toi tu affirmes calmement : ‘Je leur donne la vie éternelle, jamais elles ne périront’.

D’où te vient cette certitude ?

Il ne faut pas chercher bien loin, ça éclate de façon lumineuse dans la suite de tes paroles: toi, vrai homme, tu sais bien que, comme nous tous, tu mourras un jour, et que ce serait folie de prétendre, par tes seules forces d’homme, pouvoir assurer la vie éternelle à quiconque, à commencer par toi-même.

Mais toi, vrai Fils qui ne fais qu’UN avec le Père, qui le connais intimement et es connu et aimé de lui depuis toujours, tu sais que le Père EST éternellement, et tu as une confiance infinie en lui. Tu peux dire ‘Personne ne les arrachera de ma main’, non pas parce que ta main d’homme a une force particulière, mais parce qu’elle se tient avec confiance dans la main du Père : ‘Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père’. C’est aussi cette confiance absolue qui te permet de dire, à Gethsémani : ‘Abba, pas ce que je veux, mais ce que toi, tu veux’, et sur le bois de la Croix : ‘Père, entre tes mains, je remets mon esprit’

Ce qui m’émerveille, Seigneur, c’est ton immense confiance en ton Père, née de la certitude d’être connu et aimé de lui.

Parfois, ballottée par les épreuves de la vie, je me sens comme une brebis perdue, Seigneur, je ne sais plus trop que faire, qui croire, quelle décision prendre.

Alors je fais silence pour mieux entendre, au milieu de la cacophonie ambiante, ta voix qui murmure au fond de mon cœur, et j’écoute:

‘Aimez-vous les uns les autres’ ;
‘Ne jugez pas’ ;
‘Pardonnez’ ;
‘Moi, je te connais,
je t’ai appelée par ton nom,
tu es à moi,
tu as du prix à mes yeux,
tu as de la valeur,
je t’aime,
ne crains pas, car je suis avec toi’(*) ;
‘Je suis venu pour que tu aies la vie, la vie en abondance’ ;
‘Je te dis ça pour que ma joie soit en toi, et que ta joie soit parfaite’ ;
‘Je ne suis pas venu pour te condamner, mais pour te sauver’

Quelle merveille que le son de ta voix, Seigneur !

Alors, comme Pierre, je te réponds : ‘Seigneur, à qui irais-je ? Tu as les paroles de la vie éternelle’.

Donne-moi de ne jamais oublier le son de ta voix, et quand la vie ressemble à une tempête déchaînée, aide-moi à tendre l’oreille pour t’écouter, à te faire confiance et à te suivre, toujours.

(*) Livre du prophète Isaïe, ch. 43

Annick SAUVAGE.

Mars 2016: Évangile du dimanche 6 mars (4ème de Carême – Laetare)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (15, 1-3.11-32)

En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui: « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : ‘Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.’ Et le père leur partagea ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors il rentra en lui-même et se dit : ‘Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.’ Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : ‘Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.’ Mais le père dit à ses serviteurs : ‘Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.’ Et ils commencèrent à festoyer. Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. Celui-ci répondit : ‘Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.’ Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. Mais il répliqua à son père : ‘Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !’ Le père répondit : ‘Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! »

Méditation

Qu’est-ce qui différencient les deux frères dans leur relation à leur père ? Au fond, pas grand-chose: tous deux le considèrent comme un patron, un maître auquel il faut être soumis. L’aîné trouve ça normal et accepte, depuis toujours il obéit à son père afin de rester dans ses bonnes grâces. Le plus jeune, lui, refuse cette soumission à laquelle il se croit obligé, il veut être libre. Au fait, n’est-ce pas une réaction saine ? La relation père-fils n’est-elle pas autre chose qu’une banale et triste rétribution pour services rendus? Et le Père ne veut-il pas ses enfants libres? Quand le fils prodigue rentre au bercail, il n’a pas beaucoup changé: il n’espère pas être réintégré à sa place de fils de la maison, il brigue juste une place d’ouvrier qui lui assurerait la pitance ! Mais son père, qui le voit venir de loin – signe qu’il guette constamment son retour – court se jeter à son cou et le couvre de baisers. Et le fils réalise enfin de quel amour immense et inconditionnel il est aimé.

Puisse le fils (le frère) aîné, puissions-nous, nous aussi, laisser de côté nos calculs, accueillir humblement ton amour toujours donné, et le partager simplement avec nos frères.

Annick SAUVAGE.

Février 2016: Évangile du dimanche 14 février (1er de Carême)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (4, 1-13)

En ce temps-là, après son baptême, Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim. Le diable lui dit alors : «Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain.» Jésus répondit : «Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain.» Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre. Il lui dit : «Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela.» Jésus lui répondit: «Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte.» Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : «Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre.» Jésus lui fit cette réponse : «Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu.» Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.

Méditation

J’ai beaucoup mangé ces derniers temps, même quand je n’avais plus très faim.

Friandises de Halloween et de la Saint-Nicolas, repas copieux – bûche et compagnie – des réveillons et jours d’après à Noël et Nouvel An, galette des rois à l’Épiphanie, crêpes de la chandeleur… Pas mal acheté, aussi : cadeaux, décorations, vêtements pour les fêtes, soldes…

J’ai fait le plein de bonnes choses, donc, peut-être même un peu trop, pourtant je ne me sens pas comblée, quelque chose me manque. Cette abondance de nourriture et d’objets qui ont rempli mon estomac et ma maison, me laissent sur ma faim. Peut-être ai-je un peu négligé, tout occupée que j’étais à organiser les fêtes, de me nourrir de l’essentiel ? Peut-être aussi ai-je eu tendance à me tromper d’essentiel… ? Tout, autour de nous, vise à nous convaincre qu’il est bon pour nous de consommer toujours plus, d’acheter les dernières nouveautés pour être heureux en ce monde. On en vient vite à étouffer sous cette avalanche de propositions alléchantes, et difficile de ne pas se laisser influencer, de se laisser tenter.

Au boulot et ailleurs, l’envie de tout maîtriser, de défendre mes intérêts, d’imposer ma conception des choses, de me faire bien voir, aussi, m’ont parfois amenée à dire ou à faire des choses pas très belles, oubliant que la seule chose qui compte, c’est d’aimer. Il m’est aussi arrivé, sachant ton amour pour moi, de te faire un affreux chantage aux sentiments, de te prendre pour un magicien qui m’obéirait au doigt et à l’œil et d’inverser les rôles en mettant ton Amour à mon service, au lieu de me mettre, moi, au service de ton Amour…

Besoin d’aller au désert, Seigneur. Me débarrasser de tout ce qui n’est pas moi. Reconnaître qui je suis. Reconnaître qui tu es. Creuser ma faim de toi, retrouver le bon goût de ta Parole. Réapprendre à me laisser conduire par l’Esprit, et par lui seul. Te demander pardon pour tous mes manques d’amour. Accueillir ta miséricorde. Me laisser inonder par la joie d’aimer et d’être aimée. Te contempler, tout simplement.

Annick SAUVAGE.

Janvier 2016: Évangile du dimanche 24 janvier (3ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (1, 1-4; 4, 14-21)

Plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, tels que nous les ont transmis ceux qui, dès le début, furent les témoins oculaires et sont devenus les serviteurs de la Parole. C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après m’être informé soigneusement de tout depuis les origines, d’en écrire pour toi, cher Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as reçus […]

Lorsque Jésus, avec la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. Il enseignait dans les synagogues des Juifs, et tout le monde faisait son éloge. Il vint à Nazareth, où il avait grandi. Comme il en avait l’habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. On lui présenta le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire: «Cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. »

Méditation

16. Dans l’Évangile de Luc, nous trouvons un autre aspect important pour vivre avec foi ce Jubilé. L’évangéliste raconte qu’un jour de sabbat, Jésus retourna à NAZARETH, et comme il avait l’habitude de le faire, il entra dans la synagogue. On l’appela pour lire l’Écriture et la commenter. C’était le passage du prophète Isaïe où il est écrit : « L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur» (Is 61, 1-2).

« Une année de bienfaits » : c’est ce que le Seigneur annonce et que nous voulons vivre. Que cette Année Sainte expose la richesse de la mission de Jésus qui résonne dans les paroles du Prophète: dire une parole et faire un geste de consolation envers les pauvres, annoncer la libération de ceux qui sont esclaves dans les nouvelles prisons de la société moderne, redonner la vue à qui n’est plus capable de voir car recroquevillé sur lui-même, redonner la dignité à ceux qui en sont privés. Que la prédication de Jésus soit de nouveau visible dans les réponses de foi que les chrétiens sont amenés à donner par leur témoignage. Que les paroles de l’Apôtre nous accompagnent: «celui qui pratique la miséricorde, qu’il ait le sourire » (Rm 12, 8).

12. … là où l’Église est présente, la miséricorde du Père doit être manifeste. Dans nos paroisses, les communautés, les associations et les mouvements, en bref, là où il y a des chrétiens, quiconque doit pouvoir trouver une oasis de miséricorde.

Pape François,
Extraits de Misericordiae Vultus
(Bulle d’indiction du Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde)

Décembre 2015: Évangile du dimanche 20 décembre (4ème Avent)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (1, 39-45)

En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.

Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.

Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

Méditation

Heureuse celle qui a cru…

Tout au début de l’évangile de Luc, ce récit de la visitation de Marie à Élisabeth suit directement ceux des annonces de la naissance de Jean-Baptiste à Zacharie et de la naissance de Jésus à Marie. Deux récits qui présentent des similitudes de structure et de contenu :

– L’ange du Seigneur apparaît à Zacharie, qui en est bouleversé. Il lui dit ‘sois sans crainte’ et lui annonce que sa femme va avoir un fils. Zacharie lui demande comment il saura que ça arrivera étant donné que sa femme, Élisabeth, est stérile et, de plus, trop âgée.

– L’ange du Seigneur apparaît à Marie qui est bouleversée elle aussi. Il lui dit ‘sois sans crainte’ et lui annonce qu’elle va avoir un fils. Marie lui demande comment cela se fera étant donné qu’elle n’a pas de relations conjugales.

À première vue, on pourrait penser que ces deux situations semblables sont équivalentes, et on a du mal à comprendre pourquoi Zacharie se voit gratifié d’une réprimande et d’une punition, alors que pour Marie il n’en est rien. Mais quand on y regarde de plus près…

À l’apparition de l’ange, les deux sont bouleversés. Mais alors que le trouble de Zacharie tient surtout de la crainte, celui de Marie semble plutôt être un questionnement émerveillé face à quelque chose qui la dépasse.

Les deux questionnent l’ange sur le ‘comment’, mais on sent chez Zacharie comme une mise en doute de la faisabilité de la chose, alors que la question de Marie porte uniquement sur la façon dont ça va se passer. Pourtant Zacharie, qui est prêtre et connaît donc les Écritures à fond, est bien placé pour savoir qu’il y a un antécédent : Abraham et Sara ont eux aussi eu un fils dans leur vieillesse, il n’a donc aucune raison de douter de la parole de l’ange: en le faisant, c’est de Dieu lui-même qu’il doute, et toute l’histoire du salut qu’il remet en question. Marie, elle, après avoir reçu de l’ange un éclairage, qui reste assez mystérieux tout de même, acquiesce immédiatement. Bien que ne comprenant pas tout, elle choisit de faire confiance. Et c’est la jeune fille ignorante et humble qui deviendra la mère du Sauveur, coiffant au poteau le prêtre respectable qui croit savoir.

La comparaison de ces deux récits met en relief et éclaire ces paroles d’Élisabeth à Marie: heureuse celle qui a cru.

Seigneur, donne-moi l’humble confiance de Marie. Que comme elle j’acquiesce à accueillir en moi le mystère de ta vie pour le mettre au monde.

Annick SAUVAGE

Novembre 2015: Évangile du dimanche 1er novembre: Fête de la Toussaint

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (10, 46b-52)

En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne.

Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :

« Heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.

Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »

Méditation

« Heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des Cieux est à eux »

Cette phrase a fait couler beaucoup d’encre et de salive, Seigneur. Certains ne la comprennent pas et se révoltent contre ce qu’ils prennent pour une consolation à bon marché qui renvoie dans l’après la promesse illusoire du bonheur, tromperie inventée par l’Église en complicité avec les puissants pour faire supporter et accepter aux pauvres leur statut social – on connaît la phrase célèbre de Marx : « la religion est l’opium du peuple »

Récemment, j’étais en voiture et cherchais à m’insérer sur une voie prioritaire. Il y avait pas mal de trafic, j’ai dû attendre assez longtemps avant de pouvoir m’engager et je m’énervais car j’étais assez pressée. Peu après, alors que je suivais la file, je remarque au loin un véhicule qui se trouve dans la même situation que celle que je venais de vivre. J’imaginais plus que je ne le voyais le conducteur en train de désespérer de pouvoir passer un jour tant il y avait de voitures qui défilaient devant lui. Alors j’ai progressivement ralenti, creusant un écart entre ma voiture et celle qui me précédait, et arrivée au carrefour, j’ai fait un appel de phares au conducteur pour lui signaler qu’il pouvait s’engager. Il m’a fait un signe de la main pour me remercier et est passé devant moi, ainsi que deux autres voitures qui le suivaient. Situation banale que beaucoup de conducteurs connaissent pour l’avoir vécue, d’un côté ou de l’autre. Je ne connais pas cette personne et ne la reverrai sans doute jamais, je n’avais donc aucun intérêt à lui faire plaisir. Au contraire, à première vue mon intérêt aurait été de garder ma priorité pour gagner un peu de temps. Pourtant, après avoir fait ce geste tout simple, j’ai ressenti une grande joie, qui a chassé le stress de l’attente et m’a mise de bonne humeur pour le reste de la journée. Et je t’ai senti en moi, qui me disais : « Tu vois, ce n’est pas compliqué, le Royaume des Cieux arrive grâce aux petits gestes que tu poses au quotidien, quand tu renonces à ce qui te revient de droit, quand tu te fais pauvre pour permettre à un autre d’exister, alors le Royaume des Cieux grandit dans ton cœur, et sans doute aussi dans le cœur de l’autre à qui tu fais plaisir et qui ne s’y attendait pas. Ce n’est pas une utopie illusoire, c’est bien réel, et ça commence ici et maintenant. »

Annick SAUVAGE

Octobre 2015: Évangile du dimanche 25 octobre (30ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (10, 46b-52)

En ce temps-là, tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin.
Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! »
Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! ». Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. ».
On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. »
L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus.
Prenant la parole, Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? ».
L’aveugle lui dit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! ».
Et Jésus lui dit: « Va, ta foi t’a sauvé. »
Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin.

Méditation

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Tu poses cette question à un aveugle et il te demande de lui rendre la vue. Oui, bien sûr ! C’est évident. Pas besoin d’un long discours pour expliquer ça, ça va de soi. Est-ce si sûr… ?

Il y a peu, tu avais posé la même question à deux de tes plus proches disciples, ceux qui te connaissent bien et que tu es en train de former pour la mission. Et au lieu de te demander de leur apprendre comment faire pour annoncer au mieux la Bonne Nouvelle, leur seule requête était une place d’honneur dans le Royaume ! Pourtant ils ne sont pas aveugles, eux, ils ont des yeux et sont toujours près de toi, ils devaient bien voir que tu passes ton temps à mettre les petits au même rang que les forts, les pauvres au même rang que les riches, les derniers au même rang que les premiers. Ils auraient dû savoir que dans le Royaume peu importe la place qu’on occupe parce que toutes les places sont des places d’honneur…

Bartimée, lui, bien qu’aveugle, semble voir plus clair qu’eux. Il est aussi plein de bon sens, alors il demande la seule chose dont il ait vraiment besoin, la seule chose qui lui permettra de retrouver sa dignité, de prendre sa vie en mains au lieu d’être obligé de passer son temps à mendier. Il ose te faire cette demande extravagante parce qu’il a confiance en toi, il croit que tu peux le sauver.

Et moi, quand je prie? Est-ce que je demande ce dont j’ai vraiment besoin en profondeur, ou est-ce que je m’en tiens au matériel et au superficiel ? Et est-ce que je crois vraiment que tu peux exaucer mes prières, que tu peux me changer et changer ma vie ?

Seigneur, souvent je suis comme aveuglée, je ne sais pas voir ce qui est bon pour moi. Ouvre mon cœur pour que je recommence chaque jour à te demander la seule chose qui compte vraiment : m’apprendre à aimer tous les hommes comme toi tu les aimes.

Ne laisse rien ni personne étouffer ce cri en moi qui monte vers toi, mais donne-moi l’audace et la confiance de Bartimée pour que j’ose te demander même ce qui paraît impossible, et croire que tu vas le réaliser.

Alors je me mettrai en route et j’irai vers mes frères avec la paix et la joie au cœur et tout au fond de moi résonneront ces paroles : « Va, ta foi t’a sauvée »

Annick SAUVAGE

Septembre 2015: Évangile du dimanche 13 septembre (24ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (8, 27-35)

En ce temps-là, Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples, vers les villages situés aux environs de Césarée-de-Philippe. Chemin faisant, il interrogeait ses disciples: « Au dire des gens, qui suis-je ?» Ils lui répondirent: « Jean le Baptiste; pour d’autres, Élie; pour d’autres, un des prophètes.» Et lui les interrogeait: «Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »

Pierre, prenant la parole, lui dit: « Tu es le Christ». Alors, il leur défendit vivement de parler de lui à personne. Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. Jésus disait cette parole ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre: «Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes.»

Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit: «Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. »

Méditation.

« Pour vous, qui suis-je ? »

Cette question que tu poses aux disciples, c’est à nous, à moi que tu la poses aujourd’hui.

Tu ne me demandes pas d’ouvrir le dictionnaire et de lire la définition qui figure en face de ton nom, ni de me faire une opinion basée sur tout ce qu’on dit de toi, non: tu me demandes une réponse personnelle: pour toi, qui suis-je ?

Pour moi…

Ce n’est pas simple de répondre, Seigneur. Parce que répondre, c’est accepter de me dévoiler, c’est risquer la fragilité. Une réponse personnelle, ça engage.

Pierre, le fougueux Pierre, te fait sans attendre une réponse grandiose: « Tu es le Christ »

Pour moi aussi, tu es le Christ.

Mais tu ne te laisses pas enfermer dans un mot, si beau soit-il. Tu sais que derrière un mot, chacun peut mettre ce qui l’arrange, consciemment ou non. Tu nous dis, à Pierre comme à moi, comme à nous tous aujourd’hui :

« ce que je suis pour toi, tu ne le découvriras qu’en me suivant sur le chemin de vie que je te propose, un chemin où l’amour a toujours la première place. Ce chemin sera traversé par des épreuves, parce que la vie est comme ça, mais si tu le veux je te promets de marcher toujours avec toi. Ce n’est que petit à petit, au fur et à mesure que nous cheminerons ensemble, et dans la mesure où tu te laisseras remettre en question par moi, que tu apprendras à renoncer à toutes les images que tu te fais de moi. Alors, tu comprendras qui je suis pour toi. Tu sauras que ta réponse ne peut pas tenir dans un mot, ni une phrase, ni même dans un livre. Ta réponse, ce sera le chemin que prendra ta vie ».

« Pour vous, qui suis-je ? »

Quelle réponse allons-nous lui donner ?

Annick SAUVAGE

Été 2015: Évangile du dimanche 19 juillet (16ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (6, 30-34)

Après leur première mission, les Apôtres se réunissent auprès de Jésus, et lui rapportent tout ce qu’ils ont fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux qu’on n’avait même pas le temps de manger.

Ils partirent donc dans la barque pour un endroit désert, à l’écart. Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup les reconnurent. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux.

En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de pitié envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger.

Alors, il se mit à les instruire longuement.

Méditation.

Tes disciples viennent de rentrer de mission et tu leur dis de se reposer un peu. C’est normal. Ils ont beaucoup travaillé, ils sont fatigués, ils ont besoin de repos.

Mais est-ce cela seulement que tu veux dire ? Ne faut-il pas chercher plus loin ?
Quel danger les guette ?

Tu leur as confié une mission importante, ils en sont conscients et veulent faire du mieux qu’ils peuvent. Ils ont réalisé de belles choses, ils sont heureux et fiers, et ils te racontent tout ce qu’ils ont fait. Mais à peine revenus, ils sont à nouveau sollicités de toutes parts, au point qu’ils n’ont même pas le temps de manger. Ni de faire le bilan de leurs actions. Ni de prier. Ni de rendre grâce à Dieu pour tout ce qu’Il leur a permis de réaliser (risquant même d’oublier, à la longue, que c’est grâce à lui qu’ils ont pu faire tout ce qu’ils ont fait). Ni de puiser en Lui la lumière, la patience, l’amour, la confiance et la force nécessaires pour continuer.

Grisés par leurs récents succès, et face aux nombreuses tâches à accomplir, les disciples pourraient être tentés de continuer sur leur lancée, se donnant sans compter pour répondre au plus vite à toutes les demandes. Ils risquent alors l’épuisement, non seulement physique mais aussi spirituel. Grand est le risque de nous affadir si nous négligeons de venir recharger nos batteries à la chaleur de ton amour. Et si le sel perd sa saveur, qui la lui rendra?

Toi seul, Seigneur, peux nous garder savoureux comme le bon pain.

Comme à Marthe qui s’agite et s’affaire pour bien des choses, tu leur rappelles, tu nous rappelles qu’avant toute action humaine, la première chose à faire est de venir puiser à la source, prendre le temps de manger la vraie nourriture, le pain qui vient du Ciel, ta Parole de vie. Alors ils seront à même de continuer la route avec toi, et de t’aider à rassasier des foules affamées.

« Venez à l’écart », et non pas « Allez à l’écart » : le repos à l’écart, oui, mais pas n’importe comment, et pas tout seuls : leur temps de repos, tu les invites à le prendre auprès de toi : « Venez à moi, et vous trouverez le repos ».

Pendant ces vacances, je veux prendre du temps pour toi. Pour te parler, et surtout pour t’écouter. Pour être tout simplement avec toi.

Me ressourcer en toi.

Bonnes vacances à tous !

Annick SAUVAGE

Juin 2015: Évangile du dimanche 28 juin (13ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (5, 21-43)

En ce temps-là, Jésus regagna en barque l’autre rive, et une grande foule s’assembla autour de lui. Il était au bord de la mer. Arrive un des chefs de synagogue, nommé Jaïre.

Voyant Jésus, il tombe à ses pieds et le supplie instamment : « Ma fille, encore si jeune, est à la dernière extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive.» Jésus partit avec lui, et la foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait.

Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans… – elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, et elle avait dépensé tous ses biens sans avoir la moindre amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré – … cette femme donc, ayant appris ce qu’on disait de Jésus, vint par-derrière dans la foule et toucha son vêtement. Elle se disait en effet: «Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée.»

À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal. Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui. Il se retourna dans la foule, et il demandait : «Qui a touché mes vêtements?» Ses disciples lui répondirent: «Tu vois bien la foule qui t’écrase, et tu demandes : “Qui m’a touché ?”» Mais lui regardait tout autour pour voir celle qui avait fait cela. Alors la femme, saisie de crainte et toute tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Jésus lui dit alors : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. »

Comme il parlait encore, des gens arrivent de la maison de Jaïre, le chef de synagogue, pour dire à celui-ci: «Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le Maître? » Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de synagogue: « Ne crains pas, crois seulement. » Il ne laissa personne l’accompagner, sauf Pierre, Jacques, et Jean, le frère de Jacques. Ils arrivent à la maison du chef de synagogue. Jésus voit l’agitation, et des gens qui pleurent et poussent de grands cris. Il entre et leur dit: « Pourquoi cette agitation et ces pleurs? L’enfant n’est pas morte: elle dort. » Mais on se moquait de lui. Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui étaient avec lui; puis il pénètre là où reposait l’enfant. Il saisit la main de l’enfant, et lui dit: « Talitha koum », ce qui signifie: «Jeune fille, je te le dis, lève-toi! »

Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher – elle avait en effet douze ans. Ils furent frappés d’une grande stupeur. Et Jésus leur ordonna fermement de ne le faire savoir à personne; puis il leur dit de la faire manger.

Méditation.

28 ans que je fais ce métier.

J’en ai rencontré des malades, sur l’autre rive… Certains très atteints, au bout du rouleau, vidés. La médecine ne peut parfois plus rien. Sentiment d’impuissance. Tentation de se presser ailleurs en détournant le regard – à quoi bon ?… – laissant le malade seul avec sa souffrance, déjà mort.

Mais comme toi, par toi et avec toi, entendre le cri de cet homme, me laisser toucher par la détresse de cette femme. Les rejoindre dans leur désir de vivre.

Prendre le temps, m’asseoir un instant. Chercher un regard, caresser une main, risquer une parole. Des yeux s’illuminent, un sourire s’ébauche, un corps se redresse. Et leurs cœurs, comme le mien, sont tout brûlants. Tu es là, bien vivant, et tu nous aides à vivre ce que nous avons à vivre. Merci, Seigneur.

Annick SAUVAGE.

Mai 2015: Évangile du dimanche 10 mai (6ème de Pâques)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (15, 9-17)

Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.

Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure.

Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres.

Méditation.

C’était la veille de ta mise à mort. Tu partageais ton dernier repas avec tes disciples. Tu savais que tu allais bientôt être séparé d’eux. Tu leur as laissé tes ultimes recommandations, le plus important pour toi, ton testament. Il ne fallait pas qu’ils risquent de mal comprendre tout ce que tu leur avais dit au cours de ces trois ans de vie commune. Tu as voulu leur redire une dernière fois ce qui compte vraiment. Et pour être sûr qu’ils ne s’embrouillent pas dans de longs textes compliqués, qu’ils ne reproduisent pas les erreurs des Pharisiens et qu’ils retiennent facilement, tu leur as donné cet unique commandement qui rassemble tous les autres :

Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.

Comme c’est bon de lire ce passage de l’Évangile, Seigneur ! Bon de t’entendre me dire la grandeur, la longueur, la largeur, la hauteur, la profondeur, l’intensité de ton amour ! Comme ça fait du bien de lire ce débordement d’amour qui s’adresse à moi : dix fois le verbe aimer, conjugué à tous les temps, deux fois le mot joie et le mot amis, dans un si petit texte !

À la veille de la fête de l’Ascension, la liturgie nous donne à relire ce texte. Comme aux disciples, tu veux nous redire, au moment où nous célébrons ta montée vers le Père et notre envoi en mission, l’essentiel de ton message et la grandeur de notre vocation de Chrétiens :

Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés.
Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres.

Tu nous demandes de nous aimer de l’amour qui vous unit, le Père et toi.

Comme… – il y a plusieurs façons d’aimer : je repense à ce poème de PRÉVERT :
« Tu dis que tu aimes les fleurs, tu les coupes. Tu dis que tu aimes les poissons, tu les manges. Tu dis que tu aimes les oiseaux, tu les mets en cage. Quand tu me dis “Je t’aime”, j’ai peur… »
Toi, Seigneur, tu nous aimes d’un amour qui ne coupe pas, mais remet debout; qui ne dévore pas, mais donne la vie; qui n’enferme pas, mais rend libres.

Comme… – c’est parce que tu nous aimes que nous sommes rendus capables d’aimer à notre tour. C’est ton amour qui nourrit le nôtre. Si nous nous coupons de ton amour, nous ne pourrons aimer qu’à la manière, bien pauvre, décrite par le poète.

Merci, Seigneur, pour cette merveille, ce cadeau extraordinaire de ton amour pour moi. Aide-moi à ne jamais m’éloigner de toi, pour pouvoir aimer vraiment mes frères.

Annick SAUVAGE.

Avril 2015: Évangile du dimanche 12 avril (2ème de Pâques)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (20, 19-31)

C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit: « La paix soit avec vous! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau: «La paix soit avec vous! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie.» Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit: « Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus.»

Or, l’un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient: « Nous avons vu le Seigneur! » Mais il leur déclara: « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas! »

Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit: «La paix soit avec vous! » Puis il dit à Thomas: «Avance ton doigt ici, et vois mes mains; avance ta main, et mets-la dans mon côté: cesse d’être incrédule, sois croyant.»

Thomas lui dit alors: «Mon Seigneur et mon Dieu! » Jésus lui dit: «Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu.»

Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre.

Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom.

Méditation 

Les disciples ont verrouillé les portes car ils ont peur… On les comprend: leur maître vient d’être atrocement mis à mort après avoir subi un jugement injuste, été flagellé et traîné dans les rues sous les injures et les moqueries, ils craignent de subir le même sort…

Attentats, agressions, cambriolages, catastrophes naturelles ou non, disparitions inexpliquées… Moi aussi il m’arrive d’avoir peur, Seigneur, quand j’entends les infos… Alors, comme les disciples, je prends un maximum de précautions: assurances, alarmes, hauts murs, barrières solidement cadenassées, et pas question de laisser les enfants aller seuls à l’école, même si elle n’est qu’à 300m, au centre du village… Mais est-ce cela, vivre en paix ? Se terrer dans sa bulle, ne plus oser sortir ? Est-ce ce genre de ‘paix’ que tu proposes à tes disciples, que tu me proposes, Seigneur ?

Je relis: malgré ta mort sur la croix, malgré les menaces extérieures et les verrous sur les portes, tu es là, bien vivant au milieu de nous. Tu nous rejoins et nous accompagnes dans le quotidien de nos vies. Je te reconnais dans toutes ces personnes qui risquent des paroles et des gestes d’entraide en dépit du négativisme ambiant, et font grandir l’humanité. Et j’écoute à nouveau tes paroles: ‘La paix soit avec vous. De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie…’

Et je comprends que la vraie paix n’est pas donnée par des sécurités extérieures, mais par l’assurance de ta présence toujours avec moi. Qu’elle ne se construit pas par la fuite de l’autre mais dans sa rencontre. Que tu m’invites à ne pas la garder enfermée dans le cocon de ma maison, de ma communauté, mais à sortir et à la communiquer autour de moi. Donne-moi une foi assez forte pour oser faire sauter les verrous qui m’empêchent de vivre la confiance, qui seule apporte la vraie paix.

Annick Sauvage.

Mars 2015: Évangile du dimanche 8 mars (3ème de Carême)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (2, 13-25)

Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem. Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. »

Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : L’amour de ta maison fera mon tourment. Des Juifs l’interpellèrent: «Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi? » Jésus leur répondit: «Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai.» Les Juifs lui répliquèrent: «Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais !» Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.

Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite. Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait. Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme.

Méditation.

La Pâque approche. Le peuple juif monte à Jérusalem pour fêter en présence de Dieu sa libération de l’esclavage (Ex 20, 2). Tu fais le chemin en compagnie de tes voisins et amis. 150 km entre Capharnaüm et Jérusalem. À pied. C’est long. Beaucoup, de condition modeste, ont fait de gros sacrifices pour pouvoir partir. Les congés payés n’existent pas. Le temps pour faire l’aller-retour, les jours passés sur place, représentent une perte financière lourde à porter. Sur la route, vous rencontrez des gens venus d’autres régions. On fait connaissance, on partage les vivres, on s’entraide. Une fraternité naît. La chaleur, la fatigue, les maux de pieds se font sentir, mais la perspective de la fête qu’on va faire ensemble aide à les supporter. Tu te réjouis de retrouver le Temple, lieu privilégié de la rencontre et du tendre échange avec ton Père, où petit, déjà, tu aimais t’attarder.

Quand enfin vous y arrivez, vous êtes assaillis par des marchands qui s’y sont installés, en ont pris possession et arrêtent votre élan vers le Lieu Saint. Ils utilisent les textes de la Loi pour en monnayer l’accès, qui ne peut se faire qu’au prix d’un sacrifice supplémentaire, qui ne fait plus sens. Et chacun de vanter les qualités de la plus belle colombe, celle qui pourra le mieux plaire à Dieu et s’attirer ses faveurs. Les gens n’osent pas protester. Les marchands s’enrichissent et les pauvres deviennent encore plus pauvres. Les puissants renforcent leur autorité et le peuple bien-aimé de Dieu, asservi par un carcan d’obligations parfois intenables, vit une religion de calcul et de peur. Ce qui devait être la belle fête du passage de l’esclavage à la liberté, devient la fête amère du passage obligé par des contraintes qui gâchent le plaisir de la Rencontre, au risque même que celle-ci, finalement, n’ait pas lieu… Comme je comprends ta révolte ! Avec toi, je veux protester, redire encore et encore que NON, la colombe ne se marchande pas : l’Esprit Saint, Don d’Amour de Dieu, est GRATUIT !

La fête de Pâques approche. Fête de l’Amour qui se donne éternellement pour que l’homme vive libre et heureux. Le temps du Carême nous invite à réfléchir à la façon dont nous la célébrons. Le Temple, c’est l’aujourd’hui de nos vies (1Co 3, 16-17). Comment l’habitons-nous ? En faisons-nous le lieu de la présence et du don gratuit de Dieu, ou l’occupons-nous en propriétaires confortablement installés, marchandant son Amour?

Loin de toute obligation, de ‘prix à payer’, le temps du Carême nous est offert comme un cadeau précieux, une respiration, où tu viens nous aider à purifier notre relation à Dieu, à nous-mêmes et à nos frères. Sachons le goûter, le savourer. Bon Carême à tous !

Annick SAUVAGE.

Février 2015: Évangile du dimanche 1er février (4ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (1, 21-28)

Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. » L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui. Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. » Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée.

Méditation.

Quand j’étais étudiante, quelques profs m’ennuyaient un peu car ils donnaient leur cours sur un ton monocorde et peu convaincant, certains se contentant même de lire des notes tirées de livres d’auteurs, avec peu ou pas d’apport personnel. Mais il y en avait aussi, beaucoup plus nombreux heureusement, qui étaient passionnés par leur matière et en semblaient comme imprégnés en profondeur. Ils avaient une façon d’en parler qui captivait les plus tièdes, et nous étions tous suspendus à leurs lèvres. Si une question surgissait, ils y répondaient avec une aisance qui dénotait une parfaite maîtrise du sujet. Quand sonnait l’heure de la fin du cours, on était tout étonnés que le temps ait passé si vite, et presque déçus que ce soit déjà fini.

Tu es comme eux, Seigneur : tu portes la loi d’amour au plus profond de toi, elle est la substance même de ton être. Tu n’as pas besoin de scruter les Écritures et les commentaires des rabbins pour l’enseigner : il te suffit d’être toi, et tous ceux qui cherchent d’un cœur sincère à en vivre sont interpellés et émerveillés par tes paroles et ta façon d’être, car tout ce que tu dis, tu l’es et tu le fais.

Moi aussi, je suis dans l’admiration quand je contemple ta vie. Quand je t’entends répondre de manière lumineuse aux questions-pièges des pharisiens. Quand je te vois soulager et remettre debout tous les blessés de la vie qui croisent ton chemin. Quand je t’entends condamner inlassablement, jusqu’à y risquer ta peau, ceux qui interprètent la Loi en oubliant qu’elle n’existe que pour que les hommes vivent debout, libres et heureux. Oui, je t’admire et je mets ma confiance en toi. Depuis longtemps j’ai choisi de te suivre.

Mais te suivre est exigeant, Seigneur. Pour aimer mes frères il me faut renoncer à mon confort, à mes avantages. Ce n’est pas facile. Alors parfois, les voix de la paresse, de l’indifférence, du chacun pour soi, ont tendance à prendre possession de ma volonté. Elles essaient de me faire croire que le bonheur est dans les richesses du monde, le pouvoir et la notoriété. Elles me disent que je ferais mieux de ne pas t’écouter, et mon esprit est tourmenté, je ne sais plus très bien que faire. Je sais que tes paroles sont des paroles de Vie, mais en même temps j’ai peur de perdre ma tranquillité. Une partie de moi veut continuer à te suivre et l’autre freine des quatre fers, je suis divisée.

Heureusement tu n’es jamais bien loin, et quand je faiblis, tu viens à mon aide, tu imposes le silence à ces voix menteuses et tu les chasses de mon cœur.

Merci, Seigneur, de toujours veiller sur moi, et de m’aider à te suivre en chassant de mon esprit les fausses vérités qui troublent la pureté de ton message d’amour.

Annick SAUVAGE.

Janvier 2015: Évangile du dimanche 18 janvier (2ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (1, 35-42)

En ce temps-là, Jean le Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : «Voici l’Agneau de Dieu.» Les deux disciples entendirent cette parole, et ils suivirent Jésus. Celui-ci se retourna, vit qu’ils le suivaient, et leur dit: «Que cherchez-vous?» Ils lui répondirent: «Rabbi (c’est-à-dire: Maître), où demeures-tu ? »

Il leur dit: «Venez, et vous verrez.» Ils l’accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était vers quatre heures du soir. André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord son frère Simon et lui dit: « Nous avons trouvé le Messie (autrement dit : le Christ) ». André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit: «Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Képha» (ce qui veut dire : pierre).

Méditation.

Je te suis depuis longtemps, Seigneur.

Quand j’étais petite, mes parents, mes catéchistes, mes profs de religion, les prêtres m’ont parlé de toi. Ils m’ont dit que tu étais le fils de Dieu, que tu m’aimais et que je pouvais te faire confiance, alors je me suis mise en route : par obéissance et aussi pour leur faire plaisir, sans trop savoir où ça me mènerait, j’ai commencé à te suivre, un peu machinalement…

– « Que cherches-tu ? »

Euh… je sais pas, moi… on m’a dit de te suivre, je te suis… mais, c’est vrai, ça… je cherche quoi, au fond… ? Et puis, qui es-tu au juste ? Il ne faut pas suivre des inconnus et je ne te connais pas vraiment : es-tu réellement le fils de Dieu ? Certains disent que tu n’es qu’un homme ordinaire, d’autres que tu es un simple prophète…Comment savoir, comment te connaître ? Dis-moi où tu crèches et je saurai qui tu es…

– « Viens, et tu verras »

Pas faux : rien de tel que d’aller voir de visu pour me faire une idée…

Alors, j’ai ouvert le Livre, et j’ai vu. Je t’ai vu soulager de nombreux malades, parler aux parias de la société comme à des gens importants, dénoncer les injustices partout où tu passais, manger avec les exclus, remettre à leur place les beaux parleurs. Je t’ai vu te réjouir avec les gens heureux, partager la peine de ceux qui pleurent et considérer chacun comme un frère. À ceux qui se croyaient inutiles, bons à rien, tu as rendu la dignité, rien qu’en écoutant ce qu’ils avaient à dire. À ceux que tous disaient perdus, tu as permis de prendre un nouveau départ. Je t’ai reconnu sur les chemins de ma vie, dans certaines personnes rencontrées, qui m’ont accueillie simplement, écoutée quand j’avais besoin d’être écoutée, qui m’ont aidée à tenir dans les difficultés, qui m’ont donné une parole de soutien et d’espérance, une parole qui m’a permis de reprendre courage, de me remettre debout. J’ai réalisé que ça fait du bien d’être avec toi. Et ça fait du bien de voir les autres heureux, on se sent plus heureux soi-même, et on a le cœur en paix.

C’est ça que je cherche : le bonheur et la paix du cœur, et tu m’as appris que c’est en aimant que je les trouverai.

Mais ce n’est pas facile tous les jours d’aimer comme toi, alors j’ai besoin de ton aide, j’ai besoin que tu sois là, toujours avec moi, pour me montrer le chemin et m’aider à aimer.

Je te suis depuis longtemps et au début je ne savais pas trop pourquoi, mais maintenant, je sais : c’est la vie avec toi, c’est TOI que je cherche, Seigneur.

Annick SAUVAGE.

Décembre 2014: Évangile du dimanche 7 décembre (2° Avent)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (1, 1-8)

Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. Il est écrit dans Isaïe, le prophète: ‘Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin’. Voix de celui qui crie dans le désert : ‘Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers’. Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés. Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

Méditation.

Voix de celui qui crie dans le désert…

Quand on est perdu dans le désert ou dans une forêt dense, dans le brouillard ou au beau milieu de la nuit la plus noire, quand on ne sait plus quelle direction prendre, qu’on tourne en rond, on tend désespérément l’oreille, à l’affût du moindre petit bruit qui nous indiquerait la bonne direction.

Le peuple hébreux le sait bien, lui qui a erré pendant 40 ans dans le désert avant d’enfin voir la terre promise, et qui maintenant, écrasé sous la domination de l’occupant romain, attend fébrilement le Messie, celui qui restaurera la prospérité et la paix dans le pays.

Alors, des prophètes de tous acabits se lèvent, et c’est en grandes foules que le peuple désemparé se dirige vers l’un ou l’autre, au risque parfois de se perdre à nouveau.

Il arrive que nos vies ressemblent à une marche dans le désert : face à notre immense besoin de bonheur, la multitude des propositions en tous genres qui surgissent de toutes parts sont comme autant de grains de sable et de dunes toutes semblables dans lesquelles nous nous enlisons et nous nous perdons, ne sachant plus que choisir et vers où aller.

Parfois, séduits par une proposition qui nous semble plus alléchante que les autres, nous prenons un chemin qui ne mène qu’à la satisfaction de désirs matériels qui n’en finissent pas d’augmenter, spirale infernale qui risque bien d’aboutir à la désillusion…

Seigneur, dans le désert qu’est parfois ma vie, qu’il est bon d’entendre une voix fiable qui me rassure et me guide! Quand j’ai pris un chemin qui mène à une impasse ou que je suis bloquée à un carrefour, ne sachant quelle direction prendre, quel bonheur de pouvoir compter sur quelqu’un qui, comme Jean, passionné de toi, me rappelle sans cesse que toi seul es la source du vrai bonheur, et me montre fidèlement le chemin qui conduit vers toi.

Merci, Seigneur, pour tous les veilleurs-éveilleurs, tous les Jean-Baptiste que tu nous donnes de rencontrer dans les déserts de nos vies. Ouvre nos oreilles à leur voix, donne-nous la sagesse de suivre leur appel à remettre en question nos habitudes et nos certitudes pour mieux t’accueillir et te suivre, et à débarrasser nos vies de ce qui nous empêche d’aimer.

Alors, oui, ce sera vraiment pour nous le commencement de la Bonne Nouvelle de ta venue dans nos vies, que nous fêtons à Noël.

Annick SAUVAGE.

———————-

NOVEMBRE 2014: Évangile du dimanche 16 novembre (33°TO)

Évangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu (25,14-30) : la parabole des Talents.

 « C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes. Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : “Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.” Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : “Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.” Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : “Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.” Son maître lui répliqua : “Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a.

Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !”

Méditation.

La fin de l’histoire est dure, Seigneur ! Es-tu vraiment si injuste et impitoyable que le maître de la parabole, toi, le Dieu d’Amour et de Miséricorde, toi notre Père? J’ai peine à y croire…
Alors comme d’habitude, je relis, avec les lunettes de l’amour :

– Quel maître ferait confiance à ses serviteurs au point de partir pour un long voyage en leur confiant tous ses biens, sans aucun contrôle ? Confiant, non seulement qu’ils ne vont pas les lui voler, mais qu’ils auront la volonté et seront capables de les faire fructifier?
Toi, Seigneur, tu nous fais confiance au point de remettre ta vie entre nos mains.

– Le trésor que tu nous confies, c’est bien mieux qu’une somme d’argent, si grande soit-elle, dont nous ne pourrions jouir que sur cette Terre. Tu nous donnes ton Amour infini, tu veux nous faire vivre de ta Vie éternellement. Tu nous confies ta Parole d’Amour et la mission de la transmettre, et tu nous donnes ton Esprit pour nous aider à en vivre.

– Ta Parole n’est pas faite pour rester sur les planches d’une bibliothèque, gardée bien au chaud, intacte mais stérile. Elle est faite pour être écoutée encore et encore, longuement méditée, et sans cesse confrontée au concret de nos vies, afin d’y faire germer l’amour.

– Quand je me nourris de ta Parole, quand j’en nourris mon cœur, mes actions, ma relation aux autres, toute ma vie, alors l’amour grandit en moi, et je ressens une joie plus grande que toutes les joies. Mais ce germe d’amour que tu me donnes, si je le laisse de côté, si je le néglige, si je n’en prends pas soin comme on soigne un jardin, une fleur délicate, un être cher, alors il risque bien de s’étioler, se ratatiner comme une peau de chagrin et, à la longue, de mourir. C’est ça que tu veux me dire à travers cette parabole, car tu m’aimes, et tu veux le meilleur pour moi. Tu me demandes de choisir la vie (Deutéronome, ch.30, v.19).

Je veux m’approcher de toi avec confiance et te rendre grâce, chaque jour, pour le trésor d’amour que tu me donnes, le faire grandir en moi et le partager avec mes frères.

Aide-moi à vivre de ta Parole, pour qu’elle porte du fruit et fasse grandir ton Royaume.

Annick Sauvage.

———————-

OCTOBRE 2014: Évangile du dimanche 12 octobre (28ème TO) 

Évangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu (22, 1-14): Tous invités.

Jésus disait en paraboles : « Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils. Il envoya ses serviteurs pour appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités : ‘Voilà : mon repas est prêt, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez au repas de noce.’ Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et brûla leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : ‘Le repas de noce est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous rencontrerez, invitez-les au repas de noce.’ Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils rencontrèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives. Le roi entra pour voir les convives. Il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce, et lui dit : ‘Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ?’ L’autre garda le silence. Alors le roi dit aux serviteurs : ‘Jetez-le, pieds et poings liés, dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents.’ Certes, la multitude des hommes est appelée, mais les élus sont peu nombreux. »

Méditation 

« Heureux les invités au repas du Seigneur ! Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ». En lisant ce passage de l’Évangile, je pense à cette phrase, que nous entendons chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie. L’écoutons-nous vraiment ? La recevons-nous dans toute sa force et sa beauté ? L’Amour parfait, infini, m’invite à la noce de son Fils bien-aimé, héritier de tous ses biens et donc de tout son amour. Héritier d’un amour si fort qu’il est capable à lui seul de racheter, d’effacer, d’enlever tous mes manques d’amour. De me rendre capable, si je lui donne toute ma confiance, ma foi, d’aimer comme lui. Déjà ça, ça devrait me réjouir : être invitée à une noce, c’est-à-dire à la célébration d’un amour, c’est toujours une grande joie, et si en plus c’est la noce du Fils de l’Amour, vraiment, ça doit être une fête au-delà de tout ce que je peux imaginer. Mais ça va plus loin encore. Car non seulement je suis invitée, mais je suis l’invitée principale : l’épouse, c’est moi ! C’est avec l’humanité entière, avec moi, avec nous tous, qu’en Jésus, Dieu-Amour veut s’unir éternellement ! C’est cette union que nous sommes appelés à vivre dans le quotidien de nos vies et à célébrer lors de chacune de nos eucharisties. Et puisqu’il veut s’unir à chacun de nous, ça implique que nous soyons tous unis nous aussi : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », ça fait partie de l’invitation, c’est le fameux vêtement de noces qu’il nous faut revêtir pour pouvoir y participer pleinement. Et que répondent les invités, bien souvent ? « Non, merci, c’est bien gentil, mais j’ai pas le temps, j’ai plein de choses à faire, faut qu’j’aille arroser mes haricots, laver ma voiture, écouter les infos…plus tard, peut-être… »

Mais lui ne renonce pas, il ne se laisse pas décourager par notre tiédeur, notre indifférence ou même notre hostilité, il continue à nous inviter, encore et toujours, en vue de notre plus grand bonheur, au festin merveilleux de son amour pour nous.

Merci, Seigneur, pour ton amour infini qui m’appelle inlassablement. Pardon pour toutes les fois où j’y réponds si mal. Et la prochaine fois que je me présenterai au repas de tes noces sans avoir revêtu le vêtement de la confiance en toi et de l’amour de mes frères, quand tu interrogeras mon cœur, ne permets pas que je garde le silence : mets dans ma bouche et dans mon cœur ces mots qui me garderont ouverte la porte de la salle du banquet : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole, et je serai guérie… »

Annick Sauvage.

———————-

SEPTEMBRE 2014: Évangile du dimanche 7 septembre (23ème TO) 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (18, 15-20).

Jésus disait à ses disciples : « Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à la communauté de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain. Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. Encore une fois, je vous le dis : si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »

 Méditation.

 Qu’est-ce que tu me demandes là, Seigneur… ?

Je ne veux pas d’histoires, moi, je n’ai pas envie de me disputer avec lui (ou elle) !

Si je vais lui dire qu’il agit mal, je risque de perdre son amitié. Il risque de me dire que ça ne me regarde pas et de me mêler de mes affaires, et il aurait raison : s’il se met dans son tort, c’est son problème, après tout, qu’il se débrouille…

Il pourrait aussi me répondre qu’au lieu de le critiquer, je ferais mieux de me regarder d’abord moi-même, et là encore il aurait raison : n’est-ce pas ce que tu veux dire dans l’histoire de la paille et de la poutre ? C’est vrai que moi non plus je n’agis pas toujours comme il le faudrait, alors de quel droit j’irais faire la leçon aux autres ?

Vraiment, cette histoire de correction fraternelle, ça me met très mal à l’aise…

Pourtant cette parole est là. Qui suis-je pour décider de ne pas en tenir compte ?

Alors, comme d’habitude quand je ne comprends pas, je vais lire et relire, et dans la prière je te demande ton aide : que veux-tu me dire vraiment ?

Et je me souviens que tu m’appelles à vivre de ton amour : ‘aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés’ : toutes tes autres paroles ne peuvent et ne doivent être lues qu’en lien avec celle-là : aimez ! (cf 2ème lecture : Romains 13, 8-10)

Et je remarque que tes premiers mots sont pour me dire que l’autre est mon frère : ces mots viennent avant la mention du péché, comme pour me rappeler qu’avant de regarder l’erreur, je dois regarder la personne, et la regarder comme un frère, une sœur, que tu aimes et que tu m’invites à aimer. Toi, tu brûles d’amour pour chacun de nous, tu veux si fort notre bonheur, que tu souffres quand tu vois l’un de nous prendre un chemin qui risque de le rendre malheureux – c’est ça, commettre un péché : couper le lien avec Dieu Père, avec l’Amour, la Vie, le Bonheur. Comme dans la parabole de la brebis perdue qui précède ce passage, tu veux tout faire pour le ramener sur le chemin du bonheur, parce que tu l’aimes.

Et pour agir en ce monde, tu n’as que nos mains …

Mais tu me dis ‘si’ : ne vais-je pas parfois un peu vite pour accuser? Quand je critique mon prochain, est-ce toujours parce qu’il est dans l’erreur ou est-ce surtout parce qu’il me dérange ? Avant de dire à l’autre qu’il a tort, je dois d’abord être sûre qu’il a réellement tort.

Tu me dis aussi d’aller lui parler ‘seul à seul’ : ici encore, tu pointes une de mes mauvaises habitudes : quand je pense que quelqu’un est en tort, est-ce que je ne commence pas souvent par en parler à d’autres ? Est-ce toujours utile ? Est-ce que ça ne risque pas de nuire à la relation sans résoudre le problème ?

Alors, Seigneur, viens habiter mon cœur toujours mieux, pour que j’aie le courage d’aller parler à mon frère si c’est nécessaire, et surtout, que je le fasse avec beaucoup d’amour…

Annick Sauvage.

———————-

ÉTÉ 2014: Évangile du dimanche 6 juillet (14ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (11, 25-30): “Je te loue, Père,…”

En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit: « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout petits. Oui, Père, c’est ainsi que tu en as disposé dans ta bienveillance.

Tout m’a été remis par mon Père. Nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler.

Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »

Méditation:

J’ai réussi des études supérieures, je pense donc avoir un niveau intellectuel convenable.
Comment alors ne pas être interpellée, et même choquée, par ce passage de l’Évangile et ces paroles de Jésus? Je suis de bonne volonté, j’essaie de faire de mon mieux pour faire le bien, et ça ne servirait à rien?
À cause de mon intelligence, je n’aurais pas accès au Royaume de Dieu?!

Je ne te comprends pas, Seigneur: n’est-ce pas le Père qui m’a créée et voulue avec mon
intelligence? Et d’ailleurs, n’as-tu pas souvent soupiré devant le manque d’intelligence de tes disciples qui sont si lents à comprendre? Alors…?

Alors, je me dis que j’ai peut-être mal lu.
Oh, bien sûr, je sais lire, j’ai appris, mais justement: j’ai lu avec les seuls yeux de mon intelligence qui essaie toujours de décortiquer, d’analyser, de critiquer… j’ai oublié qu’un jour, j’ai décidé de te suivre en te faisant totale confiance.

Alors, je recommence ma lecture, avec les yeux du cœur.

Et je te vois t’adresser à ton Père avec amour, admiration et respect. Comme un tout petit enfant regarde son papa comme un héros, tu regardes le Père, ton discours est d’abord un merci plein d’admiration et d’émerveillement. Et je te sens heureux comme ça, heureux de cette relation privilégiée que tu as avec lui, heureux d’être Fils, c’est un cri de jubilation que tu pousses.

Et c’est peut-être d’abord ça que tu veux me dire : avant de chercher à comprendre, commence par réapprendre à t’émerveiller, regarde les tout petits enfants, ils s’émerveillent de tout: une pâquerette, un ver de terre, un caillou…

Ils sont capables, eux, de voir le beau, le merveilleux dans ce qui te paraît si banal à toi, l’intelligente, que tu en arrives à ne plus t’émerveiller pour grand-chose, enfermée que tu es dans ta science, cherchant dans les livres et sur internet les réponses à toutes tes questions et les solutions à tous les problèmes qui pèsent sur tes épaules.

Réapprends d’abord à t’émerveiller et à développer en toi l’enfant.

Alors, ta relation au Père sera juste, et tu oseras lui dire simplement, dans une prière confiante, tout ce qui pèse dans ta vie.

Alors tu recevras force et courage pour affronter les problèmes de ta vie. L’amour filial qui t’unit à lui, ce joug léger que je te propose, te remettra debout et alors, tu pourras mieux utiliser ton intelligence: elle est bonne, elle est utile, mais elle ne doit jamais t’empêcher de t’émerveiller et te faire négliger de louer Dieu et de lui demander son aide.

Une bonne résolution pour les vacances qui s’ouvrent:
décider de s’émerveiller et de rendre grâce au moins une fois chaque jour…

Bonnes vacances émerveillées à tous !

Pour aller plus loin: 

  • Psaume 8
  • Et un lien avec l’actualité: rassembler les Belges autour d’un même événement, les rendre fiers d’être belges: là où les hommes politiques ont bien du mal, le foot a réussi (le foot, pas le golf: un sport collectif et populaire…) : “Je te loue, Père, d’avoir caché cela aux sages et aux savants…”
Annick SAUVAGE.

———————-

JUIN 2014: Évangile du dimanche 29 juin – fête des saints Pierre et Paul

Évangile de Jésus Christ selon Saint Mathieu (16, 13-19): “Pour vous, qui suis-je?”

Jésus était venu dans la région de Césarée de Philippe, et il demandait à ses disciples :
« Le fils de l’homme, qui est-il, d’après ce que disent les hommes ? »
Ils répondirent: « Pour les uns, il est Jean Baptiste; pour d’autres, Élie; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. »
Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous? Pour vous, qui suis-je? »
Prenant la parole, Simon Pierre déclara : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu
 vivant! »
Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclara : « Heureux es-tu, Simon, fils de Jonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare: Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera delié dans les cieux. »

Méditation:

Il y a ce que les gens disent, et puis il y a ce que Pierre va dire.

Quelle différence entre les deux?

Les gens ne connaissent pas bien Jésus. Ils l’ont vu passer, l’ont entendu parler et vu agir de façon ponctuelle, ou en ont entendu parler par d’autres, mais ne le connaissent pas en profondeur, ils n’en ont qu’une vision extérieure et fragmentaire.

Pierre, lui, au moment où il fait cette affirmation, a déjà passé beaucoup de temps aux côtés de Jésus; il a entendu toutes ses paroles, l’a vu agir, l’a vu prier, a mangé et dormi à ses côtés,…
Il connaît Jésus personnellement, intimement. Au fil des jours passés avec lui, il a appris, non à se forger une opinion parmi d’autres, mais à affirmer avec force une profession de foi qui engagera sa vie: il reconnaît en Jésus celui qui change la vie, celui qui nous sauve, qui détruit la mort et donne la vie.

Et pour cette raison, il est prêt à lui faire confiance et à témoigner, même si ça ne va pas dans le même sens que l’opinion publique. À suivre Jésus, même quand ça entraîne des risques.

Oh, bien sûr, ça n’ira pas tout seul. Il y aura encore des moments où la peur, le découragement ou l’incrédulité prendront le dessus. Mais toujours il gardera cette relation privilégiée à Jésus, qui plus tard lui fera dire et redire:
« Seigneur, tu sais bien que je t’aime… » (Jn 21,15-17)

Et Jésus déclare Pierre heureux. Oui, on est heureux, quoi qu’il arrive, quand on peut faire une telle profession de foi. Quand on sait qu’on est aimé sans condition, qu’on ne sera jamais seul et que le Seigneur de la Vie nous veut avec lui pour toujours.

Et c’est sûr qu’alors ce n’est plus une simple opinion d’homme qui s’exprime, mais la révélation de quelque chose qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer et exprimer, révélation qui vient de Dieu, et que Pierre peut recevoir car
« celui qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14,9)

Et nous, que disons-nous? Qui est Jésus pour nous?

Est-ce qu’il change nos vies au point d’oser affirmer haut et fort notre foi malgré une tendance au relativisme et au doute?

Osons-nous ramer à contre-courant et nous dire Chrétiens même quand les gens nous renvoient des regards moqueurs, indifférents ou hostiles? Osons-nous suivre Jésus dans son combat contre les inégalités sociales et son accueil de tous les hommes?

Bien sûr pour pouvoir y arriver, il faut nous faire proches de lui.

Comme Pierre, l’écouter parler, le contempler longuement et nous nourrir d’une relation intime avec lui. Alors, comme Pierre, nous pourrons témoigner et le suivre, et comme lui, nous serons heureux.

Annick SAUVAGE.

———————-

MAI 2014: Évangile du dimanche 4 mai (3° dimanche de Pâques)

Évangile de Jésus-Christ  selon saint Luc (24, 13-35): Les disciples d’Emmaüs.

Le troisième jour après la mort de Jésus, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient ensemble de tout ce qui s’était passé. Or, tandis qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas. Jésus leur dit : « De quoi causiez-vous donc, tout en marchant ? » Alors ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléophas, répondit : « Tu es bien le seul, de tous ceux qui étaient à Jérusalem, à ignorer les événements de ces jours-ci. »

Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth : cet homme était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. Les chefs des prêtres et nos dirigeants l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Et nous qui espérions qu’il serait le libérateur d’Israël ! Avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. À vrai dire, nous avons été bouleversés par quelques femmes de notre groupe. Elles sont allées au tombeau de très bonne heure, et elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont même venues nous dire qu’elles avaient eu une apparition : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Il leur dit alors : « Vous n’avez donc pas compris ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ! » Et, en partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur expliqua, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.
Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Alors ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre les Écritures ? » À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « C’est vrai ! le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment ils l’avaient reconnu quand il avait rompu le pain.

Méditation :

Les deux disciples s’enfuient de Jérusalem. Ils s’éloignent de la “nudité” de Dieu. Ils sont scandalisés par l’échec du Messie en qui ils avaient espéré et qui maintenant apparaît irrémédiablement vaincu, humilié, même après le troisième jour (v. 17-21). Le mystère difficile de ceux qui quittent l’Église ; des personnes qui, après s’être laissées illusionner par d’autres propositions, retiennent que désormais l’Église – leur Jérusalem – ne peut plus offrir quelque chose de significatif et d’important. Et alors ils s’en vont par les chemins seuls avec leur désillusion. Peut-être l’Église est-elle apparue trop faible, peut-être trop éloignée de leurs besoins, peut-être trop pauvre pour répondre à leurs inquiétudes, peut-être trop froide dans leurs contacts, peut-être trop auto-référentielle, peut-être prisonnière de ses langages rigides, peut-être le monde semble avoir fait de l’Église comme une survivance du passé, insuffisante pour les questions nouvelles ; peut-être l’Église avait-elle des réponses pour l’enfance de l’homme mais non pour son âge adulte. Le fait est qu’aujourd’hui, il y en a beaucoup qui sont comme les deux disciples d’Emmaüs ; non seulement ceux qui cherchent des réponses dans les nouveaux et répandus groupes religieux, mais aussi ceux qui semblent désormais sans Dieu que ce soit en théorie ou en pratique.

Face à cette situation, que faire ?

Il faut une Église qui n’a pas peur d’entrer dans leur nuit. Il faut une Église capable de les rencontrer sur leur route. Il faut une Église en mesure de s’insérer dans leurs conversations. Il faut une Église qui sait dialoguer avec ces disciples, qui, en s’enfuyant de Jérusalem, errent sans but, seuls, avec leur désenchantement, avec la désillusion d’un Christianisme considéré désormais comme un terrain stérile, infécond, incapable de générer du sens.

Pape François
(extrait d’un discours prononcé devant les évêques du Brésil le 27 juillet 2013)
source: site internet officiel du Vatican

———————-

AVRIL 2014: Évangile du dimanche 13 avril (dimanche des Rameaux)

Évangile de Jésus-Christ  selon saint Matthieu (21, 1-11).

Jésus et ses disciples, approchant de Jérusalem, arrivèrent à Bethphagé, sur les pentes du mont des Oliviers. Alors Jésus envoya deux disciples : « Allez au village qui est en face de vous ; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée et son petit avec elle. Détachez-les et amenez-les moi. Et si l’on vous dit quelque chose, vous répondrez : ‘Le Seigneur en a besoin, mais il les renverra aussitôt.’ » Cela s’est passé pour accomplir la parole transmise par le prophète : Dites à la fille de Sion : Voici ton roi qui vient vers toi, humble, monté sur une ânesse et un petit âne, le petit d’une bête de somme. Les disciples partirent et firent ce que Jésus leur avait ordonné. Ils amenèrent l’ânesse et son petit, disposèrent sur eux leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus. Dans la foule, la plupart étendirent leurs manteaux sur le chemin ; d’autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route. Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui suivaient criaient : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! » Comme Jésus entrait à Jérusalem, l’agitation gagna toute la ville ; on se demandait : « Qui est cet homme ? » Et les foules répondaient : « C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. »

Méditation :

Tu arrives à Jérusalem tout simplement, humblement monté sur un animal sans panache,
symbole de ta fidélité à ton option de toujours : une attention prioritaire pour les plus pauvres. Et la foule se presse, t’entoure, t’acclame :
Hosanna, Fils de David ! Béni sois-tu ! Elle reconnaît en toi celui qui doit venir, celui que les prophètes avaient annoncé, celui que tous attendaient, Le Messie, qui va sauver le peuple juif. On te fait un accueil de roi…
Mais quelques heures plus tard, cette même foule criera à Pilate de te crucifier, et même Pierre, ton disciple de la première heure, ton fidèle compagnon, va te renier à trois reprises et te laissera vivre seul ton agonie, juste après avoir affirmé haut et fort qu’il te
suivrait jusque dans la mort.
Et je m’indigne, et j’exprime mon horreur, mon dégoût devant ces comportements contradictoires et ignobles : comment peut-on être à ce point versatile, lâche et inhumain? Ah, si c’était moi… !
Mais en suis-je si sûre ? Oh, tant qu’il ne s’agit que de beaux discours et de belles intentions, pas de problème…mais s’il faut me mouiller, me risquer, retrousser mes manches, abandonner mon confort, mes acquis, mes privilèges…est-ce que je suis toujours partante et enthousiaste ? Ne m’arrive-t-il pas, moi aussi, de rentrer la tête dans les épaules et de faire comme si je ne te connaissais pas ?
Toi pourtant, tu vas aller jusqu’au bout de ton amour pour moi : malgré mes défections, mes lâchetés, mes abandons et toutes mes contradictions qui chaque jour ajoutent des clous à ta croix, au plus fort de ton agonie tu rassembleras tes dernières forces pour me crier que tu me pardonnes.
Merci, Jésus, pour ton amour que la mort n’arrête pas.
Je te demande pardon pour toutes les fois où j’y réponds si mal.
Apprends-nous à aimer comme toi.

Annick Sauvage.

———————-

MARS 2014: Évangile du dimanche 16 mars (2° dimanche de Carême)

Évangile de Jésus-Christ  selon saint Matthieu (17, 1-9): La Transfiguration.

Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère,
et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne. 
Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil,
et ses vêtements, blancs comme la lumière.
Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui.
Pierre alors prit la parole et dit à Jésus :
« Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! Si tu le veux,
je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. » 
Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre ;
et, de la nuée, une voix disait :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le!» 
Entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre
et furent saisis d’une grande frayeur.
Jésus s’approcha, les toucha et leur dit :
« Relevez-vous et n’ayez pas peur ! »
Levant les yeux, ils ne virent plus que lui, Jésus seul.
En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre :
« Ne parlez de cette vision à personne,
avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »

Commentaire :

Jésus est en Galilée, où il y a peu Pierre affirmait: “Tu es le Messie..”.
Pour la première fois, il parle de sa passion.
Pierre se rebiffe: “Surtout pas ça!”. Chez les Apôtres, c’est le désarroi.
Jésus lui-même doit être sensible à cette angoisse.
Il prend alors Pierre, Jacques et Jean, et se retire avec eux pour prier.
Il fait une relecture de sa vie et de sa mission, à la lumière de l’histoire de son peuple.
Nul doute: c’est bien lui le Nouveau Moïse, qui donne la Loi nouvelle;
le nouvel Élie, témoin du Dieu unique qui se révèle dans la brise légère de l’Esprit.
La lumière intérieure qu’il reçoit est si forte
qu’elle transparaît sur son visage et ses vêtements.
Moïse et Élie sont si présents dans sa prière
qu’ils en deviennent visibles aux yeux des Apôtres éblouis.
La voix du Père se manifeste: “Celui-ci est mon Fils bien-aimé; écoutez-le”
Les disciples sont confortés dans leur foi.
Mais ils sont aussi dépassés par l’événement.
Ils voudraient seulement prolonger la joie de cet instant, au lieu d’accueillir
l’éclairage décisif sur l’avenir prochain de leur Maître et sur leur propre route.
Il n’est pas facile de se laisser interpeller par la Parole de Dieu…
L’appel sur la montagne s’adresse aussi à nous :
l’appel à vivre dans la lumière nous est donné à chacun.
Notre transfiguration n’est pas le flash d’un instant, mais une clarté progressive.
La première étape, c’est la prière.
Une prière qui n’est pas évasion du réel, mais éclairage de notre réalité
à la lumière de l’Écriture ou de l’exemple des pionniers de la foi.
Savoir converser avec Moïse, Élie ou Isaïe, comme le faisait Jésus,
pour faire de notre vie une vie transfigurée par la loi d’amour intériorisée et par l’engagement prophétique au sein de nos communautés: les deux sont importants.
À la descente de la montagne, Jésus avec ses disciples a pris résolument
la route de Jérusalem. Il était sûr que Pâques aurait le dernier mot.
Et nous ?
Source : claudebernard35.free.fr  (adapté)

 ———————-

 FEVRIER 2014: Évangile du dimanche 9 février (5° TO)

Évangile de Jésus-Christ  selon saint Matthieu (5, 13-16)

«Vous êtes le sel de la terre.
Si le sel perd sa saveur, comment redeviendra-t-il du sel ? 
Il ne vaut plus rien; on le jette dehors et il est foulé aux pieds par les hommes.
Vous êtes la lumière du monde. 
Une ville située sur une hauteur ne peut être cachée.
Quand on allume une lampe, ce n’est pas pour la mettre sous le boisseau,
mais sur son support, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.
De même, que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant
vos bonnes actions ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux.»

Méditation:

Je suis le sel de la terre et la lumière du monde…
Quel honneur tu me fais, Seigneur! Quelle fierté en moi!
Mais quelle responsabilité aussi, et quelle crainte de ne pas être à la hauteur!
Je suis bien petite et bien imparfaite,
 je n’arriverai jamais à remplir ma mission correctement!
Me demandes-tu vraiment quelque chose qui est au-dessus de mes moyens?
Aurais-je mal compris?
J’écoute à nouveau tes paroles : “Vous êtes…”:
pas moi toute seule, mais avec d’autres, ensemble: ouf, c’est déjà plus facile.
Et soit dit en passant, ça me donne une bonne leçon d’humilité: comment
ai-je pu penser que je pourrais, à moi seule, donner saveur et lumière au monde?!
Et puis, si nous sommes sel, qu’est-ce qui nous donne notre saveur?
N’est-ce pas notre relation avec Toi, Seigneur?
Sans Toi, sans Ta Parole d’Amour qui nous vivifie, sans la Sagesse
et la Force de Ton Esprit, notre saveur n’est-elle pas bien fade?
N’est-ce pas Toi, le support sur lequel nous devons poser nos lampes
pour qu’elles brillent pour le monde entier?
Voilà que la leçon d’humilité s’étend à tous les hommes…
Alors, Seigneur, merci pour cette belle mission que Tu nous donnes,
qui nous associe à Ton œuvre créatrice et nous montre à quel point
Tu nous fais confiance, Tu crois en nous.
Et pour que nous devenions toujours plus et toujours mieux ce que nous sommes,
ce à quoi Tu nous appelles, donne-nous de toujours nous souvenir de venir chaque jour nous nourrir de Ta Parole et nous abreuver à Ta source,
et de ne jamais oublier que sans Toi, notre lumière est bien faible.
Annick

———————-

JANVIER 2014: Evangile du dimanche 26 janvier (3° TO)

Évangile de Jésus-Christ  selon saint Matthieu (4, 12-23)

 

Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean Baptiste, il se retira en Galilée.
Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord du lac, 
dans les territoires de Zabulon et de Nephtali.
Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète Isaïe :
Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée, toi le carrefour des païens : le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays de l’ombre et de la mort, une lumière s’est levée.
À partir de ce moment, Jésus se mit à proclamer:
«Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche. »
Comme il marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre,
et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac: c’étaient des pêcheurs.
Jésus leur dit: « Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »
Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
Plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean,
qui étaient dans leur barque avec leur père, en train de préparer leurs filets.
Il les appela. 
Aussitôt, laissant leur barque et leur père, ils le suivirent. Jésus, parcourant
toute la Galilée, enseignait dans leurs synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle
du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.

Méditation:

En ce début d’année, une formidable espérance retentit: la lumière est venue
pour ceux qui marchent dans les ténèbres.
Jésus commence sa prédication dans une Palestine occupée, en proie à la violence:
la voix de Jean s’est tue, Jésus prend le relais.
Il quitte le silence de Nazareth et va à la rencontre des Galiléens, une population cosmopolite: gens de toutes conditions, commerçants, pêcheurs, paysans.
Loin de la terre sainte du Tempe de Jérusalem, influencés par de nombreux païens,
les juifs y sont plus ou moins fidèles à la loi de Moïse…
C’est vers des hommes méprisés par les chefs religieux de Jérusalem
que Jésus lance sa parole-programme:
“Convertissez-vous, le Royaume de Dieu est là”.
Cette bonne nouvelle est pour tous, il n’y a pas des gens mieux que d’autres,
plus dignes de recevoir et de comprendre la parole de Jésus ;
le royaume est sans frontières, la lumière de Dieu atteint les cœurs les plus endurcis.
Par sa prédication, Jésus veut rejoindre ceux qui ploient sous les fardeaux de la vie, ceux qui sont dans le pays de l’ombre et de la mort.
Si nous tournons le dos à la lumière, si nous nous détournons de l’Amour
en restant centrés sur nous, nous restons prisonniers de nos ténèbres,
nous ressassons notre passé.
Laissons-nous regarder par le Christ car il nous aime.
Tout est une question de regard : Jésus vit les deux frères et l’appel suivit aussitôt.
Ces rencontres ressemblent à un coup de foudre,
à une histoire d’amour fou entre le Maître et ses disciples.
Ce “oui” total, immédiat et sans réserve, suppose les hommes conquis par Jésus. L’homme qui a perdu la puissance de s’émerveiller est comme s’il était mort.
Gardons notre enthousiasme pour pouvoir repérer les signes du Royaume.
Oui, le Royaume est là en nous.
C’est en Galilée que le Ressuscité nous enverra vers toutes les nations
en nous assurant de sa présence:

“Et moi, je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps”.

Source : www.lejourduseigneur.com (adapté)

Ce site utilise des cookies de fonctionnement (Wordpress). Pour en savoir plus. View more
Accepter
Décliner